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#358850 Le Clochard Et L'écrivain

Posted by Vasavoirsi on 23 November 2006 - 09:30 AM in Salon de publication principal

Elle était là, devant moi, posée sur le bureau, blanche, livide. Totalement vide. Cela faisait un moment que je l’observais. De longues minutes, peut-être même des heures.
Je n’avais plus aucune réalité, que celle de cette absence-là des mots. Des dessins. Des ratures. Des ébauches de lettres, même de simples traits, de commencement d’histoires.
Rien. Absolument rien.
J’ai mis mes mains sur mon visage et j’ai pensé à eux.
D’abord avec crainte, une étrange peur de les décevoir. Vous savez quand vous promettez quelque chose et que vous ne tenez pas vos engagements. Je me suis dit que tout ce vide c’était ma faute. J’avais engendré le chaos. J’avais créé un univers instable, un beau château de cartes qui n’avait pas tenu au premier souffle du néant. Et eux, à l’intérieur, avaient péri, au milieu des batailles incertaines, joué et perdu sur un coup de poker. Je ne valais pas mieux que le reste du monde. Je ne valais surtout pas ce monde-là. Je ne valais pas Amosis. Eléonore m’avait quitté. Elle avait interdit mon nom dans ses histoires étranges. J’étais banni. Irsène m’avait relégué au rang de folles, schizophrène et psychotique et m’avait prescrit des doses de cachets orange. L’infirmière restait debout devant moi, voulant être sûre que je ne les jetterais pas. Que je les prendrais comme une patiente bien sage.
Je les ai pris, je crois. Il me semble. Je ne me souviens plus très bien. Il n’y a pas de couleur sur ma page. Pas de orange. Elle est simplement blanche.
Je la regarde et je me dis qu’il faudrait peut-être tout simplement arrêter. Arrêter de tenter d’écrire. Ou alors gribouiller quelques mots, jeter sur le papier des insanités, les raturer, en redire d’autres et prendre de rage la feuille, la réduire en boule, la balancer à la poubelle. Faire ça, ce serait bien. Mieux pour tout le monde. Il y a peut-être des vies dans les tas d’immondices. C’est sans doute sa place, son devenir. Rester là à attendre le camion-benne et traverser toute la ville, faire un étrange voyage entre une pomme à peine entamée et une canette de soda. Survivre à la cigarette mal éteinte. Suivre les autres déchets et arriver au milieu d’autres. Prendre la pluie puis le soleil. Résister tant bien que mal aux intempéries. Puis perdre les quelques mots écrits, les sentir s’effacer, perdre de sa texture, se désagréger. S’éparpiller avec le vent comme les cendres d’une vie défunte à qui l’on a rendu sa liberté.
La page est blanche. Livide de mon trop long silence, de mon devenir incertain, de mes lâchetés quotidiennes. Mes mots se sont tus avec une facilité déconcertante. Je n’ai pas eu à ressentir le poids pesant de la fin. C’est arrivé comme cela, un matin. Elle est là, posée devant moi, et je la regarde, translucide. Ouverture de glace sur un monde en transparence. Reflet de cette vie-là qui se montre et m’échappe. Histoire sans début ni fin. Brèves de comptoir et esquisses parjure.
Je vois mon monde que je ne peux plus atteindre. Je touche la glace, la caresse, efface la buée. Je les vois. Je les regarde. Je les vois au loin. Ils me regardent tous aussi. Ils me jaugent. Ils ne disent rien. Je sais bien qu’ils ne diront rien tant que je ne leur donnerai pas l’ordre. Tant que je n’aurai pas le courage des mots.
Eux. Tous mes personnages ont pris place là où il pouvait. Là où le roman s’était arrêté. Ils attendaient mon bon vouloir. Ils attendaient tous que je revienne. Il continuait à communiquer entre eux. Ils poursuivaient leurs vies.
Les personnages de roman ne meurent jamais. Ils sont comme ces jouets dans les malles. Quand les enfants dorment, ils se réveillent et ils vivent. Ils continuent les histoires. S’en racontent d’autres. Ces personnages-là, on leur a insufflé la vie. Ils ont rejoint le monde des vivants, des héros qui ne meurent jamais, même ceux qui succombent sous le coup de poignard, même ceux qui se pendent, même ceux qui disparaissent au fil des lignes pour des raisons moins graves. C’est magique. Il suffit d’une page en arrière. D’une page retrouvée. D’un nouveau mot, puis d’un autre mot. Une simple phrase et ils reviennent.
La page est glace. Terrible de toutes ces évidences. La page est miroir, devant, derrière mes ombres qui dansent. Dans la lumière de leurs étranges présences, je vois mon visage en transparence.

Corinne



#358619 Le Clochard Et L'écrivain

Posted by Vasavoirsi on 22 November 2006 - 03:21 PM in Salon de publication principal

Il est là tous les matins. Tous les matins, depuis de nombreuses années. Il fait partie du paysage. Immuable comme les grands arbres. Arbres à l’écorce rugueuse et marquée. Des traînées aux couteaux, des passages d’amants encore enlacés. Les gens qui passent ne le remarque même plus. Ne font pas attention à lui. Les yeux s’adaptent et ne cherchent que ce qui change. Pas ce qui reste.
Ce matin, il s’est levé avec peine. Son vieux carton n’avait pas résisté aux intempéries de la veille. Il avait plu toute la nuit et il regorgeait d’eau. Son abri de fortune s’était plié puis effondré. Il avait dû chercher refuge sous la voûte d’un immeuble. La voûte céleste ne voulant plus de lui.
Les étoiles s’étaient fait la belle et lui le clochard était encore plus démuni. Mais il avait l’habitude. Quoi que l’on puisse dire, on s’habitue à tout, même à la misère. Il s’était fait une raison.
Il est toujours quelque part, dans un jardin public. Autour, de vieilles HLM qui attendent d’être repeintes. Toute le monde l’appelle le clochard. Il n’a plus de prénom. Les prénoms sont offerts en gage d’une vie belle et heureuse. Lui, n’a plus de vie depuis longtemps. Il se contente juste de continuer, de la poursuivre au jour le jour. De rues en rues, de sols en bancs, de murs sales en murs blancs. Il ne parle plus à personne. Il ne demande même plus l’aumône. Ses besoins sont écrits sur un vieux bout de carton arraché. Il demande d’ailleurs encore quelques francs. Assis contre le mur d’un quelconque immeuble, ils voient passer des files interminables de pantalons, tissus en jean ou en velours, de jambes féminines fines ou grosses, d’escarpins, de bottes, de chaussures de sport. Ils ne voient plus les visages, plus les regards. Il ne voit plus que la moitié basse du monde. Plus que ce qui est à raz de terre. Plus que ce qui est capable de ramper, de se traîner, de mendier. Quand il se relève, c’est toujours après avoir compté les quelques pièces tombées dans le gobelet en plastique. Jamais assez. Assez pour une véritable nuit, pour un véritable repas. Assez toujours pour le litre de rouge infâme qui lui fera oublier les raisons de sa déchéance. Pas assez pour ne plus aller vers les poubelles qui jalonnent le boulevard. Pas assez pour y faire glisser ses mains à la recherche de ce que les autres ne veulent plus. Pas assez pour les prendre pour lui, pour le clochard qu’il est et qu’il sera jusqu’à la fin de sa vie.

- Fichue poubelle qui ne contient jamais rien. Qui ne contiendra jamais de trésors. Fichue poubelle ! Boite à lettres de sa vie de merde !

Ce matin, il n’eut à nouveau que quelques pièces. Ce matin-là, il ne trouva rien de comestible dans les poubelles. Rien à part, une feuille de papier en boule, qu’il déplia et défroissa délicatement avec ses doigts. Il y avait des mots écrits dessus. Des mots raturés, des phrases entières. De longues phrases qui s’esquissaient finement. C’était l’écriture de son inconnue. Cette femme mystère qui déposait des bouts d’histoire dans les poubelles. Toujours celles qui sont sur le boulevard. Il se dit qu’aujourd’hui, c’était son jour de chance. Aujourd’hui, cette femme lui avait encore écrit. Il se dit qu’il allait retourner contre son mur et qu’il la lirait là-bas. Il sourit. Il regarda quelques personnes. De ce monde du haut, il vit de trop nombreux visages. Cela lui donna le tournis. Elle était peut-être encore là, à le regarder de loin. À attendre sa réaction. Il scruta le visage des femmes, mais comment aurait-il pu reconnaître l’écrivain ?

Corinne



#358447 Les Petites Vieilles

Posted by Vasavoirsi on 21 November 2006 - 01:39 PM in Salon de publication principal

suite...


La jeune femme s’avança vers elle. Elle la fixa de ses yeux bleu acier et lui sourit.


-Bonjour, Eléonore. Je ne savais pas si tu aurais un jour, le courage de venir me voir. Souvent, j’attends en vain. Les gens n’osent pas. Ils pensent que je fais partie de leur imagination, ou alors bien trop ancrée dans la réalité. Une excentrique de plus dans le paysage. Qui joue avec ses mains, qui danse, divague. La folie n’est elle pourtant pas le chemin le plus court vers le passage ?

Eléonore ne disait rien. Elle écoutait la jeune femme parler. Elle n’était pas plus étonnée que cela qu’elle connaisse son prénom. Elle avait, elle aussi ce sentiment de déjà vu. Cette émotion puissante qu’elle comparait à l’amour. Elle n’avait jamais ressenti une sensation si forte. Comme une évidence. Plus que cela. Une révélation. Cette femme faisait partie de sa vie. Elle avait quelque chose à avoir avec sa vie. Elle ne savait pas comment ni pourquoi mais elle en était certaine. Tout se bousculer dans sa tête. Elle était désorientée. Et devant, derrière elle, le paysage fondait. Le soleil se transformait en lumière orangée. Le vert dominant s’épaississait. Le bleu du ciel coulait. Aucune des couleurs ne se réunissait. Aucune ne se mélangeait. Tout était bien distinct. Rien n’était dû au hasard. Cette rencontre même, était prévu depuis des années. Depuis un temps fou, perdu à jamais.



#358407 Les Petites Vieilles

Posted by Vasavoirsi on 21 November 2006 - 10:09 AM in Salon de publication principal

Elle a les mots en l'air. Elle a les gestes à fleur de peau. Ils transpercent l'espace, contournent le monde, rejoignent d'autres places. Des grandes places aux bancs de marbre.
Des silhouettes vieillissantes se penchant sans le faire exprès. Un peu fatiguées. La bouche qui forme des syllabes, les laisse s'échapper. Par en dessous, remontent et atteignent les oreilles attentives. Des mots. Des paroles sur la vie qui s'en va. Sur la vie d'avant qui revient. Par bribes. Elles se sont raconté la vie qui passe. Elles ont vu encore une fois ce qu'elles étaient avant. Elles ont décousu le fil du temps. Elles se sont pendues aux lèvres. Non pas suspendues.
Mais il est temps. Temps de partir.
La silhouette sur le banc force sur sa canne. Elle se lève. L'autre la regarde. Elle lui accorde encore quelques mots :

- Fais attention à toi. Ne reste pas trop longtemps là. Tu risquerais de prendre froid.

Elle hoche la tête. Elle sourit aussi. Un peu. Toujours les mêmes paroles. Des mots tendres, des mots habituels qui ne perdent pas de leur magie.
Ces deux-là s'aiment. Elles se sont toujours aimées. Elles ont fait de si longues traversées. Ensembles. Sans jamais avoir pu se séparer.
Seul le temps s'agrippe, s'accroche à elles. Les malmène.

La vieille s'éloigne. Sa vraie, sa fausse compagne reste encore un peu assise sur le banc. Elle la regarde disparaître. Elle se dit juste qu'elle ne va pas encore se lever. Non pas encore. Elle va encore rester un peu là. À regarder les passants, jouer les enfants, peut-être aussi donner un peu de pain aux pigeons.
Il fait beau aujourd'hui. Le ciel n'a pas encore tout à fait sa teinte de gris.
Et puis il y a cette jeune femme plus loin. Près de la fontaine. Cette jeune femme, seule, qui décoche des mots. Des mots en l’air. Des gestes à fleur de peau. En suspension, des infinités de sons. Des fragments d’émotions.
Elle aurait juré qu’elle pleurait. Mais elle est trop loin pour en être certaine. Elle ne veut pas la déranger. C’est si étrange. Si particulier.
Peut-être qu’elle ira lui parler. Peut-être qu’elle lui dira même que c’est beau. Qu’elle lui a offert un peu de sa jeunesse d’antan. Un instant avec le passé.
Mais peut-on dire ces choses-là aux étrangers ?


Elle a longtemps hésité. Elle a pris soin de bien l’observer. De loin, elle pouvait se permettre de ne rien perdre des élans gestuels de la jeune femme. De ses mains longues et fines qui s’envolaient vers le ciel puis subitement qui s’arrêtaient. Comme percutant un mur invisible. Comme ayant atteint l’objectif de la cible. Ce n’était pas fracassant. C’était fort et muet. Cela ne brassait rien. Cela touchait qu’un seul point. Un point qu’elle seule voyait. La vieille dame essayait de comprendre. De voir cet horizon où la limite venait d’être atteinte. Cet endroit où les mains avaient touché une vie.
Le visage de la jeune femme était à la fois triste et souriant. C’était un mélange étrange d’émotions. Des sensations qui ne pouvaient aller ensemble. Tellement elles étaient à la frontière l’une de l’autre.
Mais la jeune femme était cela. Elle était triste. Elle était souriante. Et la vieille, plus elle l’a regardé, plus elle se mettait à l’aimer. Aimer cette étrangère d’un amour hors de propos. Cela la rendit triste aussi. Elle baissa les yeux et elle vit ses mains. Petites et ridées. Affreusement abîmées par le temps. Elle les rassembla. Les serras l’une contre l’autre. Si fort qu’elle se fît mal.

- Tu n’es pas raisonnable. Tu n’es qu’une vieille folle. Qu’une veille lesbienne sans séduction. Tu as perdu ta beauté. Tes charmes avec le nombre des années. Les gens ne te regardent plus. Plus comme tu aimerais qu’ils te voient. Plus comme toi tu te vois à l’arrière du miroir quand les ombres prennent la glace et la figent. Détruisent la lumière et qu’apparaît cette fameuse image que toi seule est capable de voir.

Elle se leva pourtant. Doucement. Elle prit tout son temps. Pas à pas. Elle se dirigea vers la silhouette tendrement féminine. Ensorcelante. Vers cette femme qu’elle avait été dans le temps. Avant que cela commence. Avant que sa vie devienne cette chose.


D'abord il y eut un flash blanc. Crépitant. Une onde tumultueuse qui s’engouffra dans les regards. Son regard de petite vieille trouvant celui de la femme plus jeune. Y restant. Prenant position.
Elle ne se rendit pas compte tout de suite. Mais le choc généra l’onde tout autour d’elles. La lumière baissa d’intensité ou alors explosa car elle vit les choses et les formes différemment. Cela flottait dans l’air. Cela changeait la matière. Les arbres fondaient dans le paysage. Les feuilles s’écoulaient en sève cristalline. L’odeur se chargeait de chlorophylle. Il y avait des senteurs puissantes d’eau s’accouplant avec l’herbe. Avec la rugosité de l’écorce de l’arbre qui s’émiettait. La vie se transformait.
Cela n’était pas difficile à regarder. Cela ne faisait pas mal. C’était naturel. Puissant. Et la vieille savait que c’était cela que l’impact devait provoquer. Elle su dès qu’elle vit les yeux de la jeune femme. Elle comprit dès que l’iris la pénétra.
Elle la laissa faire. La laissa s’approcher.
Puis il y eut les gestes. Les gestes de ses mains fines et longues. Simples et volatiles. Des gestes, des caresses, des sourires. Des ouvertures vers elle. Des appels silencieux.
Ses mains s’élevaient au-dessus d’elle, s’amplifiaient tout autour, prenaient l’espace, le transformaient. Ses mains dansaient. Virevoltaient. Ses mains aimaient l’invisible.
Lui faisaient l’amour. Le caressaient, cherchaient ce point où il se mettrait à gémir. Soupirer. Crier.
Le son. L’apparition de la tonalité. La bouche gourmande qui s’ouvre. Le souffle chaud et suave. L’air qui devient autre. Qui devient elle. Un peu plus d’elle à chaque gorgée prise. A chaque bouffée redonnée. La bouche dans un baiser offre les mots. Des mots étranges à son oreille.
Des mots qu’elle avait entendu avant, bien des fois, sans doute trop de fois pour en savourer la consistance. L’essence. La force qui y était réellement apposée.
Ce jour-là, elle vit pour la première fois les mots en l’air. Les gestes en suspension. Elle vit ce que la jeune femme savait déployer. Son étrange pouvoir.

Corinne



#353143 Avant La Fête.

Posted by Vasavoirsi on 23 October 2006 - 07:16 AM in Salon de publication principal

Citation (le hamster @ Oct 22 2006, 10:12 PM) <{POST_SNAPBACK}>
Dans les textes de Corinne, c'est toujours la chute qui tue...! tongue.gif wink.gif


Sourire.
En ce moment, j' y peux presque rien, j'écris des romans policiers. Il me faut bien quelques morts. Cela dit grande question, peut on écrire des romans policiers sans tuer ?

Je t'embrasse.

Corinne



#353048 Avant La Fête.

Posted by Vasavoirsi on 22 October 2006 - 10:37 AM in Salon de publication principal

Comme chaque jour, les petits vieux de la bourgade d’Amosis se retrouvaient sur un des bancs qui avait vu sur la place de la mairie. Le grand centre-ville en quelque sorte. Sous l’ombre des platanes, ils discutaient du temps qui passe. De ces histoires d'hommes tombés à terre. Mort pour la france. Mort par manque de chance. Il fallait que cela tombe sur quelqu'un. C'était tombé sur eux. Lui, l’ancien colonel Albain avait survécu. Il avait eu le temps de voir mourir ses hommes. Un à un. Il avait eût le temps de faire comme si. On ne peut pas sauver tout le monde.
Il avait avancé au milieu des cadavres, au milieu des coups de feu, dans le désert, en France, en Allemagne, puis plus loin. Dans le temps. D’autres continents. Il avait pris du galon. Il était devenu un homme important. Quand on réchappe à la mort, on devient caporal, puis sergent, lieutenant, capitaine, colonel.
Et puis la guerre s’arrête. Enfin. On rentre chez les siens.
On retourne dans son village. On se rend compte que la vie n’a pas cessé. Qu’elle a continué sans vous.
Assis sur leur banc, les petits vieux racontent et se rappellent. Ils regardent la vie s’animer sur la place de la mairie. La fête est revenue. Elle prend ses aises. S’installe. Ils se souviennent de celles d’antan. D’avant, d’après la guerre aussi. Quelques hommes n’étaient plus là. De nouveaux étaient venus. Étaient restés. Les femmes étaient là. À tendre les bras. À sourire. Pleurer de joie. Elles avaient mis des fleurs à leurs chevelures, leurs plus belles robes. Et elles s’occupaient de tout. Le cantonnier municipal avait recreusé les trous et planté les grands mâts, aux entrées du village. Il avait tendu entre ces poteaux des guirlandes de petits drapeaux en papier. On avait accroché les guirlandes électriques, fabrication maison, réalisées avec des ampoules normales peintes de diverses couleurs, qui allaient illuminer l'entrée du village et la piste de danse. Le podium pour l'orchestre se dressait fièrement sur le devant. Ce fut pendant très longtemps une remorque prêtée par un agriculteur et décorée de feuillage et de verdure. De même la buvette indispensable à cette manifestation était installée depuis la nuit des temps par le patron du café de la rue Laissac. Aujourd’hui, c’était un original toujours très près de ses sous. Qui avait un sens du commerce peu commun.
Les jours précédant la fête, les gamins rôdaient autour de la place de la mairie, attirés par tout ce remue-ménage. Les véhicules étant rares, dès qu’ils entendaient un bruit de camion sur la route principale, ils se précipitaient pour escorter un éventuel forain. Ils n'étaient guère nombreux :
Un manège de chevaux de bois s'installait devant le tilleul, un où deux stands de tirs dressaient leurs toiles, une loterie et des balançoires.
Ils s’en souviennent parfaitement. C’étaient de lourdes barques de tôle peintes de couleurs vives et tellement robustes que les adolescents et même les adultes pouvaient les utiliser. Et ils ne s'en privaient pas. L’autre manège était plus dangereux : vous étiez assis dans une petite nacelle suspendue par des chaînes au toit du manège. Ce toit se mettait à tourner très vite et la force centrifuge vous soulevait jusqu'à l'horizontale. Le jeu consistait à attraper celui où surtout celle qui était devant vous et d'entortiller les chaînes. Il n’y eut jamais de blessé. On se demande encore comment cela fut possible.
Mais l'arrivée de la loterie était quand même l’attraction reine. Deux vieilles dames adorables tenaient cette loterie et leur roulotte était tirée par un engin extraordinaire. C'était un antique tracteur de l'artillerie américaine. Celle de la guerre de 14. Avec son museau court, sa cabine à l'air libre, son volant en bois, ses roues à rayons avec leur bandage plein et sa transmission par chaîne, il faisait déjà figure d'antiquité, c'est pour dire ! Il se traînait à 4 ou 5 kilomètres à l'heure et la cohorte des enfants lui faisait une joyeuse escorte.
Les corbeilles d'osier remplies de petits papiers enroulés et maintenus scellés par un minuscule anneau, attendaient les acheteurs. Impossible de savoir qui gagnerait la série de casseroles en aluminium, un des gros lots. Le plus souvent on repartait avec un verre ou une babiole, mais il était toujours possible d'échanger le cadeau non désiré pour un cadeau équivalent.
Au stand de tir, les hommes, un peu éméchés se lançaient des défis. Il s'agissait de casser des pipes en terre ou de faire un score maximum sur une cible. Mais le maladroit vous expliquait d'un air sentencieux que le patron du tir, un fameux requin, avait tordu les canons des carabines afin que les tireurs ne gagnent pas trop souvent. Les vainqueurs, un peu sadiques, trouvaient, eux, que les carabines étaient parfaites. Les défis les plus fameux attiraient, pour quelques minutes, une foule de badauds qui commentaient les faits et gestes des deux protagonistes. Le duel se terminait en général sur la terrasse d'en face devant une bonne bouteille.
Une autre loterie où l'on pouvait gagner des poupées grâce à une grande roue se dressait devant l'entrée de la mairie. Enfin, le jour de la fête, à la dernière minute, un ou deux marchands ambulants : Pétards, jouets, bonbons, cacahuètes, déballaient leur étal.
Amosis avait perpétué la tradition. Rien ne manquait. Tout était là, comme avant. Les petits vieux n’en perdaient pas une miette. Ils étaient heureux. Il y avait vraiment foule en ce jour. Tout l'après-midi, l'orchestre, juché sur le plateau d'un camion, celui de Monsieur Duval avait procédé à la distribution des bouquets et des ballons. Ces bouquets étaient formés de quelques fleurs en papier multicolore attachées sur des tiges en fil de fer et enveloppées d'un carré de papier blanc. Mme Espalier, la fleuriste d’Amosis les fournissait ainsi que les petites fleurs que des jeunes filles vous épinglaient en souriant à la veste dès votre arrivée à la fête moyennant deux euros.
Tout le monde riait. Tout le monde souriait. S’amusait. Parlait. La joie dévalait les rues. S’engouffrait dans les maisons. Y restait. Imprégnait l’atmosphère de fleurs et de cotillons. Tout le monde. Oui tout le monde sauf une personne. Une ombre qui ne se tenait même pas à l’écart. Qui se trouvait au milieu de la foule. On n’est jamais aussi bien caché que parmi les autres. Et dans le bruit, le tumulte des paroles, des chants et de la musique, personne n’entendit le coup de feu qui s’arracha du 9 millimètres. Qui poursuivit sa course comme au ralenti et percuta de plein fouet le cœur du colonel Albain.

Corinne



#352933 Les Mains Des Esclaves

Posted by Vasavoirsi on 21 October 2006 - 01:07 PM in Salon de publication principal

Citation (serioscal @ Oct 21 2006, 07:55 AM) <{POST_SNAPBACK}>
Moi j'aime bien !

La première phrase me paraît problématique. Pour une fois, j'aurais mis un point plutôt qu'une virgule entre les deux segments - pour de simples raisons logiques :
Mais la question est digne d'être posée. Je ne sais si la suite s'y engage tellement d'ailleurs mais le rapport à la mémoire est intime, personnel. Le style coupé que tu affectionnes tant a des accents inédits, peut-être à cause des silences plus nombreux qu'à l'habitude, il me semble.

Eu égard à la première phrase, ce texte pourrait être le premier d'une série. Enfin, je dis ça de façon désintéressée : il ne faudrait pas imaginer que j'aie des actions dans la série.


Merci serioscal. Oui en ce moment je cherche. Je réfléchis. Je fais des essais. Les mots reviennent et je prends plus le temps de les rencontrer, de les apprécier. Je respecte toutes critiques à mon égard. C'est comme cela que je vais progresser.
Mes silences ce sont des rencontres avec moi et les mots. Au final, cela enfantera mon style.

Citation (missix @ Oct 21 2006, 09:57 AM) <{POST_SNAPBACK}>
Je n'ai envie de penser qu'à moi ...

Et parfois, dans la nuit, se permettre, quelques sanglots où l'on a simplement, envie de penser qu'à soi. A ce manque de mots... ces cadavres exquis qui brisent tout espoir.


Oui je pensais aux cadavres exquis. A toutes ces choses que l'on ne fait pas. Parfois simplement à cette incapacité à dire ce que nous ressentons profondément. Des envies de se remettre en question, avoir cette force et ce courage de tout recommencer.



#352931 Les Mains Des Esclaves

Posted by Vasavoirsi on 21 October 2006 - 12:48 PM in Salon de publication principal

Citation (.ds. @ Oct 21 2006, 02:12 AM) <{POST_SNAPBACK}>
J'aime pas !
Bisous.


Rires. je t'en prie Ds. Je fais des effets. Des essais. Là tu vois ces mots là me dessinaient un tableau surréaliste.
Bisous too.



#352930 Pour Une Princesse Défunte

Posted by Vasavoirsi on 21 October 2006 - 12:41 PM in Salon de publication principal

Citation (Artemisia @ Oct 21 2006, 09:54 AM) <{POST_SNAPBACK}>
Chut! c'est un secret,
un secret de choses
ou d'êtres
qui ne sont pas
ce qu'on croit qu'ils sont...

cool.gif
Artemisia


Oui, je sais. Elle est très belle ta princesse. Mais elle n'est pas défunte. Elle existe quelque part.
Car elle créait encore de très belles choses. Tu ne trouves pas ?

Je t'embrasse.



#352868 Les Mains Des Esclaves

Posted by Vasavoirsi on 21 October 2006 - 12:21 AM in Salon de publication principal

Quand on écrit plus, que se passe-t-il dans les interstices ?
La magie n'opère plus. Il ne reste que les silences qui s'entrechoquent. Cela ne produit aucun bruit. C'est ouaté. Du coton que l'on file entre les mains tranchées des esclaves.
Voleurs de rien. Ils pleurent. La douleur et la honte ne leur donnent plus la force de continuer.

Je reviens dans mon monde. Je n'éprouve aucune pitié. Je ne peux rien pour eux.
Je n'ai envie de penser qu'à moi. À ce manque de mots. Ces cadavres de phrases. Ces lettres détachées, éparpillées.

Je suis une enfant. Je joue avec des cubes. Des formes et des couleurs qui me plaisent. J'ai réussi à en prendre un dans ma main. C'est un M.

- Oui. M comme maman me dit la voix. Maman.

Elle articule. Elle force le trait. Le mot devient grotesque. Antipathique. J'ai jeté le cube. J'aime le petit bruit rigolo. Dong.

Un canard en plastique entre mes mains. Couic.

C’est totalement anachronique, impossible, mais je pense à ça, enfant, bébé, à ce petit canard jaune dans les mains coupées des esclaves.


Corinne



#352805 Pour Une Princesse Défunte

Posted by Vasavoirsi on 20 October 2006 - 07:58 PM in Salon de publication principal

Citation (Artemisia @ Oct 20 2006, 08:02 PM) <{POST_SNAPBACK}>
Ah bon, c'était de l'écriture automatique, alors ?

Artemisia


J'aime ton texte. Même si tu retournes dans l'hermétisme caché des émotions.
Ces histoires de serrures. Qui ferment quoi ?
Des profondeurs qui cachent quoi ?
Des miroirs qui renvoient quoi ?
On ressent le secret mais on a des difficultés à le saisir. A le révéler.
Mais le principal est bien que ces mots là te parlent à toi.

Corinne



#351843 Prendre Un Café

Posted by Vasavoirsi on 17 October 2006 - 02:23 PM in Salon de publication principal

BALILA

Ce texte est loin d'être parfait. Je suis d'accord avec toi. A cet époque, je reprenais juste la plume après des années de pages blanches.
Comme je le disais au dessus, c'est un vieux texte. Je l'écrirai bien certainement différememnt aujourd'hui. Avec plus de sensualité. De sous entendus. De formes et de couleurs.

Pour la poésie, tu as raison également. Je me suis mal exprimée. Je ne me fous pas de la poésie. J'aime l'idée même de la poésie. Ce sont ses formes et ses règles qui me conviennent si peu.
Je me sens plus libre dans des espaces infinis. Où je ne buterai pas contre les barrières.
Mais depuis quelques temps, je réfléchis. Je lis beaucoup. Je regarde ce que cela m'apporterait de rester un temps dans ces espaces là.
Je suis ici pour cela. Pour apprendre.

Corinne



#351841 Prendre Un Café

Posted by Vasavoirsi on 17 October 2006 - 02:13 PM in Salon de publication principal

WLDP


Tout d'abord, je ne t'en veux pas d'avoir retiré mon texte. Tu as fait selon tes convictions du moment.

Ensuite, prendre un café est un vieux texte. Il a plus de deux ans. Il raconte cette histoire là. Avec cette femme là. Il est ce qu'il est. Je lui laisse cette liberté de l'imperfection. Il est un peu comme ces photos en instantannée que l'on prend.
Je l'aime comme cela. C'était moi à cette époque là. Maintenant oui, je l'aurai certainement écrit différement. J'ai changé. Mes mots ont évolué. Mes perceptions également.

Cependant, je voulais répondre à la provocation de Monsieur Homère et comme je suis une femme impulsive, j'ai décidé de répondre par une autre provocation.
Je suis donc retournée dans mes archives et j'ai sorti mon expresso, qui apparement est toujours aussi chaud en réaction.
C'est là où tu te trompes, il n'a laissé pas grand monde indifférent et certainement pas toi, puisque tu me l'as censurée. Si tu permets que j'utilises aussi l'humour pour te répondre.

Et non vraiment aucune rancune. Prendre un café c'était juste pour que l'autre boive la tasse.

Corinne



#351773 Prendre Un Café

Posted by Vasavoirsi on 17 October 2006 - 08:44 AM in Salon de publication principal

Aaaah ! Je ne suis plus censurée ! Merci beaucoup.

Donc je sais bien que ce texte peut paraître provocant. Il est très sexuel. Certes. Mais c'est ce que je voulais faire. Un texte sur l'amour physique.
Depuis le temps que vous me lisez maintenant, vous avez dû vous rendre compte, que je ne tiens pas compte des formes, de la métrique. Ce que je désire en premier lieu c'est faire sortir l'émotion.
Hier, sur l'autre post, on me disait qu'étaler sa vie sexuelle ce n'était pas faire de la poésie. Je n'étale rien. Et je me fous de faire de la poésie. Les rares poètes que j'aime ce sont ceux qui ne tiennent pas compte des règles et font exploser les barrières au profit de l'émotion. Quand c'est carré et parfait, cela m'ennuie terriblement. J'écris pour prendre du plaisir. Pour en donner.

Mon objectif était d'écrire l'acte physique. Réussir à le faire ressentir dans les mots. Ce texte peut soit choquer. Soit exciter. Soit aussi être perçue de la manière la plus profonde. Féminine. Il n'est en rien vulgaire. Je suis désolée pour les amateurs de Canal Plus.

Là, ce texte est sexuel dans une première approche, il peut aussi être choquant car l'amour y est montré avec indécence, et ce sont deux femmes qui se font l'amour. Sans tabou. Sans restriction.
Elles se connaissent assez pour savoir ce que l'autre désire, ses fantasmes les plus poussés, ses envies les plus secrètes. Les femmes entre elles se parlent beaucoup. Elles se comprennent finalement plus facilement. Les gestes sont certainement plus simples à faire.
C'est cette osmose que je trouve magnifique. Ces limites repoussées. Cette confiance accordée. Ce respect total. Ces deux femmes s'aiment et elles veulent se découvrir totalement.

J'ai écrit ce texte avec le piano de Leaving Paris de Craig Amstrong. C'est pour tout l'amour. Pour toute la tendresse qui envahit les regards. Les gestes.
Ce n'est pas un pamphlet homosexuel. Ce n'est pas une provocation. C'est une volonté d'écrire sur tout. Et que m'importent les imbéciles, les racistes, les pudibonds, les frustrés.
J'aime ce texte.


Corinne



#351243 Prendre Un Café

Posted by Vasavoirsi on 15 October 2006 - 04:46 PM in Salon de publication principal

L'amour ne devrait être que sourire et larmes de joie, caresses et baisers tendres, passionnés.
Etreintes des corps encore et encore. Toujours s’aimer de plus en plus fort.
Juste être là toutes les deux. Ensemble.
Se perdre les yeux dans les yeux, confondre nos couleurs et les mélanger comme sur une palette d’artiste peintre.
En sortir une nouvelle teinte, le parfait mélange de toi et de moi.
Juste prendre le temps de te dessiner, d’esquisser ce que tu es.
Mes mains sur ton corps révélant la lumière de l’horizon.
Nous serons là à chaque aube des amantes. A la naissance de ses plus belles raisons.
Celles qui font et se défont dans nos souffles les plus profonds.

Le soleil vient de se lever.
Par la fenêtre, je le vois qui tente de nous appeler.
Mais je veux encore te regarder dormir. Mais je veux encore poser ma bouche sur ton corps.
Juste faire glisser tes cheveux pour te dévoiler encore.
J’aime ta nudité. J’aime les courbes de ton corps parfait.
Sur les draps froissés, je viens à nouveau te chercher.
Je me fais tendre et légère comme pour te murmurer. Doucement t’inviter avec le soleil, effluves de caresses et poudres de baisers.
Juste des effleurements de plaisir pour te faire ouvrir tes yeux fermés.
Ton sourire s’invite sur ta bouche. Je sais que tu es là avec moi maintenant.
Je me glisse sur toi, sur nous je recouvre le drap.
« Bonjour mon amour, tu m’as manqué » dans ton oreille déposé.

Doucement tes yeux qui s’entrouvrent, sous tes paupières encore lourdes, la couleur de tes yeux apparaît. Bleu vert, mélange du ciel et de la terre.
C’est comme une magnifique lumière sur ma silhouette toute  entière.
Je me sens Diane,  chasseresse de tous nos péchés.
Je me sens l’ouverture de ta porte vers l’éternité.
J’ai trouvé le chemin qui emmenait vers ton cœur.
Dans la profondeur de tes yeux, je vois ma vie tout en couleur.
Ton regard dans mon regard, il est encore tôt pour errer sur les trottoirs.
     Avec toi, je ne serais jamais une orpheline dans les dortoirs.
     Avec moi, tu seras toujours le sourire d’une femme que l’on attendait
     Devant la porte d’un pensionnat fermé.

     Lentement ta bouche appelle ma bouche.
     Je viens chercher le goût fruité de tes baisers. Je sens ta main qui me touche.
     Nos langues qui s’aiment et s’emmêlent, cherchant les sons qu’elles ne peuvent plus      
     prononcer.
Hum, que j’aime t’embrasser. Hum, que j’aime les petits bruits de nos plaisirs partagés.
Je sens les vagues languissantes qui montent inexorablement.
Je sens ton corps qui dansent sous mes mains lentement.
Tu es à moi. Je suis à toi.
Nous sommes à nous.
On se mélange, dessus dessous.
Je te suis bras à bras.

Non !!! Mon amour, viens encore sur moi.
Je veux voir encore le feu dans le bleu de tes yeux.
Je veux sentir la femme dominatrice en toi.
Tu es là, plus forte, plus belle que moi.
Je t’admire en train de me dominer.
Sais tu qu’avant toi, personne ne l’avait jamais fait ?
Sais tu, que jamais, je ne m’étais autant donné ?
Si tu me regardes, tu me verras dans toute ma fragilité.
Je te laisse ouverte la porte vers mon intimité.

Non !!! Mon amour, restes encore un peu sous moi.
Je veux encore que tu vois le feu dans l’ombre de mes yeux.
Je veux sentir la femme soumise en toi.
Tu es là, plus fragile, encore plus belle que moi.
Je t’admire en train de te laisser aller.
Je fais attention à chacun de tes gémissements, à chacune de tes voluptés.
J’aime aller prendre sur ton corps tes plaisirs les plus convoités.
Hum !! Dis moi encore que tu aimes ce que je te fais.
Hum !! Tu m’excites terriblement.
La chaleur fait assaut dans mon sang.
J’aime ta langue qui vient chercher le goût de mes baisers.
Mais il te faudra encore attendre que je vienne la chercher.

Oui !!! Je ne suis qu’une chienne.
Oh oui !!! J’aime aussi quand tu me malmènes.
Mes mains se font plus violentes, je laisse des traces sur tes fesses voluptueuses,
Des morsures encore plus savoureuses.
Mon corps en te faisant l’amour, subit les tempêtes les plus fortes.
Des vagues font sacs et ressacs et toujours m’emportent.
Mes gémissements à ton oreille ne sont à nul autre pareil.
Quand je t’entends crier, je me sens défaillir et prête à sombrer.
Mais je veux encore tenir, mais je veux encore te faire languir.

Encore ma bouche sur ta bouche.
Violente et terriblement passionnée.
Ma langue encore sur tes seins, avide de les lécher.
Ma bouche sur tes mamelons à les sucer.
Des morsures sur tes tétons à te faire hurler.
J’aime quand tu as mal. Je sais que tu aimes ça.
Je sais que tu ne demandes que ça.
Hum !!!! Je suis esclave de ton corps et de ses péchés.
Je ne peux plus, au plus suave d’entre eux, résister.
Je me fait glisser entre tes cuisses écartées.
Hum !! Implores moi encore de venir t’achever.
Demandes moi de venir boire ton antre mouillée.

J’aime te voir m’être entièrement soumise.
J’aime quand tu te sais être mon esclave, ma chienne conquise.
Je t’écarte violemment les cuisses, ma langue ne te laissant plus aucun répis.
J’aime trop entendre tes gémissements et tes cris.
J’aime ton corps agité de soubresauts sous mes assauts.
Je sais que tu me demandes silencieusement de te pénétrer.
Tu veux mes doigts,  un à un dans ta chatte assoiffée.
Sois ma chienne, sois mon esclave encore une fois.
Je t’accorde le privilège de venir me lécher
Avant de venir enfin te faire succomber.
Viens,  mon amour sur moi, j’écarte les cuisses juste pour toi.
Viens me prendre dans ma totale intimité.


Je te regarde revenir sur moi.
Ton air de défis me fait défaillir. Tu si belle, si souveraine.
Je me sens si totalement à toi. Comme toi, tu es totalement mienne.
Tu viens de reprendre le contrôle.
Je ne me sens plus que ta chienne à hurler comme une folle.
Tu me rends dingue sous tes caresses et tes mouvements.
Je suis dans le plus beau de mes tourments.
Je sais que tu ne me laisseras plus te prendre.
Tu veux me faire jouir, me faire me rendre.
Tu veux entendre le plus beau de mes gémissements.
Celui de l’extase de tes doigts me pénétrant.
Oui !!!  je ne n’en peux plus.
Oui !!! tu es la plus forte, la meilleure.
Oui !!! je ne suis que ton esclave, que ta chienne en chaleur.
Oui !!! fais nous jouir, mon amour, mon cœur.

Sur les draps défaits, je m’allonge à côté de toi.
Tu es si belle avec dans le regard, tes armées conquérantes soumises.
Je t’ai moi aussi déposé mes armes, je suis totalement à toi
Je suis si bien avec toi, le passé n’a plus de prise.
Juste me laisser aller dans tes bras, ouvrir toutes ces portes que je ne sais pas.
Juste te dire que je t’aime
Que je t’aime …
Que je t’aime …

Puis prendre le temps de boire un café, attablées à cette terrasse ensoleillée.
Les jours de pluie se sourire par en dessous parce qu'on sait qu'on s'aime toutes les deux
et qu'on s'aimera toujours.
Etre plus forte que le monde entier parce que l'on sait.
Elle sait, je sais que c'est elle à jamais.

Dans ma vie, je t’ouvre le chemin vers moi.
De Paris à New York, je suis avec toi pas à pas.
Si tu m’appelles, si tu as besoin de moi, je t’ouvrirais toujours mes bras.
Ma vie la plus profonde, c’est toi.


Corinne



#350367 9 Millimètres.

Posted by Vasavoirsi on 11 October 2006 - 03:29 PM in Salon de publication principal

Citation (-ALMADOR- @ Oct 7 2006, 12:20 AM) <{POST_SNAPBACK}>
je ne vois aucun sabotage dans cet excellent texte!! J'ai juste cru voir une truie-fontaine venir régler ses comptes avec un plaisantin!Dommage de venir éclabousser de notre fange, un si beau travail!...Le regard des statues...Tiens Corinne en voici une!! Un rocher naturel dans l'extreme sud de la Corse surnommé le "macaco"..Mes amitiés.Que t'inspire ce géant?..


Je ne vois pas très bien ton image Almador. C'est dommage, j'adore écrire sur les photographies. Les tableaux.
Tu ne l'as pas en plus grand ?

Citation (.ds. @ Oct 7 2006, 05:42 PM) <{POST_SNAPBACK}>
C'est un excellent texte, malheureusement, je passais seulement, mais j'y reviendrai !
Trop bien vasavoisi ! vui vui !

(pourquoi ne pas l'insérer dans le salon approprié ?) chuttt....

Bientôt +


Merci Ds. L'insérer dans le salon approprié ? Hum non. Rires. J'aime bien ne pas respecter les cases. Et c'est dans le salon principal qu'il y a le plus de lecture.
J'aime beaucoup ta peinture. Vraiment.



#350364 9 Millimètres.

Posted by Vasavoirsi on 11 October 2006 - 03:16 PM in Salon de publication principal

Citation (Harry @ Oct 7 2006, 09:31 AM) <{POST_SNAPBACK}>
Oui, j'ai trouvé de l'intérêt à ce texte.
Hélas je ne sais pas bien l'interpréter,
et cela me gène de pouvoir comprendre une chose et son contraire.


Il s'agit juste d'un extrait de mon second roman. C'est la première approche du meurtrier en série. Je voulais commencer par un meurtre. Et faire ressentir les émotions du tueur. Une approche froide. Je fais des essais.
Pour ce manuscrit là je prends plus mon temps.



#350143 Sans Toi

Posted by Vasavoirsi on 10 October 2006 - 08:16 PM in Salon de publication principal

Citation (Artemisia @ Oct 10 2006, 09:01 PM) <{POST_SNAPBACK}>
Les ombres se referment
Et mes bras
N’en peuvent plus
Je suis
Sans…
Je ne pense plus
Que le vide
La profondeur béante
Là dedans
Où…

Si petite je tombe
Je glisse
Sur le métal glacé
En bas
Ni…

Je n’ai plus de cœur
Seule au temps
Du sang
Aux yeux
Clos.
Artemisia



Magnifique. Cela me donne envie d'écrire. Cela met de la couleur à ma nuit de ce soir. Je te répondrai en écho si cela te dit.



#348987 9 Millimètres.

Posted by Vasavoirsi on 06 October 2006 - 01:50 PM in Salon de publication principal

Je n'ai jamais pensé à définir cette attirance singulière pour le visage des statues, leurs mains si souvent expressives, leurs regards insondables. Je n’ai jamais cherché pourtant c’est ancré en moi. C’est inaliénable. Elles font comme partie de moi. Une statue, c'est le vol de la vie. Une éternité.
J'ai vu tant de visages mourir. Il me semble ne jamais les avoir vus sourire. La mort parfois libère des souffrances, mais la vie jusqu'au bout s'accroche. Elle essaye de se maintenir coûte que coûte. Forcément. Après elle glace et elle fige, plus qu'aucun marbre d'Italie. Et puis ces statues vous regardent, du haut de leur autre temps. Et elles vous tendent à bout de bras le passage vers cet autre espace.
Ce sont des vivants qui ne mourront jamais. Ceux qui en quelque sorte, ont été épargnés. Des amours endormis. Des combattants vainqueurs. Des artistes. Des amants enlacés. Des vestiges du passé.
La statue demeure. Elle écoute les battements du cœur. Elle est un masque de mort, une empreinte de vie. Un sursaut de paroles psalmodiées. Retenues, interdites, dévoilées.
On n'entend bien qu'avec le cœur, fut-il de pierre.
Moi, je les entends. J’arpente les rues de ma ville pour tenter d’extraire, sous la médiocrité ordinaire des choses, les parcelles de beauté enfouies sous leur masque de poussière et de salissures.
Des fragments de seins, de bras ou de mains. Et des bouches de statues, jointes dans la volupté d’un baiser. L’atomisation. De l’espace, du temps. Et des corps.
Je suis ces vieux murs de pierre. Le soir tombe chez moi. Il y a encore cette voix insistante et tellement claire. Une voix dure. Qui n’a aucune pitié pour moi. Qui ne se soucie pas de ma blessure. Ni de ma douleur. Elle m’ordonne des choses. Celles d’arrêter cette atroce pluie sanguine, qui dans mon cœur et par chacune de ses gouttes me déchire. Sans merci.
Les cris, la peur, les pleurs. Tous mes souvenirs se déterrent devant moi. Mais là, debout, face au pouvoir, face à l’éternité, j’essaie de ne pas céder. Je retiens la déflagration dans ma tête. Elle tonne. Résonne. Ricoche dans tous les sens. Tente de me blesser pour que je laisse échapper l’ouverture où elle s’engouffrera. Pour combien de temps ? Encore tenir. Puis entendre. Une brutale explosion qui éclate dans l’air. Vous perce les tympans, vous met le corps en miettes. Et éparpillent aux vents tous vos morceaux de chair. Le doigt sur la gâchette appuyer ou attendre.
Devenir cette personne armée, programmée. Cette arme achetée pour détruire. Le détruire. Et qui le détruira ! Ce n’est qu’une simple question de temps. Qu’une question de choix. De moment. Que mes cris s'unissent, sortent et se libèrent !
Croyez-vous qu’il faille les laisser vivre ? Leur donner une dernière chance ? Ces ivres criminels. Non. Je ne les laisserai plus faire. Je suis ivre de leur sang. Ils sont à moi maintenant.
La destruction reflète une possession. Une douleur aussi. Ce n’est jamais un acte anodin et invisible. Il me faut blesser pour en ressentir le manque. J’ai usé mes mots et mes gestes, le vide est mon comparse. Je suis l’inutilité à l’état brut. Une apnée virtuelle. Rien de plus. Ma force reviendra dans la mort. Il n’est plus vraiment nécessaire de tuer. Mais bien d’achever. Cela suffit.
Tout à coup le coup part. Rougi le périmètre. J’ai joué de mon neuf millimètres.

Corinne



#348660 Vous Ne Le Connaissez Pas

Posted by Vasavoirsi on 05 October 2006 - 08:54 AM in Salon de publication principal

Je ne la connaissais pas.
Ces petits airs de F. Chopin. Des courants d'air frôlant ma main.
Des mots à l'encre violette. Inodores. Des traces sur l'écran. De simples traces.

Souvenir de 19 roses rouges. Pourpres. Eclatantes. Fanées.
Une boite de macarons vide.

Je ne la connaissais pas.

Une osmose magnifique. Des délires des heures désunies. Une complicité au delà de tout ce qui est humainement possible. Prise à son propre piège. Enchaînée un temps.
Comment faire ? Comment retourner en arrière ? Comment dire simplement la vérité ?

- Tu ne me connais pas. Tu ne sais pas vraiment qui je suis.

Et pourtant la reconnaître. Derrière tous les fantômes. Savoir que c'est elle malgré ses paroles. Un peu d'elle. Un peu de lui. L'humanité toute entière qui se déplie. Le dernier pion vient de tomber. Le roi. La reine sont en danger.
Echec et mat mon amour.

Je ne te connaissais pas. Mais je savais, qu'un jour c'est moi qui gagnerai.

Corinne



#348358 Autour D’un Verre

Posted by Vasavoirsi on 04 October 2006 - 10:25 AM in Salon de publication principal

Parfois oui, tremper ses lèvres dans un bon chocolat chaud. Retourner à ce café où nous allions souvent. Se souvenir. Nous revoir. Revoir son visage. Sa main sous son menton. Sa façon de me regarder par en dessous. Ses yeux coquins. Gourmands. Elle disait.

- J'aurai voulu toute la carte des desserts. Tout me fait envie.

Nous avions passé la journée, toute la nuit dans la petite mansarde. A nous aimer. Nous y retournerions. Nous avions tout le temps.
Nous étions assis devant le petit café de village. Le premier que nous avions trouvé. Une petite terrasse ombragée. Sous les platanes, et avec vue sur la petite rivière qui s'écoulait. Elle avait posé son bras sur le muret en vieille pierre. Un lezar lézardait.

- Du chocolat disait elle. Non des fraises.
- Des fraises au chocolat alors ?
Lui ai je dis en souriant. Elle éclata de rire.
- Oui pourquoi pas tiens ?
Du chocolat chaud et des fraises gorgée de soleil.
Puis elle avait mis ses mains dans les miennes et elle m'avait dit.
- Je t'aime.

Je suis seul aujourd'hui dans ce petit village du sud de la france. Elle n'est pas avec moi. Que s'était il passé entre la carte des desserts, le chocolat sur la bouche, les fraises croquées, la nouvelle nuit à s'aimer. La porte qui se refermait. Paris. D'autres cafés. D'autres rendez vous. Et maintenant.

Corinne



#348311 Indécence

Posted by Vasavoirsi on 04 October 2006 - 09:04 AM in Salon de publication principal

Citation (.ds. @ Oct 3 2006, 11:48 PM) <{POST_SNAPBACK}>
Voilà des mots bien indiscrets, violés au rythme du temps, le mien. J'aime, j'ai aimé et j'aimerais. Parmi tout ce qui m'était permis de vivre, j'ai vécu cette aventure, celle où les corps ne font plus qu'un, celle ou tu fusionnes. Je ne sais pas dire grand chose, mais j'ose espérer que... Nan rien. je dis tellement. L'absence fait dire beaucoup de chose soi-dit !

Mais, je n'en démors pas, n'en déplaise aux têtes amères, anoblies de querelles indigestes... Je reste là, avec mon unique amour...


Tu es une femme bien étrange Ds. J'aime cette façon que tu as de reprendre tes textes, de les commenter. Avec recul. Tu parles. Et puis tu achèves. La confidence s'arrête là. Les mots tu les a anéantis. Le passage a disparu. Une approche de ton intimité.
J'aimerai te poser une question. Ce que tu fais là avec les mots, le fais tu avec ta peinture ?
Est ce que ton pinceau ou ton coup de crayon brutalement s'arrête, retombe. Est ce que tu te poses pour reprendre la force nécessaire pour continuer ?
Ou alors es tu libérée véritablement parce qu'il est plus difficile d'analyser les formes, les couleurs ?

Corinne



#346453 Portrait De Femme.

Posted by Vasavoirsi on 27 September 2006 - 07:03 PM in Salon de publication principal

Citation (serioscal @ Sep 25 2006, 09:15 PM) <{POST_SNAPBACK}>
Le titre semble faire référence à une discussion voisine mais ce portrait de femme tout en nuances me plait beaucoup, même si je trouve que le "mot-phrase" est un petit peu systématique quand même. Ce n'est pas "la" femme, c'est la réalité d'une femme, et c'est infiniment plus juste que ne saurait être une représentation de "la" femme.



Merci serioscal, ton mot me touche. C'est un regard de femme sur les femmes. Et oui aussi la réalité d'une femme.

Citation (INFONTE @ Sep 26 2006, 08:36 AM) <{POST_SNAPBACK}>
La femme : terra incognita ?
Je ne sais pas, je crois connaître tellement les femmes, leurs doutes et leurs contradictions.
Depuis 100 ans, on croit même que les relations sont biaisées dés le départ dans la relation à la mère.
Trés beau sujet en effet digne d'un traitement à la Légende des Siècles car c'est une épopée qui reste à écrire.
Peut-être serez vous celle là qui l'écrira ...
Et si une femme écrivait avec la voix d'un homme, depuis l'oeil d'un homme ? A vous de voir, d'étudier peut-être cette piste.
Bonne chance à vous ( car il vous en faudra ).


Oui j'ai écrit un roman sur la femme. Je le laisse mûrir. J'en ai éprouvé le besoin. À un moment où je commençais à me lasser, à ne plus trouver les mots justes. La pensée juste.
Ce roman là, je ne veux pas le bâcler. Je veux en comprendre et en saisir toute l'essence.
C'est le livre de nombreuses années. Peut-être même celui de toute une vie. De l'expérience qui s'acquiert au fil des années. Il n'est pas encore temps de le finir. De le reprendre où je l'ai laissé.
J'y reviendrai. Plus tard.

Je vous embrasse.

Corinne



Citation (mounette @ Sep 26 2006, 09:04 PM) <{POST_SNAPBACK}>
Ma belle Vazyvoirvite, tu as fait un beau portrait. Il ne s'agit pas de s'y retrouver dans le miroir mais de le voir comme un regard tendre et découpé. Quel amant saura me peindre avec ce pinceau-là ?
Il sera alors tout autre que mon amant.

Bises

Manon


Oui j'ai vu. Et lu. J'y répondrai.
Tes amants ne t'esquissent donc pas comme cela ?

Bises

Corinne

Citation (heloise @ Sep 27 2006, 04:22 PM) <{POST_SNAPBACK}>
Je me reconnais dans bien des coups de pinceau de ce portrait
Sauf que je ne suis pas peureuse et que j'attaque toujours de front (ce en quoi je suis très conne d'ailleurs !)
Enfin bref...
La plupart des femelles y trouveront leur compte


Je dois aussi être conne parce que moi j'attaque aussi de front souvent.
Pas tout le temps. C'est vrai. Des fois, je suis plus vicieuse. Tu sais quand tu sens que l'affrontement sera stérile.
Merci de ton mot.

Corinne



#346058 Portrait De Femme.

Posted by Vasavoirsi on 25 September 2006 - 07:20 PM in Salon de publication principal

Une femme parfaite. Un mélange si dissonant de toutes les femmes que chacune s'y retrouvera, que tout le monde l'aimera. Elle sera le mélange parfait de moi et des autres femmes. Elle sera l'exception. Elle sera exceptionnelle. Elle sera princesse charmante, sorcière. La putain de tous les romans de Sade. Elle sera esclave, elle sera femme de tous les plaisirs. L'image de ce vice qui se déchire en nous. Elle sera l'ombre de nos bassesses, le reflet d'un miroir brisé entre nos mains. Elle sera proie dans les nuits fauves, aux crocs ravageurs de la perversité, elle s'étendra soumise.
Elle sera aimée. Elle sera mal aimée. On lui fera l'amour. Elle se fera baiser.
Pour la conquérir, on lui mentira. On lui parlera de choses qui n'existent pas. On lui créera des mondes merveilleux, des mondes féeriques où seules les sorcières sont présentes, voleuse des masques de beauté pour entrer dans la lumière. Vies intouchables car le monde est friable sous leurs mains.
Un monde de papier aluminium. Une seule caresse et la cicatrice à jamais blesse. Et reste.
On lui fera mal. On essaiera de la tuer.
Tuer une femme qui n'existe pas. C'est impossible, n'est ce pas ?

Atteindre celle qui se cache derrière. Celle qui se montre quelquefois. Par surprise. Jusqu'à épuisement. On provoquera ses larmes et ses coups de colère, dernier sursaut de sa fierté.
A terre, touchée, elle se relèvera. Chancelante. Encore une fois, elle se montrera. Défiant ceux qui l'ont frappé. Elle se reconstruira petit à petit. Pour pouvoir effleurer cette perfection artificielle. Noyée des émotions humaines. Emotions noires, émotions blanches. Emotions chiennes.

Puis la nuit tombera sur sa solitude. Les draps sur son corps nu. Elle s'endormira aux bras des fantômes. Ses rêves ne seront plus que des sommeils, fugitive vision d'une évasion qu'elle ne comprend plus. Femme aux corps de cendres brûlées au bûcher de celles qui pleurent leurs différences. Elle se consumera au bras des fantômes, fugitive flamme sur une lame qu'elle ne maîtrisera plus.

Fragile. Craintive. Une femme qui se confie. Longtemps je me suis mentie. Je me suis cachée. Je me suis véritablement oubliée. Une trahison douloureuse et stupide. Parce qu'il est des fois où l'on pense s'être relevée et où l'on est encore à terre, blessée. Je m'en veux beaucoup aujourd'hui. Je suis cruelle. J'aurais du me relever et continuer. Accepter cette main que l'on me tendait. Idiote fierté. Femelle imbécile remplie de vanité. Egoïste, séductrice, tentatrice. Atteinte dans son âme par une autre charmeuse de serpents. Mordue. N'ayant pas accepté le duel vampirique. Empoisonnée de la plus mauvaise des façons.

Je suis une de ces charmeuses de serpents. Oui, je l'avoue sans complaisance aucune. Nous sommes toutes des serpents. Je ne crois pas à cet animal mis là par hasard dans la genèse.
Il nous suggère l'obscurité de l'humanité. La femme est un redoutable reptile. Envoûtant et séducteur, totalement charmeur, vils et peureux.

Elle n'attaque jamais de front, toujours de côté. Si elle te tourne autour, c'est toujours dans le but de t'embrasser, lentement répandre son poison sucré. Elle ne sait pas non plus ses bassesses. Elles sont encore si profondément cachées.
Qui aura la force et le courage de tout montrer ? D'accepter de dévoiler le beau et le vrai.
Un jour se grimer en sorcière de contes de fées. S'enlaidir pour trouver la puissante beauté.
La femme est un si beau serpent. Magnifiquement ensorcelante.
Je ne suis pas cruelle avec elle. Je l'aime. Elle est moi. Elle est une autre. Elle est ce trésor inépuisable. Ce coffre rempli de jouets cassés, de souvenirs oubliés, de babioles neuves et d'incroyables secrets.


Corinne



#345957 Passion.53.

Posted by Vasavoirsi on 25 September 2006 - 09:36 AM in Le petit salon...

Citation (Tyi @ Sep 25 2006, 10:30 AM) <{POST_SNAPBACK}>
Non, je reprends ;  un vieux truc qui colle et puis je voulais le mettre ailleurs ce délire ; cela m'aggace:

qui sonne dans le vide...Non
Qui sonne le vide... Oui
Et puis voilà, cela s'éclaircit : ressenti entre chair et terre : la passion selon saint Matthieu (idem pour continuo 54, lettres du voyant en sus). Quelque chose comme une suite altérée.

Juliette

PS : Bienvenue



Une question comme ça.
Cela consiste à quoi ce jeu de mots ? Seuls dans le vide. Au milieu d'une ligne. Je vois que serioscal en fait aussi mais je ne vois pas ce que vous y cherchez ou y trouvez.

Corinne