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Je n'ai jamais vraiment aimé la poésie. Ces recueils de pages et de pages pleines de même musique me fatiguent. Mais j'ai toujours pensé qu'en musique tout passe mieux, "et c'est tellement plus mignon, de se faire traiter de con, en chanson, la lalala". J'ai lu de très beaux poèmes ici. Ni plus beaux ni plus laids que de la poésie à cul pincé. Mais je n'étais venue ici que parce que je me cherchais une boîte à lettres. Pour laisser souffler quelqu'un qui avait besoin de retrouver ses marques, qui avait l'air perturbé. Il ne m'a jamais tendu la main. Tant pis pour la poésie. Lui seul savait l'éveiller en moi. On lit un beau poème quand on a l'impression de vivre.

[emeline]

Thanks to everybody !
Si j'aimais un petit nouveau prend une place dans votre coeur vous pouvez le rajouter ..
et puis finalement, il y en a beaucoup qui ont cité des poètes étrangers, oui pourquoi pas ? C'est toujours interressant !

amitiés,
emeline

Emeline,

Appolonaire et le pont Mirabeau compte parmi mes préférés;
je t'engage à écouter dans la partie Antologie de TLP Appolinaire déclamant son poème avec une certaine emphase, éloignée de l'idée que je me faisais de ce poème très intimiste , ce décalage est saisissant et c'est merveilleux d'entendre un auteur déclamer son propore poème.

Altaïr

J'ai une accointance avec Edmond Rostand auquel je partage le style d'écriture (ses poèmes et les miens, surtout ce qui m'a été dit ici même sur TLP). Mais je ne sais encore si d'autres poètes m'intéressent vraiment car j'utilise l'Anthologie de TLP (qui est bien utile) entre un commentaire et un autre et me forge petit à petit une idée.

Au cours de littérature, je préférais lire en classe, les rédactions et les dissertations plutôt que de m'attarder sur la vie de chaque auteur à travers les siècles et de savoir de quel tranche littéraire ils étaient. Et c'est une tare que de ne pas l'avoir fait. Je rattrape le temps perdu, une tasse de thé à la main et une certaine madeleine!

++

[Titon]

Moi j'adore le poème de Victor Hugo Les Contemplations

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au-dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

C'est un poème qu'il a écrit quand sa fille est morte. Je le trouve simplement superbe.
Amitiés.

[Loco]

DIALOGUE DE FLEURS

Ce n'est pas une vie,
De toujours vivre empoté
Dit le mauve pétunia

Ce n'est pas une vie,
De toujours vivre sous verre
Dit la botte d'œillets

Ce n'est pas une vie,
De toujours vivre sous cloche
Dit la rose du Petit Prince

Comme ils sont heureux
Les asphodèles et les volubilis
Avec leur nom à coucher dehors !

-Robert FABBRI-

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LA VOIX

Une voix, une voix qui vient de si loin
Qu'elle ne fait plus tinter les oreilles,
Une voix, comme un tambour, voilée
Parvient pourtant, distinctement, jusqu'à nous.


Bien qu'elle semble sortir d'un tombeau
Elle ne parle que d'été et de printemps,
Elle emplit le corps de joie,
Elle allume aux lèvres le sourire.


Je l'écoute. Ce n'est qu'une voix humaine
Qui traverse les fracas de la vie et des batailles,
L'écroulement du tonnerre et le murmure des bavardages.


Et vous ? ne l'entendez-vous pas ?
Elle dit « La peine sera de peu de durée »
Elle dit « La belle saison est proche ».


Ne l'entendez-vous pas ?

-Robert DESNOS-

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VITAM IMPENDERE AMORI

Dans le crépuscule fané
Où plusieurs amours se bousculent
Ton souvenir gît enchaîné
Loin de nos ombres qui reculent

Ô mains qu'enchaîne la mémoire
Et brûlantes comme un bûcher
Où le dernier des phénix noire
Perfection vient se jucher

La chaîne s'use maille à maille
Ton souvenir riant de nous
S'enfuir l'entends-tu qui nous raille
Et je retombe à tes genoux

Le soir tombe et dans le jardin
Elles racontent des histoires
À la nuit qui non sans dédain
Répand leurs chevelures noires

Petits enfants petits enfants
Vos ailes se sont envolées
Mais rose toi qui te défends
Perds tes odeurs inégalées

Car voici l'heure du larcin
De plumes de fleurs et de tresses
Cueillez le jet d'eau du bassin
Dont les roses sont les maîtresses

Ô ma jeunesse abandonnée
Comme une guirlande fanée
Voici que s'en vient la saison
Et des dédains et du soupçon

Le paysage est fait de toiles
Il coule un faux fleuve de sang
Et sous l'arbre fleuri d'étoiles
Un clown est l'unique passant

Un froid rayon poudroie et joue
Sur les décors et sur ta joue
Un coup de revolver un cri
Dans l'ombre un portrait a souri

La vitre du cadre est brisée
Un air qu'on ne peut définir
Hésite entre son et pensée
Entre avenir et souvenir

Ô ma jeunesse abandonnée
Comme une guirlande fanée
Voici que s'en vient la saison
Des regrets et de la raison

-Guillaume APOLLINAIRE-

Je me suis rendu compte de n'avoir pas publié le texte du poème:

L'automne de Lamartine

Salut ! bois couronnés d'un reste de verdure !
Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
Salut, derniers beaux jours ! le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards !

Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire,
J'aime à revoir encor, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
Perce à peine à mes pieds l'obscurité des bois !

Oui, dans ces jours d'automne où la nature expire,
À ses regards voilés, je trouve plus d'attraits,
C'est l'adieu d'un ami, c'est le dernier sourire
Des lèvres que la mort va fermer pour jamais !

Ainsi, prêt à quitter l'horizon de la vie,
Pleurant de mes longs jours l'espoir évanoui,
Je me retourne encore, et d'un regard d'envie
Je contemple ses biens dont je n'ai pas joui !

Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,
Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau;
L'air est si parfumé ! la lumière est si pure !
Aux regards d'un mourant le soleil est si beau !

Je voudrais maintenant vider jusqu'à la lie
Ce calice mêlé de nectar et de fiel !
Au fond de cette coupe où je buvais la vie,
Peut-être restait-il une goutte de miel ?

Peut-être l'avenir me gardait-il encore
Un retour de bonheur dont l'espoir est perdu ?
Peut-être dans la foule, une âme que j'ignore
Aurait compris mon âme, et m'aurait répondu ?...

La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire;
À la vie, au soleil, ce sont là ses adieux;
Moi, je meurs; et mon âme, au moment qu'elle expire,
S'exhale comme un son triste et mélodieux.


J'en profite pour saluer TLP, je vais recommencer à écrire en français bientot, car j'ai fait plutot de la poésie en anglais jusqu'à maintenant:

www.fictionpress.com/~keltica
www.mespoemes.net/lesierrois

Salut
Jan, le Sierrois

Moi j'aime beaucoup,les fables de la fontaine , "le corbeau et le renard". Mais aussi Ronssard le titre de la poésie que j'aime chez lui je crois que c'est "la rose". En tout cas j'aime tout les poétes.

(juste une parenthèse, puisque j'entends parler de Lamartine, je lui trouve quelques strophes et poèmes superbes (je n'ai plus les titres des poèmes correspondant dans la tête, désolé) (celui cité est pas mal) pour une floppée abondante de niaiseries et mièvreries... Avis personnel. Qu'en pensez-vous?)

... et vous?

Je te recommande Couplets de la rue Saint Martin de Robert Desnos
crois moi tu ne le regretteras pas
Je n'aime plus la rue Saint-Martin
depuis qu'André Platard l'a quittée
Je n'aime plus le rue Saint-Martin
je n'aime rien, pas même le vin

Je n'aime plus la rue Saint-Martin
depuis qu'André Platard l'a quittée
c'est mon ami, c'est mon copain
Nous partagions la chambre et le pain
Je n'aime plus la rue Saint-Martin

C'est mon ami, c'est mon copain
il a disparu un matin
Ils l'ont emmené, on ne sait plus rien
On ne l'a plus revu dans la rue Saint-Martin

Pas la peine d'implorer les saints,
Saints Merri, Jacques, Gervais et Martin,
Pas même Valérien qui se cache sur la colline
Le temps passe on ne sait rien
André Platard a quitté la rue Saint-Martin

bizzous

[emeline]

OH ! merçi à vous de faire vivre ce post.... surtout qu'il me sera bien utile. (une anthologie de 80 poèmes à confectionner pour après les vacances de février.) Mais c'est surtout très interressant de comparer le goût des poètes amateurs avec leurs écrits.. on voit d'où viennent les influences.

Merçi encore, et continuez sans hésiter ceux qui ont quelque chose à rajouter,

Emeline

[peltador]

Claude Esteban

Orage


Nouvelle averse au milieu d'un déluge interminable, intermittent, torrentiel de cette sombre après-midi, et les dizaines de moineaux des villes au babillage incessant arrêtent de se harceler et vont en hâte s'abriter sous une corniche copieusement souillée par des décennies de plumages graisseux

c'est le pire été dont on se souvienne, changements de température, smog, chaleur étouffante, signes de réchauffement planétaire... bien que les platanes continuent de tendre leurs bourgeons comme si un avril innocent venait juste d'éclore, les petites feuilles d'un vert hésitant de la semaine dernière déjà malheureusement carbonisées par la chaleur et la pollution...

tonnerre au loin, inoffensif, plus proche ensuite, déchirures et zébrures d'éclairs, roulement massif, commotion, à quoi répond aussitôt un frisson dans la poitrine, l'exaltation de partager une telle planète, puis le chagrin à l'idée que nous puissions la dépouiller de tout sauf du rocher nu et blessé qui roule sur son rail indifférent.

un voile de nuages plus dense, une nouvelle averse qui obscurcit le ciel, le vent se lève, les moineaux s'égaillent, les feuilles tremblent, et oh ! je me jette par ici, disent les arbres, puis là ! et je frissonne, je gémis, et tu ne comprends toujours pas l'absence que je serai dans le vide du temps qu'on ne peut racheter...

douze soleils, annonce la prophétie, douze vastes soleils de purification s'élèveront à l'horizon pour roussir, dessécher et brûler, suivis de douze cycles cosmiques de pluie battante : il n'y aura plus un arbre, plus un chant d'oiseau, seules des vagues vigilantes et acides qui ne se fracasseront et ne s'attaqueront inlassablement à aucun rivage

imagine alors la naissance : le ciel strié, d'une clarté miraculeuse... imagine-nous qui recommencerions, timides et tendres, avec cette fois un million d'années de plus pour enfin évoluer, un âge de plus à quatre pattes, accablés de honte et de repentir, avant de rallumer nos forges...

Charles K. WILLIAMS

Lamartine est une couille molle ! Pire que Musset !

:twisted: Mes préférés sont les poètes romantiques et plus particulièrement Ronsard : Mignonne, allons voir si la rose.

Gumb

Inscrit le: 02 Nov, 2004
Messages: 179

Posté le: 08 Fév, 2005 - 08:46

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Lamartine est une couille molle ! Pire que Musset !

et j'oubliais Ronsard bien sûr !

:-)

[peltador]

hihi GUMB

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Il y a des livres qui n’osent pas le silence / il y a des livres que je ne suis pas / je le sais / il y a des rues sans moi / des fleuves dont le courant m’est inconnu / des arbres réels dont je ne serai jamais / ni l’écorce ni les racines ni l’agitation du feuillage / il y a tout ce que je ne suis pas / les foules les soifs les écroulements les fêtes / rythmes et couleurs / tout cela m’est absence intolérable / – je suis l’initié de l’ordre du manque /pure révolte de n’être rien / ondoyant / futile // que moi.
LIONEL RAY

Terrible est le visage du temps
tapi en toi
dans un détour de l'être
et qui attend
prêt à surgir

cette lumière oscillante
ancrée en toi comme un dard
immobile
et qui veille

peut-être le chant
avant toute humaine parole
est-il cette lueur
qui soudain glisse sur un fil d'ombre

et ce visage inconnu
tu le reconnaîtras comme tien
au moment du passage
et du renoncement.

LIONEL RAY Bis

La qualité d'une poésie se mesure-t-elle à la dureté des testicules?(les femmes poètes n'existeraient donc pas à part peut-être les femmes à couilles). Tu ne me sembles pas être un adepte des romantiques Gumb.

Gagné !

Mes préférés sont les poètes romantiques et plus particulièrement Ronsard […]

Ronsard n'est pas un poète romantique, il a vécu à la Renaissance.
 

[peltador]

La métaphore de la couille de Gumb
est à prendre au double sens
d'un grand coup de trique.
Gagné?

un amateur de poème au plomb et à la tripe.