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#1 Suave

Suave

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  • TLPsien
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Posted 09 September 2006 - 11:05 AM

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Gustare Suave
0,0



Andréa n’avait qu’une seule vie. Et sa vie, c’était elle. Pour s’en apercevoir il suffisait de regarder sa toilette. Peu d’homme avaient eût le privilège d’observer ce rituel et encore moins d’homme étaient réellement capables d’apprécier tant de grâce et d’amour. Andréa était persuadée que personne n’était plus capable de l’aimer qu’elle-même. Aussi elle se disait souvent que l’abandon total qu’elle adoptait durant de longues transes contemplatives ponctuée de multiples séances de petits soins, n’étaient peut-être rien de moins qu’un perpétuel mouvement dans ses espoirs amoureux. En effet, quand elle se coiffait, c’était pour travailler sa caresse ; quand elle se lavait, elle sentait sa peau qui buvait les plus chaudes vapeurs, et éternellement convaincue qu’elle aurait sous peu l’occasion d’en restituer le bien être, elle frôlait l'ébouillement dans chaque lavement ; quand elle se maquillait, aucun trait n’était une création, tout n’était qu’un soigneux soulignement soucié d’une parfaite harmonie ; Et quand elle s’habillait, il n’y avait aucune précipitation, elle restait fidèle à une même inspiration et son élégance était le fruit d’une concentration riche et profonde. Il lui était fondamentale de maintenir ces habitudes pour se sentir en confiance dans le monde. Son élégance, sa beauté, c’était sa force, c’était son bouquet qu’elle offrait en parfum de lumières, c’était sa participation à l'œuvre de l’humanité, c’était sa façon de rendre magique et curieuse toute proximité. Elle avait la valeur des bijoux.
Ce soir du Frième Crossent de La Pente à Houblon, elle se préparait à rejoindre son ami Pedro, dans une soirée très féminisée. Le genre de soirée où les nombreux hommes n’ont que faire du sexe féminin mais s’en parent de toutes les tactilités. Elle s’investissait à apprendre aux homosexuels toutes les parades sensuelles des êtres portés dans l’excès des charmes. Andréa s’y faisait vedette inutile et cela la comblait de satisfaction. Après une longue préparation de la peau et des muscles du visage, après un nettoyage scrupuleux des moindres parcelles de son corps, une fine épilation et une série d’autres finissions happées de perfection, Andréa commençait à s’habiller du panache de son génie...

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Sur la moquette, les larmes d’Andréa se transformaient en une vaste et profonde flaque d’ombre. Cet homme était rentré chez elle, cagoulé, par une nuit silencieuse d’une Paname estivale. Il y avait eût ce cris d’effroi, cette courte course poursuite dans l’appartement où beaucoup de meubles avaient résonné, ce plaquage contre la moquette puis le contact inhumain d’un canon de revolver sous la gorge, le poids musculeux de l’agresseur dans son dos, sa nervosité, la peur, les souffles qui cherchent la lucidité, cette densité dans le temps, dans l’attente, et ce qu’il lui a dit avec cette voix qu’elle ne connaissait pas : “Fait pas de connerie parce que j’ai pas envie de repasser. Et si je repasse, t’y passe.” Ensuite il s’était levé, doucement. Elle sentait les pas reculer sur le sol duveteux. Elle s’était retournée cherchant à comprendre et prêta plus d’attention à l’immense carrure qui se dressait devant elle. L’homme tira un éclair par la fenêtre qui se brisa comme un cœur, il cria maladroitement que ce n’était pas une blague puis s’enfuit. Andréa était restée pratiquement toute la nuit à pleurer son incompréhension. Quand elle se leva, le verre brisé dans la moquette pénétra ses pieds et elle saigna jusque dans son lit où elle resta planquée deux jours entiers.


Deux jours complètement oubliés où le temps était resté durci dans l’absence de toute construction. Ce fut le temps que mit Andréa à retrouver un peu de force. L’efficacité de son travail à avoir fait le vide aurait presque pu suffire à oublier son agression, mais lorsqu’elle mit un pied au sol les miettes de verres se firent douloureusement sentir. Désespérée, et dans un tremblement baigné de sang, elle décollait les semelles de verre sous ses pieds, légèrement entourée de sa lingerie noircie de coagulation. Pendant qu’elle se bandait les pieds, qu’elle nettoyait les débris de verre et aussi le temps de remettre l’appartement en ordre, Andréa n’avait pas cessé de retenir ses larmes. Quand tout fut en ordre, elle appela un vitrier et c’est au moment de raccrocher son téléphone qu’elle fondit en larme et lâcha toute sa rage dans des cris puissamment humides. Son ouverture naturelle avait été inconditionnellement changée en un regard saillant à tel point que lorsque le vitrier vint changer la vitre il ne dit pas un seul mot, là où, en temps normal, il ne serait jamais parti sans faire quelques avances grotesques et touchantes.

Andréa était une femme forte, à la volonté d’indépendance hors du commun, et elle se fit une raison sur sa mystérieuse aventure. L’homme qui été entré chez elle pour la menacer s’était sûrement trompé de minette, et Andréa avait juste pensé nécessaire de blinder sa porte pour éviter une deuxième mégarde qu’elle espérait impossible. La vie d’Andréa reprit son cours avec néanmoins une absurde question obsessionnelle de la connerie à ne pas faire. Elle qui menait une existence si peu portée sur le danger, elle ne voyait pas comment elle aurait pu mettre sa vie dans une telle roulette. C’était une erreur, et c’était évident.

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Il était aux alentours de neuf heure et quart quand Andréa eût fini ses occupations et qu’elle rentrait chez elle, satisfaite de ne pas avoir eût à se remaquiller durant sa journée. Les murs du sas de l’immeuble suintaient leur fraîcheur si précieuse. Andréa ouvrit nonchalamment sa boîte aux lettres pensant y trouver quelques papiers cachetés et épuisés par un long voyage, quand un voile de silence s’affaissa sur l’aura du lieu. Andréa se retrouva, mortifiée de stupéfaction, devant le métal puissamment noir d’un revolver, planqué dans l’ombre de sa boîte aux lettres. Il y eût tellement d’absence dans les minutes qui suivirent qu’Andréa aurait pu mourir une trentaine de fois avant de pouvoir recouvrer l’usage d’un cerveau. Elle se réanima, et avec la souplesse incomparable qui nourrissait sa gestuelle de femme fatale, elle pris dans ses mains ce qui en devenait le bijou de la mort. Attaché à l’arceau qui protégeait la détente, une épaisse ficelle de chanvre tenait à son autre extrémité un court message manuscrit : “ Il faut te protéger maintenant. Il y a deux balles dans ce flingue. Les autres sont chez toi.” Andréa constata stoïquement la présence des deux projectiles et commença une lente ascension de ses escaliers avec la même concentration qui amputait sa garde robe. Sa porte était bien fermée, tout comme elle l’avait laissé le matin même. Elle la déverrouilla et entra chez elle de nouveau confiante en sa nouvelle sécurité. Andréa fit le tour de sa maison sans rien trouver de changé, de bougé ou de nouveau, pas même les balles annoncées. Elle s’assit et ne fit rien d’autre que lire une revue de photographie érotique qui s’intéressait à l'œuvre d’un portugais promoteur de piscine dans les années vingt.

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L’homme cagoulé surgit d’un placard et se jeta, couteau à la main, sur Andréa. Celle-ci ne prit pas le temps de faiblir et, à la grande surprise de l’assaillant, parti à l’affront. Ils se produisit la plus étrange collision de l’histoire de l’attentat. L’énorme agresseur n’eût pas le temps d’axer sa lame vers la douce et ferme chair d’Andréa qu’elle lui avait sauté dessus, les yeux fermés, poussée dans un cri défiant toute raison, sur l'incohérence d’une mort désespérée. Ils se percutèrent à pleine vitesse et tandis qu’Andréa voltigeait dans un KO longuement aérien, lui fut déséquilibré et se renversa sur le sac à main d’Andréa. Lorsque son coude glissa sur la poche, il poussa le rouge à lèvre contre le cil du pistolet qui éclata le foi du malheureux. Il mourut quand Andréa toucha le sol. Elle n’eût donc aucune explication supplémentaire sur la nature de ce mortel harcèlement, ni sur la mystérieuse providence qui avait amené un pistolet dans sa vie et qui avait déclenché ce tire salvateur.

Andréa développait une fierté sans précédent. Elle avait fait la peau à son agresseur et cela l’excitait au point qu’elle trouva joyeux de jeter le cadavre par son balcon. Celui-ci tomba dans un camion benne plein de vieux béton et s’enfuit se faire enterrer dans une décharge. Andréa ne s’en aperçu pas et préféra porter son attention sur le nettoyage de la petite flaque de sang qui brillait comme l’échéance d’un moment douloureux. Malgré son calme et son soulagement, Andréa ne trouva pas le repos. Dans sa première nuit de question, où toutes les énigmes cherchent à être réunies en une seule et même problématique, Andréa fut sortie de sa méditation par la découverte immobile d’une balle de pistolet. Sur le chemin du balcon, et jusqu’à son bord, elle trouva une quinzaine de munitions et un autre revolver gorgé de décharge. Elle se rendit compte du peu d’usage que cela représentait pour elle ; mais d’un certain côté, elle venait de tuer un étrange singe, qui sans doute devait avoir quelques amis tout aussi inconscients qui risquaient de se manifester dans des engagements similaires. Peut-être aurait-elle dû fouiller sa victime. Elle descendit au pas de course jusque dans la rue se rendant compte de son manque de tact et du danger que représentait un cadavre tué par balle devant chez elle, et avec des fractures qui laissaient présager la hauteur de son étage. Une fois dans la rue, prête à être insulté, médise et embarquée, elle ne trouva rien. pas même une trace d’écrasement. Il n’y avait rien, désespérément rien car même les marques sur le lieu de l’agression avaient disparu. C’est à ce moment précis qu’elle eût son premier tic. Andréa leva le sourcil dans un effort prolongé qui lui fit basculer la tête dans une fine courbe de point d’interrogation. Elle se mit à chercher. Elle ne savait pas quoi mais elle fouilla tout son appartement pour trouver une raison à sa situation, comme si elle avait besoin d’une preuve qui puissent lui confirmer les faits comme étant des faits réellement physiques. Son appartement grouilla d’une série d’explosions, de jets d’objets et de contenants divers et variés. Rien de tout ce maquillage, de ses bijoux, de ses statuettes ou autres lampes ou garniture à vide ne pouvait susciter une moindre envie, jalousie ou même remémorer à Andréa une quelconque querelle infime soit-elle. Il y avait les flingues, et les balles. Andréa arrêta de brasser ses nombreuses babioles, s’approcha des deux ovnis d’acier, les prit dans ses mains, visa le mur, mima une rafale, s’immobilisa, rit, puis fondit en larme, recroquevillée, avec deux pistolets comme deux moignons.


0,1



Dès que l’automne commençait à blanchir les trottoirs de la nuit, Andréa en ressuscitait les couleurs forestières. Pedro et ses amis calquaient leurs soirée sur les tendances branchées d’Andréa et celles d’automne en devenaient généralement les plus perruchées. Cette année Andréa avait décrété que la mode était au soleil mourant. De tout côté on vit couler d’alléchantes flammes le long des silhouettes, dans les plus sombres variantes d’orange, de jaune et de rouge. On brûlait des feuilles de vigne roussies pour chaque évènements. L’ambition naturelle étant de raviver les flammes, Pedro fut surpris et comblé d’une réaction si amoureuse dans un thème qui se prêtait plus volontiers à la dépression. Andréa, qui avait foi en ses guays brebis, n’était aucunement surprise par leur volonté belligérante à tout surpasser par l’amour et pour récompenser les plus hardis, elle organisa trois soirée “Nique ta mère l’hiver” où chaque invité se présentait en mini-short et marcel. Le froid n’était pas glacial mais suffisant pour que chaque personne trouve un aveugle intérêt à se réchauffer. Andréa y portait une grande fourrure où les quelques frigorifiés pouvaient trouver un court refuge. Elle n’y suscitait aucun désir et c’était pour elle le sommet de la luxure. Pedro affirmait sans contestation possible qu’il n’y eût de plus rut saison que cette automne là.

Le jour du Fiew Bléant des Vertes-et-Misère, toute la communauté gay se retrouva dans un immense entrepôt Place d’Antéro pour y fêter l’anniversaire de Pedro. Pedro n’était pas de nature beau, mignon, costaud ou virile, il était simplement présent à chaque orgie et était devenu une célébrité. Cet anniversaire marquait la fin d’une année et fit autant de bruit qu’un nouvel an chinois. Au milieu des tumultes et des nombreuses partouzes ont apporta à Pedro son cadeau d’anniversaire.

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L’entrepôt manqua d’exploser par l’inspiration rapide de la foule qui éclata en un fou rire général à l’apparition de Tymoté. Tymoté était un jeune orang-outang roux, poilu et effronté comme un soleil mourant. Pedro fut mollement ravi de son nouvel ami et exalté quand on lui montra les quelques tours appris à Tymoté. Tymoté fut dressé pour l’occasion et son ordre premier fut une attaque d’amour. Son dresseur, une fois qu’il eût fini de rassurer le singe sur les rires de la foule, désigna Pedro du doigt en criant : ”Tymoté ! Attaque d’amour !”. Le singe s’élança dans un sprint félin pour finalement enlacer Pedro dans ses immenses bras et de sa poigne de fer, il immobilisa Pedro qui essuya les bisous épais d’une bouche délicate et dégoulinante. Pedro détenait son garde idéal et dans un immense éclat de joie il prit par au jeu amoureux de Tymoté. Quand Tymoté et Pedro furent calmés, Tymoté attacha lui-même sa laisse au bras de Pedro, s’assit à côté de lui et regarda dans des yeux langoureux comme le font ces personnes au pouvoir surpuissant de se persuader à se trouver face à l’être aimé. Pedro ne s’arrêta plus de jouer avec son singe et par la suite, s’occupa de lui comme un enfant.


0.2



Plusieurs mois s’enchaînèrent et Andréa sentait grossir en elle une massive boule de cristal....




Je continue ?

#2 serioscal

serioscal

    serioscal

  • TLPsien
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Posted 09 September 2006 - 08:45 PM

oui

#3 Suave

Suave

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  • TLPsien
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Posted 12 September 2006 - 12:07 PM

Citation (serioscal @ Sep 9 2006, 07:45 PM) <{POST_SNAPBACK}>
oui



ok... 5 min... c'est pas facile facile non plus...




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