Roissy-peretola Acte 1
#1
Posted 20 August 2006 - 12:08 PM
cuir noir, souple, chic ;
marque en argent sur un revers, sobre, chic ;
poignée souple, légère, chic.
Il ne sait pas de quoi sa valise est faite.
Il n'a pas réservé ses séjours à l'hôtel.
Il commence toujours ses tournées par Firenze.
Roissy 6 heures du matin. Le taxi le dépose : à 9 heures il sera à Peretola.
Un quart d'heure plus tard, il descendra Ponte Vecchio.
Et puis à l'hôtel Via Tornabuoni.
Pendant le trajet, il garde les yeux fermés.
Ses entretiens sont prévus à partir de cinq heures, cet après-midi.
Dans un bar américain, jusqu'à dix-neuf heures.
La journée est à lui, la soirée aussi.
Il commence toujours ses tournées par Firenze.
Il ne veut plus être accompagné jusqu'à sa chambre, la même, toujours :
le petit salon bleu aux tentures vertes,
la méridienne bleue,
la chambre verte.
RAI Uno, comme autrefois.
Il éteint le téléviseur, tire les rideaux.
Il se déshabille et se couche.
Onze heures.
Les rues doivent grouiller de touristes.
Il veut s'endormir.
A seize heures, il se réveillera pour aller manger une glace via Strozzi.
Les rues doivent grouiller de touristes.
Aprés ses rendez-vous, il ira dîner, seul, via Ghibellina.
Il passera le grand porche où pend un drapeau rouge dressé d'un cheval cabré :
Un homard, des fèves et un chianti.
Puis il ira saluer le dôme et le palazzo.
Il restera planté là, à songer.
Vers vingt-deux heures, il rentrera à son hôtel, seul.
Il écoutera Miles Davis. Il ne l'écoute qu'ici : On the corner, toujours.
Deux fois, en entier.
Puis il s'endormira.
Demain, départ pour Peretola à 6 heures. Il arrivera à Vienne vers 9 heures.
Avant de fermer les yeux, il prononce son prénom : deux fois.
Depuis combien de temps est-elle partie ?
La lumière s'éteint.
Les six négociations de l'aprés-midi seront faciles sauf la première.
Il a réservé une heure d'entretien sur les deux prévues.
Depuis combien de temps est-elle partie ?
Il s'endort.
Sa valise de cuir noir, marque en argent, poignée souple, si chic, n'est pas défaite.
Les rues grouillent de touristes.
#2
Posted 20 August 2006 - 06:40 PM
#3
Posted 21 August 2006 - 11:20 PM
Au terminal 2
De bon matin
Sur le tarmac
Alitalia
Il avait le regard triste
Ils étaient plusieurs comme lui à embarquer
Ils venaient pourtant de gagner la coupe (il calcio)
On voyait à travers eux...
#4
Posted 22 August 2006 - 09:08 AM
J'ai même entendu Miles Davis.
Si tu permets, je me permet un texte en écho.
Un homme d'affaires ne voit pas Firenze avec les yeux d'un touriste. Un homme d'affaires ça descend de l'avion. Ca file dans un taxi. Ca prend toujours la même direction. Le hall d'un hôtel. La clef de la chambre. Espace toujours le même. Grand lit vide. Salle de bain sans démaquillant. Sans trousse de maquillage. Lait pour le corps senteur vanille. Parfum hors de prix. Chanel c'est toujours mieux.
Elle n’est pas là.
Il a posé ses sacs. Dans l’entrée. Sa mallette noire. Il l’ouvre. L’ordinateur posé sur le bureau. Connexion. Tous les mails en cours. Des relances. Des choses à faire. Des rendez vous. Demain, il devra à nouveau courir. A nouveau décider. Demain. Il devra trancher.
Ce soir, il est seul. Grand hôtel. Le luxe. En bas, il y a un restaurant hors de prix. Il y a de très belles femmes. De belles femmes seules qui cherchent. Elles ne font pourtant rien. Elles sont justes là, accoudées au comptoir. Elles sirotent leur cocktail. Elles attendent. Personne ne sait la vie des autres à travers un regard. Peut être aussi des femmes d’affaires. Des femmes seules. Une pense peut être à son fils, resté seul, avec la nourrice, encore une fois. Elle n’a pas réussi à le joindre. Il dort maintenant. Il est trop tard. Demain, elle réessaiera avant qu’il s’en aille à l’école. Pour lui dire que sa maman pense à lui. Qu’elle l’aime. Elle voit l’homme seul. Il a la tête ailleurs. Comme elle.
A côté de lui, un couple d’amoureux. Ils rient. Ils s’embrassent entre deux rires. Ils s’enlacent. Ils ne se lâchent pas. Des touristes. Peut être leur voyage de noces. Ils s’aiment. C’est beau. La beauté qui fait mal. L’homme ne les a pas regardé. Elle, détourne le regard. Reprend une gorgée. Le pianiste vient de lancer quelques notes. Cela vole jusqu’à eux. Un appel vers autre chose. Le pianiste est là, toujours à l’heure. C’est son travail. Il aurait rêvé d’une autre vie. De concerts. De voyages. De gens qui applaudissent. Qui viennent lui serrer la main. Là, il joue pour des touristes. Pour des hommes d’affaires qui n’écoutent plus. Qui ne prennent plus le temps d’écouter. Il joue au milieu des gorgées d’alcool. De bières. Des coups de fourchettes. Des valises qui se posent et se reprennent. Il est payé pour cela. Il a un répertoire à tenir. Des musiques entraînantes. Des musiques connues. Des classiques. Toujours les mêmes. Les gens ne demandent jamais de jouer ce que lui aiment. Il a égrené quelques notes. Il jouera une bonne partie de la nuit. Il regarde une jolie femme au bar. Elle a la tête ailleurs. Un homme se dirige seul vers le restaurant. Un couple d’amoureux rient en s’embrassant. Il sait qu’ils ne resteront pas. Les gens heureux préfèrent regarder les étoiles. Au bord de l’eau.
La femme seule. L’homme d’affaire seul. Le pianiste seul. Les amoureux seuls. Tout le monde court. Ne prend pas le temps. Dans sa vie uniquement. Quelques minutes. Quelques minutes pourtant.
Je t'embrasse Infonte.
Corinne
#5
Posted 22 August 2006 - 10:08 AM
en écoutant un de ses vieux albums...
Prendre le métro avec du blue note dans les oreilles, c'est le paradis !!!
Sébastien.
#6
Posted 22 August 2006 - 06:45 PM
(a.)
#7
Posted 22 August 2006 - 11:10 PM
#8
Posted 25 August 2006 - 04:07 PM
je vous embrasse. Vous m'avez ému.
Chers amis qui m'avait lu aussi,
je vous remercie.
C'est pour être lu, d'abord, que j'écris.
#9
Posted 25 August 2006 - 04:18 PM
Corinne
#10
Posted 25 August 2006 - 04:19 PM
#11
Posted 25 August 2006 - 04:25 PM
#12
Posted 25 August 2006 - 04:37 PM
#13
Posted 25 August 2006 - 04:43 PM
#14
Posted 25 August 2006 - 04:49 PM
#15
Posted 25 August 2006 - 06:27 PM
(a.)
#16
Posted 25 August 2006 - 08:31 PM
Ne perds pas ton temps dans des discussions stériles et inutiles ; sans compter que tu risques de te faire vérouiller ton sujet.
Bises
#17
Posted 25 August 2006 - 08:54 PM
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