Jump to content


Photo

Une Vie Sur Les Toits


  • Please log in to reply
No replies to this topic

#1 Suave

Suave

    .............................

  • TLPsien
  • 123 posts

Posted 09 September 2006 - 11:02 AM

*





















Il y a ce qui régit,
« Ce qui est »,
Et
– l’impalpable qui envoûte -.

Premiers temps
-----------------------------------------------------------------------

Il marchait,
Regardant ses pieds
Comme s’il eût été à quatre pattes.
Dans le mirage luisant des chemins propres,
Les souffle des molasses étouffées
Faisait feux follets :
Souvenir d’humus véreux et d’étreinte végétale.
L'asphalte
Était la pierre tombale.

Le trottoir, la rue,
Le métal et la peinture.
Mur, mur, murs
Et
Murs mûrs de silence.
Pas de cri,
Ni d’odeur,
Pour faire oublier
Les lisses et plats crépis.
Seules les machines
Étaient autorisées à faire du bruit.
Les boutiques avaient troqué leurs vitres
Contre des durs tas de brique.
La stérilité
Était bien entamée.
Tandis que l’animosité,
Parquée,
Jouait au football.

L’urbanisme crée la rue.
Le corps entraîne l’esprits
Dans les allées des expropriés.
Là où les vies en chaîne
Ne peuvent déchaînent leurs chairs
Que contre des murs d’eczéma ou d’urticaire.
Ici, très bas, la vie montre vouloir se momifier.
Là encore, là toujours et encore et partout :
Murs de brique,
Habitations qui s’emboîtent,
Murs,
Avec laines de verre et laines de roche
Pour un confort plâtré,
Aciers
Pour la sécurité,
Volets contre fenêtre double vitrage
Pour une solitude souffrante.
Derrière ces murs
Les souffles
Sont ruminés.
Le tout
Est stérile.

- « L’espace est une fatalité.
L’esprit sait tuer le temps,
Grâce à l’immensité. »
Tu portais le nom des sauvages :
Décor, survie, Présence d’Esprit...
Souviens-toi. -

Il avait sentit sa présence
Et comme une invocation, il se répétait :
« Reste avec moi,
Je veux ressentir. »

Il pensait parler à une forme d’intégrité.
Une sensation pensante, instinctive, sensible, palpable et légitime ;
Antique mémoire gravée d’ADN.

Dans ses rêveries, la voix se fit de plus en plus claire.

- L’horizon
Est ta seule frontière !
Regarde,
Regarde autour de toi ! -
« Mes yeux ne savent plus que rêver. »
- C’est un trop pauvre amour que cette existence stérile.
Regarde ! Et quand tu verra qu’il n’y a rien,
Absolument rien de véritablement frissonnant,
Tu m’entendras. Nous le savons,
Parce que l’horizon
Est notre seule frontière. -

Ces débats singuliers prenaient physiquement forme lorsqu’il croisait des silhouettes familières. Et quand il croisa son ancien concierge, il lui dit comme par mesure :
« Les murs sont nos meubles les plus précieux. »
Sur les lèvre du concierge, qui semblait évidemment d’accord, il entendit.
- Les murs protègent une surface.
Accapare-toi l’espace
Et connaît l’élévation. -
Il était définitivement possédé par l’hallucination
Du désir.

« Mes souvenirs sont forestiers,
Et mon cerveau résonne
En interactions de bordels.
Cela fait longtemps que je n’est pas été un homme.
- Depuis que tu n’as plus peur.
Plus peur
Que le stérile meurt. -
Alors j’erre. Peut-être trouverai-je quelque chose.
En tout cas je ne cherche rien. »

Il devait trouver un travail
Pour y passer ses journées,
Entouré d’inconnus,
Et nourrir de métal
L’intérêt des rencontres... «Les rencontres ?
L’intérêt est ce qui pousse un inconnu à aimer »... - Aimer ? -
- Les inconnus, il n’y a plus que de ça, - « des inconnus... »
- Inconnus d’eux-même ! -

« Je dois produire.
Si je ne travaille pas,
Mes proches m’éviteront
Et l’État finira par m’enfermer.
C’est dangereux de ne rien faire
D’autre que gagner de l’argent »

Momo : «  « C’est comme ça c’est comme ça, hein ?
C’est pas nous qu’on décide… » »

« Connard. »

Sur ces pavés, les plus libres
Se vouaient naturellement un culte
À leur identité.
- Dominer, c’est vaincre la domination.
Être cool, c’est tricher, c’est malin, c’est beau,
Et cela suffit à la participation du leurre.
Le grand leurre, le leurre magnifique ;
Ce leurre aux odeurs alcooliques, d’alcoolisme tampon
Qui déshydrate le sensible
Et qui apporte le rire
Comme la bêtise aboie face à la mort. -
Étrange forme de conformisme donc que le

Star système :
Kévin : « « Surface rapide des trottoroutes,
Je glisse et déambule dans les capillaires bétonnées-carrées.
Je pense stérile.
Moi : Source d'Ether-folie-d'éxistentiel.
J’émane le moi contre les parois-vitres grises des cités.
Pensée-moi qui rebondi
Sur moi.
Je sursuis
Moi,
Trop moi.
L’inacceptable d’essence.
Le facho d’existence.
Regardez-moi comme je suis beaucoup moi. » »

Les mois se perdent et la folie profite.

« « Je me suis important. » »

« Je n’ai jamais voulu
M’être
Quelqu’un d’humain. »


- Cette rue découle sur un carrefour,
Et après ?
Une autre rue, un autre carrefour, peut être un rat ou un autre bio-déchet nourri d’abandon.
On tourne vite en rond chez les hommes.-

« Petite voix ?

Je veux sortir.
Je dois sortir.
Je ne suis pas un citadin
Et mon imaginaire,
Ma survie,
Est l’horizon. »

La sauvagerie veut émerger.
Phénomène surnaturel:
Les pupilles emportent les paupières dans une amplitude féline. Les muscles s’échauffent et les bras, les jambes, mutent en monstre d’attention.

La vérité est la circonstance,
Et la raison
Est cette folie qui ne veut pas subir.

Aux aguets, les membres caressent l’air comme les cils traquent le mouvement.
Ils battent la poussière comme on efface la mort.
La main a attrapé quelque chose : une gouttière.
Elle indique le ciel et…
Un horizon.
Dix mètres seulement pour atteindre cet horizon.
Les jambes s’emballent, les orteils se coincent dans les lézardes.
Les bras emportent et la transpiration huile les frottements de la peau.

Le but est bientôt atteint.
« Je n’aurais jamais vu l’horizon de si près. »

Et dans l’élan,
Il le franchi.

Pendant que la conscience découvre, l’esprit déjà rôde sur les toits,

- Et toi,
Bel horizon,
Te revoilà.-

Il respirait l’accablante lumière comme on tanne une peau.

La folie est restée, imprimée, furtive :
« L’horizon est aussi grand que le ciel. »
La terre insiste,
Elle veut rester sensible.
«- Le corps de l’âme perce cette frontière invisible
Qui borde le soleil au couché. »
Mon éveil, maintenant, sera sans nuit.
Je suis, je vis, je cris
L’unification du décor.
C’est un chant que rythme
Nos cœurs.
Ce battement sera seule,
Et aimée,
Notion d’existence.-
Le temps n’est pas perdu mais bel et bien évaporé.

-Il y aura les nuages, les orages et les
Échappées d’airs. -

« Le ciel m’est aussi présent que les entrailles.
Chaude, ma danse est une étreinte.
Le corps et l’espace sont mon territoire. 
Ma danse est un territoire. »

Illuminé de réalité, il se mit à tourner sur lui même, seul sur ses toits, séduisant au passage
Les nuages curieux de ce nouveau courant.

- Les crépitements de tuile
Te rappelle que l’enfer
Est sous tes pied.
Par prudence
Contre le gouffre,
Incline-toi à quatre pattes ;
Les déserts se vivent à bras le sol -

Il pauma le vaste drap de tuile, puis tracta ses hanches et ses épaules au sommet de la plus proche tour.
« Mes bras faiblissent trop vite,
Et mon dos sûrement souffrira. »

Il n’y eût jamais au monde d’esprit aussi silencieux et inactif
Que sur les toits de Romans-sur-Isère
La semaine qui suivait cette trop légère remarque.
Calquant son profil sur ceux des plus invisibles gargouilles, il passa neuf long jours à découvrir les silence et leurs richesses. Neuf jours où sa masse musculaire se développa sans ressource. Quand il se réveilla, ses membres s’étaient adaptés à leurs nouvelles conditions. Les jambes avaient rapetissé, nourrissant de leur longueur des muscles plus forts et plus endurants. Plusieurs heures après son réveil, et seulement après plusieurs heures, il ouvra les yeux. Ceux-ci n’affichaient plus la couleur de l’âme, mais la blancheur qui noie les futilités dans le regard des sorciers indiens. L’horizon, charmé par tant d’amour, lui avait offert son aguet. Il voyait tout, les charpentes et leur mites, il voyait les odeurs qui émanaient de la place du marché, et celles des miasmes dans les lits de guano. Il voyait le faucon du clocher et sentait même ses intentions.
-L’affût, la conscience des sauvages -
Chaque sensation se transformait en impulsion,
Puis elle devenait fougue.
Aussi chaque vision
Devenait nourriture.
Son regard le transformait d’omnipotence. Son corps n’était plus que chiralité.

- L’hérésie disparaît,
Et tu deviens aussi joyeux
Qu’une affreuse bête
Découvrant les fraîcheurs d’oasis.
Et alors
Tu galopes.-

Follement,
Il bondissait contre les parois des cheminées, faisait voler les tuiles dans des courses effrénées,
« Sous mon ciel
Libre. »

Jusqu’à ce que le soleil se couche.

« Et alors je m’arrête,
Surpris
Qu’il ne s’attarde pas,
Bouche bée
Et les yeux écarquillés,
Sur ma parade,
En ouverte liberté,
Aussi indéfinie qu’infinie. »

L’incompréhension dresse les corps.
L’homme est de cette nature qui cherche debout.
Il se dressa, cherchant le soleil et son visage,
Pour lire dans ses traits les raisons de sa fuite
Qu’il n’arrivait pas à faire siennes.

Un bruit cracahutant.
Des griffures qui déchirent et enveloppent un cuir surpris.
« J’ai traversé mon sol, un toit. »
Un nuage de battement d’aile et une fumée de plume apeurée ne sachant plus de quel côté tomber.
Ces neiges virevoltent et s’agglutinent en grumeaux.

« Des œufs. »

Il ne pu se retenir et sauta sur les œufs les plus proches. Il en fendit les fines parois tachées de crotte maternelle, et acharna sa salive en flopée dans la gélatine albumique. Toute une génération de petit pigeon disparu dans les tripes de l’ogre-pie. Il y avait une telle perdition de l’être pour son premier repas que sur le dernier œuf, il s’engouffra dans une transe à lécher son propre sang, échappé des incisions qu’offraient les éclats de coquille sur une langue ramollie par l’habitude des pains mous. Cette transe avait inconsciemment été excitée par l’odeur de vieilles peaux, suspendues dans l’aération des séchoirs pour se vider de leur jus, incrusté de tannin. Leur odeur d’essence charnelle enrobait l’omniphage et le transportait dans un rapport passionnel avec ses proies sous coque, sucée d’inertie. Quand il se rendit compte de la présence mortuaire qui l’entourait, comme une assemblée de fantôme, il en chipa une cinquantaine de kilo et s’enfuit d’un seul bon. Sa course, sous la nuit, était semblable à celle d’une sorcière portée par la magie de ses larges guenilles. Une fois à perte de vue, fuyant le cours des choses comme à ses nouvelles habitudes, il trouva un pigeonnier, plutôt propre, où il déposa sa nouvelle couche et s’endormit. Son sang au coin des lèvres coagula de fièvre et s’effrita dans un sommeil au visage agité.

« Dis-moi, petite voix,
Ce que tu veux de moi.
Ce que je touche,
Tu ne le parles pas.
Dis-moi, petite voix,
De ces feuilles qui crissent,
N’est-ce que toi
Qui les imite ?
Dis moi,
Petite voix,
Ce que tu entends par là. »

Un léger bruit rôde comme un silence angoissant ?
Injection de sons qui s’étouffent ?

-Une mouche cogne ses ailes contre la lumière d’une cloche à vide -

« Et après les étoiles…
D’autres monstres ? »

-Si j’ondulais les mesures couveuses de vérités,
croyez :
Que votre monde rappellerait les poudres d’aile de papillon ;
Que l’injure à la bienséance ne ressemblerait plus qu’aux virvoltements des plumes de nuage dans le cœur des anges. -

« S’il m’est permis de voir au-delà de l’évidence,
alors je veux y voir la fin d’un calvaire. »

« Nuit ? »
-Quoi ?-
«Tu es nuit ? Qu’es tu ? » 
-Ce que je suis :
Fantôme dont on force l’oubli. Vampire d’arbre percé. Sirène aux entrailles séchées. Lutin javellisé.
Dragon aux orifices cousus et aux ailes pétrifiées, je ne suis plus qu’un lamentable lombric ; Imposant, de surcroît
Je gène.
Pourquoi devenir fou ?
Même en étant mon propre souvenir en suçant mon propre sang et criant un chant de voix de poussière coloré par des larmes trop pures,
Mon dragon garde ses cicatrices et s’assomme de ses propres ailes.
Ma folie n’est pas libératrice.-

« Je t’aime »

Une explosions de joies. Des flots d’hormone qui giclent de tout bord et ensevelissent un navire fait de racine.

« J’ai défiguré la nuit.
D’un seul éclat
Son drap de ciel
S’est vu envolé
Dans l’omniprésence des étoiles. »

-Mes nuits sont d’un ciel
Tapissé d’étoile,
A tel point que le soleil,
Qui passe et brille,
Meurt ;
J’ai arraché l’étreinte
De son obscurité.-

«- Quelle était cette image ?
M’y suis-je fait aspiré
Sur ma demande
Ou… »-

«- Incroyables visions !
D’où venez-vous ?
Pourquoi vous amuse-t-il
De remplacer mes cauchemars
En solutions astronomiques ? »-

- Je t’aime -


- Ce qui réuni les hommes :
La terre ou pousse l’arbre dans lequel nichent et volent les oiseaux. La mer nourrit la pluie et abreuve les insectes émerveilleurs de louveteaux.
Le soleil observe et la nuit apaise l’ardeur des cœurs cohabitants.
Ainsi est rythmé le pas du fauve. -



Un an, très vite passé, à manger des œufs, des pigeons,
Cuits dans le feu des charpentes isolées,
L’or des citrons, volé aux cours des terrasses,
Des vers, des mites, du miel,
Des cadavres d’hirondelle, ayant défoulé leur envole contre d’inébranlables cheminées…
Autant d’aberration gastronomique que de jour à souffrir la faim.
Et :
« La souffrance de la maladie n’aura pas duré plus de quatre saisons. »

Aussi trouvées sur une terrasse, deux tortues d’eau,
Explosées,
-Lestées de deux morceaux de vieux murs -
Et plongées dans la canaux-sphère.
Une chute de quatre étages aura suffit à libérer la chair exotique des écailles soudées.
Et aussi,
Pour cela,
« Il fallait descendre. »
Ces oseries furent rares et concentrées dans une période très courte.

« Le naturel n’a plus sa place chez vous !
Quitte à être humain,
Soyez empatiques et apprenez l’amour fou ! 
Peut-être aurez-vous pitié.»

Les pluies régulières assuraient l’approvisionnement en eaux acides et sales ;
Stockées dans un premier temps par des sacs plastiques, trouvés coincés dans les soudures des canalisations, ou plantés sur certaines arrêtes de télévision.
Les jours de grosse neige et de gel, comme les périodes de canicule,
Il ne buvait pas.
Il ne bougeait pas.
Naturellement,
Il méditait.

Rien
N’aurait pu le faire descendre
De son bagne
Sensationnel.

« J’écrirai un livre. »
- Malheureux ! Notre histoire ne se résume pas en une seule aventure -
« De la poésie alors»
- Mon pauvre ami, la poésie est belle mais n’enrichit rien -
« Alors un film, de silence et de mystère »
- Même ton clown a la gorge en flamme. -
«  Du théâtre et des étreintes ? »
- Du théâtre ?! Voyons, la chair vibre-t-elle comme le vide aspire la plume ?-
«  Alors je serai sorcier. »
- Bien... Et moi resterai ton conseiller -




0 user(s) are reading this topic

0 members, 0 guests, 0 anonymous users