Martin Codron

Tard le soir,
Dans le ghetto
On peut y voir,
Comme à Sacramento,
Les formes des leaders
Des Black Panthers.

Bobby Seale,
HP Newton :
Votre combat fut difficile
Il y eu des morts,
Comme Bobby Hutton
Mais votre lutte vit encore..

Après la mort de Malcom X
Vous avez repris le flambeau
Et créé en 1966
Un parti pour vos idéaux
Pour vos sœurs et frères
De misère.

De noirs vêtus,
Vous alliez patrouiller,
La nuit venue,
Pour faire face au policiers
Qui harcelaient, brutalisaient sans ménagement
Tout ce qui n'était pas blanc.

Dans les métropoles,
Vous distribuiez
Dans les écoles
De quoi manger.
Vous avez apporté des soins
Aux pauvres, aux crèves la faim…

Le FBI à vos trousses
Cherchant par tous les moyens
A détruire cette secousse
Qui fit trembler ce pays puritain
Ce pays du Ku Klux Klan
Ce pays qui a fait couler tant de sang…

Certains d'entre vous étaient communistes,
D'autres justes afro américains,
D'autres anarchistes.
Mais de vos mains
Vous avez redonné aux vôtres : honneur et courage
Et je voulais vous rendre ce petit hommage...

Je souris mal, alors je rimaille
Le côté sombre des décombres de mes pensées.
Banlieusard de la France d’en bas, je bataille
Contre les bouffons, pour ne pas les laisser passer…

Futile, inutile, facile, imbécile…
Tu crois que je pose mes mots en poseur…
Devant mon ordi, je débite, déballe, débile
Mes colères, et mes écrits en sont les passeurs…

Toi tu vagabonde dans le monde de ta blonde
Et tu ris de mes rimes ripou
Je vais pas faire un hymne à ta plume nauséabonde,
Mais je sors mon harpon si tu me cherche des poux…

J’opte pas pour la tendance condescendance.
A l’art engraissé, je préfère l’art engagé,
Et je me balance de l’arrogance et de la suffisance
Des bœufs qui bavent de m’avoir blessé…

J’ai pas la grosse tête depuis que j’suis poète ? enfin p’tête
Si j’ai pas ta sympathie, l’empathie me suffit
Pour poursuivre ma quête et jouer les troubles fête..
Dans mes écrits, qui décrivent des bribes de vie….

Ma muse ne s’amuse pas dans la presse people,
Mon inspiration vient pas de ma dévotion ni de mon auto-contemplation,
Je joue pas le rôle de l’enjôleur ni du poète drôle
Mais j’ai l’impression d’être seul comme un con sur la ligne de front.

Vaille que vaille
Il faut que je travaille pour avoir de la maille :
Pour me loger,
Pour manger.
Il me faut un boulot rapido-presto
Pour avoir des euros…

Je vais à L’Anpe
L’agence des ânes qui peuvent peu
Où je saoule un fonctionnaire coincé du fion
En lui disant ce que je veux faire et mes questions.
Il m’envoie dans un stage mécanique
Je serais en moins sur la page des statistiques…

Je sonne à la porte d’une boîte d’intérim,
Ces esclavagistes des temps modernes,
Me proposent un taf de serveur à Mac Do,
Ces hyper gastronomiques resto
Venus du pays de Swarzy et des westerns
Mais bon moi je confonds ice-cream et cold-cream…

J’ai envoyé des milliers de CV
A des boites un peu partout en France
Mais en vérité c’est pas le pied
Pour décrocher un job, faut de la patience
On m’a proposé un poste de Schmitt
Mais bon y’a quand même des limites…

Marre des turbins à la con, j’en veux plus
Je veux un vrai job, et être respecté
Pas être l’homme à tout faire
Alors si ça continu, quand j’en aurais plein le cul
Si j’ai pas de CDI, Contrat d’Exploitation Illimitée
Je sortirais mon gun et jouerais au gangster….nananére

Dans ma zone quatre-vingt-treize
Y'a des zouaves Azimutés
Qui gagnent du peze avec leurs uzi
Et qui finissent en zonzon (1) loin de leur Z4..

Y'en a qui zéti, (2) d'autres zarbi
D'autres Zamel, (3) d'autres zéref (4)
D'autres zicos ou accrocs de Zetla (5)
D'autres fans de Zizou…D'autres zonards…

Je zappe et je zigzague,
Rêvant, zen, de ciel azur,
En lisant Zola, Balzac
Ecoutant Dead Prez, et Zebda.

Drôle de Zouave sous mon zomblou
Je suis pas Zorro, plutôt zéro
Au onzième étage d'une tour zébrée ;
Vue sur la ZUP, je rêve de Brazil…


1) Prison
(2) Boire
(3) Homosexuel
(4) Enervé
(5) Haschich

L’aube sur Cana
Se lève sur les morts
Sur des corps sans bras
Macabre décor….

Putride Tshahal
Etoile de David
Combien te faut-ils de raid fatals ?
Pour plaire à tes généraux morbides ?

Où est le Hezbollah, ses combattants,
Chez ces cadavres, ces ruines
Ces orphelins, ces enfants,
Israël pourquoi es-tu si mesquine ?

A qui profite le crime ?
Cette bande de terrain,
Vaut-elle autant de victimes ?
De sang sur les mains ?

Au Liban on pleure
A Haïfa on attend
Comme a Gaza, d’autres douleurs,
D’autres bains de sang…...