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système général sériel

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Topics I've Started

Psychologie, 1

22 July 2006 - 06:50 PM

Psychologie de baltringues
A enfermer dans un couteau
De ce qui coupe la peau
En rondelles outrancières
Est devenue et revenue

Sans estimer la poissonnière
Le poison est livide
La face et le baltringue ne font qu’un

Psychologie de poulpes, de tueries
Les ventouses magnifiques
Font des escaliers mécaniques
Comme des espadons, des esturgeons

Nous y avons baigné
Avez tout salopé

Les Silencieux

22 July 2006 - 10:24 AM

Ils ont l’art de se taire et de fermer les yeux.
Ils voudraient apaiser leurs consciences inquiètes
Ces anges de prudence ramasseurs de miettes
Ne tireront parole que du Victorieux

L’injustice est normale et tout va pour le mieux
Tant qu’on leur autorise leurs petites fêtes
Si des gens disparaissent, ils oublient leurs têtes
Le silence est leur pain et la honte leur Dieu

Il faut raison garder, disent-ils dans l’attente,
Regardant autour d’eux,  tentant de s’assurer
La caution de la foule serrée et bêlante

Demain ils seront fiers : ils pourront enterrer
Ce qui les a sorti de leur douce hébétude
Et reprendre leur somme dans la multitude.

Lumière De La Série

22 July 2006 - 06:39 AM

Sous un aspect de bouge.


Ecarte les deux yeux : cette technique te permet de respirer. La leçon de respiration émane de quelqu’un dont le corps est détruit. Et peu importe puisque c’est ton lot aussi. Mais voici le printemps. Une lumière incarnadine renait. Cette lumière te connait ; elle t’embrasse comme un enfant, te parle comme à un enfant. Tu voudrais croire que se suspendra pour un instant ton corps dans une nostalgie qui donnerait aux bâtiments la perception la plus ancienne que tu en aies jamais eue. Tu n’avais rien vécu, enfant et tout ton voisinage, tu le découvrais. Or cette nostalgie n’existe pas. Ton corps tendu, tu penses déjà à autre chose. Voici ce que fait la lumière.


La lumière descend. Elle ne monte jamais. Le jour a sa lumière, la nuit a la sienne que tu respectes, dont tu tentes chaque nuit de cerner le trait particulier. Le jour a sa lumière nocturne aussi, parfois le trait de luminosité propre à la nuit se trace dans la paroi diurne ; tu serais presque heureux alors. Tu pourrais discerner dans chaque corps la part de lumière diurne, la part de luminosité nocturne, ce que les savants appellent : nycthémère -- le nycthémère de tout un chacun, résumé en une teinte particulière de la peau, à un moment, qui ne durera pas. C’est ainsi que ton visage s’est modifié, de minute en minute, sans que tu en aies jamais eu conscience. Mais c’est ainsi que tu as pris conscience que ton entourage changeait. Plus pessimiste tu aurais pu dire : vieilli. Mais on ne réduit rien au vieillissement. Il y a bien le temps, sa destruction et sa procréation ; mais il y a encore autre chose, --- une sérénade sereine.

Oui tu chantes : dans ton bain, dans la rue, dans des espaces publics mais que tu juges à des moments confidentiels, dans l’armoire où tu t’enfermes encore parfois, puérilement, ou pour toi seul tête penchée et savourant dans le silence la mélodie inachevée, qui te frappait et qui te frappe. Mais soudain, comme dans un poème de Mallarmé la brume sur Bruges se dissipe, progressivement sous le tracé de ta chanson qui est d’hier une autre chanson joue, tu es sous l’influence du jour et tu deviens. Que deviens-tu ? Parce que tu es comme une momie en somme : tu bouges peu. Tu te noies vraisemblablement dans un air pur et printanier. Tu identifies tes mains à des montées de sève dans les arbres qui te sont contemporains. Une énergie nouvelle t’est venue, et a pris ton chapeau.

Tu es sous l’influence de l’air. Petit-bourgeois pour ressentir de pareilles peines, de pareils ennuis ou de pareilles félicités. Ta structure sociale te détermine pourtant moins que l’air -- dis-tu. Et tu portes cette conviction dans la brume indéfiniment se dissipant de la Bruges phantasmée du sonnet inaltérable en toi (parce que tu te le récitais, un soir, bougeant les lèvres pour n’en laisser sortir aucun son, au métro, puis au bus, dans le 26). A des amis, pour leur dire : « Ne m’oubliez pas » (rien autre que ce que disait Gérard de Nerval, à des amis). Tu devenais série.

La lumière se décompose. La décomposition de la lumière se vérifie en deux expériences qu’un enfant des villes effectue immanquablement : l’essence laissée au caniveau et l’arc-en-ciel. La décomposition de la lumière t’attire. Tu es désespéré de ne pouvoir saisir de tes doigts boudinés la lumière. Fussent tes doigts élastiques, tu resterais un pur manchot. S’il te restait un bras, il ne serait d’aucune motion. Parfois des gens l’agiteraient pour toi, criant drelin, drelin ! à tes oreilles, pour te faire croire que tu es une machine, un bandit manchot, mais tu as le pressentiment de l’air, le monde t’assure de sa statistique, tu te rassures, tu te terrifies, tu vois le monde horrible et beau, tes yeux écarquillés se sont élargis, ils espacent le monde.

Pareillement, une dame que tu ne connais pas mais qui, par ouï-dire, a frappé ta mémoire, emblématiquement, photographiait plusieurs fois par semaine parfois le ciel au crépuscule. Tu imagines la caisse remisée au grenier pleine de toutes ces photographies. -- Et depuis combien d’années, madame ? Mais tu ne la connais pas. Tu ne chercheras pas non plus à voir la caisse, ou les photographies du ciel qui -- ainsi accumulé en papiers imprimés, cadrés -- te semblerait idiot.

Tu prendrais alors en haine le « beau ciel » comme tu prendrais plus tard en haine le « ciel bas et lourd », « plombé », « dimanche lourd couvercle » ; et même le ciel nocturne, à cause de la grande ourse et de la petite ourse qui te blessent quand tu ne les vois pas. Tu n’as jamais demandé à voir la série impeccable des photographies célestes de cette dame que tu ne connais pas et que tu ne respectes ni ne méprises pas plus pour ce qu’elle a fait que si elle n’avait jamais existé mais qui te hante, parce que tu imagines le rituel de ces photographies et les sacs d’impressions qui s’associent au rituel de ces photographies ; tu peux penser au rituel de la rétrospection, la dame classant et reclassant les couleurs de son ciel, par dominante chromatique, selon la forme des nuages, ou d’après la saison même. T’effraie l’instinct de classer.

Je ne connais rien de pire. Autant tuer les gens, vraiment. On peut s’indigner de pratiques effroyables, incompréhensibles pour nous mais de rigueur dans tel point éloigné ou plus proche du monde ; nous classons. Des universitaires disent encore : « sérier ». Tu ne leur en veux pas puisque tu es à l’air libre, marchant et le pas qui te porte est aussi ce qui porte ton phantasme : aujourd’hui tu es un criminel et l’on te met en état d’arrestation -- va à Lyon. Et que faire là-bas ? Mais tu t’arrêtes à un embranchement de l’autoroute. Belle affaire vraiment. Tu reviens sur tes pas, non : ce que chacun de tes pas entraînait « dans son sillage », c’est un peu d’un délire, tu délirais « grave de grave », tu t’es pris pour un criminel en état de fuite mais tu as pensé que si tel avait été le cas, tu ne te pas vraiment senti autre. Triste et heureux, tu aurais goûté l’air du jour dans sa particularité insaisissable et sa mémoire aussi insaisissable. Tu aurais même prétendu rêver en marchant -- car ce n’est pas un rêve : tu le portes comme une arme.

« Que tiens-tu dans la main ? » (Celle que tu tiens fermée). Le nerf. Pourtant tu es confiant. Tu déroules tes doigts (comme des fleuves, des fleurs) ; ta paume s’ouvre à la lumière pour une plaie, ton sang est de l’essence et s’y dessine l’arc chromatique qui se réservait au ciel et au sol mais jusque là non à ta main. Ta paume s’ouvre en grand : et c’est un oeil immense qui apparaît dans le sang noir et le début de croûte qui t’assure que ta main est granitique, volcanesque et ressemble à l’Auvergne (où deux de tes amis vivent enfin humainement, tellement plus humains que toi). L’oeil vers le ciel, à moins que tu n’abaisses ta main, qu’elle dévisage les chaussures de qui te parlait tout à l’heures. Ton oeil, ta paume, admireront longtemps la corne pour le pied, le trajet dans la corne, l’arc dans le trajet.

Tu as tout dévoilé. Tu es un ver avec ta nudité pour main, pour paume, pour oeil et tu comprends que la matière fait la lumière plus que la lumière ne te découvre la matière. Il n’y a pas de matière puisque tout prend l’apparence de ton langage ; mais ton langage recèle un monde et dans une spirale à la fois descendante et ascendante tu t’étires, devant qui te parla, et bien au fait : qui te parla ? qui te demanda quoi ? et que répondis-tu à quelle question, de qui ? oui qui es-tu qui répondis ce qui devait te définir aux yeux de qui, qui te parla ? Alors ? Les yeux baissés et la lumière est celle de tes paupières. Eternelle nouveauté de la matière.

Toute matière, le monde, ceux qui le font, se sont concentrés sur un point particulier de l’espace-temps que, non pas toi, tu représenterais, mais une de tes apparitions. Tu estimes le ciel de ce printemps. Un temps, tu voulais prendre la température chaque matin pour la noter et t'associer à ses fluctuations ; la pression atmosphérique aussi variait. Tu t'altérais avec. Ces déterminations secondes, pousse-au-crime, agit-prop, sont devenues premières. Tu dresses une combinatoire universelle sur des critères d’absurdité croissante. Mais tu la nies, l’absurdité : dans tes rêves tu manges plusieurs livres que généralement on associe à une idée d’absurdité, -- Camus, Sartre, Ionesco ? Ta confiance va aux « statistiques ». A la statistique. Tu t’interroges si ce mot ne serait pas le plus noble ; alors il faudrait l’inclure dans un vers à la manière traditionnelle :

Et de la terre engendra la mystique
Barbare et pure d’un ciel statistique.


Tu t’aideras dans des sciences anciennes, dans des savoirs nouveaux. Tu ne sais pas ce qui arrive, tu ne prétends pas savoir ce qui arrivera, tu chantes dans un savoir pur, indestructible, qui ne connaît pas tes lois, qui ne connaît aucun principe. Tu accompagnes ce savoir sans voix et ce savoir aveugle, aux déraisons. Terrorisé tu ne crains rien et vulnérable tu te sens indesctructible. Tu opères le monde, dans ses refaçons.

Pendant Ce Temps...

21 July 2006 - 09:59 PM

Etendues désertiques je vous ai traversées
mais la technologie m'a bien aidé quand même : je devrais la remercier
mais non, je ne sais que lui dire, elle m'a aidé
les trains ne sont cependant plus que l'ombre de leurs vapeurs
Tant pis. Espaces inconstruits je vous ai traversés.
A me nourrir et seulement de villes
je vous ai dépecées
ou déplacées
à l'extérieur du cercle
de mon no man's land.

Jetée Promenade, 1

21 July 2006 - 09:43 PM

j'ai posé sur ma tête l'entonnoir du fou
je l'ai mis à genoux (la tête)
(sous le fou) il faisait le poirier
le fou ! il était incendiaire
et il allait en battant grandement
les bras ! les veines ! les artères
je le chantais gaiment
(il faisait le poirier) j'étais
un fou sur son chemin
qui buvait son chemin à grandes rasades d'entonnoir
quand j'écrivis des vers ils devinrent immenses comme des bras
mais des bras d'eau
me traversaient la tête
peut-être oui peut-être
un jour
je me reconnaitrais poète
alternativement éphéméride
car j'ai sur moi
en moi aussi mais sur mon visage blessé
surtout
les plaies de la folie
les rides alternées
des fées
et des sorcières


Poème dédié à Audiotax, avec qui je me suis brouillé mais qui garde toute mon estime.
Audiotax est l'inventeur de la "poésie alternative éphémère" dont particicpe ce poème.