
#661
Posted 20 June 2005 - 07:04 PM
Le souvenir avec le crépuscule
Rougeoie et tremble à l'ardent horizon
De l'Espérance en flamme qui recule
Et s'agrandit ainsi qu'une cloison
Mystérieuse où mainte floraison
- Dalhia, lys, tulipe et renoncule -
S'élance autour d'un treillis, et circule
Parmi la maladive exhalaison
De parfum lourds et chauds, dont le poison
- Dalhia, lys, tulipe et renoncule -
Noyant mes sens, mon âme et ma raison,
Mêle, dans une immense pâmoison
Le souvenir avec le crépuscule.
Le sieur Paul Verlaine
#662
Posted 21 June 2005 - 09:05 AM
Amandiers
...
« Par ce chemin sous les fleurs d’amandier tu viendras vers moi.
Et tu n’auras plus d’âge, ni de nom
Seulement un grand désir d’être au monde »
(Jean-Marie Simon)
#663
Posted 21 June 2005 - 10:23 AM
#664
Posted 22 June 2005 - 09:59 AM
Plombages
#665
Posted 22 June 2005 - 09:31 PM
A Byzance comme à Saint-Cosme, le plombage indigo du fond des fresques et des mosaïques ne tend pas seulement à suggérer l'univers comme un drame, mais encore à enfermer les personnages dans un monde clos (Malraux)
[i] [size=9]
MARIA MAGDALENA
(Extraits choisis)
Tu as le visage ombragé de souvenirs
De celle qui a beaucoup affronté le regard des autres,
A mains nues,
Et l’opprobre
De ceux-là qui mettent les gens en croix
Pour une idée,
La leur, toujours.
Aimée d’un dieu
Qui n’était peut-être qu’un homme,
Aussi bien.
...
Mais tu seras toujours là,
Marie-Madeleine,
Dans chaque vitrine des quartiers portuaires.
Rouge
Comme le reproche de notre faiblesse d’hommes
Nus
Devant le désir qui ronge la Foi.
Madone non immaculée,
Vers toi vont nos dévotions.
C’est sans doute toi la vraie sainte
Selon l’évangile des sens,
Et selon celui qui savait, dit-on,
Et dont ta chevelure a oint les pieds fatigués
Un soir de croisade inutile.
...
Et le poète de tes lendemains aime t’imaginer
Descendant les escaliers de Semiramis,
Le ventre nu à la senteur de benjoin
Et le regard embué encore
De la nuit babylonienne.
Qu’es-tu allée te perdre en cette Galilée pourrie déjà
Pour te jeter en pâture à ses pharisiens décatis ?
Ton sauveur n’était pas le leur
Et n’a pu te sauver que le temps,
Court en Orient,
D’une nuit d’amour.
Pierre, le fidèle, l’a renié.
Le renié t’a reniée, à son tour, quand tu voulais de ta main
L’approcher et retrouver la chaleur après le tombeau.
Enfin l’Histoire des hommes t’a reniée aussi
Et t’a reléguée au rang d’une putain de Byzance.
Isthar et Astarté sont bien mortes sur les berges,
Ensablées de temps,
De l’Euphrate mythique.
Mais leur regard a ressuscité dans tes yeux,
Marie-Madeleine,
Sphinx ailé de plaisir triste,
Vestige enseveli du premier jardin d’Eden
Quand les enfers de nos moyen-âges
N’avaient pas encore enluminés de géhenne
Les paysages des miniatures célestes
Aux pupitres souillés des grimoires,
Dans les monastères sans dieu véritable.
Dans un monde où la Foi n’érigeait plus que des bûchers,
Un phénix est né des cendres.
Sans dire son nom encore, prudent comme une colombe, ton emblème.
Mais tu l’as reconnu, Marie-Madeleine.
...
Tu as échappé aux autodafés des sorcières juives
Et au tueur des prostituées de Whitechappel.
Mais n’étais-tu pas la sœur de Lazare, le ressuscité ?
Et ne serais-tu pas la sœur d’Ahasvérus,
Comme lui condamnée à l’éternelle errance
Dans un monde qui ne te reconnaît plus les déesses,
Sinon de celluloïd.
...
Tu es honnie au grand livre asexué des bien-pensants.
Mais ton image reste à aujourd’hui présente dans la nuit sale
D’un musée honteux de poussière,
Et ton regard fascine toujours le pharisien en nous
Dont les yeux s’inclinent ainsi que devant la première Eve.
...
Ton regard, chez Stevens, ne nous accuse pas.
Pire, il semble nous plaindre.
Il a dépassé le reproche et ne demande
Ni pardon
Ni miséricorde facile et commode.
Il ne méprise pas non plus,
Nous avons dépassé l’aumône de ton mépris.
Et nous baissons de nouveau les yeux
Comme il y a bien longtemps,
Au jardin priapique des origines,
Devant Ishtar en gloire que même le fils de l’homme n’a pas reconnue,
Aveugle parmi les non-voyants.
Et nous mendions toujours
L’effluve à la senteur de myrrhe
De ton regard éternel,
Devant notre pinceau hésitant ou le clavier poisseux de notre ordinateur.
Mais…
Qui Stevens a-t-il bien pu prendre comme modèle pour te transmettre à nous,
Marie-Madeleine,
Au-delà du brouillard des conventions et de nos sites Internet
Que ne nimbent plus les brumes de Memling ?
Marc Julian Ghens ( à propos d'une peinture d'Alfred Stevens)
#666
Posted 23 June 2005 - 06:33 PM
Pour les jeunes une pub pour un dentifrice à dents super blanches
#667
Posted 24 June 2005 - 05:46 AM
Et tout spécialement pour toi Victorugueux,
La captive
Si je n'étais captive,
J'aimerais ce pays,
Et cette mer plaintive,
Et ces champs de maïs,
Et ces astres sans nombre,
Si le long du mur sombre
N'étincelait dans l'ombre
Le sabre des spahis
Je ne suis point tartare
Pour qu'un ennuque noir
M'accorde ma guitare,
Me tienne mon miroir.
Bien loin de ces Sodomes,
Au pays dont nous sommes,
Avec les jeunes hommes
On peut parler le soir.
Pourtant j'aime une rive
Où jamais des hivers
Le souffle froid n'arrive
Par les vitraux ouverts.
L'été, la pluie est chaude ;
L'insecte vert qui rôde
Luit, vivante
Sous les brins d'herbe verts.
Smyrne est une princesse
Avec son beau chapel ;
L'heureux printemps sans cesse
Répond à son appel,
Et, comme un riant groupe
De fleurs dans une coupe,
Dans ses mers se découpe
Plus d'un frais archipel.
J'aime ces tours vermeilles,
Ces drapeaux triomphants,
Ces maisons d'or, pareilles
A des jouets d'enfants ;
J'aime, pour mes pensées
Plus mollement bercées,
Ces tentes balancées
Au dos des éléphants.
Dans ce palais de fées,
Mon coeur, plein de concerts,
Croit, aux voix étouffées
Qui viennent des déserts,
Entendre les génies
Mêler les harmonies
Des chansons infinies
Qu'ils chantent dans les airs !
J'aime de ces contrées
Les doux parfums brûlants ;
Sur les vitres dorées
Les feuillages tremblants ;
L'eau que la source épanche
Sous le palmier qui penche,
Et la cigogne blanche
Sur les minarets blancs.
J'aime en un lit de mousses
Dire un air espagnol,
Quand mes compagnes douces,
Du pied rasant le sol,
Légion vagabonde
Où le sourire abonde,
Font tournoyer leur ronde
Sous un rond parasol.
Mais surtout, quand la brise
Me touche en voltigeant,
La nuit, j'aime être assise,
Etre assise en songeant,
L'oeil sur la mer profonde,
Tandis que, pâle et blonde,
La lune ouvre dans l'onde
Son éventail d'argent.
V Hugo
#668
Posted 24 June 2005 - 08:19 AM
...
Emeraude /
Quasimodo
#669
Posted 24 June 2005 - 11:14 AM
#670
Posted 24 June 2005 - 02:38 PM
#671
Posted 24 June 2005 - 02:46 PM
#672
Posted 24 June 2005 - 03:15 PM
L'envers, la face cachée, l'imaginaire ...
#673
Posted 24 June 2005 - 06:51 PM
#674
Posted 24 June 2005 - 07:57 PM
#675
Posted 26 June 2005 - 08:28 AM
(car digit..ale)
#676
Posted 26 June 2005 - 08:53 AM
#677
Posted 26 June 2005 - 04:33 PM
Et un classique pour "rafraîchir"
Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?
0 bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s'ennuie
0 le chant de la pluie !
Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui écœure.
Quoi ! nulle trahison ? ...
Ce deuil est sans raison.
C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon cœur a tant de peine!
#678
Posted 26 June 2005 - 05:34 PM
#679
Posted 26 June 2005 - 10:07 PM
Anima, le souffle
...
le coeur, serait l'animation intérieure,
le souffle, l'ouverture, l'échange.
La symbolique de "la vie", d'une culture à l'autre.
Déjà, les différences, et c'est un cheminement.
...
… Je suis l’écharpe de brume.
Est-ce la première respiration de la terre au sortir de la nuit froide,
ce nuage à l’aplomb de ton échine ?
Ou l’ air que tu as invité au coeur de toi-même, ton haleine rassemblée
le cri qu’on arrache, l’aveu tremblant,
un soupir
ou le rythme calme du souffle dans la paix de ton sommeil.
Et tu guettes là, front levé,
la brise ou la tempête qui me dispersera.
...
… Je suis la fine ligne rouge
suspendue au dernier battement
suspendue à l’écho du dernier battement
éteinte
gelée au plus profond de la veine sombre
une nuit en rase campagne
pour finir mon voyage intérieur.
#680
Posted 27 June 2005 - 06:49 AM
... puisque tu me le souffles..
âme
Extrait de La Matinée à l'anglaise de Jean-Michel Maulpoix
Ame.
Le plus fragile et désiré de tous les mots. Le plus muet de la langue. J'ai creusé dans ma voix de minuscules pierres blanches.
Il s'est tu doucement, tachant la nuit de son incandescence. Je bavarde sa nostalgie.
Vide de sens, voici un mot que maintenant l'on peut écrire. Et je ne souhaite écrire que des mots pareils à celui-là: mots-fossiles, on ne doit surtout pas les comprendre. Bout à bout, ils feraient de précieux colliers. Isolément, ils sont les alliances de l'aléatoire et scellent un amour sans objet, un amour sur parole.
Ame, anima, souffle vital.
Anemos, le vent. Anémone, fleur qui s'ouvre au vent. Animal, être animé. Inanis, vain, dénué de souffle vital. Ame, mon haleine.
Nudité et nullité de la parole: il faut y atteindre.
Un minuscule mot important. Juste de quoi ouvrir la bouche et la refermer, ayant vite expiré un peu de ce silence qui fait une tache invisible sur les lèvres.
Ame: le commencement d'amour.
Les âmes mortes. La bonne âme. L'âme damnée. L'âme sœur. Comme une âme en peine. En mon âme et conscience. A fendre l'âme... L'âme est fastidieuse et périssable.
Un bonnet d'âme.
Ce mot me creuse la tête; c'est aussi le nom de l'inas souvissement. Ame: ce que l'écriture invente.
Mot-lisière, mot-orée, mot du commencement de nulle part. Mot d'amandier; neige du printemps et du grand âge. Ce mot-œuf n'éclora pas.
Il importe à toute ma vie d'ignorer si l'âme est mortelle ou immortelle. Le poème: bonheur de l'ignorance.
Ame: l'horizon quand il neige.
Ame: un petit hérisson, un oursin (bulle de savon, bille, œil de verre, hérissés par le désir).
#681
Posted 27 June 2005 - 08:58 AM
La résonance
...
un artisanat, très particulier
#682
Posted 27 June 2005 - 09:16 AM
La fabrication des violons d'Ingres.
#683
Posted 27 June 2005 - 02:12 PM
#684
Posted 28 June 2005 - 01:15 AM

Man Ray. Le Violon d'Ingres (1924)
#685
Posted 28 June 2005 - 07:12 AM

#686
Posted 28 June 2005 - 03:02 PM
Hallucination
...
Ingresso
Vers l’estuaire des lèvres, toute la mémoire du fleuve.
Le souffle allonge sa virgule entrante.
Puis un lac noir où flotte le scintillé d’un myosis.
Proches, courbes en écho d’une oreille,
comme une eau, traversée.
Et la caresse d’une main
ferme
le cercle des sens où tout baigne dans le calme du rien.
…
Loin,
si loin de cette sérénité enceinte,
l’échappée d’un qui-vive.
Elle : « - l’inquiétude s’adosse …
Cet archet peut-il me blesser ? »
Mais lui : « – Non, l’attention se prête,
prudence inscrite dans la partition. »
…
Prudence … et aveuglement.
Reste sage, étranger,
au-delà des barreaux du temps
qui lentement vous sépare.
Les aiguilles préservent ton innocence
non de ce dos livide, désarmé - pure diversion !-,
mais de l’échevelure,
merveille du mouvement dans le devenu immobile.
« - Où est l’histoire ?
Où est le fil ?
Où est la mèche,
le final qui tisse l’écharpe ? »
…
Déjà l’étoffe se tache de sang, s’en imprègne.
Au suspend du trapèze
vole la tresse
« - Vole … » « - Eclat ! … » *
… Le sec de l’alexandrin
tranche la gordienne arabesque
masse lourde d’inextricable
qui s’abat sur l’épaule
et sur l’enclume le silence …
« … posés, à même la nuque, la chevelure et son foulard, délassant la nouure. »
Bayonne, juillet 2004 - La Baigneuse, au musée Bonnat
* à deux voix, presque simultanément
#687
Posted 28 June 2005 - 04:25 PM
Citation de Jacques Higelin Titre chanson ?
"Et vous gracieux cancrelats alunissez à la lumière de nos Hallucinations"
#688
Posted 28 June 2005 - 07:08 PM
---------------------------------------------------------------------------
[i]Man Ray
L'orage d'une robe qui s'abat
Puis un corps simple sans nuages
Ainsi venez me dire tous vos charmes
Vous qui avez eu votre part de bonheur
Et qui pleurez souvent le sort sinistre de celui qui vous a rendue si heureuse
Vous qui n'avez pas envie de raisonner
Vous qui n'avez pas su faire un homme
Sans en aimer un autre
Dans les espaces de marées d'un corps qui se dévêt
A la mamelle du crépuscule ressemblant
L'oeil fait la chaîne sur les dunes négligées
Où les fontaines tiennent dans leurs griffes des mains nues
Vestiges du front nu joues pâles sous les cils de l'horizon
Une larme fusée fiancée au passé
Savoir que la lumière fut fertile
Des hirondelles enfantines prennent la terre pour le ciel
La chambre noire où tous les cailloux du froid sont à vif
Ne dis pas que tu n'as pas peur
Ton regard est à la hauteur de mon épaule
Tu es trop belle pour prêcher la chasteté
Dans la chambre noire où le blé même
Naît de la gourmandise
Reste immobile
Et tu es seule.
- 1933 -
Ce poème provient du recueil intitulé " La rose publique " Paul Eluard
#689
Posted 29 June 2005 - 01:53 PM
Front
...
"Vestiges du front nu joues pâles sous les cils de l'horizon
Une larme fusée fiancée au passé"
Il y a dans ce poème comme des repères, des prises à saisir.
« ces jeux de hasard qu’on nomme coïncidences, mais qui en fait, sont l’éclosion de quelques uns des possibles que toute action fait apparaître dans son sillage »*. m'a t-on soufflé un jour, à tel point que je ne m'en départ plus (départ, comme une mise en mouvement).
Uns sorte de confiance s'offre à ce qui n'est qu'une impression très subreptice. N'opposer aucune résistance, aucun raisonnement au fragile de l'association d'idées.
Pourquoi la "fusée" - je vois les damiers rouges et blancs de Hergé - fait-elle techniquement irruption dans ce texte très beau de Paul Eluard. Juste au dessus le mot "front", calme, résolu. Déjà l'image du fuselage s'efface derrière la construction voisine de "re-fusée", et c'est tout le vers qui se met en contre-jour :
L'âme refusée fiancée au passé
Ca va, ça va, j'arrête mon délire .......
...
* Marguerite Beaudry
#690
Posted 29 June 2005 - 06:08 PM
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