Autre extrait : "Concernant les corrections orthographiques, j'apprécie le travail du prof pour y remédier. Ceci dit ce qui compte c'était le fond et non la forme, mais peu importe." Là, je ne suis pas d'accord du tout. La forme et le fond sont un, et surtout en poésie. Un simple exemple : si j'écris une phrase toute en majuscules, on saura tout de suite que je dis les choses de manière véhémente, et pourtant c'est quelque chose de purement formel ! A mon avis, des fautes sur la forme sont souvent révélatrices d'une faiblesse du fond. Sinon, vous me permettrez de choisir quels textes et commentaires je décide de vérifier orthographiquement, en dehors naturellement de ceux qui sont proposés au salon de correction orthographique.
Bien, parlons du texte maintenant, parce que vous avez raison : ce sont les publications qui comptent.
« Le quotidien le plus banal est une provocation
constante à la grandeur », Reiner Maria Rilke
Semblables à une troublante rosace fanée par l’Oubli,
Les esthètes survivent, farouches dissidents ;
Rejetant de l’existence le futile, l’évanescent,
Mêlant l’ivresse de la lucidité au vin de la mélancolie.
Le plaisir, trop rare, et même le bonheur chimérique
Ne parviennent jamais à essuyer pleinement leurs pensées lacrymales ;
Et l’Espoir –vaine illusion–, de son rire laconique,
Mystifie leurs esprits où s’acharnent à pousser certaines fleurs du mal.
Voyez – la folie semble être à l’orée du génie chez ces filles et ces fils
Dont les veines sont agitées de marginaux flots de tristesse ! –,
Comment, sous la coupe de cette déchirante maîtresse
Qu’est la Passion, ils affrontent le médiocre jusqu’au sacrifice.
Leurs vies possèdent la saisissante beauté d’une éternelle élégie,
Recherchant éperdument au fond de l’occulte un firmament.
La solitude est l’inéluctable berceau de l’Art, du raffinement,
Dont la quête cruciale mérite bien, ma foi, de braver l’ordalie !
OxyMore
Vous avez choisi des vers longs irréguliers, qui riment. Je ne perçois pas de rythme, d'écoulement des mots. Pour moi il s'agit d'une prose découpée en vers, mais les coupures me paraissent arbitraires. Ce genre de présentation me fait penser aux textes de bernardo, mais chez lui le français est carrément incompréhensible. Votre langue est impeccable.
Sur le fond, je lis un éloge des esthètes, des tenants de l'art pour l'art. Je trouve le texte d'une prétention insupportable, mais ça c'est vraiment mon problème. J'ai l'impression de mots mis côte à côte au petit bonheur la chance pour leur sonorité, de clichés de la mélancolie baudelairienne recrachés moins habilement.
Par exemple :
"troublante rosace fanée par l’Oubli",
"pensées lacrymales"
"rire laconique"
"la folie semble être à l’orée du génie" (oh, je ne l'avais jamais lu, ça ! ou du moins jamais aussi bien dit !)
"marginaux flots de tristesse" (des flots marginaux, qu'est-ce que c'est ?)
"ils affrontent le médiocre jusqu’au sacrifice"
"La solitude est l’inéluctable berceau de l’Art, du raffinement,
Dont la quête cruciale mérite bien, ma foi, de braver l’ordalie !" (oui, quel courage, ces esthètes ; au fait, quelle menace pèse sur eux au juste ? L'ordalie, c'est le jugement de Dieu au Moyen Âge, une épreuve imposée aux suspects pour établir leur culpabilité ; à quoi cela correspond-il ici ?)