En terre saline,
Debout,
L'arbre solitaire,
Presque centenaire,
Du bout
De sa solitude
Et son altitude,
D'un jet
Tiré en mitraille,
Au vent qui l'assaille,
Émet
Un sonnet tragique,
Fort mélancolique,
Tout noir,
Criant l'injustice
Si désolatrice
D'avoir
De ses ans sévères
Point connu confrères
Et point
De douces copines,
Complices divines
D'appoint.
Du géant en transes
Découlent ces stances
Voguant
Sur mer insoumise
À trop forte prise
D'autan;
Maudits soient ces obscurs promeneurs solitaires
Qui, las de l'ascension de ces très hauts coteaux,
Reprennent souffle sous les ombres salutaires
Que procurent mes verts et ondoyants rameaux.
Ils s'étonnent de voir qu'un si fort et bel arbre,
Contre vents et marées d'un si rude pays,
Reste au fil des ans dressé tel un beau marbre
Digne des grands palais de la pauvre Pompéi.
Ils épiloguent que la vie en forêts vierges
Donne mieux qu'un vécu sur dominantes berges,
Tant elle nous promet grande félicité.
Ô! Mon coeur s'assombrit devant ses découvertes!
Moi, qui se plaisais seul dans mon unicité
Lorsque mon essence peuple les forêts vertes.

Mélancolique
