Tous les jours depuis une semaine,
Chaque fois qu'il se trouvait ds la même pièce que moi,
Je m'arrangeais pour ne jamais croiser son regard,
Et toujours dans l'extrême,
Je finissais par ne plus le regarder du tout.
J'avais donc avec le temps, presque oublié son visage.
Et seul son air lointain me revenait de temps en temps.
Aujourd'hui, pour la toute première fois depuis longtemps,
Alors qu'il se trouvait tout près de moi,
J'osai enfin arracher mon regard de nulle part,
Pour le porter sur son visage d'ange.
Il était beau.
Biensur que je voyais les défauts de sa peau,
Ses lèvres s'étirer de façon bizarre quand il sourit,
Ce petit air malin qui le couronne quand quelque chose l'amuse,
Ou quand il se donne un air de sympathie.
Biensur que je voyais que ses cheveux n'étaient pas toujours propres,
Et que ses doigts ne sont pas exactement longs et fins comme je les avais imaginé.
Mais il avait ces yeux qui, quand il ne souriaient pas,
Exprimaient des voyages dans un univers inconnu et infini,
Des baignades sous le clair de lune,
Des airs de guitare sur la plage,
Des journées à dormir nus dans un lit,
Des escapades nocturnes dans la forêt,
Des fêtes à n'en plus finir,
Des soirées qui se terminent à dormir sur des bancs au hazar dans la ville,
De l'alcool pour faire tourner la tête,
Et accepter de faire ensemble toutes ces choses
Qui font que la jeunesse est unique et merveilleuse,
Tant dans sa naïveté que dans sa liberté de profiter de la vie.
Quand je le regardais, il avait cette émotion figée sur son visage,
Celle que tout poète et musicien possède,
Celle qui fait qu'il se perd toujours au fin fond de ses entrailles...
Ses cheveux en bataille, son nez si discret et si fin,
Ses lèvres et ses sourcils dont les contours semblent avoir été retouchés par un peintre,
Le peu de barbe qui pousse sur ses joues,
Son menton, et la moustache ki se forme,
Et enfin ses yeux... parfois marrons et parfois bleu foncés...
Un regard profond et mystérieux...
Ce regard qui me destabilise tant,
Ce même regard qui me fige,
Et me pousse à le regarder longtemps.
Mais aujourd'hui mes yeux descendirent plus bas vers sa bouche,
Vers son cou, et enfin vers son corps.
C'est drôle à dire, mais je ne m'étais jamais vraiment aperçu qu'il en avait un.
Sweetyoffire illusoire...
