
Un Autre Monde
#1
Posted 08 August 2006 - 09:50 PM
Ils découvrent le sourire de la dame en bleu,
La dame en bleu qui soigne leurs regards,
Leurs regards égarés sous d'autres cieux.
Abandonnés, parqués loin de la vie,
De la vie déchirés dans leurs tristes habits,
La dame en bleu les a nichés dans un abri,
Un abri sous le toit de leurs tuiles en folie.
Dans cet asile perdu au milieu de nulle part,
Aux jours de solitude, au vent du désespoir,
La dame en bleu tend la main dans le noir,
Le noir du monde sans tain de leurs miroirs
Alités, isolés dans des chambres dortoirs.
Dans des chambres dortoirs, entassés camisolés,
Où la dame en bleu range les armoires,
Les armoires désertées des objets du passé.
Dans cet asile perdu au milieu de nulle part,
Du matin jusqu'au soir se glisseront leurs pas
En rythme fou cadencé sans savoir pourquoi
Ce ballet colle à leurs corps dans les couloirs.
Passagers privés d'envol, automates en déroute,
En déroute de la vie ayant quitté la route,
Ils guettent la dame en bleu qui reste le dimanche,
Le dimanche si loin des blouses blanches.
Dans cet asile perdu au milieu de nulle part,
La vie s'est arrêtée derrière les murs, les remparts,
Les remparts élevés au cri de douloureux départs,
Sans retours, isolés entre les murs d'une cité dortoir
Une cité perdue, démenciel monde des égarés,
Des égarés du ciel du commun des mortels,
Chiffonnés, nébuleux, incompris, prisonniers.
Juste parfois un peu de bleu sur leurs ailes...
balila
#2
Posted 08 August 2006 - 10:38 PM
moi j'ai eu ma dame en noir... mais non, ce n'etait que la Chanteuse.
un tres beau dernier vers.
Serge
#3
Posted 08 August 2006 - 10:54 PM
Je retiens toujours des phrases, comme ça,
" La dame en bleu range les armoires,
Les armoires desertées des objets du passé ".
Pour ne citer que celles-là.
Je l'aime, cette dame en bleu...
#4
Posted 08 August 2006 - 11:10 PM
un vrai témoignage pour ceux qui voient la dame en bleu
en infinie obligeance
J'aime le regard posé,
l'attention portée
la délicatesse déposée
Amicalement,
Ambréance
#5
Posted 09 August 2006 - 11:33 AM
j'ai une incapacité à marcher au pas,
et je me perds dans les arcanes de la réglementation.
Ceci dit il y a un décalage-recalage des mots et des images
qui apporte beaucoup à ce texte,
une impression de passer et repasser là où on est déjà passé
de tourner en rond dans l'attente
qui met la lecture dans le juste ton du thème
Ma lecture du jour.
#6
Posted 09 August 2006 - 09:22 PM
moi j'ai eu ma dame en noir... mais non, ce n'etait que la Chanteuse.
un tres beau dernier vers.
Serge
Barbara... Je me souviens de ton texte Serge, très beau.
Merci d'être entré dans ce lieu avec moi. C'était il y a longtemps, mais c'est gravé profond.
balia
#7
Posted 09 August 2006 - 09:27 PM
j'aime
#8
Posted 09 August 2006 - 09:43 PM
Je retiens toujours des phrases, comme ça,
" La dame en bleu range les armoires,
Les armoires desertées des objets du passé ".
Pour ne citer que celles-là.
Je l'aime, cette dame en bleu...
Une petite explication peut-être...
J'ai travaillé pendant un an dans un hôpital psychiatrique (c'est ce que tu as dû lire sur mon blog). J'étais une de ces dames en bleu qui rangeait les armoires, et combien je trouvais triste ces chambres vidées d'objets, juste des vêtements à plier sur les rayons désertés des objets du passé...
Merci beaucoup, Belvis, de ces jolis mots.
balila
un vrai témoignage pour ceux qui voient la dame en bleu
en infinie obligeance
J'aime le regard posé,
l'attention portée
la délicatesse déposée
Amicalement,
Ambréance
Chacun sa blouse, il y avait les blouses blanches, les blouses bleues, et les blouses roses.
Dans chacune se jouait un rôle différent.
J'ai eu sur mon blog un commentaire que j'ai beaucoup aimé, dont je me permets de recopier ici une partie parce que tes mots et ton regard sur mon texte m'y font penser, Ambréance :
Nous avons tous une dame en bleu
Qui vient réparer nos blessures d'âmes...
balila
j'ai une incapacité à marcher au pas,
et je me perds dans les arcanes de la réglementation.
Ceci dit il y a un décalage-recalage des mots et des images
qui apporte beaucoup à ce texte,
une impression de passer et repasser là où on est déjà passé
de tourner en rond dans l'attente
qui met la lecture dans le juste ton du thème
Ma lecture du jour.
Ariel,
Pour ce texte, je n'ai tenu compte de rien, en dehors des rimes, j'ai laissé aller les mots à leurs rythmes, sans compter les pieds.
Et ton commentaire me touche beaucoup parce qu'il reflète exactement ce que je pense avoir voulu transmettre de l'atmosphère dans laquelle j'ai vécu pendant quelques mois. Ce ballet incessant des malades dans les couloirs, ou dans des salles immenses mais vides d'objets où ils tournent et tournent en rond, le regard au sol, le mégot à la bouche, les vêtements en pagaille, dans l'attente, de quoi... Et puis quand la cloche sonne d'un seul homme ils sont trente à se retrouver au réfectoire... Impressionnant, troublant, attachant...
Merci à toi de cette lecture attentive.
balila
mes pas reviendront..
wldp
Le bleu... Lorsque je me suis relue, je me suis demandée de quel bleu je parlais finalement, la couleur de la blouse, ou leurs blessures...
Merci de tes mots, Wildpoppy.
balila
j'aime
Merci, DJ-b, d'avoir ouvert la porte de ce grand petit monde.
balila
#9
Posted 11 August 2006 - 08:36 PM
pour ce texte vous n'avez pas compter les pieds,
mais laisser parler vos souvenirs,
une prouesse, mon entourage proche, compte les pieds,
les clés, les heures,
et surtout les pains au chocolat ;
comme cela doit être bien
de n'avoir que des souvenirs
#10
Posted 12 August 2006 - 12:12 AM
Ils découvrent le sourire de la dame en bleu,
La dame en bleu qui soigne leurs regards,
Leurs regards égarés sous d'autres cieux.
Abandonnés, parqués loin de la vie,
De la vie déchirés dans leurs tristes habits,
La dame en bleu les a nichés dans un abri,
Un abri sous le toit de leurs tuiles en folie.
Dans cet asile perdu au milieu de nulle part,
Aux jours de solitude, au vent du désespoir,
La dame en bleu tend la main dans le noir,
Le noir du monde sans tain de leurs miroirs
Alités, isolés dans des chambres dortoirs.
Dans des chambres dortoirs, entassés camisolés,
Où la dame en bleu range les armoires,
Les armoires désertées des objets du passé.
Dans cet asile perdu au milieu de nulle part,
Du matin jusqu'au soir se glisseront leurs pas
En rythme fou cadencé sans savoir pourquoi
Ce ballet colle à leurs corps dans les couloirs.
Passagers privés d'envol, automates en déroute,
En déroute de la vie ayant quitté la route,
Ils guettent la dame en bleu qui reste le dimanche,
Le dimanche si loin des blouses blanches.
Dans cet asile perdu au milieu de nulle part,
La vie s'est arrêtée derrière les murs, les remparts,
Les remparts élevés au cri de douloureux départs,
Sans retours, isolés entre les murs d'une cité dortoir
Une cité perdue, démenciel monde des égarés,
Des égarés du ciel du commun des mortels,
Chiffonnés, nébuleux, incompris, prisonniers.
Juste parfois un peu de bleu sur leurs ailes...
balila
#11
Posted 13 August 2006 - 09:33 AM
pour ce texte vous n'avez pas compter les pieds,
mais laisser parler vos souvenirs,
une prouesse, mon entourage proche, compte les pieds,
les clés, les heures,
et surtout les pains au chocolat ;
comme cela doit être bien
de n'avoir que des souvenirs
Commentaire très fin, La Belledeschamps...
Ils comptaient leurs pas dans les couloirs, sans se souvenir des premiers...
Ils comptaient les lits dans les dortoirs, sans savoir où se coucher...
Mais qu'est-ce qui pouvait bien compter dans leurs vies, c'est la question que je me pose encore.
Merci de vos mots.
balila
C'est vous qui l'avez choisi.
Ce que je vis, ce que je dis,
C'est vous qui l'avez choisi
Bourrés de cachetons. C'est quand même un peu flippant ces endroits là.
On sait jamais

Nous avons tous une dame en bleu
Qui vient réparer nos blessures d'âmes...
J'avais également eu cette première lecture là.
Flippant, parfois, étrange surtout.
Merci pour cette première lecture, Surfin bird, et la deuxième aussi, bien sûr.
balila
#12
Posted 13 August 2006 - 09:46 AM
comme les pas qui lentement n'iront plus nulle part....
et bel hommage.......................

.
#13
Posted 13 August 2006 - 11:39 AM
égarés nous sommes, vêtons nous de bleu..
chaleureusement
Henri
#14
Posted 13 August 2006 - 06:16 PM
Amitiés
bohémia
#15
Posted 13 August 2006 - 07:49 PM
comme les pas qui lentement n'iront plus nulle part....
et bel hommage.......................

.
Je suis extrêmement touchée, Le Slovène, par tes mots d'une part, et puis... Cette photo que tu es venu poser sur cet autre monde, merci, vraiment, de cette attention pleine de sensibilité.
balila
égarés nous sommes, vêtons nous de bleu..
chaleureusement
Henri
Joli commentaire de retour, Henri, heureuse de te relire.
balila
Amitiés
bohémia
Merci d'avoir plusieurs fois ouvert ta fenêtre sur ce monde, Bohémia, et de tes mots.
balila
#16
Posted 14 August 2006 - 08:59 PM
J'aime ce regard poétesse balila, çà me rappelle vaguement mon peuple les touaregs.
Bisous
#17
Posted 14 August 2006 - 09:07 PM
J'aime ce regard poétesse balila, çà me rappelle vaguement mon peuple les touaregs.
Bisous
Un autre horizon dans mes mots, que je n'aurais pas imaginé, mais j'aime ces mouvements.
Merci à toi, Douce Sarah.
balila
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