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Ecrire comme elle peint.


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8 replies to this topic

#1 subalterne

subalterne

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  • TLPsien
  • 45 posts
  • Parcours poétique:Plus d'heures perdues qu'il n'en aurait fallu a quiconque pour atteindre des sommets, sans doute.

Posted 06 January 2006 - 06:19 PM

Il n’y a en tout ceci ni vérité, ni mensonge. Il me semble qu’évoquer est combien plus précieux qu’énoncer un fait, le sens ni fait jamais tant que la sonorité.

Quelle prétention que celle de savoir aligner, l’un après l’autre, ces caractères dénués de sens, de vouloir créer un flot capable d’emporter, de posséder, de ballotter, de noyer, au gré des besoins trop concrets d’une simple créature dite pensante …

C’est bien la seule chose à laquelle je m’applique ; c’est bien ma conscience, tantôt inavouée mais toujours inassumée,  que ce désir ardent de vouloir, né d’un besoin viscéral, savoir cultiver ce champs des sensibilités.

Choisir les mots simples. Aussi simples que les plus doux plaisirs, même ceux que l’on tire des situations les plus complexes, des plus violentes passions. Et là est bien mon plaisir, telle est ma recherche, mon évidence, pour ces jours, ici-bas. Refléter, douloureusement, tendrement, ou les deux simultanément … Les affres d’une vie.

Un mot doit bien en valoir un autre. Aucune étoile n’est semblable, il n’est pourtant qu’un terme pour toutes. Le présent ne se conte pas. Je déteste les mots. C’est bien cela …

Je vous voue une haine profonde, pour cette promesse que vous constituez par votre simple existence ; promesse éternelle de tous les arts, mais des arts entre tous, il m’apparaît que vous vous êtes imposé à la nécessité humaine, tant et trop, à en devenir le plus vulgaire. Je vous exploiterai à l’inacceptable , vous emploierai à mal tant que je n’aurais pas touché au but, tant que je ne vous aurais pas contraint à cette parole impossible, de laquelle vous ne pouvez plus que vous défier de fait, dont vous ne savez plus qu’être l’outil de l’énoncé.

Ainsi. Il me faut tant de mensonges pour parvenir à enfin soustraire à l’alignement un semblant de vérité, bien plus que les manières, biographique ou historique, pour rendre une infime valeur à ce que je prête comme raison à votre torture, bien plus que la manière romancière pour restituer un si dérisoire extrait de la matière brute….

Puisque vous êtes toujours si vulgaires, menteurs, grossiers, infimes, approximatifs, injustes… Je ne peux que me résoudre à vous employer de la sorte.

Pendant qu’ainsi je m’acharne à vous faire porter mes propres manques, mon monde vous adule et vous honore ; vous voilà portés par un flot dont le courant dépasse, de combien, la grande rage de notre curieux siècle , cause de nos insuffisances. Il est de bon ton de régler ses comptes avec papa et maman et d’en faire part à la conscience collective, il est de grande mode de livrer, comme s’il s’agissait de la plus intime des confidences, l’air convaincu porté par le propos mûrement étayé, que l’œuvre nous a servi de thérapie … Quel ennui, auteur ! Ai-je besoin de ta pièce, de tes récits à la pudeur curieusement distribuée pour comprendre que je n’ai aucune vocation à devenir thérapeute ?

Et nous voici déjà dans le vif, avant d’avoir pris le temps de l’introduire. Un mensonge éhonté, image d’une terre en moi désolée, où du regard je ne peux que nourrir la jalousie de ce qu’ils y portent, eux, de talent. Un mensonge impertinent, qui ne saurait mieux représenter une pâle vérité trop chère à mon cœur.

C’est bien de cela qu’il s’agit, et bien ce que j’ai ici à offrir à qui voudrait s’y attarder. Elle peint. De ses mélanges de couleurs tantôt délicats et tantôt obscènes, de ses coups de pinceaux très mesurés aux mouvements les plus rageurs… Lorsqu’elle rejoint son univers intérieur de plein gré, que de sa toile elle nourrit le désir d’en créer un reflet, que chaque choix en appelle une infinité d’autre, celui du point de vue, celui de l’infinité des filtres de sa propre perception…

J’aime l’image d’elle dans ce contexte, lorsque, de ne plus rien faire que d’exister face au miroir qu’elle a alors choisi pour son âme, elle se livre, sans grille intellectuelle pour palier ou seulement adoucir ses paradoxes, sans autre forme de pudeur que celle … de rester humaine. Et encore.

Nous y sommes. C’est mon désir, de flirter avec sa manière. Ne rien en retirer, rien que de simples scènes. Ecrire comme elle peint.

#2 vallée

vallée

    vallee

  • TLPsien
  • 2,569 posts
  • Parcours poétique:zig-zag-zog

Posted 06 January 2006 - 06:28 PM

marcel
modernisé

c'est vraiment étonnant
cette "petite musique"
proustienne
et quand même originale

sous le charme
je suis

#3 subalterne

subalterne

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  • TLPsien
  • 45 posts
  • Parcours poétique:Plus d'heures perdues qu'il n'en aurait fallu a quiconque pour atteindre des sommets, sans doute.

Posted 06 January 2006 - 06:40 PM

Citation (vallée @ Jan 6 2006, 06:28 PM) <{POST_SNAPBACK}>
marcel
modernisé

c'est vraiment étonnant
cette "petite musique"
proustienne
et quand même originale

sous le charme
je suis


merci de ta lecture et pour cette réaction, Vallée.

#4 Joa

Joa

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  • TLPsien
  • 1,216 posts

Posted 06 January 2006 - 09:57 PM

Que j'aime cette atmosphère...remplie d'arabesques...

Particulièrement bien illustrée...cette sensation...
" C’est bien de cela qu’il s’agit, et bien ce que j’ai ici à offrir à qui voudrait s’y attarder. Elle peint. De ses mélanges de couleurs tantôt délicats et tantôt obscènes, de ses coups de pinceaux très mesurés aux mouvements les plus rageurs… Lorsqu’elle rejoint son univers intérieur de plein gré, que de sa toile elle nourrit le désir d’en créer un reflet, que chaque choix en appelle une infinité d’autre, celui du point de vue, celui de l’infinité des filtres de sa propre perception…"

#5 subalterne

subalterne

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  • TLPsien
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  • Parcours poétique:Plus d'heures perdues qu'il n'en aurait fallu a quiconque pour atteindre des sommets, sans doute.

Posted 07 January 2006 - 01:05 AM

Merci, Joa.

#6 .ds.

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  • TLPsien
  • 7,512 posts
  • Location:Perpignan, France

Posted 07 January 2006 - 01:16 AM

Je ne sais, en fait, écrire est-il à l'image de peindre ?
Chaque image suffit à l'instant,

Merci pour cette lecture.

#7 subalterne

subalterne

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  • TLPsien
  • 45 posts
  • Parcours poétique:Plus d'heures perdues qu'il n'en aurait fallu a quiconque pour atteindre des sommets, sans doute.

Posted 07 January 2006 - 01:40 AM

Citation (DouceSarah @ Jan 7 2006, 01:16 AM) <{POST_SNAPBACK}>
Je ne sais, en fait, écrire est-il à l'image de peindre ?
Chaque image suffit à l'instant,

Merci pour cette lecture.

Ca ne l'est pas, juste un fantasme ... et pour cause - je ne sais pas non plus peindre.

Merci à toi.

#8 .ds.

.ds.

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  • TLPsien
  • 7,512 posts
  • Location:Perpignan, France

Posted 07 January 2006 - 01:44 AM

Citation (subalterne @ Jan 6 2006, 12:40 PM) <{POST_SNAPBACK}>
Ca ne l'est pas, juste un fantasme ... et pour cause - je ne sais pas non plus peindre.

Merci à toi.



Alors, je vais re-lire... Juste comme çà. Merci à toi.

#9 subalterne

subalterne

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  • TLPsien
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  • Parcours poétique:Plus d'heures perdues qu'il n'en aurait fallu a quiconque pour atteindre des sommets, sans doute.

Posted 07 January 2006 - 10:59 AM

bon.... ce matin au réveil, j'ai trouvé ma bonne résolution de l'année.... cette fois c'est juré par saint miroir, j'apprends à écrire.... et à gérer mon ego smile.gif

je prend donc tout mensonge, toute faux compliment, toute remarque hypocrite.

C'est pour apprendre,si si...

merci d'avance smile.gif




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