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Nouvelle De L'homme Seul


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  • Parcours poétique:?

Posted 26 October 2006 - 02:17 AM

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‘Hmm… qu’ai-je donc avalé là ?’

Sa voix atteignait de plein fouet l’esprit à demi crevé de l’homme seul, c’était une voix si pâteuse et cassée qu’on eut dit que son propriétaire avait pris une sacrée cuite la veille. Et si grave que la terre alentour vibrait. En fait, l’homme venait de tirer le dragon de son sommeil punitif…

‘Quel est ton nom , simple créature ?’
Il n’y avait ni hargne ni sympathie dans cette question. Le dragon accueillait sans empathie le parasite parasitant son gosier impérial.

‘Je n’ai pas de nom. Du moins les vents l’ont emporté et depuis lors je suis condamné à errer dénué de la moindre identité sur cette terre inhospitalière, si ce n’est celle de l’homme seul.’ répondit la couleuvre-dans-l’œil, qui parlait toutes les langues fourchues.

‘C’est fâcheux. Sache que je suis l’Errpeï, le premier né, le vol dans les plans, enfin, toutes ces sortes de titres pompeux inventés pour les bactéries de ton espèce. Plus simplement, considère moi comme le roi des dragons de Chrome à travers les innombrables plans formant la trame du Multivers(*). Que fais-tu dans ma gueule, vile vomissure humaine?’
Ainsi cracha l’Errpeï.

‘Les dimensions me jouent des tours, la finitude me bride, quand l’infini s’offre à moi comme une fille de joie… je crois que j’agonisais tantôt, et c’est alors que je suis tombé fort malencontreusement en votre habitacle putride…’
Ainsi s’expliqua la vile vomissure humaine.

C’est à cet instant de paroxysme de la discussion métaphysique qu’Athéna prit vent du réveil du plus vigoureux des dragons chromatiques et murmura l’Appel amoureux le plus dangereux qui soit…

‘Athéna, sirène, divine…’ trembla l’Errpeï en prenant garde à ne pas briser sa colonne vertébrale.

Et il s’envola, rejoignant le refuge de la déesse nue en trois coups d’ailes pyramidales. Mais arrivé au pied d’un nuage qui passait pour être le gardien du Temple, le dragon vomit la vomissure humaine et fut téléporté en un endroit abominable où sévissaient des poètes romantiques et autres créatures du même acabit, afin qu’il y périsse mille et mille fois encore. Cela car il avait oublié la règle fondamentale stipulant qu’aucun mortel ne devait pénétrer dans l’enceinte d’Athéna, à l’exception des anges.

Le nuage s’évapora quand le deuxième œil de l’homme sans nom lança un éclair incandescent, souvenir du brasier dans lequel il fut forgé. Quant à l’homme en question, il fut projeté à travers les plans, déchirant le sablier du temps et des équations différentielles régissant l’Univers convexe et l’Univers concave, et atterrit dans une chambre richement meublée, décorée de tentures luxuriantes. Un lit circulairement étoffé de pourpre occupait la majeure partie de la pièce, couche sur laquelle la plus belle des femmes que l’homme seul avait jamais vu attendait languissante sa prochaine proie, et ce en robe de chambre anglaise, détail baroque non dénué de charme.

‘Je suis Athéna, déesse de la Sagesse, présentement sous forme humaine. Sache que depuis ma chute, je suis une sale traînée qui n’attend que tes culbutes, vois, je suis la Sagesse prostituée.’
Ses lèvres avaient susurré ce message de la façon la plus racoleuse qui soit, usant des ficelles ancestrales de l’arrondi suprême. Elle ôta son vêtement et dénoua sa chevelure d’olive noire.

L’homme seul s’exécuta car il savait que le lien qu’il recherchait tant saurait être pleinement donné par la déesse-dévergondée, et qu’il serait enfin délivré de ses souffrances… Bientôt, pensait-il, j’aurai ma réponse à la question : Pourquoi ?

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La fusion fut totale, le corps et l’esprit disparurent…
Un frisson fit grelotter le ciel et les océans se teintèrent de blanc…
Tout un fleuve déferla, ses yeux coulèrent…
Il frémit et ses membres enfin connurent le repos…

…………………………………………………………………………………………………

Ô Athéna…
Il mangea Athéna, dévorant comme une bête fauve ses seins, ses bras d’orfèvre, sa nuque d’où la sueur perlait encore, il finit par boire ses cheveux et ses lèvres.
La nuit pouvait s’être arrêtée car il n’y avait plus aucun vent…
L’homme sortit de la roulotte les traits tirés et neutres.



***




(*) réf. Michael Moorcock, 'Elric'




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