Je Suis Devenue Seule
#1
Posted 15 March 2006 - 12:09 PM
Dénudée, pétrifiée.
J'ai froid.
Je suis brûlée.
Dans un hiver frigide, depuis tellement d'années,
Paysage désolé, toile dévastée,
Désert figé d'albatre, immensité d'argent.
Mon âme, autrefois, eau claire du grand lac
S'est glacée en surface, miroir solide et fier.
Je suis devenue seule.
Et je l'ai accepté.
Comme une résignation, comme un enterrement.
Je ne suis pas moi même, je le sais, je le tais.
Mais j'ai laissé entrer, le froid dans mon esprit.
Le froid m'anesthésie, je ne peux plus penser.
Je voudrais arrêter, mais n'est-il pas trop tard ?
Je suis abandonnée.
Je suis devenue seule.
Ce froid ne me tue pas. Il me conserverait.
Comme un regard pervers, comme les yeux de ceux
Qui vous regardent moins, que ceux qui nous épient.
Juste suffisamment, pour laisser la souffrance
Empire douloureux, puissance démoniaque
Durer encor longtemps, avec violence.
Je me suis isolée,
Je suis devenue seule.
Et ce silence, étrange, plus de sons entre nous
Musique de la vie, des rires et des joies
Juste des mots des jours, simples et populaires
On vit avec soi même, on ne vit plus à deux
Je fais tout, il n'est rien, qu'un regret du passé,
Plus de force n'existe dans l'ombre de ses yeux.
Il étouffe mon coeur, et je manquerais d'air
Sans la douce atmosphère de mes alliés latents
Je crie dans l'univers, il n'y a pas d'écho.
Je me suis immolée
Je suis devenue seule.
Les printemps, les étés, existent des saisons.
Mais j'ai tellement froid, que mon âme meutrie
De givre encombrée, ne se réchauffera pas.
Je suis devenue seule.
Je suis prisonnière.
Attachée dans le vent,et captive du froid,
Immobile dehors, la peur l'ensorcelle
Les affres de ma joie, la crainte de mon bonheur
L'horrifie à ce point, qu'il m'enchaine aux murs
De l'exclusivité, de l'abus possessif.
J'ai perdu mon soleil, l'astre de mes jours tendres
J'ai perdu mon sommeil, réparation ardente
Dardant de ses rayons la froidure de mon âme.
Les étés se suivaient, succédant aux étés.
Les pluies rafraîchissantes, et les douces rosées
Ressourçaient tout mon être et me donnaient la Force.
Mais il s'est dérobé, il s'est anéanti
Ou triste illusion, il n'exista jamais.
Je suis devenue seule
Mais je veux avoir chaud, je veux cette fournaise
Je veux connaitre enfin un amour fusionné
Passionné, enragé, éperdu et avide.
Cet espoir de la vie, que je veux croire nouvelle
Une espérance folle, c'est ma certitude.
La mort de cette vie pour un grand renouveau.
Car j'ai toujours été personne singulière
Aux désirs les désirs, au courage le courage
Aucune main jamais ne s'est tendue vers moi
Je suis devenue seule, ce qu'aujourd'hui je suis.
Maud
#2
Posted 15 March 2006 - 12:22 PM
tu ne devrais pas rester orpheline trop longtemps
amitiés
#3
Posted 15 March 2006 - 03:18 PM
tu ne devrais pas rester orpheline trop longtemps
amitiés
Cher Alain,
Il s'agit de littérature n'est ce pas ?
Quelques éléments autobiographiques, comme toujours chez chacun.
Mais à ne pas prendre au premier degré !
Bien à toi
Maud
#4
Posted 15 March 2006 - 06:07 PM
#5
Posted 15 March 2006 - 08:23 PM
Ils s'approchent, s'approchent et s'approchent encore... vers le détail. Et puis finalement, c'est comme dans les tableaux du maître : plus on s'approche de l'oeuvre et plus le détail s'estompe.
L'universalité apparaît, alors.
Félice.
#6
Posted 16 March 2006 - 08:40 AM
Je suis en effet relativement atypique sur ce forum, où la concision prévaut, ce qui n'enlève rien à l'art. N'en faut-il pas pour tous les goûts ?
La relation à l'art pictural me touche d'autant plus que ce texte, je l'ai voulu tableau, et musique bien sûr !
Bien à toi,
Maud
#7
Posted 16 March 2006 - 09:25 AM
On en voudrait encore, s'il vous plaît, maestro.
Félice.
#8
Posted 16 March 2006 - 09:27 AM
quand tes mots s'allient d'une telle finesse
ils sont justes, beaux, bouleversants à te lire
bonne journée maud et merci pour ce texte trés profond
#9
Posted 16 March 2006 - 02:17 PM
#10
Posted 16 March 2006 - 02:37 PM
On en voudrait encore, s'il vous plaît, maestro.
Félice.
Merci Félice pour ton soutien. Les textes un peu longs permettent une autre forme d'expression, avec une installation dans la durée, un peu comme une pièce musicale.
Très influencée par Chopin, j'avoue structurer tantôt comme un nocturne, tantôt comme une polonaise, ou encore une valse.
Tu en auras encore,
Bien à toi,
Maud
#11
Posted 16 March 2006 - 05:20 PM
#12
Posted 16 March 2006 - 05:27 PM
Au plaisir.
Félice.
#13
Posted 16 March 2006 - 07:21 PM
quand tes mots s'allient d'une telle finesse
ils sont justes, beaux, bouleversants à te lire
bonne journée maud et merci pour ce texte trés profond
Cher Lacape,
Je ne sais pas si je mérite tant d'éloges.
Je vois tellemement les défauts de mes textes !
J'accepte aussi bien les critiques (constructives).
Mais je suis bien heureuse si ces quelques lignes ont pu émouvoir.
Bien à toi,
Maud
#14
Posted 16 March 2006 - 07:26 PM
amitiés valérie
#15
Posted 16 March 2006 - 11:11 PM
Au plaisir.
Félice.
La berceuse, je la connais bien sûr.
C'est une oeuvre particulière du maître, de la fin de sa vie. Il ne faut pas se faire tromper par le titre. Il ne s'agit pas d'une berceuse au sens de la petite musique pour endormir un enfant.
C'est une oeuvre complexe, exemple typique de l'emploi de l'effet de monotonie, très souvent présent chez Chopin.
C'est en fait une suite de variations (14) sur un thème au point que l'oeuvre a failli s'appeler variantes. Il est resté sur la berceuse, du fait de l'atmosphère calme et tendre que confère le morceau.
Bien à toi
Maud
A ne jamais brancher sur Chopin
#16
Posted 17 March 2006 - 08:53 AM
amitiés valérie
Merci Valérie pour ton passage.
Je crois que je vais écrire un préambule positif à chacun de mes textes forts (rires).
Rassure toi, je vais très bien.
Bien à toi
Maud
#17
Posted 17 March 2006 - 09:08 AM
Tellement merci pour cette douce conversation sur un compositeur que j'aime énormément. Pour ma part, comme je l'ai dit dans un autre com, j'aime les grands espaces germaniques... Brahms ! Au plaisir d'apprendre encore beaucoup de choses, je m'en vais écouter le deuxième mouvement du 1er concerto pour piano de Chopin.
Félice.
PS : à quand un long texte sur l'une ou l'autre de ces oeuvres éblouissantes ?
#18
Posted 17 March 2006 - 11:52 AM
une critique constructive? peut-être remplacer 'seule' par des synonymes... mais là ce n'est qu'un avis perso, je ne dis pas que ce sera mieux...
amitié
wldp
Merci pour ton retour wildpoppy.
J'essaye évidemment de ne pas être amère.
Pour "seule", j'ai voulu cette répétion afin d'aboutir au dernier vers qui change le sens du vers initial. Si je retire "seule", la répétition cesse. Enfin voilà mon point de vue.
Bien à toi,
Maud
#19
Posted 17 March 2006 - 02:05 PM
Tellement merci pour cette douce conversation sur un compositeur que j'aime énormément. Pour ma part, comme je l'ai dit dans un autre com, j'aime les grands espaces germaniques... Brahms ! Au plaisir d'apprendre encore beaucoup de choses, je m'en vais écouter le deuxième mouvement du 1er concerto pour piano de Chopin.
Félice.
PS : à quand un long texte sur l'une ou l'autre de ces oeuvres éblouissantes ?
Félice,
je suis heureuse de constater notre passion commune. Joues-tu du piano ?
Brahms, Beethoven, Schuman, Schubert, Wagner ?
Les grands espaces germaniques !
Les grandes landes harmoniques.
Bien à toi,
Maud
#20
Posted 17 March 2006 - 02:17 PM
J'ai joué, c'est certain. J'ai surtout beaucoup écouté... dans ma jeunesse, harcelée par une grand-mère bienveillante qui me faisait suivre chaque notes sur les partitions pendant les concerts auxquels elle m'emmenait.
Le piano m'hypnotise. Et je me sens bien souvent seule face à cet élan qui me pousse à écouter vingt fois de suite le même mouvement du même concerto ou la même sonate pour en ressentir tous les détails, toutes les surprises, tout le travail.... mais surtout l'émotion.
Les grands espaces germaniques, oui. Et puis... le romantisme slave, notamment quelques préludes de Rachmaninov qui sont, pour moi, la seule explication sensée de la vie.
Bref... moi non plus, il ne faut pas me lancer sur le sujet !
Félice.
#21
Posted 17 March 2006 - 06:37 PM
#22
Posted 17 March 2006 - 06:39 PM
gaston
de te trouver là
il faut savoir que gaston
n'a pas son pareil
pour réchauffer les âmes esseulées
#23
Posted 17 March 2006 - 06:41 PM
je suis l'entremetteur de TLP, faut pas l'oublier !
#24
Posted 17 March 2006 - 06:44 PM
vaut le déplacement
je sais que tu es timide
alors je le dis haut et fort
ça vaut vraiment le déplacement !
#25
Posted 17 March 2006 - 06:48 PM
alors...
merci merci
#26
Posted 17 March 2006 - 07:20 PM
Alors mon cher Pallio,
Je t'ai oublié, je répare cette injustice impardonable de ce pas, en te remerciant et te félicitant du courage dont tu fais preuve en ayant la patience de me lire jusqu'au bout.
Bien à toi,
Maud
#27
Posted 17 March 2006 - 10:22 PM
Mon humble avis : tu devrais le retravailler. On a l'impression que tu l'as sorti d'un seul jet mais son cheminement hésite (tu reviens en arrière, tu repars...). Il te faudrait faire des choix : choix entre métaphore(s) ou expression directe, choix dans le déroulement (tu pars d'une idée, d'une image pour finir par une autre, mais ne reviens pas en arrière sinon tu tues l'effet que tu produits), choix dans les "idées"...
Exemple :
"Je suis un arbre mort.
Dénudée, pétrifiée."
sois tu es une femme, sois tu es un arbre... tu choisis alors d'accorder "dénudé" et "pétrifié" ou pas, cela change énormément le sens et donc l'image que tu donnes à voir.
Autre exemple :
"j'ai froid
je suis brûlée"
Là tu souffles le chaud et le froid (ou bien est-ce voulu ? Les deux expressions ne sont pas incompatibles, mais il faut bien mesurer leur effet...)
Evite les expressions synonymes et redondantes : "accepté", "résigné"...
Enfin, j'aime bien l'expression : "je suis devenue seule" mais alors pourquoi utiliser l'image de l'arbre mort ? Je veux dire que, par exemple, tu pourrais montrer cette image de solitude en parlant de toi comme d'un arbre au milieu d'une plaine nue, un arbre à gibet, ou le seul arbre qui a survécu (selon ce que tu veux dire...).
Réflechis à tout ça, il y a des choses très fortes dans ton texte, ça mériterait donc d'améliorer ses effets...
Amicalement
Christophe
P.S. : tu n'as pas un prénom banal, tu n'écris pas des choses banales, tu ne peux pas être quelqu'un de banal
Maud me fait toujours penser au Territoire de la reine Maud, petite parcelle d'Antarctique... de quoi t'inspirer des déserts glacés...
#28
Posted 17 March 2006 - 10:35 PM
Si après m'avoir évoqué Chopin, tu me parles de Rachmaninov, alors là ...
Donc au minimum, si je comprends bien, tu es un as du solfège !
Il y peu d'instruments (le violon ?) par lequel, la musique de l'âme peut vraiment s'exprimer.
En une page de musique, ne peut on pas faire passer cent pages de roman ?
Bien à toi
Maud
#29
Posted 17 March 2006 - 10:48 PM
En général, je choisis plutôt les interprètes que les instruments. Le violon me plaît, sans plus. Mais quand Perlman se met à jouer...
Cependant, le paino reste, pour moi, le roi des rois. Omnipotent.
Les romans, la musique... je n'en citerai qu'une ! "la musique est un accès à un ailleurs de la parole, que la parole ne peut pas dire et que le silence dit pourtant, en le taisant".
On s'emporte un peu, là... non ?
Félice.
#30
Posted 18 March 2006 - 12:35 AM
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