remonter le fleuve
jusqu’à la pluie
jusqu’à la rosée
jusqu’aux nuages
jusqu’aux premiers ruissellements
et voir dans les clins d’œil des dieux
tous les peut-être se bousculer
pour sortir du néant
choisir alors de n’être que l’enfant nu
dans le ventre de la terre
je serai aborigène du roc
de la poussière et de la boue
j’aurai sur mon visage les stries d’argile rouge
que reconnaissent comme leurs
la terre et tous ses autres fils
le jours de mes dix ans
je boirai devant les hautes flammes
dans la pierre sacrée
l’ivresse du savoir
et je verrai les aurochs danser
sur les murs de la grotte
dans les cendres-hymen de la terre et des dieux
la vieille Ziïne aveugle
tracera le cercle de ma vie
elle prendra ma main
et enfonçant ses ongles dans ma paume
prendra celle de Ilia
aux longs cheveux
nous franchirons sept fois la brûlure des langues
et les hommes de la pointe de leurs lances
nous pousseront dehors
Ilia aux longs cheveux et moi
jusqu’au matin nous nous tapirons dans les hautes herbes
je sentirai bouger les rides de la terre
et son souffle passer sur la toison
qui recouvre le monde
je trouverai le buisson à flèches
et taillerai des pierres sur une pierre noire
chaque soir j’allumerai plus loin un nouveau feu
et Ilia chaque soir dansera
pour choisir le chemin que nous prendrons demain
quand son ventre trop lourd
empêchera ses pieds de parler à la poussière
je mettrai des branchages
devant trois pierres hautes
et je tuerai un ours pour lui prendre sa chaleur
je trouverai l’arbre aux feuilles douces
et je les mâcherai
pour faire pour Ilia
le gâteau qui apaise
à la proue d’un équarri de chêne
longtemps je fendrai
les tempêtes de sa chevelure
puis un jour
quand tous nos fils et filles auront sauté le feu
couvert des torpeurs océanes
je monterai au sommet du volcan
j’irai sentir les vents riches mais timides
des labyrinthes anciens
prier aux cathédrales chamanes
et voir
les ondes enarmurées de songes
qui saignent
au-delà des toisons de la terre
j’appellerai alors l’oiseau-roi
qui niche entre ses jambes sombres
et sur ses ailes
m’enflêcherai d’un bout à l’autre des drèves du temps
pour m’en aller dormir et féconder son ventre

Remonter Le Fleuve
Started by wolfhart, Sep 02 2006 10:22 AM
6 replies to this topic
#1
Posted 02 September 2006 - 10:22 AM
#2
Posted 03 September 2006 - 10:52 AM
Des images bien jolies...
Une chute... d'eaux... savoureuses...
Par contre quelques imparfaits avec lesquelles j'aurai toujours du mal...
Remonter le fleuve merite d'etre remonté non?
Amicalement
Une chute... d'eaux... savoureuses...
Par contre quelques imparfaits avec lesquelles j'aurai toujours du mal...
Remonter le fleuve merite d'etre remonté non?
Amicalement

#3
Posted 03 September 2006 - 12:15 PM

#4
Posted 03 September 2006 - 12:21 PM
La saveur de deux contextes juxtaposés.
oui, c'est un beau texte que celui-ci:!
oui, c'est un beau texte que celui-ci:!
#5
Posted 03 September 2006 - 12:39 PM
Merci pour ton intérêt.
Tu pourrais expliquer stp ce que tu veux dire par "imparfaits", je ne demande qu'à progresser.
amitiés, W.W.
Tu pourrais expliquer stp ce que tu veux dire par "imparfaits", je ne demande qu'à progresser.
amitiés, W.W.
Citation (comtedormestconti @ Sep 3 2006, 11:52 AM) <{POST_SNAPBACK}>
Des images bien jolies...
Une chute... d'eaux... savoureuses...
Par contre quelques imparfaits avec lesquelles j'aurai toujours du mal...
Remonter le fleuve merite d'etre remonté non?
Amicalement
Une chute... d'eaux... savoureuses...
Par contre quelques imparfaits avec lesquelles j'aurai toujours du mal...
Remonter le fleuve merite d'etre remonté non?
Amicalement
#6
Posted 03 September 2006 - 02:46 PM
Moi, j'ai tout simplement lu une belle histoire qui remontait le fleuve, qui remontait le temps... J'aime beaucoup !
Amitiés,
Béa
Amitiés,
Béa
#7
Posted 03 September 2006 - 09:05 PM
Merci Marygrange et Elysa pour vos gentils mots.
Amitié, W.W.
Amitié, W.W.
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