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Vasavoirsi

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Topics I've Started

Le Clochard Et L'écrivain

22 November 2006 - 03:21 PM

Il est là tous les matins. Tous les matins, depuis de nombreuses années. Il fait partie du paysage. Immuable comme les grands arbres. Arbres à l’écorce rugueuse et marquée. Des traînées aux couteaux, des passages d’amants encore enlacés. Les gens qui passent ne le remarque même plus. Ne font pas attention à lui. Les yeux s’adaptent et ne cherchent que ce qui change. Pas ce qui reste.
Ce matin, il s’est levé avec peine. Son vieux carton n’avait pas résisté aux intempéries de la veille. Il avait plu toute la nuit et il regorgeait d’eau. Son abri de fortune s’était plié puis effondré. Il avait dû chercher refuge sous la voûte d’un immeuble. La voûte céleste ne voulant plus de lui.
Les étoiles s’étaient fait la belle et lui le clochard était encore plus démuni. Mais il avait l’habitude. Quoi que l’on puisse dire, on s’habitue à tout, même à la misère. Il s’était fait une raison.
Il est toujours quelque part, dans un jardin public. Autour, de vieilles HLM qui attendent d’être repeintes. Toute le monde l’appelle le clochard. Il n’a plus de prénom. Les prénoms sont offerts en gage d’une vie belle et heureuse. Lui, n’a plus de vie depuis longtemps. Il se contente juste de continuer, de la poursuivre au jour le jour. De rues en rues, de sols en bancs, de murs sales en murs blancs. Il ne parle plus à personne. Il ne demande même plus l’aumône. Ses besoins sont écrits sur un vieux bout de carton arraché. Il demande d’ailleurs encore quelques francs. Assis contre le mur d’un quelconque immeuble, ils voient passer des files interminables de pantalons, tissus en jean ou en velours, de jambes féminines fines ou grosses, d’escarpins, de bottes, de chaussures de sport. Ils ne voient plus les visages, plus les regards. Il ne voit plus que la moitié basse du monde. Plus que ce qui est à raz de terre. Plus que ce qui est capable de ramper, de se traîner, de mendier. Quand il se relève, c’est toujours après avoir compté les quelques pièces tombées dans le gobelet en plastique. Jamais assez. Assez pour une véritable nuit, pour un véritable repas. Assez toujours pour le litre de rouge infâme qui lui fera oublier les raisons de sa déchéance. Pas assez pour ne plus aller vers les poubelles qui jalonnent le boulevard. Pas assez pour y faire glisser ses mains à la recherche de ce que les autres ne veulent plus. Pas assez pour les prendre pour lui, pour le clochard qu’il est et qu’il sera jusqu’à la fin de sa vie.

- Fichue poubelle qui ne contient jamais rien. Qui ne contiendra jamais de trésors. Fichue poubelle ! Boite à lettres de sa vie de merde !

Ce matin, il n’eut à nouveau que quelques pièces. Ce matin-là, il ne trouva rien de comestible dans les poubelles. Rien à part, une feuille de papier en boule, qu’il déplia et défroissa délicatement avec ses doigts. Il y avait des mots écrits dessus. Des mots raturés, des phrases entières. De longues phrases qui s’esquissaient finement. C’était l’écriture de son inconnue. Cette femme mystère qui déposait des bouts d’histoire dans les poubelles. Toujours celles qui sont sur le boulevard. Il se dit qu’aujourd’hui, c’était son jour de chance. Aujourd’hui, cette femme lui avait encore écrit. Il se dit qu’il allait retourner contre son mur et qu’il la lirait là-bas. Il sourit. Il regarda quelques personnes. De ce monde du haut, il vit de trop nombreux visages. Cela lui donna le tournis. Elle était peut-être encore là, à le regarder de loin. À attendre sa réaction. Il scruta le visage des femmes, mais comment aurait-il pu reconnaître l’écrivain ?

Corinne

Les Petites Vieilles

21 November 2006 - 10:09 AM

Elle a les mots en l'air. Elle a les gestes à fleur de peau. Ils transpercent l'espace, contournent le monde, rejoignent d'autres places. Des grandes places aux bancs de marbre.
Des silhouettes vieillissantes se penchant sans le faire exprès. Un peu fatiguées. La bouche qui forme des syllabes, les laisse s'échapper. Par en dessous, remontent et atteignent les oreilles attentives. Des mots. Des paroles sur la vie qui s'en va. Sur la vie d'avant qui revient. Par bribes. Elles se sont raconté la vie qui passe. Elles ont vu encore une fois ce qu'elles étaient avant. Elles ont décousu le fil du temps. Elles se sont pendues aux lèvres. Non pas suspendues.
Mais il est temps. Temps de partir.
La silhouette sur le banc force sur sa canne. Elle se lève. L'autre la regarde. Elle lui accorde encore quelques mots :

- Fais attention à toi. Ne reste pas trop longtemps là. Tu risquerais de prendre froid.

Elle hoche la tête. Elle sourit aussi. Un peu. Toujours les mêmes paroles. Des mots tendres, des mots habituels qui ne perdent pas de leur magie.
Ces deux-là s'aiment. Elles se sont toujours aimées. Elles ont fait de si longues traversées. Ensembles. Sans jamais avoir pu se séparer.
Seul le temps s'agrippe, s'accroche à elles. Les malmène.

La vieille s'éloigne. Sa vraie, sa fausse compagne reste encore un peu assise sur le banc. Elle la regarde disparaître. Elle se dit juste qu'elle ne va pas encore se lever. Non pas encore. Elle va encore rester un peu là. À regarder les passants, jouer les enfants, peut-être aussi donner un peu de pain aux pigeons.
Il fait beau aujourd'hui. Le ciel n'a pas encore tout à fait sa teinte de gris.
Et puis il y a cette jeune femme plus loin. Près de la fontaine. Cette jeune femme, seule, qui décoche des mots. Des mots en l’air. Des gestes à fleur de peau. En suspension, des infinités de sons. Des fragments d’émotions.
Elle aurait juré qu’elle pleurait. Mais elle est trop loin pour en être certaine. Elle ne veut pas la déranger. C’est si étrange. Si particulier.
Peut-être qu’elle ira lui parler. Peut-être qu’elle lui dira même que c’est beau. Qu’elle lui a offert un peu de sa jeunesse d’antan. Un instant avec le passé.
Mais peut-on dire ces choses-là aux étrangers ?


Elle a longtemps hésité. Elle a pris soin de bien l’observer. De loin, elle pouvait se permettre de ne rien perdre des élans gestuels de la jeune femme. De ses mains longues et fines qui s’envolaient vers le ciel puis subitement qui s’arrêtaient. Comme percutant un mur invisible. Comme ayant atteint l’objectif de la cible. Ce n’était pas fracassant. C’était fort et muet. Cela ne brassait rien. Cela touchait qu’un seul point. Un point qu’elle seule voyait. La vieille dame essayait de comprendre. De voir cet horizon où la limite venait d’être atteinte. Cet endroit où les mains avaient touché une vie.
Le visage de la jeune femme était à la fois triste et souriant. C’était un mélange étrange d’émotions. Des sensations qui ne pouvaient aller ensemble. Tellement elles étaient à la frontière l’une de l’autre.
Mais la jeune femme était cela. Elle était triste. Elle était souriante. Et la vieille, plus elle l’a regardé, plus elle se mettait à l’aimer. Aimer cette étrangère d’un amour hors de propos. Cela la rendit triste aussi. Elle baissa les yeux et elle vit ses mains. Petites et ridées. Affreusement abîmées par le temps. Elle les rassembla. Les serras l’une contre l’autre. Si fort qu’elle se fît mal.

- Tu n’es pas raisonnable. Tu n’es qu’une vieille folle. Qu’une veille lesbienne sans séduction. Tu as perdu ta beauté. Tes charmes avec le nombre des années. Les gens ne te regardent plus. Plus comme tu aimerais qu’ils te voient. Plus comme toi tu te vois à l’arrière du miroir quand les ombres prennent la glace et la figent. Détruisent la lumière et qu’apparaît cette fameuse image que toi seule est capable de voir.

Elle se leva pourtant. Doucement. Elle prit tout son temps. Pas à pas. Elle se dirigea vers la silhouette tendrement féminine. Ensorcelante. Vers cette femme qu’elle avait été dans le temps. Avant que cela commence. Avant que sa vie devienne cette chose.


D'abord il y eut un flash blanc. Crépitant. Une onde tumultueuse qui s’engouffra dans les regards. Son regard de petite vieille trouvant celui de la femme plus jeune. Y restant. Prenant position.
Elle ne se rendit pas compte tout de suite. Mais le choc généra l’onde tout autour d’elles. La lumière baissa d’intensité ou alors explosa car elle vit les choses et les formes différemment. Cela flottait dans l’air. Cela changeait la matière. Les arbres fondaient dans le paysage. Les feuilles s’écoulaient en sève cristalline. L’odeur se chargeait de chlorophylle. Il y avait des senteurs puissantes d’eau s’accouplant avec l’herbe. Avec la rugosité de l’écorce de l’arbre qui s’émiettait. La vie se transformait.
Cela n’était pas difficile à regarder. Cela ne faisait pas mal. C’était naturel. Puissant. Et la vieille savait que c’était cela que l’impact devait provoquer. Elle su dès qu’elle vit les yeux de la jeune femme. Elle comprit dès que l’iris la pénétra.
Elle la laissa faire. La laissa s’approcher.
Puis il y eut les gestes. Les gestes de ses mains fines et longues. Simples et volatiles. Des gestes, des caresses, des sourires. Des ouvertures vers elle. Des appels silencieux.
Ses mains s’élevaient au-dessus d’elle, s’amplifiaient tout autour, prenaient l’espace, le transformaient. Ses mains dansaient. Virevoltaient. Ses mains aimaient l’invisible.
Lui faisaient l’amour. Le caressaient, cherchaient ce point où il se mettrait à gémir. Soupirer. Crier.
Le son. L’apparition de la tonalité. La bouche gourmande qui s’ouvre. Le souffle chaud et suave. L’air qui devient autre. Qui devient elle. Un peu plus d’elle à chaque gorgée prise. A chaque bouffée redonnée. La bouche dans un baiser offre les mots. Des mots étranges à son oreille.
Des mots qu’elle avait entendu avant, bien des fois, sans doute trop de fois pour en savourer la consistance. L’essence. La force qui y était réellement apposée.
Ce jour-là, elle vit pour la première fois les mots en l’air. Les gestes en suspension. Elle vit ce que la jeune femme savait déployer. Son étrange pouvoir.

Corinne

Avant La Fête.

22 October 2006 - 10:37 AM

Comme chaque jour, les petits vieux de la bourgade d’Amosis se retrouvaient sur un des bancs qui avait vu sur la place de la mairie. Le grand centre-ville en quelque sorte. Sous l’ombre des platanes, ils discutaient du temps qui passe. De ces histoires d'hommes tombés à terre. Mort pour la france. Mort par manque de chance. Il fallait que cela tombe sur quelqu'un. C'était tombé sur eux. Lui, l’ancien colonel Albain avait survécu. Il avait eu le temps de voir mourir ses hommes. Un à un. Il avait eût le temps de faire comme si. On ne peut pas sauver tout le monde.
Il avait avancé au milieu des cadavres, au milieu des coups de feu, dans le désert, en France, en Allemagne, puis plus loin. Dans le temps. D’autres continents. Il avait pris du galon. Il était devenu un homme important. Quand on réchappe à la mort, on devient caporal, puis sergent, lieutenant, capitaine, colonel.
Et puis la guerre s’arrête. Enfin. On rentre chez les siens.
On retourne dans son village. On se rend compte que la vie n’a pas cessé. Qu’elle a continué sans vous.
Assis sur leur banc, les petits vieux racontent et se rappellent. Ils regardent la vie s’animer sur la place de la mairie. La fête est revenue. Elle prend ses aises. S’installe. Ils se souviennent de celles d’antan. D’avant, d’après la guerre aussi. Quelques hommes n’étaient plus là. De nouveaux étaient venus. Étaient restés. Les femmes étaient là. À tendre les bras. À sourire. Pleurer de joie. Elles avaient mis des fleurs à leurs chevelures, leurs plus belles robes. Et elles s’occupaient de tout. Le cantonnier municipal avait recreusé les trous et planté les grands mâts, aux entrées du village. Il avait tendu entre ces poteaux des guirlandes de petits drapeaux en papier. On avait accroché les guirlandes électriques, fabrication maison, réalisées avec des ampoules normales peintes de diverses couleurs, qui allaient illuminer l'entrée du village et la piste de danse. Le podium pour l'orchestre se dressait fièrement sur le devant. Ce fut pendant très longtemps une remorque prêtée par un agriculteur et décorée de feuillage et de verdure. De même la buvette indispensable à cette manifestation était installée depuis la nuit des temps par le patron du café de la rue Laissac. Aujourd’hui, c’était un original toujours très près de ses sous. Qui avait un sens du commerce peu commun.
Les jours précédant la fête, les gamins rôdaient autour de la place de la mairie, attirés par tout ce remue-ménage. Les véhicules étant rares, dès qu’ils entendaient un bruit de camion sur la route principale, ils se précipitaient pour escorter un éventuel forain. Ils n'étaient guère nombreux :
Un manège de chevaux de bois s'installait devant le tilleul, un où deux stands de tirs dressaient leurs toiles, une loterie et des balançoires.
Ils s’en souviennent parfaitement. C’étaient de lourdes barques de tôle peintes de couleurs vives et tellement robustes que les adolescents et même les adultes pouvaient les utiliser. Et ils ne s'en privaient pas. L’autre manège était plus dangereux : vous étiez assis dans une petite nacelle suspendue par des chaînes au toit du manège. Ce toit se mettait à tourner très vite et la force centrifuge vous soulevait jusqu'à l'horizontale. Le jeu consistait à attraper celui où surtout celle qui était devant vous et d'entortiller les chaînes. Il n’y eut jamais de blessé. On se demande encore comment cela fut possible.
Mais l'arrivée de la loterie était quand même l’attraction reine. Deux vieilles dames adorables tenaient cette loterie et leur roulotte était tirée par un engin extraordinaire. C'était un antique tracteur de l'artillerie américaine. Celle de la guerre de 14. Avec son museau court, sa cabine à l'air libre, son volant en bois, ses roues à rayons avec leur bandage plein et sa transmission par chaîne, il faisait déjà figure d'antiquité, c'est pour dire ! Il se traînait à 4 ou 5 kilomètres à l'heure et la cohorte des enfants lui faisait une joyeuse escorte.
Les corbeilles d'osier remplies de petits papiers enroulés et maintenus scellés par un minuscule anneau, attendaient les acheteurs. Impossible de savoir qui gagnerait la série de casseroles en aluminium, un des gros lots. Le plus souvent on repartait avec un verre ou une babiole, mais il était toujours possible d'échanger le cadeau non désiré pour un cadeau équivalent.
Au stand de tir, les hommes, un peu éméchés se lançaient des défis. Il s'agissait de casser des pipes en terre ou de faire un score maximum sur une cible. Mais le maladroit vous expliquait d'un air sentencieux que le patron du tir, un fameux requin, avait tordu les canons des carabines afin que les tireurs ne gagnent pas trop souvent. Les vainqueurs, un peu sadiques, trouvaient, eux, que les carabines étaient parfaites. Les défis les plus fameux attiraient, pour quelques minutes, une foule de badauds qui commentaient les faits et gestes des deux protagonistes. Le duel se terminait en général sur la terrasse d'en face devant une bonne bouteille.
Une autre loterie où l'on pouvait gagner des poupées grâce à une grande roue se dressait devant l'entrée de la mairie. Enfin, le jour de la fête, à la dernière minute, un ou deux marchands ambulants : Pétards, jouets, bonbons, cacahuètes, déballaient leur étal.
Amosis avait perpétué la tradition. Rien ne manquait. Tout était là, comme avant. Les petits vieux n’en perdaient pas une miette. Ils étaient heureux. Il y avait vraiment foule en ce jour. Tout l'après-midi, l'orchestre, juché sur le plateau d'un camion, celui de Monsieur Duval avait procédé à la distribution des bouquets et des ballons. Ces bouquets étaient formés de quelques fleurs en papier multicolore attachées sur des tiges en fil de fer et enveloppées d'un carré de papier blanc. Mme Espalier, la fleuriste d’Amosis les fournissait ainsi que les petites fleurs que des jeunes filles vous épinglaient en souriant à la veste dès votre arrivée à la fête moyennant deux euros.
Tout le monde riait. Tout le monde souriait. S’amusait. Parlait. La joie dévalait les rues. S’engouffrait dans les maisons. Y restait. Imprégnait l’atmosphère de fleurs et de cotillons. Tout le monde. Oui tout le monde sauf une personne. Une ombre qui ne se tenait même pas à l’écart. Qui se trouvait au milieu de la foule. On n’est jamais aussi bien caché que parmi les autres. Et dans le bruit, le tumulte des paroles, des chants et de la musique, personne n’entendit le coup de feu qui s’arracha du 9 millimètres. Qui poursuivit sa course comme au ralenti et percuta de plein fouet le cœur du colonel Albain.

Corinne

Les Mains Des Esclaves

21 October 2006 - 12:21 AM

Quand on écrit plus, que se passe-t-il dans les interstices ?
La magie n'opère plus. Il ne reste que les silences qui s'entrechoquent. Cela ne produit aucun bruit. C'est ouaté. Du coton que l'on file entre les mains tranchées des esclaves.
Voleurs de rien. Ils pleurent. La douleur et la honte ne leur donnent plus la force de continuer.

Je reviens dans mon monde. Je n'éprouve aucune pitié. Je ne peux rien pour eux.
Je n'ai envie de penser qu'à moi. À ce manque de mots. Ces cadavres de phrases. Ces lettres détachées, éparpillées.

Je suis une enfant. Je joue avec des cubes. Des formes et des couleurs qui me plaisent. J'ai réussi à en prendre un dans ma main. C'est un M.

- Oui. M comme maman me dit la voix. Maman.

Elle articule. Elle force le trait. Le mot devient grotesque. Antipathique. J'ai jeté le cube. J'aime le petit bruit rigolo. Dong.

Un canard en plastique entre mes mains. Couic.

C’est totalement anachronique, impossible, mais je pense à ça, enfant, bébé, à ce petit canard jaune dans les mains coupées des esclaves.


Corinne

Prendre Un Café

15 October 2006 - 04:46 PM

L'amour ne devrait être que sourire et larmes de joie, caresses et baisers tendres, passionnés.
Etreintes des corps encore et encore. Toujours s’aimer de plus en plus fort.
Juste être là toutes les deux. Ensemble.
Se perdre les yeux dans les yeux, confondre nos couleurs et les mélanger comme sur une palette d’artiste peintre.
En sortir une nouvelle teinte, le parfait mélange de toi et de moi.
Juste prendre le temps de te dessiner, d’esquisser ce que tu es.
Mes mains sur ton corps révélant la lumière de l’horizon.
Nous serons là à chaque aube des amantes. A la naissance de ses plus belles raisons.
Celles qui font et se défont dans nos souffles les plus profonds.

Le soleil vient de se lever.
Par la fenêtre, je le vois qui tente de nous appeler.
Mais je veux encore te regarder dormir. Mais je veux encore poser ma bouche sur ton corps.
Juste faire glisser tes cheveux pour te dévoiler encore.
J’aime ta nudité. J’aime les courbes de ton corps parfait.
Sur les draps froissés, je viens à nouveau te chercher.
Je me fais tendre et légère comme pour te murmurer. Doucement t’inviter avec le soleil, effluves de caresses et poudres de baisers.
Juste des effleurements de plaisir pour te faire ouvrir tes yeux fermés.
Ton sourire s’invite sur ta bouche. Je sais que tu es là avec moi maintenant.
Je me glisse sur toi, sur nous je recouvre le drap.
« Bonjour mon amour, tu m’as manqué » dans ton oreille déposé.

Doucement tes yeux qui s’entrouvrent, sous tes paupières encore lourdes, la couleur de tes yeux apparaît. Bleu vert, mélange du ciel et de la terre.
C’est comme une magnifique lumière sur ma silhouette toute entière.
Je me sens Diane, chasseresse de tous nos péchés.
Je me sens l’ouverture de ta porte vers l’éternité.
J’ai trouvé le chemin qui emmenait vers ton cœur.
Dans la profondeur de tes yeux, je vois ma vie tout en couleur.
Ton regard dans mon regard, il est encore tôt pour errer sur les trottoirs.
Avec toi, je ne serais jamais une orpheline dans les dortoirs.
Avec moi, tu seras toujours le sourire d’une femme que l’on attendait
Devant la porte d’un pensionnat fermé.

Lentement ta bouche appelle ma bouche.
Je viens chercher le goût fruité de tes baisers. Je sens ta main qui me touche.
Nos langues qui s’aiment et s’emmêlent, cherchant les sons qu’elles ne peuvent plus
prononcer.
Hum, que j’aime t’embrasser. Hum, que j’aime les petits bruits de nos plaisirs partagés.
Je sens les vagues languissantes qui montent inexorablement.
Je sens ton corps qui dansent sous mes mains lentement.
Tu es à moi. Je suis à toi.
Nous sommes à nous.
On se mélange, dessus dessous.
Je te suis bras à bras.

Non !!! Mon amour, viens encore sur moi.
Je veux voir encore le feu dans le bleu de tes yeux.
Je veux sentir la femme dominatrice en toi.
Tu es là, plus forte, plus belle que moi.
Je t’admire en train de me dominer.
Sais tu qu’avant toi, personne ne l’avait jamais fait ?
Sais tu, que jamais, je ne m’étais autant donné ?
Si tu me regardes, tu me verras dans toute ma fragilité.
Je te laisse ouverte la porte vers mon intimité.

Non !!! Mon amour, restes encore un peu sous moi.
Je veux encore que tu vois le feu dans l’ombre de mes yeux.
Je veux sentir la femme soumise en toi.
Tu es là, plus fragile, encore plus belle que moi.
Je t’admire en train de te laisser aller.
Je fais attention à chacun de tes gémissements, à chacune de tes voluptés.
J’aime aller prendre sur ton corps tes plaisirs les plus convoités.
Hum !! Dis moi encore que tu aimes ce que je te fais.
Hum !! Tu m’excites terriblement.
La chaleur fait assaut dans mon sang.
J’aime ta langue qui vient chercher le goût de mes baisers.
Mais il te faudra encore attendre que je vienne la chercher.

Oui !!! Je ne suis qu’une chienne.
Oh oui !!! J’aime aussi quand tu me malmènes.
Mes mains se font plus violentes, je laisse des traces sur tes fesses voluptueuses,
Des morsures encore plus savoureuses.
Mon corps en te faisant l’amour, subit les tempêtes les plus fortes.
Des vagues font sacs et ressacs et toujours m’emportent.
Mes gémissements à ton oreille ne sont à nul autre pareil.
Quand je t’entends crier, je me sens défaillir et prête à sombrer.
Mais je veux encore tenir, mais je veux encore te faire languir.

Encore ma bouche sur ta bouche.
Violente et terriblement passionnée.
Ma langue encore sur tes seins, avide de les lécher.
Ma bouche sur tes mamelons à les sucer.
Des morsures sur tes tétons à te faire hurler.
J’aime quand tu as mal. Je sais que tu aimes ça.
Je sais que tu ne demandes que ça.
Hum !!!! Je suis esclave de ton corps et de ses péchés.
Je ne peux plus, au plus suave d’entre eux, résister.
Je me fait glisser entre tes cuisses écartées.
Hum !! Implores moi encore de venir t’achever.
Demandes moi de venir boire ton antre mouillée.

J’aime te voir m’être entièrement soumise.
J’aime quand tu te sais être mon esclave, ma chienne conquise.
Je t’écarte violemment les cuisses, ma langue ne te laissant plus aucun répis.
J’aime trop entendre tes gémissements et tes cris.
J’aime ton corps agité de soubresauts sous mes assauts.
Je sais que tu me demandes silencieusement de te pénétrer.
Tu veux mes doigts, un à un dans ta chatte assoiffée.
Sois ma chienne, sois mon esclave encore une fois.
Je t’accorde le privilège de venir me lécher
Avant de venir enfin te faire succomber.
Viens, mon amour sur moi, j’écarte les cuisses juste pour toi.
Viens me prendre dans ma totale intimité.


Je te regarde revenir sur moi.
Ton air de défis me fait défaillir. Tu si belle, si souveraine.
Je me sens si totalement à toi. Comme toi, tu es totalement mienne.
Tu viens de reprendre le contrôle.
Je ne me sens plus que ta chienne à hurler comme une folle.
Tu me rends dingue sous tes caresses et tes mouvements.
Je suis dans le plus beau de mes tourments.
Je sais que tu ne me laisseras plus te prendre.
Tu veux me faire jouir, me faire me rendre.
Tu veux entendre le plus beau de mes gémissements.
Celui de l’extase de tes doigts me pénétrant.
Oui !!! je ne n’en peux plus.
Oui !!! tu es la plus forte, la meilleure.
Oui !!! je ne suis que ton esclave, que ta chienne en chaleur.
Oui !!! fais nous jouir, mon amour, mon cœur.

Sur les draps défaits, je m’allonge à côté de toi.
Tu es si belle avec dans le regard, tes armées conquérantes soumises.
Je t’ai moi aussi déposé mes armes, je suis totalement à toi
Je suis si bien avec toi, le passé n’a plus de prise.
Juste me laisser aller dans tes bras, ouvrir toutes ces portes que je ne sais pas.
Juste te dire que je t’aime
Que je t’aime …
Que je t’aime …

Puis prendre le temps de boire un café, attablées à cette terrasse ensoleillée.
Les jours de pluie se sourire par en dessous parce qu'on sait qu'on s'aime toutes les deux
et qu'on s'aimera toujours.
Etre plus forte que le monde entier parce que l'on sait.
Elle sait, je sais que c'est elle à jamais.

Dans ma vie, je t’ouvre le chemin vers moi.
De Paris à New York, je suis avec toi pas à pas.
Si tu m’appelles, si tu as besoin de moi, je t’ouvrirais toujours mes bras.
Ma vie la plus profonde, c’est toi.


Corinne