avec « tout, tout autour ».
Ainsi est-elle.
Elle dit « ferme les yeux », « imagine » et « regarde ». Le monde que tu devines est bien là
devant toi.
Ainsi soit-il.
Elle m’a parlé d’un monde. D’un endroit ou les hommes se retrouvent un matin.
Elle a fermé les yeux, imaginé pour moi et m’a montré ces lieux. Elle a dis « photographes »,
« symphonies 19ème », « personnages Fritz Langien ». J’ai pensé « livres anciens »,
« paysages magnifiques », « nuits d’été sur la mer ».
M le Maudit est de ce monde, Johnny Rotten l’est tout autant.
Elle m’a parlé d’un monde. D’un film noir et blanc et de quelques vieux disques.
C’est alors qu’intrigué j’ai fermé mes paupières. J’ai vu danser ses yeux, farandoles à la ronde,
des nuages de fumée sous des ombres chinoises.
Et nous, deux âmes errantes au milieu de nulle part.
Mais nulle part était notre et nous allions ainsi.
Elle s’est assise près du piano, m’a regardé.
Elle s’est assise près du piano et m’a souri.
J’ai vu ses yeux mouillés dessiner des silences. Je n’ai su trop que dire, j’ai souri à mon tour.
-
Nous avons pas mal bu, des alcools et des mots. Je buvais dans ses verres, elle buvait mes
paroles. Nous avons fini ivres, apaisés et heureux. Le cœur tellement léger qu’il a flotté des
heures au plafond du vieux bar.
Car c’est dans ce bar je dois dire que tout a commencé. Il a suffit d’un soir, d’un sourire et d’un
rêve pour se trouver l’un l’autre. J’ai voulu m’approcher, elle était déjà là accoudée au piano.
Le piano fit silence mais le cœur, badaboum, lui, battait la chamade.
Il est des nuits qui vous rapprochent.
Il est des jours qui vous éloignent.
Il y avait nous et rien que nous.
Il y avait nous, deux âmes errantes au milieu des secondes.
J’ai caressé sa main, dessiné des sourires.
Elle a fermé les yeux, m’a souri à son tour.
Et la nuit est passée, nous sommes restés ainsi jusqu’au petit matin.
Je l’ai raccompagné jusqu’au train qui hélas devait m’éloigner d’elle.
-
7h20, sur le quai d’une gare ou les trains gris s’éloignent.
7h20, sur le quai d’une gare au son froid des départs. Un son lourd qui résonne dans le froid
de l’aurore.
7h20, sur le quai d’une gare, elle partait loin de moi.
Il est des nuits qui vous rapprochent.
Il est des trains qui vous éloignent.
Et nous, deux âmes errantes au milieu du néant...
-
... à suivre