48 replies to this topic

[heloise]

Il n’est pas tombé
Il s’est juste allongé pour dormir
Non j’ai menti
Il est tombé en hurlant comme un chien
Sa jambe son ventre quelque chose de rougeoyant
Brancardier ! Brancardier !
Moi je n’avais qu’une main arrachée
(Comment t’écrire de la main gauche)
J’ai ri tant j’étais heureux d’être vivant
Autour des morts d’autres morts
On nous avait dit tenir encore tenir
Mais tous ces bruits agglutinés à nos tempes
Des bruits de kermesse d’une sale kermesse
Même avec une seule main
Ramper ramper jusqu’aux chevaux éventrés
Leurs entrailles fument longtemps
Plus longtemps que celles des hommes
A vingt deux ans et deux mois
Elles fument à peine
Avec une seule main j’ai essayé
Presque deux longues heures je crois
Avec les deux mains peut-être
Il aurait tenu une heure de plus
Oui je mentirai de nouveau
Il n’est pas tombé
Il s’est juste allongé pour dormir
Un éclat d’obus
Un trou minuscule et presque pas de sang
C’était le dimanche 28 mai
Un printemps sans arbres sans insectes
Partout des tranchées
Des hommes Des chevaux Des tranchées
Des morts
Sept cent mille morts

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[Félice]

Comtesse,

Moi qui suis gauchère, cette inversion de tout ce qui fait le cerveau m'est familière. Oui, la guerre, c'est comme être obligé d'écrire de l'Autre main. De renverser tout ce qu'on sait et de le faire en miroir.

La mort devient peut-être plus normale que la vie. Le sang devient un être qu'à force de cotoyer, on finit par tutoyer. Le monde se retourne et montre son côté pile ou son côté face. Ce qui est impossible devient possible.

Je n'ose imaginer le symbole qui se cache sous le voile de tes mots.

Alors oui, parfois... mentons. Mentons pour reprendre notre souffle. C'est une stratégie comme une autre.

Comtesse, je fouille pour toi dans ma vieille besace et en sors un GRRRRRR... très particulier que je n'adresse qu'à toi. Et qu'une fois. Pour qu'il soit rare... autant que ton écriture est unique.

Félice.

[Artemisia]

Je suis très sensible à ce texte, Héloïse.
Il m'a vraiment tiré des larmes.
Un grand père que j'ai beaucoup aimé
Un grand père qui m'a élévée.
Qui eut le poignet traversé par une balle
et toujours trois doigts de la main droite morts.
Un grand père qui me racontait en pleurant
les cauchemars qu'il faisait
jusque 60 ans plus tard.

Il est beau, ton poème, Héloïse.

Artemisia

[Eden]

d'accord avec artemisia

[Gaston Kwizera]

je t'écris de ma main gauche, que j'ai aimé ce texte aussi

[Joa]

Fort troublant...

[Galy]

Moi aussi, je t'écris de ma main gauche ... pour te faire une énorme bise,
Touchée par ton poème,
Galy.

[heloise]

cette main gauche 'fait froid dans dos'.... un texte poignant...
bien a toi

wldp

Dimanche 28 mai 1916
A Verdun
Un carnage effroyable
Bien à toi

[(cloud)]

poème réussi
donc dur

"Partout des tranchées
Des hommes Des chevaux Des tranchées
Des morts
Sept cent mille morts"

la fin me souffle.

cloud

[belvis]

Il es mort...et il me sourit...

Délivré de l'horreur ?...

[Ben-du-Toit]

Quelle saloperie que la guerre.
On ne le dira jamais assez ...

[heloise]

Comtesse,

Moi qui suis gauchère, cette inversion de tout ce qui fait le cerveau m'est familière. Oui, la guerre, c'est comme être obligé d'écrire de l'Autre main. De renverser tout ce qu'on sait et de le faire en miroir.

La mort devient peut-être plus normale que la vie. Le sang devient un être qu'à force de cotoyer, on finit par tutoyer. Le monde se retourne et montre son côté pile ou son côté face. Ce qui est impossible devient possible.

Je n'ose imaginer le symbole qui se cache sous le voile de tes mots.

Alors oui, parfois... mentons. Mentons pour reprendre notre souffle. C'est une stratégie comme une autre.

Comtesse, je fouille pour toi dans ma vieille besace et en sors un GRRRRRR... très particulier que je n'adresse qu'à toi. Et qu'une fois. Pour qu'il soit rare... autant que ton écriture est unique.

Félice.

Merci douce Féline de ce Grrrrrrrrr que tu veux unique pour moi
Ce texte n'est pas qu'une énième constatation du carnage que fut Verdun
Il y a, comme tu l'as supposé fort justement, quelques clefs qui ouvrent des serrures secrètes
Pour ce qui me concerne, l'accident eut lieu à gauche, par chance, car je suis droitière
Mentir parfois pour atténuer la peine de l'autre
Enfin bref... Tu me connais, je ne veux que vaguement suggérer
Bien à toi

[lacape]

émouvant tes mots !!
bizz hélo !!

[heloise]

Je suis très sensible à ce texte, Héloïse.
Il m'a vraiment tiré des larmes.
Un grand père que j'ai beaucoup aimé
Un grand père qui m'a élévée.
Qui eut le poignet traversé par une balle
et toujours trois doigts de la main droite morts.
Un grand père qui me racontait en pleurant
les cauchemars qu'il faisait
jusque 60 ans plus tard.

Il est beau, ton poème, Héloïse.

Artemisia

Il y aura 90 ans demain
Un carnage dont seuls les humains ont le secret
Les animaux, eux, ont de nobles raisons pour faire couler le sang
Bises pour toi

d'accord avec artemisia

Il y en eut d'autres
Et il y en aura d'autres
Printemps d'enfer

[Félice]

Et comme tu sais bien suggérer, comtesse !

J'te claque une bise depuis Bruxelles.

Félice.

[comtedormestconti]

Je n'aime guerre...

Rimbaud l'avait ecrit aussi...

A relire a ceux qui nous font partir pour quelle cause... n'est ce pas?

[heloise]

je t'écris de ma main gauche, que j'ai aimé ce texte aussi

Et si la guerre se faisait à coups de mots
Tirés à bout portant
Blessants
Mortels
Autour d'une table où ne seraient conviés
Que les Présidents et les généraux

Une utopie pour un monde parallèle
Qui sait ?

Bises pour toi

Fort troublant...

Pas troublant
Juste une histoire parmi 700 000 autres
C'est le prix en vies humaines des combats de Verdun

Bises pour toi

[heloise]

Moi aussi, je t'écris de ma main gauche ... pour te faire une énorme bise,
Touchée par ton poème,
Galy.

Merci ma Galy
Elle a existé cette journée du dimanche 28 mai 1916
Un carnage pour des centaines de jeunes hommes
Les combats (ou plutôt l'enfer) de Verdun ont duré plusieurs mois
700 000 morts en tout

Bien à toi

poème réussi
donc dur

"Partout des tranchées
Des hommes Des chevaux Des tranchées
Des morts
Sept cent mille morts"

la fin me souffle.

cloud

Après dix mois d’atroces souffrances pour les deux camps, la bataille aura coûté 377 000 hommes (tués et blessés) aux Français, 327 000 aux Allemands, 22 millions d’obus aux Allemands et 15 millions d’obus aux Français. Les hommes ont fait preuve de la pire des sauvageries durant dix longs mois. Ils ont subi la pluie, le froid, la neige, le feu et le fer. Seuls devant la mort, ils ont été ravalés à l’état de bêtes. Tout cela pour rien ? Tout cela pour quelques kilomètres carrés d'une terre devenue morte et sans vie.

A elle seule cette bataille pourrait symboliser toute l'absurdité de cette guerre, toute l'absurdité et le gâchis de toutes les guerres.

[balila]

Plusieurs fois que je passe, que je lis, c'est tellement bien écrit Héloïse...

Et puis les commentaires passants imprègnent d'autant plus ton texte qu'il m'est difficile de ne pas laisser là un sentiment qui me rappelle d'autres guerres, un grand-père...

balila

Edited by balila, 27 May 2006 - 08:25 PM.

[Christiane]

Il n’est pas tombé
Il s’est juste allongé pour dormir
Non j’ai menti
Il est tombé en hurlant comme un chien
Sa jambe son ventre quelque chose de rougeoyant
Brancardier ! Brancardier !
Moi je n’avais qu’une main arrachée
(Comment t’écrire de la main gauche)
J’ai ri tant j’étais heureux d’être vivant
Autour des morts d’autres morts
On nous avait dit tenir encore tenir
Mais tous ces bruits agglutinés à nos tempes
Des bruits de kermesse d’une sale kermesse
Même avec une seule main
Ramper ramper jusqu’aux chevaux éventrés
Leurs entrailles fument longtemps
Plus longtemps que celles des hommes
A vingt deux ans et deux mois
Elles fument à peine
Avec une seule main j’ai essayé
Presque deux longues heures je crois
Avec les deux mains peut-être
Il aurait tenu une heure de plus
Oui je mentirai de nouveau
Il n’est pas tombé
Il s’est juste allongé pour dormir
Un éclat d’obus
Un trou minuscule et presque pas de sang
C’était le dimanche 28 mai
Un printemps sans arbres sans insectes
Partout des tranchées
Des hommes Des chevaux Des tranchées
Des morts
Sept cent mille morts

[Ben-du-Toit]

J'ai relu ce poème.
C'est une évocation originale et très forte de ces horribles batailles,
et un bel hommage rendu à ces jeunes gens à qui on avait dit :
"ça ne sera pas long"

[Christiane]

Bonjour,

Il est vrai qu'en l'an 2000 on aurai cru partir sur la lune, mais les guerres sont toujours là
les leçons du passé n'ont pas été retenus, et nous vivons encore les horreurs de la guerre
Ce n'est pas si loin de nous.
merci pour ton poême

[Charlie]

Rien qu'en lisant le titre je ne m'attendais pas du tout à un tel texte...
J'ai lu et je me dis pfffffffffffff quel texte quel titre!
C'est d'une main gauche maladroite que je te salue aussi
Charlie
Demain c'est p't'être la fête des mères mais j'aurais une pensée pour tous ces soldats...

[heloise]

Il es mort...et il me sourit...

Délivré de l'horreur ?...

Qui le sait ?
La dernière vision s'imprime sur l'iris
Combien de temps y reste-t-elle ?

Bien à toi

[heloise]

Quelle saloperie que la guerre.
On ne le dira jamais assez ...

Il ne servira jamais à rien de le dire
Les hommes ont été créés pour s'entretuer
Pour le plaisir
Les animaux le font pour leur survie

Bien à toi

[heloise]

émouvant tes mots !!
bizz hélo !!

Ce sont tous ces jeunes hommes morts pour rien qui sont émouvants
Pour quelques km2 d'une terre devenue odieuse

[Ben-du-Toit]

Il ne servira jamais à rien de le dire
Les hommes ont été créés pour s'entretuer
Pour le plaisir
Les animaux le font pour leur survie

Bien à toi

Moi je ne sais pas pour quoi sont faits les humains.
L'histoire nous enseigne ce qu'ils ont déjà fait, et c'est horrible.
L'actualité nous montre des nations qui fabriquent leur bombe.

Mais Jean-Saul Partre a dit "l'existence précède l'essence"
Alors existons et essayons d'être créatif
Et même si un jour tout doit pèter :
"C'est plus beau quand c'est inutile"

Moi ça me fait un peu rigoler ceux qui se complaisent
(je ne parle pas pour ce texte que je trouve exellent)
dans la désespérance, les désabusés littéraires, ceux qui n'ont pas tellement vécu.
Et qui traitent les vieux de cons parce qu'apaisés à la fin de leur vie,
ils ont comme un sourire béat au visage.
Bon, Guillaume Alain ne va pas m'aimer, lui qui se balade toujours
avec un flingue pour en finir.

Edited by Ben-du-Toit, 28 May 2006 - 10:39 AM.

[heloise]

Et comme tu sais bien suggérer, comtesse !

J'te claque une bise depuis Bruxelles.

Félice.

Si tu passes à Rixensart
Pas très loin de Brussels
Et de Waterloo
Tu y trouveras le château des Princes de Mérode

Bien à toi

[heloise]

Je n'aime guerre...

Rimbaud l'avait ecrit aussi...

A relire a ceux qui nous font partir pour quelle cause... n'est ce pas?

Mourir à la guerre
Inutilement
Effroyablement déchiqueté
Et le pire
Sans que cela serve jamais de leçon

[heloise]

Plusieurs fois que je passe, que je lis, c'est tellement bien écrit Héloïse...

Et puis les commentaires passants imprègnent d'autant plus ton texte qu'il m'est difficile de ne pas laisser là un sentiment qui me rappelle d'autres guerres, un grand-père...

balila

Merci Balila
Mon arrière-grand-père aussi
Gazé et mort prématurément
Et qui pourrait dire qu'aucun de ses ascendants n'a été tué dans l'une des guerres qui émaillent de pourpre notre Histoire

Bien à toi