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Les Briques Molles


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9 replies to this topic

#1 Erik de Lamaille

Erik de Lamaille

    .............................

  • TLPsien
  • 15 posts

Posted 10 October 2006 - 03:27 AM

Et nous étions là dans la nuit à jeter des pierres.
à Yves Bonnefoy



I


Assassiné comme l’on s’éveille
Dormait l’idiot
Près la grève. Et d’à jeun la ville
S’élevait l’adage,

Trop connu.

Prêtait le pré ce vert
Huilé de son œil, juste où j’eusse
À peine à demi-mot
Heurté tout ce mal mourrant sur l’homme.

Et clairière était cet os
Et bleue était la terre
Par ces regards rauques
Par ces rares refrains. Sans oreilles.

Tout un feu la chevelure
Sur ce lit d’insomniaque
Tel un sourire



II


A cinq heures tu es habillé
Comme l’était l’espoir
Et ce soir ne t’a pas été retrouvé,

Ni rendu.



III


Et les tantôts du ciel
S’égrenaient en nous, même ces volets
Qu’on pu dire si mauves parfois
Peut-être oranges.

Dans l’herbe brune immémoriale
Vivaient les vits
Quand le temps casse
Sa faculté d’être ennuyait.

Belle et Brûlante
Fut la cacophonie, du marteau-sauvage.

Puis cesse d’être ce trou
Ouvert tantôt de même un puit
Tantôt serré de même une sangle.

Rien que du lait
Des cerises et du chocolat.

Rien qu’et du sel de gorges et du sueur de corps.



IV


Là où l’un vers l’autre
Je voulais dire : Egare toi penchante :
Je suis dangereux au toucher :

L’herbe m’approuvait
Et je l’approuvais.

Au refuge des indifférences.



V


Chemins Rien
L’herbe
Boue Lit D’ombre des nuits.

Désirions

Blanchit Sable
Au-delà

.

Une étreinte perpétuelle, des étreintes
tessons.



VI


Je vaine détresse d’une branche
Envenime
Ce mauvais fruit.

Ne fut ni
Monde
Ni néant mondain.

L’ogive mesquine au plus. Au pire
Ce scarabée.

Je détresse d’une branche
La charge
Lourde des postérités.

Ni plus ni moins boomerang.



VII


Demeurer

Laid,
Plein de la soupe des galaxies.

Les sons
de la danse. Vaste grange

sous la neige. La neige sous
le bois et les buissons des fièvres
sans cesse
sans plus rien à vouloir
à vouloir du haut du cri du lac.



VIII


Objets
A jamais les yeux fermés
Sur moi, été, heure, fleuve, désir, oubli, mort, etc.,

Luisent lents.

Mille voix, et vitres.
Grimaçant, ce Socialisme des Couleurs.

En toute hâte ils vécurent,
Pauvres,
Sans rythmes,
Fissurant la fumée.



IX


Ils n’ont pas ri. Ce fut par faiblesses.
Toussaient

Dans leurs sérieux des oublis à vélo,
Comme belle auberge dans la brume,
Qui
Quoique feu leur paraissent glace.

Un rhume
Fut pour eux
Remède.



X


Le silence cet anneau
Étreint les genoux du chemin :

« La vie s’achèvera,
La vie demeure.
De même joue l’enfant
Parmi trop de rêves. »

Du passage les chevilles
Offusquaient ce carré le râle.



XI


Il tonne, sur mon poumon, sur le monde.

Ou Fil de fer ou lame de shlasse :
La bise de la braise
M’interpelle solidement me rappelle que

Rien
N’est fini
Et que tout est tété
A l’entonnoir blanc des bouleversements.

M’agressant par moment
Et comme trop surprit.



XII


Toutes deux
Entendant ma voix mes oreilles

Respirèrent, abusées.

Ma voix vêtu
De mille chemises
Était une.
Etait le temps
De l’embuscade au sable
Du palais pour le bain
Dans la mer qui est son monde.

Tant de peinture…

Non, nu,
Une foule dans la gorge
Et plus nombreux encore plus bas.

Toute deux
Entretenaient ce secret.



XIII


Rien n’était audible dans l’ouroboros.
Hormis les œufs des paupières,
Parmi ce flacon de noir.



FAUSSE FIN


Savoir vivre loin. Vivre
Vieux.

Car beau potlatch.

A ceux qui ont le luxe de ne pas vous lire, choisissant le colloque du couteau à la dent frêle des gribouillis ; donnez-leur faveurs.

Tout de même,

S’est sauvegardé un long rire
De ces maisons malléables…





9 et 10 octobre 2006

#2 Tyi

Tyi

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  • TLPsien
  • 614 posts

Posted 10 October 2006 - 06:13 AM

Sublime Bonnefoy et sublime texte.

Et puis ça:

"Là où l’un vers l’autre
Je voulais dire : Egare toi penchante :
Je suis dangereux au toucher :

L’herbe m’approuvait
Et je l’approuvais.

Au refuge des indifférences."

Ah, j'arrache un vivant, des traces sensuelles, un texte de peau!
Excellent petit déjeuner.

Merci

Juliette

#3 Erik de Lamaille

Erik de Lamaille

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  • TLPsien
  • 15 posts

Posted 10 October 2006 - 05:37 PM

De rien. Merci. Un texte de peau ? Vous voulez dire palpable ? Pour le sensuelle oui, de belles sodomies.

#4 Tyi

Tyi

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  • TLPsien
  • 614 posts

Posted 10 October 2006 - 06:02 PM

Citation (Erik de Lamaille @ Oct 10 2006, 06:37 PM) <{POST_SNAPBACK}>
Vous voulez dire palpable ? Pour le sensuelle oui, de belles sodomies.


Merci de savoir si bien me lire.

Juliette (avec un seul l)

#5 Averroès

Averroès

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  • TLPsien
  • 61 posts
  • Parcours poétique:j'ai tout fait, j'ai tout lu, chuis le meilleur

Posted 10 October 2006 - 08:23 PM

Bon, jh'avoue, j'ai vu vite fait, c'est clair, ça tue. mais lassie tomber la prose symbolico-pathétique, c'est ringard. puis tes coms aussi. erik.

#6 -ALMADOR-

-ALMADOR-

    ALMADOR

  • TLPsien
  • 280 posts

Posted 10 October 2006 - 10:21 PM

J'ai lu des images surpuissantes qui m'ont chahuté mais qui est l'auteur?c'est toi erik?

#7 Erik de Lamaille

Erik de Lamaille

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  • TLPsien
  • 15 posts

Posted 10 October 2006 - 10:27 PM

Nan, mon rêve. Ma sonde, mon rire. Mon perroquet africain à taillé au silex la dernière strophe sur du vin. Merci.

#8 comtedormestconti

comtedormestconti

    Monsieur le Comte

  • TLPsien
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  • Location:Ho Chi Minh
  • Conseils de lectures:Le Petit Prince si petit qu'il nous suivrait partout d'Europe en Asie par exemple.
    La Bible sur tous les continents et dans bien des langues disponibles.

Posted 11 October 2006 - 04:51 AM

J'ai lu...
C'est fraichement bien!

Une jeunesse pleine d'un rebondissement surement agréable a suivre!

Ta mini-biographie... délicieuse, modestement imperieuse!
J'aime!


rolleyes.gif

#9 J.P

J.P

    .............................

  • TLPsien
  • 49 posts

Posted 11 October 2006 - 10:25 AM

Bonjour Erik,

je te relis pour le plaisir, avec pour préférés

Citation (Erik de la Maille @ Oct 10 2006, 04:27 AM) <{POST_SNAPBACK}>
VIII

Objets
A jamais les yeux fermés
Sur moi, été, heure, fleuve, désir, oubli, mort, etc.,

Luisent lents.

Mille voix, et vitres.
Grimaçant, ce Socialisme des Couleurs.

En toute hâte ils vécurent,
Pauvres,
Sans rythmes,
Fissurant la fumée.



Citation (Erik de la Maille @ Oct 10 2006, 04:27 AM) <{POST_SNAPBACK}>
Ma voix vêtu
De mille chemises
Était une.
Etait le temps
De l’embuscade au sable
Du palais pour le bain
Dans la mer qui est son monde.

Tant de peinture…

Non, nu,
Une foule dans la gorge
Et plus nombreux encore plus bas.

Toute deux
Entretenaient ce secret.


une de tes trouvailles exquises

Citation (Erik de la Maille @ Oct 10 2006, 04:27 AM) <{POST_SNAPBACK}>
Qui
Quoique feu leur paraissent glace.

Un rhume
Fut pour eux
Remède.


Yves semble t'inspirer, tu devrais lui faire parvenir ton recueil, il en serait sûrement touché.

Bien à toi

#10 Carla.

Carla.

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  • TLPsien
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  • Location:La terre (92)? La Lune...
  • Conseils de lectures:L'alphabet dans tous les sens, Eluard, Reverdy, Esteban, Juarroz, Pascal Fauvel...

Posted 11 October 2006 - 03:28 PM

Je vous lis. Ce qui me gène, c'est précisément cette (belle) "parenté" avec Bonnefoy. J'ai l'impression de lire Bonnefoy, je voudrai vous découvrir, que vous vous écartiez de ses ailes protectrices, vous en avez largement la capacité...Et le talent smile.gif
De superbes passages, à suivre...




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