10 replies to this topic

[serioscal]

L'origine du néant est une nuit
où je mange des oranges
sous une lampe rouge qui diffuse
une lumière jaune ma main
ouvre des doigts qui ne sont pas les miens
mais au creux du néant de la nuit
comment se reconnaître bien ?
On tourne, c'est ce qui défile
on escalade le néant
par la grâce de cordes nocturnes qui forment une échelle factice
qui m'a conduit au plafond plus d'une fois
plus d'une nuit je fus
collé au lit
à même le plafond

[Nobody's perfect]

Alors là... il est superbe (bon, c'est pas constructif), mais ton origine du néant est emplie de couleurs que l'on aimerait attrapper. Ces images de jaune de main, par contre, "par la grâce de cordes nocturnes qui forment une échelle factice", je trouve (sans vouloir te blesser), que c'est une hrase trop longue, allourdie, non?
ceci dit, je le trouve bien écrit et recherché

Bonne journée

[Artemisia]

L'origine du néant est une nuit
où je mange des oranges
sous une lampe rouge qui diffuse
une lumière jaune ma main
ouvre des doigts qui ne sont pas les miens
mais au creux du néant de la nuit
comment se reconnaître bien ?
On tourne, c'est ce qui défile
on escalade le néant
par la grâce de cordes nocturnes qui forment une échelle factice
qui m'a conduit au plafond plus d'une fois
plus d'une nuit je fus
collé au lit
à même le plafond

Explication de texte à la façon Artemisia

(noooon! ne commence pas à me taper avant d'avoir lu, quand même !!!)

[/size]Le néant rempli de couleurs...
j'aime bien cette idée.
Et quelles couleurs ?
Du jaune et du rouge qui font de l'orange
ce qont les couleurs du feu,
le feu dévore tout, et le rend au néant
mais le feu ne fait pas partie du néant,
cependant...

l'orange, tu la manges
Tu manges les couleurs:
tu crée le néant en l'engloutissant, en quelque sorte..
ta main devenue orange n'est plus tienne,
enfin peut-être que si, c'est juste que tu ne la reconnais pas
peut-être est tu devenu le feu ?

Non tu tournes et puis tu escalades.

Elles sont belles, les cordes nocturnes qui forment une échelle factice... Et moi je trouve justement que la longueur de la phrase souligne la lente montée, sur toute la longueur de l'échelle.

Au plafond ?

Et s'il n'y avait pas eu de plafond ?
Tu serais monté plus haut ?

Ce serait intéressant de briser le plafond, non ?

A +

Artemisia

[serioscal]

La phrase me paraît aussi longue qu'un bras qu'on tend pour attraper quelque chose, Elysa.
Pas de commentaire sur l'explication de texte, Artsemisia.
Merci pour vos commentaires.

[mounette]

C'est une référence à Courbet, grandes nouilles, Gustave Courbet. Après l'origine du monde, l'origine du néant, qui est une sorte de blason au trou du cul, dans la pure lignée de Maurice Scève.
Tiens, moi qui ne savais pas quoi faire ce soir, cela me donne une idée : je vais tarauder le trouffignard de mon amant du jour à la carotte enduite. On va bien s'amuser.

Bises

Manon

[serioscal]

Comme le sonnet du même nom.

[Ben-du-Toit]

Un poème dont j'aime l'originalité voire même le coté insolite.


ceux qui me connaissent savent cependant que je suis plus philosophe que poète (sans prétention, je parle seulement de ma tendance dominante)
Et puisque l'on parle ici de néant, voilà :

"L'origine du néant est une nuit
où je mange des oranges"

Seul un poète peut faire intervenir le néant et puis le je.
Un philosophe n'accepterait pas cet anthropomorphisme;
mais peut être aurait-il tort, l'intuition personnelle, parfois éphémère
est peut-être un chemin vers une forme de compréhension de l'univers.

[mounette]

Comme le sonnet du même nom.

Dit aussi "l'idole", association sulfurique et zutique d'Arthur et de Paul. Absolument mon beau Sérioscal. Nous sommes en terre de mission, ici. Il faudrait peut-être commencer par l'alphabet. Les voyelles d'Arthur, par exemple.
Que fais-tu ce soir, mon beau Sério : je m'ennuie un peu, mon amant est aux toilettes avec sa carotte plantée jusqu'au trognon, sans espoir immédiat de résilience. Un petit fik-fik vite fait, ça te dirait ?

Bises

Manon

[serioscal]

Ce que je n'ai pas encore dit sur "l'autre" topic, le gros truc, là,
c'est que l'origine de la croyance en dieu ne fut qu'un mal de dents.

[Pritos]

Nous sommes en terre de mission, ici. Il faudrait peut-être commencer par l'alphabet.

Protégeons-nous, donc. Le missionnaire n'est pas toujours au post' où on l'attend...
Candidats, bâtissez votre idiolecte, fût-il barbare, et gardez-vous des "ivresses pénitentes"!

[serioscal]

Je ne sais pas si le philosophe n'est pas au bout du compte obligé de voir les choses comme font les poètes, à l'intuition. Enfin, en philosophie je n'ai guère d'affection que pour Kant, Nietzsche et Foucault. La pensée abstraite, prétendue objective, m'ennuie. Kant est un abstrait architectural, sa pensée est une construction mentale de première ordre, il marque la fin du platonisme et je le lui en suis assez reconnaissant. Nietzsche est un dieu, un poète, il dit : "je" et exclue qu'on puisse s'abstenir de dire "je". Gratitude infinie envers Nietzsche. Foucault a un immense privilège : l'art de la série est poussé chez lui à un degré de subtilité et de finesse incomparables. Chez lui, le néant et le je s'associeraient sans peine. Mais il est le continuateur des deux autres.

Je comprends ta réflexion, Harry, pourtant je trouve dommage de produire une frontière si étanche à notre époque où philosophie et poésie ont croisé leur chemin de façon pas toujours satisfaisante mais nécessaire, à cause peut-être de la destruction du shéma platonicien de la vérité - indépendante du je, de l'ici et du maintenant.

Précisément la poésie est peut-être le chemin inverse de la pensée platonicienne, excluant le "je" : en effet, ces vers seraient pour lui une aberration et cela me fait infiniment plaisir ! Pourtant quelle autre histoire ont ces notions submergeantes - dieu, la vie, le néant - que l'histoire intime de celui qui les énonce ?

Mystère. Et pendant ce temps-là on se battait comme des chiens sur tlp pour un défi invraisemblable : venir à bout de la question de l'existence de dieu.