Je me souviens de l'odeur d'un fil, délié à ses cheveux, de ses yeux d'un clair tranchant. Elle est brune et les yeux clairs. Et quand le regard est une entrée, les iris tendent à fantasmer un monde derrière. Et derrière, il y a les rencontres d'une ville dévastée, les œuvres d'un mur barbelé, une vie en panorama. Prague figée, argentique et Palestine, elle sourit. Souvent, même à la solitude. Et elle a ce grain à l'œil qu'elle plisse en me souriant.
Je me souviens aussi d'un goût de fruit rouge fugace, d'une tasse au touché de cannelle et d'un soir qui s'étire au dernier métro. Elle n'aime pas les métros des gens qui épient ; ils écoutent. Mais les bruits qui m'entourent deviennent les siens. Il ne faut pas grand chose pour que des mots, naissent ses images. Et dérivent ses pensées en mes dégradés de couleurs, un scénario sans fil. Emotion conductrice suggère, la vitrine glisse, les souffles oppressent. Elle est brune et claire, rehaussée d'une pointe de métal volontaire. Des parties sombres au barré d'une applique au mur, la jeunesse éternelle en bandoulière et la gravité des tons d'une photo. Ses mains sur une mesure de café, de la fumée laisse l'épice aux lèvres. Et des grains de beauté à la peau semblent frémir à de furtives pressions à l'abdomen, semblent se heurter aux enveloppes sonores d'un quartet de violoncelles, suivre des fréquences basses, lourdes et humides. Le regard rivé sur le mien, un fil nous relie.
Je me souviens surtout de l'idée d'être littéralement happé et des nœuds à ses mèches désordonnées. Le bus au matin d'un plaisir apaisé, franchit des rues goudronnées juchées de parcs. Montrouge défile, je la regarde elle. Pourtant je ne la vois pas vraiment… il est vingt sept heures au pays de l'étrangeté, et elle n'est pas là.

Mid Tempo à Montrouge
Started by NoMorgan, Jul 06 2006 02:32 PM
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