Chère Artemisia,
D'abord je t'aime bien, toi, tes poèmes et tes commentaires.
Comme disait Harry, il y a de la fraicheur là-dedans.
Mais tu m'as mal compris,
Je ne veux empécher personne de faire des joutes verbales.
Non, je m'interroge de manière générale sur les buts et les
possibles de la poésie aujourd'hui.
Vois-tu, j'ai des enfants, et je vois de nouveaux pays essayant
de s'armer de bombes atomiques, je vois la banquise fondre et
les ours polaires disparaitre dans 20 ans, je vois la situation
exploser en Israël, de même que les bombes à Bagdad, etc..
Alors je repense à ce grand poète romantique Lamartine, qui
participa au gouvernement français, en toute première loge,
et sut canaliser un moment la révolution de 1848 qui s'acheva
par le coup d'état de Napoléon III.
Et je me demande: existe-t-il une posésie engagée pour le monde
d'aujourd'hui, quelle peut-elle être ?
J'ai pensé tout haut, c'est tout, je ne veux empécher personne.
Et surtout, merci de ne pas m'associer aux pensée à la mode que tu décris.
Merci de votre pensée.
Elle m’en inspire quelques-unes, absolument pas tournées contre vous, je vous rassure.
Une généralité.
Certains veulent engager la poésie dans le règlement des maux de ce monde, comme d’autres engagent les armées dans les guerres.
Je suis comme ces paysans, qui regardent le ciel, le soir, et qui y voient le temps qu’il fait, et celui du lendemain. Pas une crêpe Suzette avec plein de trous dans la couche d’ozone, ni un endroit où volent les canards malades de la grippe aviaire, juste pour la refiler au reste du monde.
Il est un courant depuis quelques temps, où il est de bon ton de se poser mille et une questions sur les injustices de ce monde, et sur les moyens de régler cela. Surtout dans un pays où la liberté d’expression est ouverte, et par des gens qui mangent et boivent tous les jours, où la famille au SMIC a deux voitures sur le parking, et 4 téléphones portables à la maison. Les intellectuels de la poésie.
Moi, j’ai décidé que ma poésie à moi, celle qu’elle est la mienne, elle serait le plus souvent tranquille, elle ne ferait la guerre à personne, elle ne dénoncerait pas les injustices, elle dirait que les femmes sont belles, que j’aime leur faire la cour, et tout un tas de choses si loin des gens qui se masturbent l’esprit. Vous voyez le genre de poésie que c’est ?
Et puis aussi, de temps en temps, ça dirait que je suis un Chevalier, que j’aime les Princesses, que je fais des tournois. Ça dirait des choses tristes, gaies, ça dirait de la poésie, voyez ? MA poésie.
Qu’on aime ou pas la poésie de Machine, ou Truc, qu’on le lui dise, ou pas, tout ça c’est normal. Connaissez-vous un poète qui soit aimé de tous ?
Par contre, qu’on juge la poésie romanesque comme un sous-produit, une sous-merde, cela commence à m’irriter.
Le jeu que nous faisons ici, balila et moi, réclame plus de talent qu’il n’y parait, et à ce titre mérite autant de respect qu’une autre forme, plus moderne, dont je peux dire après-tout qu’elle est une sous-merde si bon me semble.
Les alexandrins ne seraient beaux qu’écrits par les anciens, et les joutes justes bonnes à faire croire à ceux qui les écrivent qu’ils sont des poètes.
L’intelligentsia de la poésie a parlé.
Ils m’ont toujours laissé quiet, m’ont laissé jouer dans mon bac à sable, sentant sans doute qu’il ne faisait pas bon intellectualiser sur mes terres. Qu’ils en restent loin.
Ma poésie s’en porte très bien.
Amitiés, Hauteur