
Les mots (prose)
#1
Posted 05 January 2006 - 05:46 PM
Il ne s’agit pas de psychanalyse, non, rien de thérapeutique dans tout ça, les mots ne guérissent de rien, simplement se laisser aller à vomir sa souffrance, à chialer sa peine, à peindre ses rêves ou à chanter l’Amour. Qu’importe. La seule chose qui compte, c’est que ça sorte brutalement, comme du sang qui gicle. Quand on écrit, il ne faudrait jamais penser aux personnes qui pourraient lire . Il ne faudrait pas se relire. Ne rien corriger. Ne pas avoir peur de faire mal. Quand on écrit, il faudrait pouvoir être méprisant de soi, se montrer dans sa plus moche nudité sans peur des rires et des larmes. Ecrire, ça devrait être se nier jusque dans sa plus profonde intimité. Ouvrir l’imperméable de sa pudeur tout grand comme le plus obscène des exhibitionnistes : Tiens, tu l’as vu, mon âme ? Le fond de mon âme ? Elle te fait peur ? Elle te fait marrer ? Elle te fait pleurer ? Je m’en fous. Je te la livre, je te la jette à la gueule. Tu n’avais qu’à pas regarder. C’est moi.
Pas de retenue. Pas de censure. Mais bon, voilà, on se relit, on commence à raturer, à faire du style… On supprime ceci, on rajoute cela, On édulcore, on assaisonne. On triche. Immanquablement. C’est comme ça, on n’y peut rien.
Parce qu’il y a toujours l’œil de l’autre qui va venir fouailler ce magma de mots qui est vous, cet œil dont on ne peut se libérer vraiment, jamais. Alors voilà, on s’arrange. On estompe, on décore, on met de la musique pour habiller sa honte.
Les mots que j’écris là, maintenant, je les ai déjà faussés, même inconsciemment. Ils ne sont que l’écume légère qui perle à la surface de l’océan sombre, glauque et sans fond de ce que je voudrais dire. Personne ne peut écrire vrai. Vraiment vrai. Tout les malheurs de mon existence me sont venus de mots que j’avais réfléchis, mais que je n’avais pas pensés réellement, pour ménager ceux à qui ils étaient destinés. Je ne veux plus ça. Je ne veux plus me mentir. Je veux écrire des mots que je n’aimerai pas, peut-être, mais qui seront au plus près de ma laideur intérieure. Ne pas « bien écrire », pour être bien lu. Et si, par ce miracle dont je parlais plus haut, peuvent naître de ce fatras quelques larmes, quelques fleurs, quelques baisers, tant mieux. Sinon…
#2
Posted 05 January 2006 - 06:25 PM

Mais diantre "on" nous l'aurait changé ? Que nenni... pas la sincérité de ses mots !
Vas-y continue, crache les encore... et ils seront ce que tu dis si bien : un miroir de l'âme !
Amitiés
Trémaouézan
#3
Posted 05 January 2006 - 06:26 PM

Je ne suis pas de cet avis - du tout ... mais ca a le mérite d'être dis

#4
Posted 05 January 2006 - 10:59 PM
ouai globalement d'accord
sauf quelues passages
mais bon, tout dépend aussi de pourquoi on ecrit
#5
Posted 06 January 2006 - 08:36 AM
Béa
#6
Posted 06 January 2006 - 01:35 PM
"Il ne faudrait pas se relire. Ne rien corriger. Ne pas avoir peur de faire mal.
Quand on écrit, il faudrait pouvoir être méprisant de soi, se montrer dans sa plus moche nudité sans peur des rires et des larmes."
Si on écrit pour soi, qu'importe le regard de l'autre, en effet.
Mais si l'on écrit à un autre, c'est une communication. On veut lui faire comprendre quelque chose, lui transmettre un message ou une émotion. Dans ce cas, il n'est pas mauvais de se demander comment les mots seront perçus. D'autant que les écrits restent..
La prose ou la poésie qu'on publie, qu'on partage ne ressort pas forcément de l'une ou de l'autre catégorie. elle peut être volonté de partager et/ou défoulement.. véhicule et créatrice d'émotion à la fois.
Les mots..ne sont que des symboles, étiquettes attachées à la signifcation qu'on leur prête. Les mots ou leur absence : le silence, le refus de répondre ou de tenir compte de ce qui a été dit, c'est de là que proviennent la plupart des drames, des querelles ou des bouleversements.
Le langage, un pont vers l'autre.. nous n'en aurions pas l'usage autrement. Et nous en mésusons souvent.
D'un autre côté, je ne suis pas d'accord avec ceci:
"Personne ne peut écrire vrai. Vraiment vrai."
Vision pessimiste. Tu préfères sans doute qu'on te sourie plutôt que de te faire la gueule, et tu sais que ce ne serait pas forcément une bonne idée de mettre un pain à quelqu'un que tu ne peux pas blairer. Tu t'efforces donc de te comporter en homme civilisé, ou tout au moins poli. Je ne vois rien de répréhensible à cela. On peut refuser de parler à celui qui ne nous interesse pas sans l'insulter pour autant.
On peut -et on devrait toujours- dire ce qu'on pense, ET s'efforcer de le faire sans blesser..
Amitiés
#7
Posted 06 January 2006 - 05:14 PM
Se décharger des mots, prendre l'écriture comme exutoire, relève en effet de la thérapie!
Essayer d'y mêler l'art et le coeur relève de la poésie!
Bises ! Mets ton bonnet !
Erre
#8
Posted 06 January 2006 - 08:06 PM
Tu voulais certainement dire "sans retenues" ?
Biz
#9
Posted 07 January 2006 - 03:56 PM
#10
Posted 07 January 2006 - 04:56 PM
#11
Posted 09 January 2006 - 12:27 PM

#12
Posted 04 February 2006 - 09:27 PM
#13
Posted 04 February 2006 - 11:29 PM
Ibère, J'aime beaucoup ton texte, de même que j'ai beaucoup apprécié ce qu'à écrit Deirdre par la suite.
Je suis en grande partie d'accord avec vous deux...
Mais je me permets de rebondir en ce qui concerne l'écrire "vrai", car je n'y crois pas trop...
L'écriture est faite pour être lu. Sinon à quoi bon écrire ?
A partir de là, on écrit pour un(des) autre(s)... comme on parle. Ce n'est qu'un outil de communication comme une autre.
Et comme le parler, l'écriture a un rôle social... (être avec les autres, être contre les autres, être entre les deux)
Disons que l'on écriera suivant la manière dont on veut s'intégrer dans la société... notre écriture est donc biaisé par notre désir "d'être" et donc d'exister vis à vis des autres (que ce soit avec ou contre)..., et c'est heureux.
L'identité d'un individu se construit sur le désir.
A mon avis (ceci dit ce n'est que mon avis), s'il n'y a pas ce désir, il n'y a que la mort (qui ne vie pas, n'a pas de désir) ou il faudrait être d'une bien grande sagesse pour ne rien désirer !

Amitiés,
Thierry (ceci dit je peux me tromper !)
PS : Sorry pour les fautes...
#14
Posted 05 February 2006 - 01:13 PM
Elle s'amoncèle, forme des tas de pensées, de sentiments et d'émotions, de souvenirs aussi, voire des blocages si on ne la fait pas sortir, en cela elle guérit il me semble si elle s'exprime, du moins soulage. Les mots, sans doute plus qu'un autre moyen, servent à la débloquer.
Et je comprends le souhait de parler vrai d'Ibère. Parler, dire le fond, la lie de l'expression cachée à l'état brut. Cela dit, je ne vois pas en quoi jeter les mots en pâture à qui les reçoit, ils sont adressés, puisse nuire s'ils sont vérité. Il est vrai que l'on est régis par des règles d'orthographe et de syntaxe, et il est bon pour cela de toujours se relire, mais hormis ça il faut écrire d'abord pour soi, dirais-je pour ses sentiments de toutes sortes, puis tenter le contact avec un public. Car les mots sont aussi vecteurs de liens entre les hommes. L'expression rattache les hommes les uns aux autres, ou le devrait, qu'elle soit artistique, scientifique ou autre... Et il est bon et humain d'être uni aux autres. Enfin, c'est mon sentiment.
Bien amicalement !
Feuille d'octobre
#15
Posted 05 February 2006 - 02:57 PM

#16
Posted 01 March 2006 - 11:22 PM
merci a tous les commentateurs.
Serge
#17
Posted 01 March 2006 - 11:37 PM
Félice.
#18
Posted 08 March 2006 - 08:20 PM
0 user(s) are reading this topic
0 members, 0 guests, 0 anonymous users