19 replies to this topic

[ibere64]

J’ai pris le chemin de Santa Olaja. C’est un sentier rocailleux qui longe la rivière jusqu’à l’ermitage de la Velilla pour grimper ensuite à travers la pinède jusqu’au village, à une bonne heure de marche. A mi-chemin, je me suis arrêté sur une crête rocheuse d’où l’on domine toute la vallée de l’Esla. Je me suis assis au bord du vide, et j’ai fumé une cigarette en regardant le spectacle magnifique et sauvage qui s’offrait à moi sous le soleil accablant d’août. Les Asturies à mes pieds ! Un délire de montagnes et de forêts à perte de vue. Los Picos de Europa. Presque le bout du monde : Las Babias n’est pas si loin. Las Babias, c’est un endroit tellement perdu qu’il a donné naissance à une expression que tous les espagnols utilisent quand ils veulent se débarrasser de quelqu’un : « ve te a las Babias » comme on dit en France « va t’en au diable », mais les espagnols s’imaginent que cet endroit n’existe pas. Pourtant, il existe bien : c’est une vallée perdue, trois ou quatre villages oubliés, et quelques centaines d’habitants qui vivent dans un autre temps…

J’ai rêvé comme ça pendant un bon moment, et puis j’ai repris ma route. Le soleil tapait dur, les grillons emplissait l’air brûlant de leur chant lancinant et assourdissant, mes tempes battaient fort. Je crachais mes clopes. Et puis au détour d’un dernier lacet, j’ai aperçu le village. J’ai attaqué le dernier raidillon en soufflant comme un phoque et j’ai emprunté la rue principale. En fait de rue principale, c’est un chemin défoncé entre deux rangée de maisons de briques faites de boue séchée mélangée avec de la paille. A Santa Olaja ne vivent plus que quelques vieux qui refusent obstinément de quitter l’endroit où ils sont nés, où ils ont toujours vécu. Leurs enfants sont partis dans les grandes villes, à Leon où à Burgos, mais ils reviennent au temps des vacances, et les cris d’enfants emplissent à nouveau les rues, le temps d’un été…
Au coin de la rue Padre Isla se tient le seul bar du village, enfin, c’est une maison semblable aux autres mais au dessus de la porte se devine à peine les lettres écaillées : « BAR del Rincon » J’entre, accueilli comme à chaque fois que je viens ici (deux ou trois fois par an) par un « Ala, Frances ! aqui estas ! »
(Hé, Français, te voilà !). Pedro est attablé devant un verre de tinto en compagnie de fernando, Luis et Jose Manuel, pour l’immuable partie de cartes d’après sieste.
Agapito, le patron me sert sans un mot une bière fraîche en me donnant une tape sur l’épaule. Ici, on parle peu. Pas besoin. Je trempe mes lèvres dans la mousse en jetant un coup d’œil sur le journal « el diario de Leon » d’il y a deux jours. Ce soir, devant le bar, dehors, on sortira les tables, Juan et Tomas nous rejoindront, et Julia, Macu, Isabel… On mangera des tapas, on boira du clarete, et on mangera la tortilla et la cecina (jambon de vache) en plaisantant, en parlant de tout et de rien, dans la douceur du soir, on flirtera un peu avec les filles, et jusque tard dans la nuit, on se racontera nos vies les uns les autres… J’irai dormir chez l’un ou chez l’autre et, demain, après le desayuno (petit déjeuner), je prendrai congé. On me dira « hasta la proxima, Frances » (à la prochaine, Français) sans plus de manières, et je redescendrai vers cet autre monde, le mien, à regret…

Quand je serai vieux, j’irai finir ma vie à Santa Olaja. Peut-être même à Las Babias...

http://www.santaolaja.com/

Je suis pas ibèrique mais l'ambiance est tellement attirante. En lisant ces lignes, j'ai été transporté de mille lieux de l'endroit où je suis. Si j'avais un style d'écriture comme le tien, que je serais heureux.

[vallée]

¡ Ay, hombre !
que bonito es este

J'ai dit une bêtise ?

[Elfirie (Akroma)]

la suite, la suite, la suite
(vive les paysages du pays basque et de l'espagne )

il y a trop de mots :|

tu peut écrire s'il te plait des textes plus ptits

[Marygrange]

Moi, je l'ai aimé tel qu'il est ce texte. Il se lit d'une traite, je trouve... J'ai appris des expressions que je ne connaissais pas, tu vois, « ve te a las Babias ». Moi pour ça je ne savais que "ve te al diablo" (que también se dice...).

Bises,
Béa

[Erre]

J'aime les récits d'Espagne et j'aime ton récit, qui sent le bonheur simple et la quiétude...

[D.GOLL]

Cuándo vayas a la babias no olvides de comer algunas cortezas para mí :wink:

Tu sais, chez nous c'est à "Dache qu'on va" avec la différence que Dache n'existe pas.

Merci en tout cas de nous faire partager ces quelques instants des Asturies.

Amicalement

Denis

[Oxygène]

.


Merci Philippe pour cette balade... au fond de ton coeur. :wink:


/ une bouffée d'oxygène






http://www.santaolaja.com/

[ibere64]

Merci à tous d'avoir visité par mes mots cet endroit que j'aime tant...
Oxygène, il y a des tas de Santa Olaja en espagne, et le site que tu as trouvé, c'est sur le BON Santa Olaja ! merci à toi ! je le rajoute avec mon texte ! :wink:

[Galy]

Comme j'aime ces ambiances ...
Merci de nous faire partager ce petit moment d'étoile ... en toute simplicité ... et si un jour, un ami espagnol m'envoie "a las Babias", je ne répondrai pas, je me contenterai de lui sourire ...
Bises à toi,
Galy.

[lacape]

merci à toi ibère pour le voyage.
amitiés.

[ibere64]

tu as raison Galy : souris, ça n'est jamaisdit méchament...

Merci Lacape :wink:

[Oxygène]

Oxygène, il y a des tas de Santa Olaja en espagne, et le site que tu as trouvé, c'est sur le BON Santa Olaja ! merci à toi ! je le rajoute avec mon texte !  

Quelques recherches et beaucoup de chance... :wink:

Merci de l'avoir rajouté à ton récit que je viens de relire avec le même plaisir.


Oxygène

[.ds.]

j41AI ILLUMIN2 DES SOMMETS
Des senteurs celles
De mes rêves
et à OJA
j'ai rencontré ton âme
Elle me disait
tU SAIS
nE DIS TOUJOURSZ RIEN
un jour tu sauras parler
et
Les pruneau de ton enfance seront lesnotes
Des rivières que

Je n'ai jamais oubliées...

Mon Cher Ami
Je t'invite dans ma vie
Pour unb fois.*

Nath

[Deirdre]

Le coin parait superbe et les gens simples.
Il y a encore de nombreux "Las Babias" de part le monde, Ibère.
heureuse que tu en connaisses au moins un.
amitiés

[Oxygène]

-

Pour le plaisir de te lire ibere. :wink:

C'est ici que tu te caches ? LOL


Bisous et à bientôt !


Oxygène

[Oxygène]

nième lecture... même plaisir !

Coucou ibere


Oxygène

[Serge L]

il sait raconter.