
Sur Un Texte De Gaston
Started by lilyandra, May 28 2006 06:50 PM
11 replies to this topic
#1
Posted 28 May 2006 - 06:50 PM
***
Nous étions deux mais seuls. « Bois ma chérie, bois » je lui tendais mon verre quand elle pleurait du regard sur ma tête, consciente déjà de la fin de l’histoire, elle tentait de retenir des traits de moi en elle.
« Nous n'aurons d’yeux que pour nous oublier demain ». On y était, la nuit commençait.
Elle m’avait dit : « Tu vois, je sens que ça ne tiendra pas. Ce n’est pas par manque d’amour Gaston, non j’en ai encore et pour plus d’hommes qu’il n’en faudrait à me combler sur les autres plans, mais je sais qu’entre nous ça ne tiendra pas. »
En l’écoutant je réalisais sa beauté, toute relative en somme mais si frappante en ce moment. Elle scintillait, un reflet, et je m’appliquais à ne pas changer l’orientation de ma lunette amoureuse pour continuer à l’éclairer sous son angle tendre.
Elle ajoutait, bientôt au bord des larmes, l’assassine de nos pluriels :
« Je te sens vieux Gaston, plus vieux que les défaites, plus vieux que les briquets violents des tortionnaires. Tu m’as toujours donné l’impression d’être perdu Gaston, mais moi je vois tout à fait en toi maintenant, et c’est de là que j’ai pris peur même, que j’ai commencé à fuir jusqu’à trébucher sur qui ne te ressemblait plus. Car tu sais ce que j’ai vu, Gaston, tu le sais car tu l’abrites, sans plus le cacher que ça d’ailleurs – ah, on est pas honteux quand on est seul ! De la vase j’y ai vu! Il n’y a que de la vase, Gaston ! On tend la main et c’est mouvant, on y a jamais pied dans toute cette boue, on n’en sortira jamais on se dit. »
Elle dissertait ainsi sur les aspects répugnants de mon for intérieur, sans se soucier que je l’écoutais, elle parlait et au diable mes oreilles, à des mannequins elle aurait dit pareil, plus affectée seulement elle tentait de paraître, pour mieux tenir ma moue.
Mais tout de même, entre tant de réalités, je sentais qu’elle avait tout à fait tort, quelque chose n’allait pas dans son raisonnement. Sa partie sur ma vieillesse était plutôt bancale.
On vieillit qu’à cause du dégoût des choses sur notre peau. Moi très vieux depuis tout jeune. J’en ai été dégoûté tout de suite des choses, entièrement et pour de bon avec ça. De leurs manières qu’elles avaient de s’appeler par mille et unes saletés et de se déposer en grande pompe sur les rebords des aiguilles. Pas deux étages dans le dégoût, une cave pour les invités, mais ensuite un répit sincère.
Alors depuis je vieillis plus, parce qu’au fond dés qu’y a plus de surprises sur les bougies, on les éteint et on fait le deuil des cheveux blancs, sachant qu’on moura jeunes, pire encore qu’un papillon, parce que sans la beauté chez nous, des chenilles en gros et puis de la pierre autour des bouches, rien de moins plaisant, je vous dis.
Tout de même je l’ai écouté jusqu’au bout, d’abord par fainéantise, puis par curiosité un peu, on pense toujours en apprendre une bonne sur soi en écoutant aux portes, alors là j’allais pas me gêner puisqu’on me les disait de face les coups de griffes.
Une fois qu’elle eut finit pour de bon de se vomir des larmes par tous les efforts autorisés, on s’est donné l’au revoir sans conviction. Il manquait une musique pour qu’on y croie tout à fait à notre amour.
Quand on en aura fini de crever à force de bavarder avec nos pieds au dessus du sol, et qu’on s’enfoncera pour ainsi dire en entier, on les entendra plus alors ces chansons pleines de passés. Dans la musique, on voit toujours un peu derrière les mots, ça nous accroche en mélodie, et pourvu qu’on ne les entende pas tout à fait les mots, ils nous parlent comme des notes aux chevaux.
Sans cette musique, la vie serait un panneau, on regarderait toujours devant, de peur de le manquer.
Et sur le panneau, clouée cette destination :
La vie de l’Ouest ou l’art de se poser nu devant la corde.
#2
Posted 29 May 2006 - 12:57 AM
bin si ça c'est pas la classe

#3
Posted 29 May 2006 - 12:17 PM
Hihi y'a que toi qui répond, comme quoi.
#4
Posted 29 May 2006 - 12:27 PM
qui récite ?
#5
Posted 29 May 2006 - 12:52 PM
De belles trouvailles ("l'assassine de nos pluriels", etc). Ma lecture seule fait sûrement perdre quelquechose au texte. Bien aimé
#6
Posted 29 May 2006 - 12:55 PM
"Deux voix" Aimery et moi.
#7
Posted 29 May 2006 - 04:44 PM
A écouter c'est vraiment bien, très beau duo.
amitiés
bohémia
amitiés
bohémia
#8
Posted 29 May 2006 - 05:46 PM
en effet, y'a rien en redire le texte est bien lu !
#9
Posted 29 May 2006 - 09:35 PM
Citation (Eden @ May 29 2006, 06:46 PM) <{POST_SNAPBACK}>
en effet, y'a rien en redire le texte est bien lu !
alors qu'il est très mal écrit ! (non, je rigole ... j'aime, forcément, l'écriture de Gaston, ça c'est bonnard, la lecture d'Aimery ... je vais rien dire, il m'a prêté deux fois sa voix et j'ai pleuré ... et puis ... et puis ...)
#10
Posted 30 May 2006 - 12:02 AM
Et puis ?

#11
Posted 30 May 2006 - 04:23 AM
et puis c'est tout !

#12
Posted 30 May 2006 - 01:15 PM
Roh bah nan c'est pas tout, il a pas finit sa phrase !

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