Le Chasse-Rivière
Started by Ariel, Jan 24 2006 05:06 PM
10 replies to this topic
#1
Posted 24 January 2006 - 05:06 PM
Le Chasse-Rivière
Rives,
de froid et de lumière.
Dans les creux le regard saisit l’eau sous l’emprise du gel
et l’on marche sur les brisées
comme on irait sur les cris de la colère
(Bestiaire)
L’envol cendré du héron marque la trace de l’anneau emporté où l’on fixait la barque pour le passage.
Rive où ne s’attache plus que la vie,
définitivement.
Songeuse.
La berge croupit
mais dans la force du chenal
toute eau est lavandière.
Sombre,
comme le voile noir tendu sur la richesse extraite.
Mémoire cachée de l’eau, elle est rivière d’ombre.
Enfin,
sur une surface calme les anneaux dorés chapardés entre les nuages
(Terron de Chaulet)
La roche offre sa résille à la célébration du courant
Couloirs où sans se disperser l’instant se divise :
noces de l’entendre et du dire,
du fugitif avec le pétrifié.
Epousailles, de la lumière et du regard
Noces, noces, noces
(Bestiaire)
A la ligne de l’écorce
le discours incisif
du castor
(Combescure)
Portail et voûte et chœur,
et pour toute prière l’agenouillée du doute.
L’impasse de la contemplation,
assise,
sous l’abri du tueur.
(Bestiaire)
Cordes sur la paroi rouge du ranc,
deux adolescences escaladent le silence
Cliquetis, ordres brefs :
la cime est haute
Pelouses.
Pour quelles crinières, pour quels galops.
31 décembre 2005
Le Chassezac à contre-courant, entre le pont de Maisonneuve et Combescure.
Rives,
de froid et de lumière.
Dans les creux le regard saisit l’eau sous l’emprise du gel
et l’on marche sur les brisées
comme on irait sur les cris de la colère
(Bestiaire)
L’envol cendré du héron marque la trace de l’anneau emporté où l’on fixait la barque pour le passage.
Rive où ne s’attache plus que la vie,
définitivement.
Songeuse.
La berge croupit
mais dans la force du chenal
toute eau est lavandière.
Sombre,
comme le voile noir tendu sur la richesse extraite.
Mémoire cachée de l’eau, elle est rivière d’ombre.
Enfin,
sur une surface calme les anneaux dorés chapardés entre les nuages
(Terron de Chaulet)
La roche offre sa résille à la célébration du courant
Couloirs où sans se disperser l’instant se divise :
noces de l’entendre et du dire,
du fugitif avec le pétrifié.
Epousailles, de la lumière et du regard
Noces, noces, noces
(Bestiaire)
A la ligne de l’écorce
le discours incisif
du castor
(Combescure)
Portail et voûte et chœur,
et pour toute prière l’agenouillée du doute.
L’impasse de la contemplation,
assise,
sous l’abri du tueur.
(Bestiaire)
Cordes sur la paroi rouge du ranc,
deux adolescences escaladent le silence
Cliquetis, ordres brefs :
la cime est haute
Pelouses.
Pour quelles crinières, pour quels galops.
31 décembre 2005
Le Chassezac à contre-courant, entre le pont de Maisonneuve et Combescure.
#2
Posted 24 January 2006 - 06:57 PM
C'est vraiment beau !
Et ça ressemble étrangement à mon coin de pays...en ces temps de froidure et de beauté givrée.
Et ça ressemble étrangement à mon coin de pays...en ces temps de froidure et de beauté givrée.
#3
Posted 24 January 2006 - 07:04 PM
trés beau
amitiés
amitiés
#4
Posted 24 January 2006 - 07:04 PM
Couloirs où sans se disperser l’instant se divise :
noces de l’entendre et du dire,
du fugitif avec le pétrifié.
Epousailles, de la lumière et du regard
vraiment très fort, très beau. Amitiés JP
noces de l’entendre et du dire,
du fugitif avec le pétrifié.
Epousailles, de la lumière et du regard
vraiment très fort, très beau. Amitiés JP
#5
Posted 25 January 2006 - 09:52 AM
Ariel,
Comme toujours, à lire et à relire... Bien des mots et des sens m'échappent... A se sentir parfois bien petit !
Amitiés,
Thierry
Comme toujours, à lire et à relire... Bien des mots et des sens m'échappent... A se sentir parfois bien petit !
Amitiés,
Thierry
#6
Posted 25 January 2006 - 10:40 AM
Un instant de lecture magnifique. "Et l'on marche sur les brisées comme on irait sur les cris de la colère", vraiment très beau.
#7
Posted 25 January 2006 - 10:50 AM
Du titre au point final un beau poème. Rythme, dialogue, courant...Beau
Henri
Henri
#8
Posted 25 January 2006 - 10:56 AM
que dire !
enfin de la poésie sur ce site !
non vraiment bien écrit
eden touché
enfin de la poésie sur ce site !
non vraiment bien écrit
eden touché
#9
Posted 25 January 2006 - 11:30 AM
Si vous dites que c'est de la poésie ....
- "Si tu dis que c'est de la poésie, alors ce n'est pas de la poésie.
Et si tu dis que ce n'est pas de la poésie, alors c'est de la poésie" (ou à peu près ça)
(une définition de Rykan - je crois -)
Maintenant je lis dans la marge Yves Bonnefoy, Jaccottet, et ce sont des noms qui me parlent.
Si ce n'est en ce qui concerne le premier qui me souffle.
Et j'ajouterais pour la superposition des niveaux de réflexion René-Louis des Forêts.
Leur "diction" écrite.
- "Si tu dis que c'est de la poésie, alors ce n'est pas de la poésie.
Et si tu dis que ce n'est pas de la poésie, alors c'est de la poésie" (ou à peu près ça)
(une définition de Rykan - je crois -)
Maintenant je lis dans la marge Yves Bonnefoy, Jaccottet, et ce sont des noms qui me parlent.
Si ce n'est en ce qui concerne le premier qui me souffle.
Et j'ajouterais pour la superposition des niveaux de réflexion René-Louis des Forêts.
Leur "diction" écrite.
#10
Posted 25 January 2006 - 11:40 AM
bonjour, je suis nouvelle sur le site, séduite et perplexe à la fois comme s'il y avait incompatibilité entre poésie et site internet. comment vous dire? je prends le temps de lire le texte d'ariel et je veux prendre le temps de le lire et le lire encore sans la frontière lisse de l'écran, donc je l'imprime, je me l'approprie comme l'on fait d'un cadeau...merci! bobine
#11
Posted 25 January 2006 - 12:35 PM
De quoi cabosser un peu plus ma fausse modestie ...
Mais bon, je déroule le fil.
Je confirme le souci de la relation poésie - site (ou plutôt langage poétique - forum),
un rapport inexistant avec le recul,
le recul du temps, le recul dans son rapport à l'autre,
trop immédiat, trop irréfléchi et soucieux moins de l'autre que de l'image du soi
- et je parle pour moi, aussi-.
Ce langage ne tient-il pas de la grille de mots croisés ...
horizontale de l'écriture, verticale de la lecture,
dimensions déliées de toute orthonorme, instables, floues, imaginatives.
Une telle grille ne se résoud pas avec les outils de l'immédiateté.
Ou alors on est diablement fort
Le transfert du texte vers un objet papier est sans doute
la plus belle reconnaissance que tu puisses lui offrir,
un retour vers sa vérité première,
de gribouillis jeté sur une feuille pliée en quatre par des doigts gelés.
Ou presque.
Parce que cette rivière existe
- bien qu'elle ne soit déjà plus la même -,
bien au delà du texte,
dans son rapport au temps,
dans tout ce qu'elle offre à la beauté du regard.
Et que le texte n'est que le bruit fait, l'écho,
quelque part
d'un dialogue entre toi, et elle.
Si si ...
Mais bon, je déroule le fil.
Je confirme le souci de la relation poésie - site (ou plutôt langage poétique - forum),
un rapport inexistant avec le recul,
le recul du temps, le recul dans son rapport à l'autre,
trop immédiat, trop irréfléchi et soucieux moins de l'autre que de l'image du soi
- et je parle pour moi, aussi-.
Ce langage ne tient-il pas de la grille de mots croisés ...
horizontale de l'écriture, verticale de la lecture,
dimensions déliées de toute orthonorme, instables, floues, imaginatives.
Une telle grille ne se résoud pas avec les outils de l'immédiateté.
Ou alors on est diablement fort
Le transfert du texte vers un objet papier est sans doute
la plus belle reconnaissance que tu puisses lui offrir,
un retour vers sa vérité première,
de gribouillis jeté sur une feuille pliée en quatre par des doigts gelés.
Ou presque.
Parce que cette rivière existe
- bien qu'elle ne soit déjà plus la même -,
bien au delà du texte,
dans son rapport au temps,
dans tout ce qu'elle offre à la beauté du regard.
Et que le texte n'est que le bruit fait, l'écho,
quelque part
d'un dialogue entre toi, et elle.
Si si ...
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