
La Mer Me Mange Les Pieds
#1
Posted 05 September 2006 - 07:56 AM
comme un navire avec lenteur
nos derniers liens se sont rompus
sans pour autant parfaire mon malheur
je ne suis rien d'autre que
j'imagine
mon idéal sans impudeur
a vu ses voiles déchirées
Baignant gamin les pieds dans l'eau
je me masturbe bouche-bée
toutes mes larmes sont tombées
avec mes rêves de matelot
#2
Posted 05 September 2006 - 08:03 AM
J'aime beaucoup la cohérence, dans ce poème, entre le fond et la forme. Coup de chapeau.
#3
Posted 05 September 2006 - 08:42 AM
#4
Posted 05 September 2006 - 11:39 AM
Bises
Manon
#5
Posted 05 September 2006 - 03:13 PM
#6
Posted 05 September 2006 - 06:12 PM
#7
Posted 05 September 2006 - 09:47 PM
Bravo Sério.
(dis tu l'as piqué où ce nouveau pseudo ?)
#8
Posted 06 September 2006 - 07:31 AM
Et je n'ai rien pu faire
Suis resté la les yeux en croix.
Alors j'ai sué toutes les armes
De mon corps
Pour que mes os se liquéfient.
Lui sonner toute ma fete!
Que nous nous touchions ensemble
Et que sel apparaisse en silence...
Merci de tes mots qui ne m'ont pas laissé insensible...
#9
Posted 06 September 2006 - 09:05 AM
Idem
J'ai aimé
Pas de long com
J'ai aimé point final
Bises pour toi
#10
Posted 06 September 2006 - 12:21 PM
Tu ne vas pas me croire.
L'autre jour je marche dans la rue. Là-dessus, horreur ! un accident de la route.
Un pauvre cycliste venait de se faire dégommer par une voiture polluante.
La tête du pauvre bonhomme a roulé jusqu'à mes pieds. Je l'ai prise par les cheveux. Je lui ai dit :
-" A mon avis, tu es mort, cycliste. Peut-être as-tu une dernière parole ?"
-" Oui !" Et dans un souffle, il m'a demandé de poursuivre son oeuvre sur tlp.
Je n'avais pas de crayon sur moi. J'ai noté ces précieuses indications sur mon maillot de corps, avec le sang qui dégoulinait de son cou arraché.
J'ai pleuré, je me suis connecté - et me voilà !
Comme je ne suis pas sporif de nature, je me suis dit que le vélo de mon donateur serait conceptuel. Du coup, j'ai appelé ma grand-mère.
-"Allo, Marcelle ? Tu aurais un vélo à me prêter ?"
-" Toi, tu vas encore raconter des bêtises grosses comme toi sur un forum de poésie."
-"Non, non ! sur tlp !"
Ce qui a dû la rassurer. A votre tour, je vais vous rassurer : je ne suis pas très gros.
PS : merci pour les compliments ! et les méchancetés, alors ? je demande, je veux !
sinon je vous ressors un beau tableau de n de r.
#11
Posted 08 September 2006 - 02:13 AM
Non, vraiment, et pis en plus, il n'y a aucune musicalité... Ce que je déteste d'autant plus. Pourtant j'ai lu à haute voix ; est-ce fait exprès, je crois que oui !
Bises,
Nath
#12
Posted 08 September 2006 - 07:21 AM
Mais je peux te faire une explication de texte, si tu veux. Je ne sais pas si cela t'intéressera.
Alors simplement trois points de ton commentaires - m'intéressent.
1 - la musicalité.
En principe je la cherche dans la musique. J'ignore ce qu'est la musicalité d'un poème. Je suppose qu'il s'agit de son rythme et de sa prosodie. Ici la structure est simple - la métrique affleure avec ses groupes de 8 syllabes largement dominants. Le vers de 8 syllabes donne au poème des accents de chanson. Chanson de [matelot impubère], chanson cassée.
Si l'on prend le vers de 8 syllabes comme une règle, les exceptions sont :
- "sans pour autant parfaire mon malheur"
Oui, il y a une faille, un raccord, quelque chose de cassé. C'est le poème, le matelot infantile déchu, qui le dit.
- Je ne suis rien d'autre que
- j'imagine
Non seulement ce quelque chose est cassé mais le matelot esst épuisé. Sa chanson ne peut être ronde. "J'imagine" est le mot pivotal du poème. Le point le plus bas. La chanson reprend et les vers de 8 reprendront jusqu'à la fin du poème.
Mais quelque chose a cassé, bien cassé. La cassure ne sera plus rythmique mais thématique. Au rêve d'absolu se substiue l'image hideuse, débile, d'un gamin un peu débile qui se branle les pieds dans l'eau - c'est tout moi, ça ! Et c'est d'ailleurs cette strophe qui tourne - métriquement et dans le jeu des rimes - le plus rond.
La prosodie suit le même chemin : rimes partielles en strophes 1, pas de rimes en strophe 2, rimes correctes en strophe 3 (si l'on néglige l'opposition féminine / masculine, au fait). Le poème ne s'équilibre que dans la perte d'un rêve d'absolu et sa substitution par une piteuse réalité.
Rythmiquement et prosodiquement, ce poème me semble correct. Il se moule dans le dire. Il, déçoit l'oreille qui voudrait qu'on le berce, c'est normal : mon absolu s'est échoué sans parfaie mon malheur. Il est bien mal foutu, le bougre !
2 - La simplicité.
"Il n'est pire simplicité que celle qui cherche à trouver refuge" (René Char). Sérialiste jusqu'au bout des ongles, je ne fais pas le choix entre le simple et le complexe. Si ce poème est simple, c'est qu'il est une enfance. Et sa simplicité a quelque chose d'un leurre, à cause des discordances.
L'image du naufrage, quelque peu mallarméenne au bout du compte, reçoit un traitement à des lieues et des lieues de l'absolu mallarméen. Or ce poème est le premier d'une série de marines dont l'objectif (non avoué, la chose est apparue tardivement) était de faure tourner la métaphore.
Initialement c'est l'absolu qui paraît un bateau mais le "je" ne se définit pas comme matelot. Le poème part en dérive - et la dérive est le principe sériel numéro 1. Je ne renierai pas cette simplicité qui a permis d'autres dérives.
3 - l'habitude
Rien de plus détestable que l'habitude, vraiment. Je la fuis de toutes mes forces ! Et c'est ce qui me fait plaisir dans ton commentaire : je refuserai toujours de me conformer à une habitude, à une image, à un style. La cohérence de mon écriture et de mon rêve ne passe pas par là.*
Pour finir, je me permets d'insérer deux textes voisins de ce poème. Le premier, très court, sérialise la métaphore maritime :
Alors que nous rompons nos coques
Abordant des rivages que nous paraissons
Nos élans vont se perdre en notre immensité
Nous, si navires que chancelons
Nous ne sommes que vagues pour tomber
Le second est plus général mais on va retrouver un motif fort voisin, poème de désarroi lui aussi :
Il est si inquiétant d'avoir le temps
Et de s'en voir dépossédé, si triste
Et hasardeux d'être éternel
A chaque instant si frêle, vraiment
Chaque instant malheureux
On bâtirait, mais presque par mégarde
Un théâtre insolite, exubérant
Inoubliable, par le geste familier
Sa maladresse dans le geste évoque
Un instant dépassé ; dépaysé,
On oublierait la chair et sa misère
On oublierait l'enfer après chaque heure
Comme autant de navires,
Evanescents à la noyade
Nos mots
Echoué,
Languit le geste
Sur un lointain bord de mer.
Le motif masturbatoire a lui aussi une histoire particulière dans mon écriture. Et la perte de l'absolu, ah ! qu'on me plaigne car je suis athée au sens radical, grammatical : privé de dieu (et donc d'absolu) ! comme un enfant dont on a cassé le père noël. Je ne saurais renier ce poème : sa déchirure est pleinement la mienne et son "message" (formel, structural & sémantique) est le mien.
Comme dit Emmanuel : "c'est pas gai ce que t'écris"
Et moi de lui répondre : "si c'est pas gai, rame !"
Désolé.
Merci de m'avoir donné l'occasion de blablater sur mon petit bateau, Nath. J'aime les commentaires francs et contradictoires. Je crois qu'ils sont au principe d'une communication poétique efficace.
#13
Posted 08 September 2006 - 09:16 PM
Et ces deux derniers vers que je réécris avec plaisir :
toutes mes larmes sont tombées
avec mes rêves de matelot
m'emportent au large avec une émotion particulière.
balila
#14
Posted 09 September 2006 - 06:34 AM
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