Jump to content


Villar Garcia Célédonio

Member Since 26 Dec 2005
Offline Last Active Mar 29 2006 06:08 AM
-----

Topics I've Started

L'ombre Cavalière

04 March 2006 - 07:07 AM

Sur le crayon pointu le galbe de ton sein
Glisse au bout de mes doigts et, comme l'eau courante,
Ruisselante d'amour l'amertume Toussaint
Me recouvre le coeur d'une rose mourante.

Je me lie à ton corps sur du papier brouillon.
Troué comme un piercing dans une lèvre rose.
Ecrasé par la mine. Usé par le crayon.
Novembre répandra l'ombre de cette rose.

Tu es: Claire fontaine. Et je suis le Kärcher,
Le geyser de l'amour d'émeraudes serties.
Toi la source qui chante à même cette chair...
Moi les larmes coulant dans un mouchoir d'orties.

Fondent les pains de sucre et les caramels mous.
Le beurre d'escargot. L'omelette au gruyère.
Dans la poêle des jours l'invincible remous
M'attache à ton odeur autour de la cuillère

Et, glissant sur ta peau, heurtant chaque frisson
De chair égratignée, absorbant chaque pore,
Au turquoise indigo je suis à l'unisson
L'essence de ton être, au ciel qui s'évapore...

Que l'oiseau du malheur vienne se poser sur
Les os gangrenés de mon épaule meurtrie.
De partout étranger. Des tréfonds à l'azur...
Je me retrouve seul: Orphelin sans patrie!

Une feuille Canson. Des pastels. Un fusain.
Le silence pour ouïr le chant de l'alouette...
Et le Rhône couler... Sur le pont de Grésin
L'orage par-dessus ma grêle silhouette,

La peur des chiens battus aboyant à la mort.
Il tonne, mon amour! Ton ombre cavalière
Se cabre dans la nuit de l'affamé qui mord...
Désormais tu seras ma seule muselière!...

Le mal des nuits blanches

07 January 2006 - 11:01 AM

Et je baisse les yeux
Pour ne plus voir ton corps
Vêtu en habit bleu
Dansant corps contre corps
La musique promène
Ses caresses qui sonnent
Dans cette masse humaine
Mais je ne vois personne

J'ai le mal des nuits blanches
Passées tout contre toi
Derrière ce mur de planches
Qui me sépare de toi

Je m'approche du bar
J'ai besoin d'massacrer
D'casser à coups de barre
Ton image sacrée
Qui règne dans ma tête
Comme une supercherie
Qui sournoisement tète
Le pis des vacheries

Je m'approche du bar
Du tic-tac d'un colis
Qui redevient barbare
Mais par mélancolie

L'oiseau de mon esprit
A cassé son perchoir
Et le voilà qui prie
Et voilà qu'il vient choir
Dans une pâte épaisse
Une lave en fusion
Qui cruellement dépèce
La chair des illusions

Et ces gens qui m'entourent
Sont une forte colle
Qui me saoule dans la tour
Des vapeurs de l'alcool  

Le vent tiède du soir
Rafraîchit quelque peu
Ceux qui viennent s'asseoir
Près d'un rêve sirupeux
Un rêve qui se délabre
Comme des pensées nageuses
Qui s'en vont de palabres
En phrases moyenâgeuses

Elles ont les mains moites
Qui me pansent le coeur
Quelques cent mille watts
Aux sourires moqueurs

Mes rêveries banales
Mènent à la lassitude
Et mes pensées inhalent
Que des vicissitudes
Des changements qui laissent
Du vide plein les yeux
Des jours portant la laisse
De ces gestes vicieux

J'ai le mal des nuits blanches
Passées tout contre toi
Derrière ce mur de planches
Qui me sépare de toi

Mélancolie And Co

02 January 2006 - 12:41 PM

... Mais que serait sans toi un baiser sur la joue!
Un cri désespéré dans la gueule du faon.
La frêle capucine écarlate qui joue
Bruissée au souffle chaud de ton sommeil d'enfant.

Que serais-je sans toi, sans cette chaleur douce
M'enveloppant le coeur. Les soleils en satin
D'un petit bout de chou qui tiendrait sur mon pouce.
Que serais-je sans toi: Qu'un vulgaire pantin!

Que dans ma mémoire un autre lundi s'entasse.
Ce matin c'est l'hiver... De glace les étangs...
Lorsque le café noir qui fume dans la tasse
Recommence à tiédir... A me dire: Il est temps!...

Il est temps de partir! Laisse-ici ta couronne,
Quelle reine voudrait de ce trône là-bas!
La posant sur la chaise où la chatte ronronne
Sentinelle, prends soin d'elle! De Longwy-Bas...

Je m'approche. Déjà les minutes pressées
Prennent le raccourci qui longe les remparts...
De mes yeux caressant tes paupières baissées
Avenue du 8 mai 45: Je pars...

Que serais-je sans toi: Quatre murs d'une chambre!
Le doigt transpercé par la pointe du compas!
Dans la ronde incessante aux heures de décembre
La neige verglacée empreinte de mes pas!

Que serais-je sans toi: Qu'un "Je t'aime" de givre
Dégoulinant déjà sur la glace du train
Quand posé sur le front brûlant du poète ivre
Disparaît à jamais l'inachevé quatrain!

Mais que serait sans toi cette aurore naissante
Où je vois apparaître un soleil harpagon,
Emmêlés au bruit de la porte coulissante
Les râles de mon coeur dans ce même wagon!

Et que serait ma vie: Obsolète grimoire
De par les magiciens et les âges banni,
Sans aucun devenir ni la moindre mémoire:
Je ne serais qu'un point en quête de son I!...

Que serais-je sans toi, ma petite Joconde,
Mon ange Gabriel, Ma Vénus de Milo...
Des bouts rimés trempant entre chaque seconde
Dans une encre de pleurs giclant de mon stylo!

Je ne serais qu'un train dormant dans une gare.
Ecrasé par l'hiver, l'ordinaire poncho.
Sur l'écho des accords brisés de la guitare
L'esquisse de ce bras souffrant d'être manchot.

Je ne suis sur ton ombre écumant Bellegarde,
Entre Lorraine et l'Ain: Qu'un ivre matelot
Vomissant tout son sang par-dessus la rambarde:
Sur l'écume je suis l'humble coquelicot...

Qu'ils viennent s'éclater, ma petite Méduse,
Les nuages d'azur aux pieux de ton radeau.
De l'homme taciturne à l'enfant qui s'amuse...
Emporte-moi, mon Coeur, vers ton Eldorado!

Entre l'amour et l'ennui

02 January 2006 - 12:38 PM

Entre la rose rouge et le noir des ébènes
Je suis l'amère orange... Au vent des alizés,
Du haut des gratte-ciel aux vestiges d'athènes:
Des éboulis de coeur et de rêves brisés.

Je suis l'heure arrêtée au clocher du village,
L'innocence candeur parmi les médisants.
Sur la cire fondue et chaude je suis l'âge
Gouttant sur le gâteau de mes premiers dix ans.

Sur l'éponge grattante essuyant cette table
Je suis: Miettes de pain. L'humus des longs hivers.
La farce devenue un soir inacceptable
Quand je vole d'amour dans un autre univers.

Je suis la main qui cueille une autre marguerite...
Le frisson de l'automne et de l'effeuillaison.
Des pétales tombés sous le toit qui m'abrite
L'être ensevelit dans sa funeste maison.

Terre cent fois meurtrie et si chère à mon rêve,
Maintes fois interdite au même maraudeur.
Aux essences d'amour je suis le nez qui crève
D'envie inassouvie de sentir son odeur.

Son prénom endormi sous ma langue soulève
Des traverses de mots d'antan. Moyenâgeux...
Que ma bouche entrouverte au ciel du mont Salève
Egare ses baisers dans le manteau neigeux.

J'ai froid. Tant! Que je tremble... Equilibré sur l'axe
De pucelles amours, d'actes bien affranchis.
O belle adolescente! O comme elle malaxe
Le chaume de nos coeurs dans le même torchis!

O femme! Devenue: Unique. La dernière.
L'ultime acte d'amour. Mon sexe évanoui
Se réveille parfois seul dans ma garçonnière
Comme un pêché de chair, de poussière et d'ennui.

Dans le mouchoir je suis l'oeil du borgne qui pleure
Sa moitié disparue... Et dans l'oeil du poisson,
Entre des jambes d'homme, accroché comme un leurre,
Un sexe qui vivote au bout de l'hameçon.

Mes pleurs au fil de l'heure, entre Meurthe-et-Moselle,
Transforment la rigole en mare... Puis ruisseau...
Et mon coeur dans le bec du vieux moineau sans elle
Me nourrit de chagrin dans le lit du roseau.

L'étang de tes pleurs

31 December 2005 - 05:50 PM

Tu pleures. Je t'écoute. Accrochée au portable
Ta voix endolorie étouffe son sanglot.
Le bruit de ta tristesse étant insupportable...
Dans tes larmes je suis un dérisoire îlot.

Ce temps de chien, petite! Aux heures, entrelace
Les tresses des beaux jours... Ce temps aux dents de loup
Qui mord chaque matin comme un lent brise-glace                
Délivrera ton coeur de son fatal igloo.

Un matin? Que t'importe... Aujourd'hui s'entrebâille
Comme des lèvres sous le regrettable poids
Des baisers ficelés avec des brins de paille
Dans un parfum de mûre et de fraise des bois.

Dans l'étang de tes pleurs, parmi les conifères,
Tu viens de dessiner un "Emile Zola"...
Les griffes du chaton. Les fleurs que tu préfères.
Les choses de l'amour... Tu les as mises-là!

Il pleut. Petite, il pleut d'une façon intense.
De la feuille mouillée au brûlant macadam
Le tambour des bourreaux de ta propre sentence
Répercute sur l'onde un sinistre tam-tam.

Tu couches le chagrin sur les vertes fougères...
Et le spleen de ton âme... Et ton maigre bonheur...
Retenant le soupir des larmes passagères,
Dans le mouchoir troué du dernier promeneur

Tu tombes. Dans la boue une dernière lettre
Se mélange aux galets de ce coeur devenu...
Quand le tien sombre dans l'insondable mal-être
De la fille penchée sur un rocher pointu.
            
Et dans le noir matin les blessures de l'âme
Suintent comme la tuile ébréchée sur le toit...
Et d'un coeur mutilé les larmes d'une femme
Arrachent par morceaux des petits bouts de toi.




[color=#000000]