Posted 24 June 2006 - 08:00 PM
"L'île de Lesbos constituait, à l'époque où Sappho y nacquit (...) une de ces nombreuses petites entités politiques indépendantes, ces villes-Etats ont été témoins de la naissance de l'individualisme.
C'était aussi un important foyer culturel, notamment en matière de poésie et de musique. La conjonction de ces deux éléments favorisa très certainement le développement de la poésie personnelle, genre dans lequel Sappho excella.
(...) On oublie souvent, quand on évalue le talent d'un poète antique, que son oeuvre nous parvient amputée d'une dimension essentielle : tout poème était chanté et accompagné de musique. Combien de chanteurs contemporains résisteraient à l'é&preuve de la seule lecture de leurs textes ?
Or, si ceux de Sappho nous charment dans l'ignorance même de leur mélodie, cette poétesse de génie était aussi, à en croire les musicologues antiques, une remarquable musicienne (...). De surcroît, elle introduisit (...) la strophe qui porte son nom :
la strophe saphique est composée de quatre mètres, les trois premiers de onze syllabes chacun et le dernier de cinq syllabes."
et pour le plaisir...
"Il me paraît être l'égal des dieux,
cet homme qui, perché sur ta bouche vermeille,
enivré de la voix qui frappe son oreille,
te dévore des yeux.
tu lui souris d'un sourire enchanteur.
cette vue augmente le mal qui me domine,
dans le frémissement qui règne en ma poitrine
fait tressaillir mon coeur.
ma voix se tait dans ma bouche, et mes sens
brûlent d'un feu subtil glissant de veine en veine ;
mon oeil voilé s'éteint, et je perçois à peine
quelques bourdonnements
mon corps se noie en de froides sueurs ;
un tremblement nerveux m'agite toute entière,
et pâle comme l'herbe arrachée de la terre,
je sens que je meurs
au désespoir, il me faut tout oser....."
A la femme Aimée, Sappho, traduction de 1882.
Il existe un nombre incalculable de traductions, mais ce texte fut écrit par une femme, dans la deuxième moitié du VIIème siècle avant J-C.
tout de même...
Texte très, très doux, Derek. Vraiment. Et pardon pour se déballage saphique (il semble que cela interesse certains)... alors puisqu'on y est...
Félice.