Maxime Szadek

La lune du désert sifflait et sa lueur
Brunie par le sable se mirait dans tes yeux.
Les relifs de la dune épousaient ton dos, dieu
De ta grâce et de ton infinie douceur.

La lune des forêts sifflait et sa candeur
Moulait les doux replis de ton âme. Les feux
Que tu allumes laissent sur tes beaux cheveux
De fuides cendres brunes, sillonnées de langueur.

La lune des monts sifflait et toutes ses courbes.
Semblaient être les formes de ta belle gorge.
C'est une beauté, une harmonie. Folles courbes.

La lune de la baie sifflait, son calme las
Se fondait dans ta voix, belle, de cristal et d'orge.
Ton image, ton portrait est beau tel Termina.

Les feuilles mortes flottaient sur le vent
Calme d'automne au soleil couché
Par trois fois avait sonné le clocher
Quand le mort nouveau dut quitter son temps

La lueur du candélabre s'est envolée
Dans le ciel comme des âmes se consumant
Un nom gravé a remplacé l'être vivant
A l'endroit où la seule pierre fut posée

Ils sont trois devant leur ami perdu
Les mains dans les poches se remémorant
En riant tous les exploits révolus
Du trépassé de son esprit d'enfant

Alors ils sortent du cimetière vidés
De leur peine et se séparent en ne voyant plus
Les feuilles de l'arbre colossal à l'entrée
Ils partent enfin dans la pénombre inconnue

Les feuilles mortes flottaient sur le vent
Calme d'automne au soleil couché
Par trois fois avait sonné le clocher
Quand le mort nouveau dut quitter son temps

Un des vols d'oiseaux, dans un ciel bleu de fumée,
S'est perdu dans un dédale rougi de briques.
Un des tintements, dans l'Infini égaré,
S'est envolé. Des gouttes d'eau océaniques
Se confondent dans un ciel tout voilé de gris.
Une tache jaunâtre apparaît, le soleil
De mes humeurs, dissimulé, s'est évanoui.
La morosité minaude tel un ruisseau.
L'hiver stoppe les arbres dans tout leurs essais
D'une renaissance, tentative de folie.
Attendant un printemps qui n'arrive jamais,
Une tempête ravage les âmes, l'ennui.
La vertu se baigne dans un bain de langueur.
Carpe diem, cueilles le jour qui s'est flétri.
Parles du gris, d'une monotone vigueur,
D'un regard qui te plonge dans un lac banni.
L'horizon se morfond dans sa prison
Faite de pleurs, d'évanescence et d'infini.
La tour de Babel s'effondre, toison par toison,
Devant l'inexpression du secret d'un ciel gris.
L'aurore décolorée, brouillée de fumée,
Vapeur moribonde et insatiable amertume,
Emerge de notre passée, toute atrophiée
Par un dieu insouciant, par un ciel gris d'enclume.

Tu n'es plus que l'Amour figé dans une image
Mais ta vue reste un apaisement de mes rages.
Tu n'es qu'une enfant garde tes yeux clos Laura,
Ils ne réhaussent que ta beauté. Dans tes bras
Ton sourire est le reflet de tes dix-sept ans
Gardé par l'objectif des injures du temps.
Tes cheveux blonds virevoltent, glissent sur le vent.
Ta jeune et craquante figure, tout comme avant,
Est restée souriante et, mignonne de corps,
Tu t'avances, le désir suintant de tous tes pores.
Mais, emprisonnée dans ton lourd cadre de verre,
Tu ne bouges plus, tu es fragile ma chère
Sur mon écran d'ordinateur tu me regardes
Sans me voir. Tes seins harmonieux que tu dardes
Ne nourrissent que de l'absurde, de beaux, de vains
Espoirs car belle déesse tu le sais bien :
Ton regard provocant se plonge dans le mien
Mais, photo tirée d'Internet, tu ne vois rien.

Les larmes de l'âme se vident
Dans une flaque de passé
Noirâtre où le sang est avide
Et l'honneur est dépecé

Toi peins le vent d'un beau doré
Puis brise-le en un éclat
Et disparait dans la clarté
De la lune et de ton effroi

Le sphinx de son souffle glacé
Abolit tes soleils rêveurs
Toi aussi tu veux être aimée
Mais tu es froide à l'intérieur

Un oracle gravé à la
Lumière des cinq soleils
Danse seul et parcoure la
Plaine sur son métal d'éveil