Un homme marchait calmement, cueillant des brassées de mots au détour d'un désert, d'un fleuve ou d'un feu. Grains de sables, Braises ou gouttelettes caressaient sa peau silencieusement.
Sans hâte, il les entassaient dans son fourre tout... à le voir on pouvait penser qu'il errait sans but, mais une lueur dans son regard affirmait qu'il connaissait sa destination.
Il gravirait les elements un a un, son calme dans une main et ces amis si doux dans l'autre. Bien decide®!
Des mots il fit un avion de papier.
Du sable il en fit de la neige pour se rafraichir un peu.
Quand ses yeux s'ouvrirent, il était encadré
au Louvre.
Des milliers de flashs l'aveuglaient et l'extase qu'il pouvait lire dans les yeux de son public le dégoutait.
Il avait a peine commence® un parcours nouveau, a peine organise® deux ou trois mots, deux ou trois pas, deux ou trois sourires. A peine qu'on le figeait deja! Peine qu'il ne cacha pas...
Mais il ne pouvait plus pleurer. Seul un rictus vint s'incruster sur son visage. Alors les flashes redoublèrent, les micros se téléscopèrent, des mains puissantes se mirent à applaudir, des enfants blonds accoururent, des jeunes filles émotives lui envoyèrent de timides baisers. S'en était trop pour lui. Il prit son élan et écartant la foule à grands coups de moulinets, il s'enfuit vers le grand escalier.
le systeme d'alarme hurla toute glotte dehors,des vigiles mains au gilet sur leur crosse tentaient maladroitement de se frater un passage.Un vieux gardien ,soudain deplié de son âme assoupie,au détour d'un couloir
fit signe a l'inconnu lui désignant une porte dérobée.
Il se baissa et refit le lacet de sa chaussure.
Il referma la porte avec fracas, faisant sursauter la femme qui se trouvait dans la pièce. C'était une pièce splendide. Mieux qu'un salon. Tout en ocre et en pourpre, avec une cheminée où brûlait avec des flammes parme orangé un demi-tronc de citronnier.
La femme était vêtue comme une amazone, une fine cravache d'un cuir noir luisant à la main. Elle le regarda intensément de son oeil magnifique. L'autre était caché par un bandeau du même cuir que sa cravache.
Naturellement il vint s'asseoir à ses cotés. Il admirait ses lacets serrés, c'était une obsession chez lui, un lacet détendu était pour lui comme une braguette ouverte...
Une fine brume de sueur ombra le haut de ses pommettes. Il faisait trop chaud dans cette pièce et la promiscuité de la femme-amazone commençait à le mettre mal à l'aise. Il n'avait qu'une envie, se jeter à ses pieds et caresser ses jambes bottées.
Elle, impassible, continuait à le fixer de son oeil unique. La couleur en était indéfinissable, mais d'une pâleur inhabituelle....
Il regarda autour de lui hébété, juste une pente douce s'étalant devant ses yeux, un arbre au dessus de sa tête... son fourre-tout posé là sous sa main... il s'était endormi si rapidement la veille! Il resta là quelques minutes hagard, les yeux encore lourd d'un sommeil bien encombré.
Puis il ramassa le petit avion de papier et se leva...
Plouf! Il n'était plus dans une pièce mais au beau milieu de l'océan. Surprit par ce brutal changement il en oublia comment nager. Il décida alors de flotter sur le dos en attendant que quelqu'un ou quelquechose passe dans les alentours.
Et ce fut quelqu'une pas quelconque qui montra le bout de ses levres! Elle revenait d'on ne sait ou, parfaitement en nage telle la sirene de nos reves. La femme-amazone se retrouvait face a lui en vetement bleu mer comme si la Dame le lui avait prete®. Ces jambes s'unissaient a la base pour finir en queue de poisson. Mais celle-ci ne le faisait pas marmonner comme on marmonne apres un pietre conducteur parisien mais bien plutot perdre encore tous ces moyens!Elle le fixait toujours de son oeil unique et frappait doucement l'eau de sa cravache. Il finit par comprendre que ces coups repetes avaient une signification. C'etait bel et bien un message en morse.
Sauvez-moi ! Sauvez-moi ! Ramenez-moi au Louvre. Je suis tombee du tableau qui a ete vole le jour ou vous y etiez.
Ainsi elle n'etait pas reelle. L'enigmatique amazone, aujourd'hui sirene, n'etait qu'une trainee de peinture, probablement du XIXe siecle.
En effet les quelques coups de peinture qui leur avait donné naissance ne leur permettaient pas de parler. Leurs peintres respectifs n'avaient pas la même nationalité et par conséquent ils ne pouvaient pas se comprendre.
Edited by Presse, 01 May 2006 - 02:48 PM.