#1
Posted 06 April 2005 - 09:23 AM
1.
Je connais tous les tortueux désirs de l’histoire de ma chair
Jusqu’au millionième fragment de son moindre instant
Angles fermés
Ancestrales fragrances
Anxiogènes
Je connais les genèses et les histoires imaginaires
Mes généalogies enchantées et mystérieuses
Les arcanes fantasmagoriques
Stupéfiantes
Spirituelles
De mes passés cellulaires
L’architectonique de ce sang
Cette viande ce muscle ce gras
Cette peau sa chaleur son battement
Sa moiteur son odeur
Forme surdéterminée
Silencieuse
Absconse
Je connais aussi la ténébreuse histoire de ma peur
Jusqu’aux plus profonds tréfonds des aveugles catéchismes de la terreur
Vu l’horreur
Ses stigmates ses signatures
Antiques et rituelles
Odoriférantes
De pourriture et de mort et de sanglot et de morne
2.
J’ai vérifié
Je reconnais les ponts et les horizons démesurés des souvenances acharnées de ces désirs
Je reconnais la compagnie solitaire de mon fantôme
Seul grimaçant dans la furie du vent
Malgré
Les défragmentations de son être
Après
La dispersion
Irrésolue
Son murmure
Son ultime souffle
Perdu dans un désert
Sans mesure
Je revois encore
Les crépuscules enfermés dans
Les tiroirs de nos légendes
Des tombeaux poussiéreux
Nos pensées caverneuses
3.
O ces soupirs gymnopédiques !
O ces rivières de souvenirs !
Ces récits tracés au scalpel
De l’âpre âme ramassée
Ressassée
Massacrée
Enfin
Au repos
Dormir
Rêver
Evanaissance
Réminiscence
Volutes
Distance : droites aveugles
Dans le vide
Vite
Devant
La métempsycose
Et la spirale
De l’infinie
Absence
4.
J’ai éprouvé ces ténèbres et leurs doubles
Des piliers des échos de tristesses
Quelques paillettes de nuit
Filamenteuses flammèches
O Cette geste cette fable ironique
Son indigente sagesse
(debout, sombre le regard en dedans, sous un porche dégoulinant de pluie sale et furieuse, l’eau polluée jaune et vieille et opaque et sale et brillante, la rue allongée, tapissée d’huile et de goudron et de crasse et d’essence et de cœurs dégorgés, des alchimies soupirées, cette homélie, son illisible virage, des guenilles de fleurs, durées grises et harmonieuses de l’hiver, qui frappe, qui sourdement grésille, arrive, revient et repart, salue les ports romantiques d’Armorique et les vagues, les raides et les émouvantes, ces caresses lointaines, promesses d’ivresses, puis le temps des exodes, des fuites, de l’errance et des charniers, mille retours impossibles, mille inexorables exils loin de ces terres hostiles, déraciné, l’étranger en ses terres étrangement étrangères, s’enraciner, ne serait-ce qu’une fois encore, rien qu’une, dans les sols toxiques d’un autre ailleurs, dans les réseaux déroutés de la débâcle, s’entenaille et s’incline, décline, se courbe enfin aveugle ne voyant plus que la croûte torturée sous ses pieds de la planète, perché ce vieillard insouciant qui contemple l’intérieur de ses paupières, les ombres chinoises grimaçant le monde, son avenir périmé)
La conscience décantée
En perles de verre éparpillées
Dans le cristal impur d’un slogan effacé
Acre ! C’est l’amer qui triomphe !
La lâche victoire !
L’esprit ravagé de chagrin
Permanent crachin perçant de l’hiver
Se couche se couvre et s’endort
Inerte
5.
Océaniquement vivant
Par delà les orages et les typhons
Outrages du temps
Inexorablement
Je demeure
Benjamin Menasce
#2
Posted 06 April 2005 - 09:30 AM
C'est l'un des plus beaux textes que j'ai jamais lus.
Félicitations Benjamin. Tu es vraiment très doué.
Je t'embrasse mon ange
#3
Posted 06 April 2005 - 09:44 AM
ps : j'ai beaucoup aimé, quel intelligence.
amitiés.
#4
Posted 06 April 2005 - 10:03 AM
Merci
#5
Posted 06 April 2005 - 11:48 AM
#6
Posted 09 April 2005 - 01:27 PM
#7
Posted 09 April 2005 - 01:54 PM
#8
Posted 09 April 2005 - 01:57 PM
amicalement,
BM
#9
Posted 09 April 2005 - 03:05 PM
Mais mon imprimante est en panne . . . et il est beau et grand . . .
Je ne parle pas de sa taille mais de tout ce qui se trouve dedans . . .
Tu travailles et me donnes du travail . . .
Car ce style d'écrit ne se lit pas en le survolant . . .
J'y reviendrai et l'imprimerai quand mon imprimante . . .
Cessera de me jouer des blagues déprimantes . . . :cry:
Je vais vivre aussi à tes dépends . . .
Ce texte est épatant ! ! !
Amicalement . . .
Jean-Michel .
#10
Posted 09 April 2005 - 07:23 PM
#11
Posted 09 April 2005 - 07:25 PM
#12
Posted 26 April 2005 - 06:30 PM
#13
Posted 26 April 2005 - 06:37 PM
Quel écho!
a.
#14
Posted 26 April 2005 - 08:34 PM
#15
Posted 25 August 2005 - 09:00 PM
#16
Posted 25 August 2005 - 09:24 PM
#17
Posted 27 August 2005 - 12:03 PM
pour moi une poésie qui nous pose
sur un fil
vertigineux
#18
Posted 27 August 2005 - 12:15 PM
#19
Posted 27 August 2005 - 04:26 PM
navire naufragé dans les eaux glacées du grand Nord.
#20
Posted 15 December 2005 - 05:13 PM
#21
Posted 16 December 2005 - 10:02 PM
je le connaissais pas
et ouah,
quel choc !
je comprends les réactions dans les coms
#22
Posted 17 December 2005 - 02:00 PM
#23
Posted 18 December 2005 - 06:31 PM
#24
Posted 22 January 2006 - 08:51 PM
#25
Posted 07 March 2006 - 09:35 PM
#26
Posted 10 April 2006 - 10:46 PM
(debout, sombre le regard en dedans, sous un porche dégoulinant de pluie sale et furieuse, l’eau polluée jaune et vieille et opaque et sale et brillante, la rue allongée, tapissée d’huile et de goudron et de crasse et d’essence et de cœurs dégorgés, des alchimies soupirées, cette homélie, son illisible virage, des guenilles de fleurs, durées grises et harmonieuses de l’hiver, qui frappe, qui sourdement grésille, arrive, revient et repart, salue les ports romantiques d’Armorique et les vagues, les raides et les émouvantes, ces caresses lointaines, promesses d’ivresses, puis le temps des exodes, des fuites, de l’errance et des charniers, mille retours impossibles, mille inexorables exils loin de ces terres hostiles, déraciné, l’étranger en ses terres étrangement étrangères, s’enraciner, ne serait-ce qu’une fois encore, rien qu’une, dans les sols toxiques d’un autre ailleurs, dans les réseaux déroutés de la débâcle, s’entenaille et s’incline, décline, se courbe enfin aveugle ne voyant plus que la croûte torturée sous ses pieds de la planète, perché ce vieillard insouciant qui contemple l’intérieur de ses paupières, les ombres chinoises grimaçant le monde, son avenir périmé)
''
respirez les ressacs de fin des temps
(du grand Art sombre)
#27
Posted 11 April 2006 - 11:55 PM
c'est quand même superbe on s'en lasse pas
#28
Posted 16 April 2006 - 10:21 PM
Quel chemin...
balila
#29
Posted 16 April 2006 - 11:17 PM
#30
Posted 31 May 2006 - 10:35 PM
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