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Goldmund

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Topics I've Started

Sous L'escalier

29 August 2006 - 11:03 PM

Sous l'escalier dorment les balais
Le bois qui grince n'empêche pas le repos
Cette nuit les touristes rentreront tard
Près de la porte on les entendra bien

L'eau des rigoles est bien plus sale
Que le liquide clair qui emplit la jarre
Et l'on ne mettrait pas de nappe
Sur un trottoir

Les enfants de famille jouent après l'école
Sur la table du goûter s'agite un linge humide
Celui-là a sa couche sous l'escalier
Mais avant le chiffon qui lave
Il reste des morceaux de pancake

Plus Faible Que Moi

27 August 2006 - 10:44 AM

A onze ans à l'école, j'avais très peu d'ami. Au moins il y avait Frank;
il semblait être le seul à m'apprécier et à reconnaître l'originalité
naissante de mon esprit. J'arrivais souvent à le faire rire. En imagination
je compensais assez largement ce que j'étais incapable de réaliser en vrai.
Et en vrai j'étais toujours soit le plus jeune, soit le plus petit, le plus faible
ou le plus maladroit.

Mais il y avait dans cette école, un autre moi-même, en pire. Très effacé,
pleurnichard. Tandis que moi je passais le plus souvent inaperçu, lui était
raillé en quasi-permanence. Nous n'avions entre nous aucun rapport,
sauf que je participais parfois aux histoires honteuses que l'on élaborait
à son sujet. J'éprouvais ainsi un plaisir particulier à m'attacher enfin au
groupe, moi aussi.

Sortant un jour de l'école avec Frank, je m'efforçais de le faire rire par
quelques histoires de mon invention où j'étais un grand héros. Sur le
chemin, il y avait un petit terrain d'accès libre, jouxtant une maison, où
nous rencontrâmes Elblin. Nous n'étions que tous les trois, lui, Frank et
moi. Continuant ma dernière histoire dont j'étais le héros, je m'en pris à
Elblin, trouvant je ne sais quel reproche à lui faire. Je me mis à le
bousculer et alors qu'il reculait, je lui envoyai un coup et m'approchant
encore, je le poussai des deux mains en passant ma jambe en crochet
derrière lui. Il tomba en arrière et sembla se faire assez mal. Je me sentis
bien, j'avais réussi ce dont au début, étant si peu expérimenté, je n'étais
pas sûr de réussir. Nous le laissâmes enfin.

Ah Elblin, qu'es-tu devenu aujourd'hui, toi mon frère, mon double, mon
autre moi-même ? Combien de victimes innocentes m'a-t-il fallu pour humilier
définitivement cette image de moi ? Aujourd'hui, si tu n'as pas définitivement
sombré, tu es certainement un homme heureux !

Ma Bagnole

11 August 2006 - 12:42 AM

Ma bagnole

Je t'aime bien ma bagnole.
Nous étions ensembe, toi et moi, sur cette route l'autre jour.
Lové dans le fauteuil, les mains tranquillement au bas du volant, le
pied droit en léger appui, c'est à cette accélération que ça m'est venu,
en sentant la poussée et le fauteuil qui vint presser contre mon dos.
Il y a tant de sensualité dans les noms de tes organes; déjà ce
turbocompresseur induisant la douce poussée quand ton moteur tourne
à bon régime. Et puis cela : HDI, ou dans ma langue : injection directe
à haute pression. Et quelle pression ! C'est bien plus de mille fois celle
qui permet de remplir mes poumons; là ma bagnole, tu m'impressionnes
tant que j'en viens à t'aimer trop. Avec tout cela, tu avances en douceur,
sans à-coup, ton ronronnement si régulier ne varie qu'en fonction de la
petite pression de mon pied.

Nous filons le long des grands arbres. On dit souvent qu'eux et toi appartenez
à deux ordres antagonistes. Pourtant nous ne faisons qu'un avec ce fabuleux
décor qui glisse à nos portières.

A la moindre courbe de la route, c'est comme si tes roues s'adaptaient
d'elle-même à la trajectoire; tu es si précise à ces moments-là que les petits
mouvements que je commande au volant me paraissent même venir de ta
propre volonté et je sens bien que c'est toi qui commande. En fait je serais
incapble de dire, voyant un virage, de quel angle je dois tourner le volant.
Mais tu me montres cela au fur et à mesure.

Je sens la nervosité de ton moteur, ses variations et je sais, dès lors, quand il
faut l'augmenter ou la relâcher. Dans les virages, je sens aussi les pneus
s'accrocher latéralement au bitume. Finalement j'interviens très peu et tu as su
gagner ma confiance.

Traversant une rue avec des piétons, tu prends leur vitesse et cela m'étonne encore,
à quel point tu sais aussi faire cela tout en douceur : tu as tous les pignons qu'il faut !
Je vais m'arrêter là et te garer, la marche arrière pour un créneau est aussi aisée
que tout le reste, les rétroviseurs même savent aller voir dans les coins difficiles.
Je clique pour fermer d'un coup toutes les portières et je te laisse pour un instant.
Je sais que tu m'attends toujours sagement, ma bagnole.

Solitude

06 August 2006 - 06:25 AM

Solitude

Toujours plus féru d'observation
J'ai réservé en terrasse ma place pour l'après-midi
Dans l'existence grégaire passe une femme très occupée
Avec deux enfants
Elle, c'est tout mon contraire
Et on ne m'a pas proposé de déménagement
J'ai tout mon temps pour la vie par procuration
L'air doux porte au laisser aller
Ce soir sera ennuyeux
Pas de dos plat à parcourir
Qui à un moment se retourne
Et offre des monts avec un gouffre
Je ne sais pas où est le nord

Blasphèmes De La Bétise Médiatique

06 July 2006 - 06:14 AM

Faisant fi du ciel azur
Ce matin encore elle a vomi.
Elle avait pris ses précautions
Elle s'était parée aux modes;
Aux causes entendues
Pas besoin de finesse.

Ah vieille pensée porcine
Qui se pâme dans les lits
Des plus jeunes amants.
Tu as le sexe accueillant de la facilité
Les cordes sont faciles à tirer
Quand on se place vers l'aval.

Sur les écrans dans les salons
Tous les jours devant les enfants ébétés
Et les mères ravies qui gloussent
Tu déverses ton flot
Et ton flot va gonflant.