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Implacables Séries


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25 replies to this topic

#1 serioscal

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Posted 15 September 2006 - 07:27 AM

Je t'ai dans le colimateur, série. Tu ne m'échapperas pas, cette fois. Mais si tu entendais – ma voix – ou le débit de ma – respiration – ou une détonation – même à des kilomètres...

Mais si tu étais couverte de pustules, la gorge rétrécie, la tête dans le sable et si je cloturais l'espace mental pour te donner des seuils, mon seuil...

Mais si je tirais à la mitrailleuse de petites charges lexicales, si j'enterrais ta charpente de consonnes, si je buvais ton sang...

Je t'aurais à l'index. A croire que ça n'est pas demain la veille.


Convaincu de la nécessité d'entamer une « série d'épisodes précédents ». Le premier dit : « homme dans un champ, cueillir des fleurs, saison d'indécision climatique et psychique » ; le second relate « les montées sérielles, la grande accalmie passagère, les grandes conquètes controuvées » ; le troisième épisode est celui du déchirement et de l'adieu. Nous voici au grand quatre.

Il faudra faire figure de quatre, désormais ! Je te diviserai ainsi, quelle que soit l'heure, ton heure. Il faut que quelque chose comprenne quelqu'un !

Les intonations. La méthodique, prospective, pondère. La prophétie s'enclenche à intervalles réguliers, précède la violence verbale et la violence physique. Les larmoiements ruissellent tout le jour. Des paroles bienveillantes attendent.

J'ai détaché un plan. L'ai posé sur des feuilles d'arbres. Elles jonchaient un circuit automobile, une course hippique, une rue absolue. La dispersion du plan – sa réalisation. J'ai gardé le secret.

Je l'ai disséminé, plutôt : comme lui-même sait disséminer mes peaux, mon rêve, mes artères et le grain inexact du souvenir. La série est mon sang, mon livre, ma nuisette. Je lui donne la becquée.

#2 Théagène

Théagène

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Posted 15 September 2006 - 07:30 AM

Citation (serioscal @ Sep 15 2006, 08:27 AM) <{POST_SNAPBACK}>
La série est mon sang, mon livre, ma nuisette. Je lui donne la becquée.


Quelle dévotion!

#3 serioscal

serioscal

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Posted 15 September 2006 - 07:31 AM

Oh ! une variantze de l'amour vache qu'on appelle "l'amour canard".

#4 Théagène

Théagène

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Posted 15 September 2006 - 07:50 AM

Voilà ce qui arrive quand on n'a pas vu Dieu...
La frustration est telle qu'elle te confine aux abords de la série!

#5 vélo

vélo

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Posted 15 September 2006 - 10:17 AM

Je n'ai pas vu Dieu mais j'avais toute une batterie de vérités sur son compte. Nul ne m'a entendu, n'est-ce pas la preuve que je suis prophète ? Cinquième jour.

#6 Pritos

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Posted 16 September 2006 - 11:32 AM

La serie serait-elle une forme de fétichisme, Dr?

#7 serioscal

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Posted 16 September 2006 - 12:54 PM

Et si oui, ça fait quoi ?

#8 Silences...

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  • Parcours poétique:Depuis le "petit- rien" jusqu'au "Grand-Tout" mais je ne saurais pas vous en parler en 2 lignes

Posted 16 September 2006 - 02:02 PM

Une paires de seins, deux yeux, un sourire me suffisent
Pourquoi faire les soldes et les fins de séries

#9 Pritos

Pritos

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Posted 16 September 2006 - 02:39 PM

Citation (serioscal @ Sep 16 2006, 11:54 AM) <{POST_SNAPBACK}>
Et si oui, ça fait quoi ?



Rien, mon canard. Chacun ses obsessions.

#10 Harry

Harry

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Posted 16 September 2006 - 02:59 PM

Moi en fait, mon fétiche n'est pas la série mais la fonction holomorphe.
Quoi de plus beau et de plus puissant que le théorème de Cauchy :



De la beauté à ce point c'est de la poésie pure.
Hélas, peu de gens savent apprécier cette magnificence là
(et je parle bien des gens qui ont eu le privilège d'étudier les mathématiques)

En particulier cette formule permet de calculer l'intégrale entre -1 et +1 de la fonction 1/x malgré la discontinuité en zéro; ce qui est rédhibitoire pour les méthodes classiques.

Une telle beauté, une telle harmonie dans les lois fondamentales de la pure abstraction (rappelons que les fonctions holomorphes sont basées sur une variable complexe z = x+iy avec i² = -1 et que les nombres complexes sont une pure abstraction) est à mon sens une preuve de l'existence d'une intelligence supérieure dans l'univers.

Car si c'était le hasard, il faudrait expliquer pourquoi le hasard est intelligible et obéit à des lois aussi contraignantes.

Sinon j'ai encore d'autres développements et d'autres preuves.

#11 Silences...

Silences...

    Totor le rugueux

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  • Parcours poétique:Depuis le "petit- rien" jusqu'au "Grand-Tout" mais je ne saurais pas vous en parler en 2 lignes

Posted 16 September 2006 - 03:17 PM

Citation (Harry @ Sep 16 2006, 03:59 PM) <{POST_SNAPBACK}>
Moi en fait, mon fétiche n'est pas la série mais la fonction holomorphe.
Quoi de plus beau et de plus puissant que le théorème de Cauchy :



De la beauté à ce point c'est de la poésie pure.
Hélas, peu de gens savent apprécier cette magnificence là
(et je parle bien des gens qui ont eu le privilège d'étudier les mathématiques)

En particulier cette formule permet de calculer l'intégrale entre -1 et +1 de la fonction 1/x malgré la discontinuité en zéro; ce qui est rédhibitoire pour les méthodes classiques.

Une telle beauté, une telle harmonie dans les lois fondamentales de la pure abstraction (rappelons que les fonctions holomorphes sont basées sur une variable complexe z = x+iy avec i² = -1 et que les nombres complexes sont une pure abstraction) est à mon sens une preuve de l'existence d'une intelligence supérieure dans l'univers.

Car si c'était le hasard, il faudrait expliquer pourquoi le hasard est intelligible et obéit à des lois aussi contraignantes.

Sinon j'ai encore d'autres développements et d'autres preuves.



En tant que physicien du moins avec quelques connaissances et beaucoup moins en math... Ce qui me fascine, c'est les fonctions non-linéaires donc le chaos qui en résulte... Je me suis souvent dis que si Eintein avait pu faire une théorie physique finie, plus rien n'aurait été possible et Einstein serait l'égal d'un Dieu... Du reste ne se prenait-il pas pour le scribe de Dieu ? Ce à quoi un physicien quantique (Heissenberg je crois) lui répondait que ce n'est pas à lui d'écrire ce que Dieu voulait... Un débat sur le déterminisme et le non déterminisme en physique

#12 serioscal

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Posted 16 September 2006 - 05:18 PM

Citation (Pritos @ Sep 16 2006, 01:39 PM) <{POST_SNAPBACK}>
Rien, mon canard. Chacun ses obsessions.


Quelle familiarité ! A raison car
le canard est hilare

arh

Citation (Silences... @ Sep 16 2006, 01:02 PM) <{POST_SNAPBACK}>
Une paires de seins, deux yeux, un sourire me suffisent
Pourquoi faire les soldes et les fins de séries


Une histoire de disparition, sans doute : séparation, déchirement, disparition et nostalgie sont les mammelles de la psychologie.

#13 Silences...

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  • Parcours poétique:Depuis le "petit- rien" jusqu'au "Grand-Tout" mais je ne saurais pas vous en parler en 2 lignes

Posted 16 September 2006 - 05:26 PM

Peut être mais j'ai pas trouvé de doudou de remplacement

#14 serioscal

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Posted 16 September 2006 - 05:28 PM

Citation (Harry @ Sep 16 2006, 01:59 PM) <{POST_SNAPBACK}>
Moi en fait, mon fétiche n'est pas la série mais la fonction holomorphe.
Quoi de plus beau et de plus puissant que le théorème de Cauchy :



De la beauté à ce point c'est de la poésie pure.
Hélas, peu de gens savent apprécier cette magnificence là
(et je parle bien des gens qui ont eu le privilège d'étudier les mathématiques)

En particulier cette formule permet de calculer l'intégrale entre -1 et +1 de la fonction 1/x malgré la discontinuité en zéro; ce qui est rédhibitoire pour les méthodes classiques.

Une telle beauté, une telle harmonie dans les lois fondamentales de la pure abstraction (rappelons que les fonctions holomorphes sont basées sur une variable complexe z = x+iy avec i² = -1 et que les nombres complexes sont une pure abstraction) est à mon sens une preuve de l'existence d'une intelligence supérieure dans l'univers.

Car si c'était le hasard, il faudrait expliquer pourquoi le hasard est intelligible et obéit à des lois aussi contraignantes.

Sinon j'ai encore d'autres développements et d'autres preuves.


Il faudra sans doute que tu ailles plus lentement : pour moi, au moins ! Je devine la beauté dont tu parles sans la maîtriser le moins du monde. Je n'ai des mathématiques qu'une notion sommaire. J'imagine bien qu'il est magnifique de calculer l'intégrale entre -1 et +1 de la fonction 1/x malgré la discontinuité en zéro. Mais je ne sais en quoi !

J'ai une dent contre Deleuze qui jetait des séries en vrac à la face du monde, combinant le psychologique, le métaphysique et le mathématique dans Répétition et différence pour des démonstrations apparemment douteuses.

Pourtant, si Deleuze rappelle une chose qui est juste, c'est que la thématique sérielle est née de la métaphysique de Leibniz, d'une métaphysique moulée dans les explorations mathématiques de Leibniz : calcul différentiel et intégral (?)

En sorte que "série" devient un dangereux rival d'"harmonie", si l'on y prend garde : pareillement, les deux mots ont un pied dans le mathématique et un autre dans l'empirique. Pareillement, cet échange de valeurs introduit une "zone floue", où la portée mathématique du mot est comme latente, sous-jacente à un discours, parfois totalement absente cependant !

Mais "série" a sur "harmonie" un avantage net ! Elle ne vient pas du grec mais du latin.

#15 Silences...

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  • Parcours poétique:Depuis le "petit- rien" jusqu'au "Grand-Tout" mais je ne saurais pas vous en parler en 2 lignes

Posted 16 September 2006 - 05:32 PM

Série, c'est sérieux, tandis qu'harmonie çà fait musique
et c'est la différence entre l'intention et l'intuition

#16 serioscal

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Posted 16 September 2006 - 05:34 PM

ah ?

#17 Silences...

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  • Parcours poétique:Depuis le "petit- rien" jusqu'au "Grand-Tout" mais je ne saurais pas vous en parler en 2 lignes

Posted 16 September 2006 - 05:38 PM

Quand tu écris, tu peints ou tu fais de la musique tu ne penses pas, tu suis ton intuition non?
Je ne crois pas aux singes dactylographes et dans toutes les formes d'écriture
j'y vois une part d'intention et une part d'intuition

#18 serioscal

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Posted 16 September 2006 - 06:05 PM

Oui, c'est le partage entre le mathématique et l'empirique. Il traverse les deux notions. L'harmonie a été théorisée (par Aristote je crois) sous une triple forme, si je ne m'abuse : mathématique, musicale et cosmique.

La tradition européenne a toujours flirté avec les mathématiques de leur temps : le sérialisme ne fait que poursuivre une tradition plus qu'ancienne à ce titre. La série quant à elle tire naissance des mathématiques mais échappe très tôt au sens spécialisé que formalise Varignon (1715) pour prendre la valeur commune de "suite, succession", voire "entrelacs".

Et cette notion empirique rebondit à son tour sur des domaines spécialisés de la connaissance : géologie, linguistique, ethnologie.

La série empirique - c'est la part intuitive de la série. Quand on observe les phénomènes de la langue, on est obligé de s'attacher à une notion assez souple, peu mathématique, de "série". Pour autant le linguiste s'essaie à trouver des régularités, des systèmes, etc. dans cet entrelacs qui ressemble à une grosse bobine dont on ne sait même pas si elle comporte un ou plusieurs fils !

Citation (Pritos @ Sep 16 2006, 10:32 AM) <{POST_SNAPBACK}>
La serie serait-elle une forme de fétichisme, Dr?



Tout dépend du sens où tu l'entends, au fait. Aujourd'hui on dit "fétichisme" pour sado-masochisme. Alors, je veux bien. Mais le fétichisme qui consiste à recevoir une excitation sexuelle d'un objet quelconque, je ne crois pas en relever ! il faudrait que la série soit un objet, ce qu'elle n'est apparemment pas. C'est pourquoi j'opterais, au titre de la perversité dont tu m'honores, à privilégier la tendance sadomasochiste qui est très équilibrée, au final. On ne sait pas qui malmène qui.

#19 Pritos

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Posted 17 September 2006 - 09:36 AM

Citation (serioscal @ Sep 16 2006, 05:05 PM) <{POST_SNAPBACK}>
il faudrait que la série soit un objet, ce qu'elle n'est apparemment pas.


Mystère!

Objet d'une passion (ce mot induit quelque chose de la relation sado-maso) peut-être? J'en plaisantais...

Objet d'intérêt pour certains d'entre nous car tu nous fais aimablement part de tes recherches. La seule chose qui pourrait susciter le rejet de la "serie" serait qu'elle devienne un diktat poétique, même à des fins révolutionnaires.

Objet enfin d'une étude: la modélisation est-elle en marche? Va-t-on vers une seriologie?

#20 Harry

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Posted 17 September 2006 - 10:01 AM

Citation (serioscal @ Sep 16 2006, 06:28 PM) <{POST_SNAPBACK}>
Il faudra sans doute que tu ailles plus lentement : pour moi, au moins ! Je devine la beauté dont tu parles sans la maîtriser le moins du monde. Je n'ai des mathématiques qu'une notion sommaire. J'imagine bien qu'il est magnifique de calculer l'intégrale entre -1 et +1 de la fonction 1/x malgré la discontinuité en zéro. Mais je ne sais en quoi !

J'ai une dent contre Deleuze qui jetait des séries en vrac à la face du monde, combinant le psychologique, le métaphysique et le mathématique dans Répétition et différence pour des démonstrations apparemment douteuses.

Pourtant, si Deleuze rappelle une chose qui est juste, c'est que la thématique sérielle est née de la métaphysique de Leibniz, d'une métaphysique moulée dans les explorations mathématiques de Leibniz : calcul différentiel et intégral (?)

En sorte que "série" devient un dangereux rival d'"harmonie", si l'on y prend garde : pareillement, les deux mots ont un pied dans le mathématique et un autre dans l'empirique. Pareillement, cet échange de valeurs introduit une "zone floue", où la portée mathématique du mot est comme latente, sous-jacente à un discours, parfois totalement absente cependant !

Mais "série" a sur "harmonie" un avantage net ! Elle ne vient pas du grec mais du latin.

Tout ce que tu dis là est intéressant.
J'y reviendrais dans le salon "analyses littéraire" mais ce sera lent, puisque c'est l'excellente philosophie de ce salon.
Par contre je réagis sur Leibniz.
Oui c'était un grand mathématicien, il a posé avec Pascal et Newton les bases du calcul différentiel et intégral qui fournissent les principaux outils pour résoudre de la convergence/divergence des séries. Bon évidemment, en Mathématiques, Euler, il me semble, reste le plus grand.

Mais la méthaphysique de Leibniz n'a pas à voir avec ses travaux mathématiques.
Il a dit certes une belle phrase "Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?" qui est l'alpha et l'oméga de la philosophie.
Mais sa notion de la Providence, il me semble que depuis Voltaire est son chef d'oeuvre "Candide", elle ne devrait même plus avoir droit de citer.

#21 Harry

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Posted 17 September 2006 - 10:32 AM

Citation (Silences... @ Sep 16 2006, 04:17 PM) <{POST_SNAPBACK}>
En tant que physicien du moins avec quelques connaissances et beaucoup moins en math... Ce qui me fascine, c'est les fonctions non-linéaires donc le chaos qui en résulte... Je me suis souvent dis que si Eintein avait pu faire une théorie physique finie, plus rien n'aurait été possible et Einstein serait l'égal d'un Dieu... Du reste ne se prenait-il pas pour le scribe de Dieu ? Ce à quoi un physicien quantique (Heissenberg je crois) lui répondait que ce n'est pas à lui d'écrire ce que Dieu voulait... Un débat sur le déterminisme et le non déterminisme en physique

Très intéressant !
Mais à priori je ne vois pas en quoi le chaos résulte des fonctions non-linéaires.
De la complexité, certes, mais du chaos ?

Einstein avait une théorie finie il me semble : la relativité généralisée
De même que Newton qui a donné les lois de la mécanique classique en un ensemble cohérent.
Mais en science, théorie finie ou ensemble cohérent ne signifient jamais connaissance définitive.

Concernant Dieu et Eisntein, j'aime (j'adhère !) particulièrement à la "religiosité", si l'on peut dire, du physicien de génie :
Citation
J'éprouve l'émotion la plus forte devant le mystère de la vie. Ce sentiment fonde le vrai et le beau, il suscite l'art et la science.[...] Des hommes reconnaissent quelque chose d'impénétrable à leur intelligence mais connaissent les manifestations de cet ordre suprême et de cette Beauté inaltérable. [...]Des hommes s'avouent limités dans leur esprit pour appréhender cette perfection. Et cette connaissance et cet aveu prennent le nom de religion. Ainsi, mais seulement ainsi, je suis profondément religieux, tout comme ces hommes.[...]

Einstein, dans "Comment je vois le monde"

#22 Silences...

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  • Parcours poétique:Depuis le "petit- rien" jusqu'au "Grand-Tout" mais je ne saurais pas vous en parler en 2 lignes

Posted 17 September 2006 - 06:24 PM

Pour moi une théorie finie est indépassable ce qui n'est pas le cas la relativité générale sera revue à la lumière de la mécanique quantique ceci ne t'en déplaise Einstein n'avait pas toujours raison entre autres sur la corrélation a distance ou l'effet Rosen-Einstein-poldinsky donc je suis assez iconoclaste devant ce grand homme

#23 serioscal

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Posted 18 September 2006 - 10:27 AM

Pour ce qui concerne Leibniz [je m'avance en un terrain très peu connu de moi], il me semble avoir compris que cette idée de "meilleurs des mondes possibles" était tout autre chose que la simple idée de providence. En fait, elle a introduit l'ordre statistique dans notre compréhension des choses. Tout le XIXe siècle se bat pour savoir si oui ou non les "lois statistiques" ont une valeur scientifique.

Ainsi, d'une part, Leibniz et Pascal semblent être à l'origine de cette statistique qui va se donner pour objet au XIXe siècle de mathématiser le réel (naissance de la sociologie, rendue possible par les statistiques). D'autre part, une idée ancienne resurgit, étroitement lié si je ne m'abuse au calcul différentiel : "il n'y a pas deux feuilles du même vert sur un arbre." Et c'est une idée qui détermine toute la "thématique sérielle", jusqu'à l'image de l'arbre !

#24 serioscal

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Posted 18 September 2006 - 10:56 AM

Lorsque Diderot évoque la série, il le fait dans un contexte bien particulier :
1 - le mot a surtout une valeur mathématique mais il est vraisemblable qu'on l'emploie déjà, au moins à l'oral, au sens général de "suite, succession".
2 - Diderot est un ami et collaborateur de d'Alembert, spécialiste des séries (il rédige l'article "série" de l'Encyclopédie, d'ailleurs). Diderot était cependant infiniment moins convaincu par les mathématiques, cependant, que par la zoologie naissante.
3 - à côté du sens mathématique et du sens général, existent diversement dans l'esprit des locuteurs lettrés d'alors deux valeurs latines de "series" : la valeur rhétorique, très marquée chez Diderot ; la valeur généalogique de "lignée" qui restera active jusqu'à la démographie moderne.

Trois fois le mot "série" apparaît sous sa plume : dans le Salon de 1767 ; dans Eléments de physiologie (1788) et dans un texte retrouvé il y a quelques années, une suite de réflexions sur un livre de Hemsterhuys (1777). Seul le Salon de 1767 a été connu des contemporains de Diderot (la Physiologie était restée chez Catherine II, elle aussi). Chaque fois le mot "série" apparaît dans la même problématique : celle de l'entendement.

Pour Diderot, le principe causal est d'ordre linéaire et, de même pas deux feuilles ne sont du même vert sur un arbre, pareillement on ne peut faire deux choses à la fois. Peut-on effectuer simultanément des opérations qui résolvent un problème complexe ? Non, dit Diderot : c'est la série qui est plus rapide. Et de proférer cette sentence, la même à dix ans de distance : "Discours est series identificationum" [le discours est une chaîne d'identifications].

Je vous laisse goûter les mots de Diderot : ils relèvent d'un ordre de réflexion passé, mais son style est intact et la chose qu'il tente d'appréhender reste aussi difficile à approcher pour les linguistes modernes que pour le généreux philosophe qui nous a donné - je dis bien : donné - le mot "série" :


Salon de 1767

Il nous faudrait une journée pour dire et apprécier une phrase un peu longue. Et que fait le philosophe qui pèse, s'arrête, analyse, décompose, il revient par le soupçon, le doute, à l'état de l'enfance. Pourquoi met-on si fortement l'imagination de l'enfant en jeu, si difficilement celle de l'homme fait ? c'est que l'enfant à chaque mot, recherche l'image, l'idée. Il regarde dans sa tête. L’homme fait a l’habitude de cette monnaie ; une longue période n’est plus pour lui qu’une série de vieilles impressions, un calcul d’additions, de soustractions, un art combinatoire, les comptes faits de Bareme.

Observations sur Hemsterhuys

"Par exemple: soit a. D : : D. x. Soit encore a = 2 b, b = 2 c, c = 2 D. Supposons que quatre intelligences se rappellent les idées de a, b, c, D et x, et de tous les rapports que je viens de dire. La première, qu'on suppose faire coexister presque toutes ses idées, sentira d'abord que x = a / 64: elle compare d'abord a avec x, sans égard à tous les rapports intermédiaires, ou plutôt elle sent tous ces rapports dans le même instant. La seconde trouvera d'abord souvent de même, que x = a / 64, mais elle aura passé rapidement par tous les rapports intermédiaires." (Hemsterhuys).


Je vous déclare qu'il n'y a pas un homme à la surface de la terre capable d'avoir ces rapports coexistants.

Je vous déclare que celui qui est arrivé au dernier de ces rapports avec la conscience la plus entière de l'évidence, n'en a pas la coexistence.

Voulez-vous savoir mon mot : discursus est series identificationum : plus la série est longue, plus le circuit des identifications est compliqué ; plus il est rapide, plus l’intelligence est parfaite.

Vous avez spécifié un seul des moyens de cette opération. Mais ce moyen n'est ni le primitif, ni le seul, quoique ce soit, à mon avis, le plus fécond.

Quant à la manière d'instituer la série, et d'arriver prestement à une conclusion : affaire d'organisation, de mémoire, d'imagination ; affaire d'habitude, d'expérience.

Eléments de physiologie

On éprouve une sensation ; on a une idée ; on produit un son représentatif de cette sensation, ou commémoratif de cette idée. Si la sensation ou l'idée se représente, la mémoire rappelle, et l'organe rend le même son. Avec l'expérience les sensations, les idées se multiplient ; mais comment la liaison s’introduit-elle entre les sensations, les idées, et les sons de manière non pas à former un cahos de sensations, d’idées et de sons disparates, mais une série que nous appelons raisonable, sensée ou suivie ?

Il y a dans la nature des liaisons entre les objets et entre les parties d’un objet. Cette liaison est nécessaire. Elle entraîne une liaison ou une succession nécessaire de sons correspondants à la succession nécessaire des choses apperçues, senties, vues, flairées, ou touchées. Par exemple, on voit un arbre, et le mot arbre est inventé. On ne voit point un arbre sans voir immédiatement et très constamment ensemble des branches, des feuilles, des fleurs, une écorce, des noeuds, un tronc, des racines, et voilà qu’aussitôt le mot arbre est inventé, d’autres signes s’inventent, s’enchaînent et s’ordonnent. De là, une suite de sensations, d’idées, et de mots liés et suivis.On regarde, et l’on flaire un oeillet, et l’on en reçoit une odeur forte ou faible, agreable ou deplaisante, et voilà une autre serie de sensations, d’idees et de mots. De là nait la faculté de juger, de raisonner, de parler, quoiqu’on ne puisse pas s’occuper de deux choses à la fois.
Un effet produit en nature ou en nous involontairement, ramène une longue suite d'idées. La raison a cela de commun avec la folie, c'est que ses phénomènes ont lieu dans l'un et l'autre état, avec cette différence que l'homme de sens ne prend pas ce qui se passe dans sa tête pour la scène du monde, et que le fou s'y trompe. Il croit que ce qui lui paraît, que ce qu'il désire, est, existe réellement. La marche de l'esprit n'est donc qu'une série d'expériences.

Suspendre son jugement, qu'est-ce ? Attendre l'expérience.

Le raisonnement se fait par des identités successives : Discursus series identificationum.


#25 missix

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Posted 18 September 2006 - 11:17 AM

D'une pertinence qu'un Proust aurait considéré confus, alambiqué.

#26 serioscal

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Posted 18 September 2006 - 12:34 PM

Citation (' date='Sep 18 2006, 10:17 AM @ Sep 18 2006, 10:17 AM) <{POST_SNAPBACK}>
D'une pertinence qu'un Proust aurait considéré confus, alambiqué.


Si tu le dis et vu comme tu le dis : en effet.




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