Rodrigue

Dans mes ébats sublimes, avec l'océan, j'entends mon nom.

Avec rage, il crie, de ses lèvres chargées d'écume blanche.

Las et lent, je coule, comme une lanche dont l'envie flanche.

Ravi par tant de temps pris à me posséder comme un démon.



Il vient et repart, jouant avec mon souffle, court et haletant.

Je suis devenu la proie de ses remous lents, lourds et enivrants.

Emporté aux fins fonds et tréfonds du bleu marin, joueur infâme,

Je crie, la gorge titubante de plaisir sourd, de plaisirs de l'âme.



Sa sombre houle, costumée de noir, caressant le dos de la nuit,

S'écrase en un râle sur les flancs épuisés des rochers maudits.

Je ne suis rien d'autre que de la poudre maritime, sable inédit,

Une symphonie, un concert mystérieux, récitant mes jeux interdits.



De la plage inerte, amorphe même de soumission exacte, intacte,

Mes bras trempés de sang, océanique, traînent, rompu est le pacte,

Je rends les âmes, dialogue rompu avec les vagues, refusé avec tact,

Ces élans immenses ou l'océan profond qui me meure les sens, sans trac.

Peau Aime de Nuit

Les nuits, parfaites et blanches,
Sont les éclats de nos chuchotements.

Ces nuits où je rêve les yeux ouverts
En cherchant les tiens dans le noir.
Ces nuits où je devine ta peau,
Écoutant mes mains me raconter leur mémoire.

Des caresses sans ta peau. L’amour sans nos corps.
Mes frissons sans tes lèvres. Mes hurlements sans efforts.

Le vide de mes bras dans mes draps.
L’envie d’une fleur dans le cœur.
La haine de tes cris dans ma nuit.
La peur de mes larmes dans l’infâme.

L’heure où je deviendrais fou à respirer dans le noir,
Le parfum de ton corps sur mon corps.
L’heure où j’oublierai la douleur de nos soirs,
Quand nos mains si fébriles assassinent nos efforts.

De nos soirs aux matins des Autres,
De mes larmes à tes chagrins oniriques,
La belle Aube de mes nuits si sadiques,
Devenues pour un jour celle des Autres.

Fine et délicate tel le chat sur le bout d’une branche,
Il n’existe pas plus Femme brute de douceur et de constance,
Gavée de tendresse, frisant le bonheur sans manigance,
Habillée d’une peau fragile, douce comme la neige blanche.

Belle et magique jusqu’au fond de ses yeux,
Petite fée discrète, sensible tout habillée de bleu,
Elle écume les flots des océans de nuages en feu,
Ils brûlent, jalousant celui qu’elle rend heureux.

C’est une Comtesse du soleil, couverte d’or et de lumière,
Elégante, désirable mais inaccessible, parce que devenue trop amer.
Je suis peut-être à l’intérieur, enfermé, mais sachez que très fier,
Je garde son cœur, désirant être pour sa Vie sans prière.

Permettez que je lui dise,
Souffrez que mes mots l’assène,
L’assène de tendres mots sans thèmes.
Encore une fois je thème d’amour.

Amour et A mort ?


Je veux que tu meurs dans mon lit.
Pour une nuit, pour l'envie.
Juste là, dans mes draps, dans mes bras.
Juste là, sans fatras, sans débats.

Je veux que tu meurs dans mon lit.
Pour te voir, pour l'espoir.
Sans les larmes, sans nos armes.
Sans l'infâme, sans ton âme.

Je veux que tu meurs dans mon lit.
Pour mourir, pour périr.
Dans ton souffle, dans ta peau,
Dans tes mains, dans tes flots.

Je veux que tu meurs dans mon lit.
Pour de vrai, pour de faux,
Si l'amour, sang les mots,
Si l'amour, mots à maux.
Si l'amour, fait défaut.

Elle est mon navire, j’en suis le capitaine.
C’est elle qui m’enivre, et c’est moi qui l’aime.
Jamais le navire n’aime le capitaine,
Toujours le capitaine sombre dans sa peine.

Elle a les yeux du ciel et de la mer,
Je suis celui qui scrute au fond de ses yeux,
Le capitaine est celui qui aime ses regards bleus.
Elle offre pour lui les paysages du ciel et de la mer.

Elle est belle et dangereuse pour ses horizons,
Il est brave et courageux pour toute sa raison,
Elle l’entraînera au plus profond de par le fond,
Il sait que de ses bras un radeau ils seront.

Il en perdra la raison un matin bleu,
Quand elle lui chantera ses peurs et ses torpeurs,
Il sait qu’il l’aime au delà de tous les cieux,
Elle sait qu’il restera le capitaine de son cœur.