Marina Tsvétaïéva
Started by Tyi, Nov 06 2006 10:07 AM
9 replies to this topic
#1
Posted 06 November 2006 - 10:07 AM
J’ai la mémoire des visages oubliés
Et des pages lues, un temps
Une fuite vers le haut
Parce qu’il me recompose
Celui qui me comprend
M’achève chaque fois
Outrageusement, moi
J’ai la mémoire oubliée
Ton visage que je lie
Nous, mots dits par l’acier
Vers quel âge
Nos corps s’enlaceront- ils
A la permission d’autres.
Parce qu’il ne recompose
Celui qui me comprend
Qu’aux siècles en retard,
La tresse de la corde égratigne
Nos cous, tu n’es et j’honore
Ta mémoire au ciel de feux
Nos trop pleins de trop
A Nous et à eux(*)
(*) In "A Byron"- le ciel Brûle- Marina Tsvétaïéva- Ed. Poésie/Gallimard
Et des pages lues, un temps
Une fuite vers le haut
Parce qu’il me recompose
Celui qui me comprend
M’achève chaque fois
Outrageusement, moi
J’ai la mémoire oubliée
Ton visage que je lie
Nous, mots dits par l’acier
Vers quel âge
Nos corps s’enlaceront- ils
A la permission d’autres.
Parce qu’il ne recompose
Celui qui me comprend
Qu’aux siècles en retard,
La tresse de la corde égratigne
Nos cous, tu n’es et j’honore
Ta mémoire au ciel de feux
Nos trop pleins de trop
A Nous et à eux(*)
(*) In "A Byron"- le ciel Brûle- Marina Tsvétaïéva- Ed. Poésie/Gallimard
#2
Posted 06 November 2006 - 12:25 PM
Tsvétaïéva, Mandelstam, Goumilev...Si tu me prends par les sentiments...
#3
Posted 06 November 2006 - 01:49 PM
Citation (Carla. @ Nov 6 2006, 12:25 PM) <{POST_SNAPBACK}>
Tsvétaïéva, Mandelstam, Goumilev...Si tu me prends par les sentiments...
Bonjour Carla, j'espère longtemps alors, car j'ai quelques suites pour Tsvétaïeva et quelques autres pour Mandelstam.
Goumilev, je ne connais pas encore.
Douce journée
Juliette
#4
Posted 06 November 2006 - 01:55 PM
Ca me parle beaucoup. J'aime bcp notamment le 1er vers ; retrouver la mémoire qui nous fuit, et tous ces visages...
Même si je ne connais pas Tsvétaïéva. Avec tes mots, c'est tout un monde qui s'ouvre, des portes sur un ailleurs, spatial et temporel.
J'aime cette nostalgie de nulle part, la beauté de cette mélancolie...
Très beau, très fort celui-ci
Encore
Bien amicalement
Christophe
Même si je ne connais pas Tsvétaïéva. Avec tes mots, c'est tout un monde qui s'ouvre, des portes sur un ailleurs, spatial et temporel.
J'aime cette nostalgie de nulle part, la beauté de cette mélancolie...
Très beau, très fort celui-ci
Encore
Bien amicalement
Christophe
Edited by le hamster, 08 November 2006 - 01:38 PM.
#5
Posted 06 November 2006 - 04:44 PM
.
#6
Posted 07 November 2006 - 04:01 PM
Citation (Pierre-Yves @ Nov 6 2006, 04:44 PM) <{POST_SNAPBACK}>
Ce n’est pas la première fois que je m’arrête sur l’un de tes textes
Cette fois je dépose un petit caillou avant d'y revenir encore.
Tu donnes ici voix à bien des ombres
Que tu ne connais pas
Pourtant...
Merci
Cette fois je dépose un petit caillou avant d'y revenir encore.
Tu donnes ici voix à bien des ombres
Que tu ne connais pas
Pourtant...
Merci
Pierre-Yves,
J'essaie simplement de donner de la voix (pour le partage) à ce que j'aime
Douce journée,
Juliette
#7
Posted 08 November 2006 - 01:20 PM
Un bris de temps sous la peau
Ecoute ce soupir,
L’enfant dort à côté
Pourtant
L’autre n’a pas mangé.
Nous savions si timidement
Le choix
La ration du quotidien
L’abandon raisonné
Et
J’irai, nos pas vacillants,
Nos chevilles enlacées,
Flâné encore
L’odeur de l’expédition des roses
Un bris de temps sous nos peaux orangées
Ecoute ce soupir,
L’enfant dort à côté
Pourtant
L’autre n’a pas mangé.
Nous savions si timidement
Le choix
La ration du quotidien
L’abandon raisonné
Et
J’irai, nos pas vacillants,
Nos chevilles enlacées,
Flâné encore
L’odeur de l’expédition des roses
Un bris de temps sous nos peaux orangées
#8
Posted 08 November 2006 - 01:40 PM
Au Salon
Du monde des visions nocturnes
Nous - les enfants - sommes rois.
Les ombres longuent descendent,
Les lanternes brillent derrière les fenêtres,
Le haut salon s'obscurcit,
Les miroirs aspirent leur tain...
Pas une minute à perdre !
Quelqu'un sort du coin.
Au-dessus du piano noir, tous deux
Nous nous penchons et la peur approche,
Enveloppés dans le châle de maman
Nous pâlissons sans oser un soupir.
Allons voir ce qui se passe
Sous le rideau des ténèbres ennemies.
Leurs visages sont devenus noirs, -
De nouveau nous sommes vainqueurs !
Nous sommes les maillons d'une chapine magique
Et dans la bataille ne perdons jamais courage.
Le dernier combat est proche,
Et périra le royaume des ténèbres.
Nous méprisons les adultes
Pour leurs journées mornes et simples...
Nous savons, nous savons beaucoup
De ce qu'ils ne savent pas.
1908 - 1910
in Le ciel brûle
Du monde des visions nocturnes
Nous - les enfants - sommes rois.
Les ombres longuent descendent,
Les lanternes brillent derrière les fenêtres,
Le haut salon s'obscurcit,
Les miroirs aspirent leur tain...
Pas une minute à perdre !
Quelqu'un sort du coin.
Au-dessus du piano noir, tous deux
Nous nous penchons et la peur approche,
Enveloppés dans le châle de maman
Nous pâlissons sans oser un soupir.
Allons voir ce qui se passe
Sous le rideau des ténèbres ennemies.
Leurs visages sont devenus noirs, -
De nouveau nous sommes vainqueurs !
Nous sommes les maillons d'une chapine magique
Et dans la bataille ne perdons jamais courage.
Le dernier combat est proche,
Et périra le royaume des ténèbres.
Nous méprisons les adultes
Pour leurs journées mornes et simples...
Nous savons, nous savons beaucoup
De ce qu'ils ne savent pas.
1908 - 1910
in Le ciel brûle
#9
Posted 08 November 2006 - 02:11 PM
Citation (Salam @ Nov 8 2006, 01:40 PM) <{POST_SNAPBACK}>
Au Salon
Du monde des visions nocturnes
Nous - les enfants - sommes rois.
Les ombres longuent descendent,
Les lanternes brillent derrière les fenêtres,
Le haut salon s'obscurcit,
Les miroirs aspirent leur tain...
Pas une minute à perdre !
Quelqu'un sort du coin.
Au-dessus du piano noir, tous deux
Nous nous penchons et la peur approche,
Enveloppés dans le châle de maman
Nous pâlissons sans oser un soupir.
Allons voir ce qui se passe
Sous le rideau des ténèbres ennemies.
Leurs visages sont devenus noirs, -
De nouveau nous sommes vainqueurs !
Nous sommes les maillons d'une chapine magique
Et dans la bataille ne perdons jamais courage.
Le dernier combat est proche,
Et périra le royaume des ténèbres.
Nous méprisons les adultes
Pour leurs journées mornes et simples...
Nous savons, nous savons beaucoup
De ce qu'ils ne savent pas.
1908 - 1910
in Le ciel brûle
Du monde des visions nocturnes
Nous - les enfants - sommes rois.
Les ombres longuent descendent,
Les lanternes brillent derrière les fenêtres,
Le haut salon s'obscurcit,
Les miroirs aspirent leur tain...
Pas une minute à perdre !
Quelqu'un sort du coin.
Au-dessus du piano noir, tous deux
Nous nous penchons et la peur approche,
Enveloppés dans le châle de maman
Nous pâlissons sans oser un soupir.
Allons voir ce qui se passe
Sous le rideau des ténèbres ennemies.
Leurs visages sont devenus noirs, -
De nouveau nous sommes vainqueurs !
Nous sommes les maillons d'une chapine magique
Et dans la bataille ne perdons jamais courage.
Le dernier combat est proche,
Et périra le royaume des ténèbres.
Nous méprisons les adultes
Pour leurs journées mornes et simples...
Nous savons, nous savons beaucoup
De ce qu'ils ne savent pas.
1908 - 1910
in Le ciel brûle
Les nuits sans celui qu'on aime-et les nuits
Avec celui qu'on aime pas, et les grandes étoiles
Au dessus de la tête en feu et les mains
Qui se tendent vers celui-
Qui n'est pas-qui ne sera jamais,
Qui ne peut être-et celui qui le doit...
Et l'enfant qui pleure le héros
Et le héros qui pleure l'enfant,
Et les grandes montagnes de pierre
Sur la poitrine de celui qui doit-en bas...
Je sais tout ce qui fut, tout ce qui sera,
Je connais ce mystère sourd-muet
Que dans la langue menteuse et noire
Des humains - On appelle la vie.
(1917 ?)
In Le ciel brûle.
Marina Tsvétaïeva
Merci Salam.
#10
Posted 08 November 2006 - 02:27 PM
Poésie de la douleur...Quand on tombe dans la poésie russe, quand on est touché par ces humanités, ces vies incarcérées (à replacer dans le contexte politique de l'époque), on a du mal à s'en détacher ensuite, ce sont des auteurs qui accompagnent...Leurs destins sont souvent croisés d'ailleurs. Belles lectures Juliette.
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