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Mais où est donc le bonheur ?




Plus tard, aimer, - garder dans son cœur de jeune homme
Un nom mystérieux que jamais on ne nomme,
Glisser un mot furtif dans une tendre main,
Aspirer aux douceurs d’un ineffable hymen,
Envier l’eau qui fuit, le nuage qui vole,
Sentir son cœur se fondre au son d’une parole,
Connaître un pas qu’on aime et que jaloux on suit,
Rêver le jour, brûler et se tordre la nuit,
Pleurer surtout cet âge où sommeillent les âmes,
Toujours souffrir ; parmi tous les regards de femmes,
Tous les buissons d’avril, les feux du ciel vermeil,
Ne chercher qu’un regard, qu’une fleur, qu’un soleil !

Victor HUGO, Les Feuilles d’Automne, « Mais où est donc le bonheur ? » (extrait).





Cher monsieur Hugo, que puis-je dire hormis le fait
Que ce que vous énoncez là sied tout à fait à ma situation.
Je suis torturé par une étrange flamme de la passion,
Qui en moi ne se contrôle plus. Je me suis retenu d’aspirer ;
Mais comment être amant et ami à la fois ?
J’envie de toute mon âme les tourtereaux que je rencontre
Dans la rue, dans un parc, et qui font ainsi fondre
Mon cœur fragile et solitaire. Je m’en prends à mon désarroi.

Le bonheur pourrait il se résumer à aimer ?
Je ne suis qu’un jeune homme intelligent,
Et soi disant gentil, mais que cela me serve de leçon, quand
Je parle, c’est avec trop de gentillesse et je ne fais
Aucunement d’étincelle. Serais je condamné
A rester un ami, voire un confident sans avoir
La chance de pouvoir vivre d’autres moments, de voir
A quoi ressemble l’amour ? - Je veux me libérer.

Mais qu’est ce qui ne va pas ? Le bonheur
Me serait donc interdit ? Alors que d’autres de mon âge
Narrent avec orgueil leurs rites de passages,
Je devrais écouter silencieusement. A la bonne heure !
Mon introspection s’arrête là, pourtant j’aimerais continuer.
Quoi de plus paradoxal, de comprendre les autres
Mais de s’interroger sur soi-même ? Entre autres
Je ne sais toujours pas où est ma bien aimée.


Dans ce monde empli de haine, d’injustice,
D’intolérance, de racisme, d’insouciance,
De crimes, meurtres à outrance,
Et autres inimaginables vices,
L’amour peut-il subsister, survivre
Et parvenir jusqu’à moi, pauvre créature
Qui n’attend que l’heure de sa capture
Par une personne qui me fera revivre ?

Je t’ai trouvé, toi ô être de mes passions,
Qui jusqu’à il y a quelques jours n’avait pas de nom,
Je t’ai trouvé, tu m’as trouvé,
Nous nous sommes trouvés.
Pitié, faites que tout cela n’est pas un rêve…

[Papaver]

La « flamme de la passion », juste elle, simplement la nourrir, la bercer de ton souffle, et tout le reste sera…

Belles incandescences à toi