Hommage au maître BRASSENS

LES CHOSES DE LA VIE


Voilà bien des années sous un arbre feuillu
S’amusait sagement un petit chat couillu
Il ne se méfie pas en voyant sa maîtresse
Camouflant dans son dos un couteau la traîtresse

Attrapant lestement le chaton par la nuque
Cruella sans mollir le transforme en eunuque
Le pauvret devant qui tremblaient souris et rats
Est désormais réduit à l’état de castrat

Ce brave Gédéon ignorait la rancune
Mais désormais en veut à cette ignoble brune
Ah si les pauvres chats avaient accès aux urnes
Ils voteraient la mort pour les coupeuses de burnes !

Les années ont passé mais la moindre serpette
Rappelle au siamois ses mignonnes roupettes :
Il noie à  la maison son chagrin dans la gnôle
Pour tenter d’oublier feu ses deux roubignolles

Pour se faire pardonner elle l’emmène en voyage
Lui offrant d’Italie les plus beaux paysages
Mais souvent du félin les yeux dorés se mouillent
Lorsqu’il se remémore le sort fait à ses douilles

Le voyant tourmenté d’une crise existentielle
Cruella le caresse lui promettant le ciel :
« Minou pour le dîner je sors une boite de thon
Mais jures moi d’oublier cette histoire de roustons

Allons il ne faut plus ton chagrin ruminer
Va plutôt t’amuser avec d’autres minets
Ce serait très branché de partir cheminer
Avec des chats ritals, des matous gominés »

Dehors timidement s’aventure notre chat :
Il esquisse enfin libre deux ou trois entrechats
Un bruit,  il se retourne pour lui craignant le pire
Mais ce n’est qu’un matou sicilien mort de rire

Ils sont bientôt cinq, six de la même tribu
Arborant fièrement leurs mâles attributs
Ils paradent autour du malheureux mité
Se gaussant sans pitié de son infirmité

Et puis soudainement c’est l ‘éblouissement :
Une blanche féline miaulant tout doucement
A surgi tout à coup ondulant de la croupe
Mettant fin sur le champs aux lazzis de la troupe

Elle darde envoûtante sur notre french lover
Le reflet magnétique de ses yeux revolver
Le charme a opéré, la tigresse pulpeuse
Console le séducteur de sa langue râpeuse

Au moment du repas dégustant vos kiwis
Pensez à Gédéon qui pleure ses glaouies
Condamné à jamais aux amours platoniques
Par le geste sournois d’une brune satanique.