La maison des morts
Quand la lune pointe silencieuse au zénith
Le loup hurle de ne point l’atteindre, l’homme songe dans ses alcôves
Et moi, par trois fois son enfant
J’invoque au rituel sa puissance, plonge dans ses terres profondes
Je vais dans la maison des morts
Loin des feux, loin des angéliques nuages
Qu’aucune porte au sinistre grincement ne garde
Une seule pièce vaste, vide et sombre
Où des racines suspendues vous effleurent le visage
Bonjour lancinant du doigt maigre du squelette
Voilà le cortège des ombres que mon âme déchaîne
De par un simple craquement de bois, de par un simple souffle d’air
Ô magie de la chaire reconstituée, Sisyphe du corps humain
Il me prend à deviner leur visage, plissé de rides sans fin
D’avoir trop vu, d’avoir trop pensé, d’avoir trop dit
Je plonge dans leurs rides, sillons des bateaux grands voyageurs
Que le voyage fait profondes et que le temps fait écorces
Et je remonte leurs âges, heurtant les sommets de leur savoir
Que je taille de la lame acérée, celle qui tranche la peau des grands arbres
Celle qui fait exulter l’âme, rend la parole d’or et le pas plus libre
Le chemin devient plus facile comme la tige souple finit la branche
Mais voyez surgir lentement la tête des assassins
Ces jeunes fruits colorés, que l’eau nourrit, que le vent purifie
Que le soleil, nouveau compagnon, épanouit
Admirez, admirez ces beaux fruits suspendus et vaniteux
Et lorsque viendra votre tour de les mordre à pleine dent
Vous sentirez, délicat et insaisissable, et surgissant du passé
Quintessence de nos chers maîtres vénérés, le goût de la racine putrifiée
La Maison Des Morts
Started by Chebel, Nov 01 2006 12:21 AM
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