dans la sèrie "moi je" #2

Je suis un homme pendule les bras croisés sur la table des maîtres
Je m’en suis bien sorti, je suis toujours vivant, bien nourri, bien portant
J’ai fait mon lot de concessions à la gueule du monde
J’ai pris soin pourtant de ne pas trop me corrompre avec elle
Je ne prends pas la main de la société quand je sors dans la rue
Mais je couche avec elle et la traite comme une chienne
Profitant du confort de son cul sans jamais m’engager
Vraiment

Je suis un homme enfant le cœur croisé avec celui d’un ours
J’ai refusé l’étreinte du social convenu, le baiser
Je me laisse caresser par les nymphes du fleuve parfois, quand ça m’arrange
Mais je reste un ruisseau, calme et poli, marginal peut être mais tout ça suit son cours
Dire que je me voulais torrent, fou, des montagnes descendant, dévaller, sauvage
Cela est loin, l’intransigence et le conflit ouvert
Cela est loin, le drapeau noir intime sur des champs solitaires
Maintenant je compose avec l’ordre et le bruit
Des mélodies perso sur des champs lexicaux
Cela est loin vraiment la passion des révoltes
Vraiment

Je suis un homme enfin le ventre croisé par d’autres ventres humains
Et puisqu’il faut bien vivre, et manger, et vivre
Nous parcourons ensemble ce qu’il faut de chemin
Nous labourons ensemble ce qu’il faut de terrain
Nous élevons ensemble ce qu’il faut de matins
Pour assouvir la soif et pour faire nos besoins
Et le monde fini nous retournons chacun
Vers la case story que nos ventres ont bâtis
Sur l’échéquier social que chacun à subi

Voilà que je suis un homme comme les autres
Me voulant exeptionnel solitude
J’ai reproduit fidelement le schema de l’étrange
On peut serrer des mains sans les aimer vraiment
On peut serrer les dents sans savoir vraiment
Si sourire serrait le dernier des soleils
Si seulement le silence est bien l’œuvre du temps

Pas toujours égal, mais des choses très fortes. Salut Tetsuo. J'aime bien ton vers long.

"Je ne prends pas la main de la société quand je sors dans la rue
Mais je couche avec elle et la traite comme une chienne
Profitant du confort de son cul sans jamais m’engager"

C'est tout ce qu'on peut faire de mieux !

J'aime bien ces prises de position

Bienvenue - Bizzzzzzz

C'est un poème superbe qui force au respect de ce que l'on est. Ni pire ni meilleur. Et en plus c'est dit magistralement ...Cordialement.

un poème rare !!!


à commenter

je retiens pour ma part les deux derniers vers




poétiquement votre

eden

Il est donc à relire...

merci, tout ça est très gentil...

Le souffle coupé....
Un grand bravo, c'est poignant...
Merci infiniment, les derniers vers (oui tu le sais déjà ) sont tout simplement
M A G N I F I Q U E S
J'éspère te relire bientôt, vraiment je suis impatient,
Amitié,

Cloud (un peu kanéda pour le coup )

cloud, merci, ça aussi c'est très gentil, on se demande ou vous allez chercher toute cette gentillesse, là, c'est fou...

moi j'ai aimé la conjuration des imbéciles, en tout cas suffisament pour te renvoyer ta BiZZZ, en pleine figure...

serioscal, moi c'est le regard que tu portes sur les publications de ce forum que je voudrais saluer, je lis parfois tes petits dialogues par écrans interposés, et je vois dans tes propos beaucoup de pertinence, sans complaisance. je te devine érudit et prenant la poèsie très au sérieux. moi, ça me ferait plutôt sourire, mais c'est un sourire entendu que je t'adresse. au plaisir et bon vent!

Grand UP
De la matière à profusion, une vision sans conscession et pourtant
Fait de son écrivant -un- parmis les autres, sa différence -ses mots- parle pour lui.

Merci pour ce "up".
J'ai lu quelque part qu'il ne faut pas dire "d'un poème qu'il est beau".
Ben ...j'm'en fous. Je ne ferai pas cette "concession à la gueule du monde".
Donc, je le dis.
Parce qu'il est beau, bien sûr.

dans la série grosse tête au carré:

vous pouvez pas comprendre...

Je touche une subvention à la culture de masse
Je fais dans l’élevage intensif de mon niveau social
Je cultive le bon goût dans mon champ lexical
Je suis artiste

Je plais à des miroirs, mes reflets souriants
Me proposent à boire, et j’accepte en riant
Ça me donne la gueule de bois et celle de l’emploi
Je suis artiste

Je me suis collé une étiquette bien torturée
Je l’ai fixé avec une épingle à nourrice rouillée
Pour que tous voyez mon côté punk
Je suis artiste

Je parle d’amour et de dégoût
Entre les deux, il y a vous
Autant dire rien
Je suis artiste

Il faut que je vous parle de la pluie du beau temps
Il faut que je vous dise ma capitale intimité
Il faut que vous sachiez la route que moi j’ai deviné
Tout seul, comme un grand, mes enfants
Je suis artiste
Il faut que je vous parle
Il faut que je m’exprime
Il faut vraiment que je m’exprime
Je suis artiste

J’en vois dans le fond qui sont à plaisanter
Du briquet cricket qu‘est ma flamme sacrée
Pauvres fous, béotiens, pauvres pantins à pendre
Vous pouvez pas comprendre
Je suis artiste[i]

Un texte très riche que j'ai pris grand plaisir à découvrir, Pat.

balila

merci à toi