Jump to content


Photo

(s) Le jugement de rien


  • Please log in to reply
33 replies to this topic

#1 serioscal

serioscal

    serioscal

  • TLPsien
  • 2,179 posts

Posted 12 September 2005 - 09:35 AM

J'avais un poème pour vous, il est mort
Vous l'avez tué par de superlatives
Louanges sans coeur ; ma poésie chétive
N'a pu soutenir ces odieux transports

"J'aime ! c'est sublime !" C'est là tout mon tort
J'ai cru pouvoir croire à de compréhensives
Paroles amies, j'ai reçu des missives
D'aveugles lecteurs, des paroles sans corps

Aujourd'hui dès l'aube j'écrirai encore
J'écrirai ainsi : "rien - rien - rien - rien" et "rien"
Un mot d'asphyxie pour que chacun déplore

Ce poème rien qui si peu est bien mien
Oui ! Je suis certain qu'on ne s'écriera plus
"Superbe", "sublime" sans même avoir lu.

#2 Raoul

Raoul

    .............................

  • TLPsien
  • 3,579 posts
  • Location:paris
  • Interests:paris

Posted 12 September 2005 - 09:40 AM

c'était écrit
a.

#3 Nobody's perfect

Nobody's perfect

    Elysa

  • TLPsien
  • 3,075 posts
  • Publications:Heu... Cliquez sur mon pseudo et vous trouverez

Posted 12 September 2005 - 09:51 AM

Hum... j'ai lu, il est vrai, à quoi cela sert-il de dire, bien, superbe etc, si l'on ne lit pas... Je lis, je laisse mes coms, et quand je dis que c'est superbe ou autre, c'est ce que je ressens, quand je ne comprends pas tel poème ou texte, je le dis, et je te le dis, ton texte nous renvoie à nous-même dans la mesure ou il nous est adressé.

Bon, voilà, je sais pas faire de com, mais... Ben... j'aime bien ton texte HUUUU

#4 Théagène

Théagène

    .............................

  • TLPsien
  • 339 posts

Posted 12 September 2005 - 10:37 AM

Tu sembles bien écorché...
Il y a une forte énergie dans tes textes, mais je pense qu'elle serait plus canalisée avec une meilleure connaissance de la prosodie.
La maîtrise de la technique libère le poète.
Continue, bon courage!
Amitiés.

#5

    .............................

  • TLPsien
  • 54 posts
  • Location:Charleroi

Posted 12 September 2005 - 11:41 AM

je rejoins complètement l'avis de manX

RIEN NE SERT DE COURIR IL FAUT PARTIR A ...

le temps passé, les années passées à l'apprentissage ne sont pas perdus ...

vous avez mal pris ma critique l'autre jour, me croyant peut-être animé d'intention mauvaises, ce n'est pas le cas ...

persévérez

bon travail

bien à vous

#6 Galy

Galy

    Galy

  • TLPsien
  • 997 posts

Posted 12 September 2005 - 01:04 PM

Peut-être qu'en publiant ailleurs que sur le net ...

#7 serioscal

serioscal

    serioscal

  • TLPsien
  • 2,179 posts

Posted 12 September 2005 - 02:27 PM

L'être hideux qui n'a ici rien à vivre
suscitera bien d'éplorés commentaires
Ils voudraient, lui aussi, qu'il puisse se taire
Mais il dort, ronfle, meugle et tangue comme ivre

Et vibrionne comme un être qui n'a
Pas à être, tyrannie que d'exister !
Lui dit-on, mais il dort en buvant son thé
Inexistant ; or, pour qui le façonna :

Comme un public coin ! les canards mortifères
exclament coin ! leur colère et coin ! leur peine
Devant un mort-né, un phoetus volontaire,

Un bastula qui crisse sa peur sereine
D'un thé où se noierait son humanité
Dans une menthe de mensonge aimanté..


Citation (alzeno)
c'était écrit
a.

oui

Citation (Elysa)
ton texte nous renvoie à nous-même dans la mesure ou il nous est adressé.


C'est vrai !


Citation (Man_X)
Il y a une forte énergie dans tes textes, mais je pense qu'elle serait plus canalisée avec une meilleure connaissance de la prosodie.
La maîtrise de la technique libère le poète.


Très juste. C'est vrai que ce poème n'est pas très "dense" (c'est un peu le prix des poèmes de circonstances). Toutes tes remarques seront les bienvenues. N'hésite pas à désigner les failles précises.

Citation (garamantedeux)
vous avez mal pris ma critique l'autre jour, me croyant peut-être animé d'intention mauvaises, ce n'est pas le cas ...


Pas du tout. Les échanges un peu vifs ne sont pas des gestes d'agression, même si le rythme des échanges sur ce drôle de site fait un peu tourner la tête... Je vous ai en estime et votre poésie aussi, et vos jugements, même, parfois.

Citation (Galy)
Peut-être qu'en publiant ailleurs que sur le net ...


Oui, bien sûr ! Cela a pu se produire même. Ce qui n'empêche rien. Il faut faire preuve de civisme. Quand vous êtes poète et que vous rencontrez un lieu intitulé "toutelapoesie" mais qui ne rend de la poésie qu'une image fadasse, vous êtes certes tenté de passer votre chemin. Mais si des désordres réccurrents font apparaître que sous cette masse fadasse existe une pulsation autre, qui peine à exister, qu'allez-vous faire ? Il est toujours question de l'autre en poésie et des autres aussi. Insupportablement peut-être on se sent concerné par tout. Notamment par ce qui se dit de la poésie.

Quand tous parlent de la poésie comme expression d'un moi personnel et psychologique, il y aurait je crois à voir le poème comme expression de l'autre en soi, à travers soi, du vaste autre constitué de ceux que nous avons connus ou lus ou vécus. Pourquoi est-il insupportable d'entendre des niaiseries sur des sonnets ratés ? Parce qu'il y a toute une série de gens avant nous qui se sont évertués à nous le transmettre comme un joyau, comme un bijou, plus encore ! comme un cadeau, dont chaque pli doit être dessiné du mieux qu'on peut. Ce n'est pas grave de rater un sonnet. Le mien, j'en suis d'accord, n'est pas sublime, n'est pas dense ni joliment circulaire. Ce qu'il a de réussi peut-être dans ce poème n'est pas de moi et résulte du respect que j'ai pour les Ronsard, les Du Bellay, Louise Labé, Shakespeare, Hugo, Baudelaire même si je ne l'aime pas, Rimbaud, Mallarmé, combien d'autres... Il en va du sonnet comme de l'orthographe : rien ne vient par nature, l'intransigeance à l'égard de soi est seule reine.

Dès lors qu'on a fait de soi le plus sévère des critique à son endroit, par principe, la critique extérieure, celle des autres, n'a pas de quoi nous inquiéter et elle devient fructueuse pour tous si elle est une critique précise, qui cherche ce qui lui plait et ce qui ne lui plait pas plutôt que d'ignorer ou d'invectiver ce qui ne lui plait pas. Cela est moins question de compétence que de curiosité.

#8 serioscal

serioscal

    serioscal

  • TLPsien
  • 2,179 posts

Posted 12 September 2005 - 02:32 PM

Foutre ! Je n'oublierai pas Nerval, responsable des "ordres et séries".

#9

    .............................

  • TLPsien
  • 139 posts

Posted 12 September 2005 - 02:48 PM

Bravo mon petit, c'est la bonne voie ! Continue ainsi et tu sera le poète mâl dominateur des poétesses femelles! :wink:

#10 sombredesir

sombredesir

    .............................

  • TLPsien
  • 60 posts
  • Location:Stockholm
  • Interests:L'art gothique<br />La confection des muffins<br />La dentelle au point de Venise<br />Les clowns

Posted 12 September 2005 - 03:19 PM

Partout où passe le Poulet, il laisse choir une de ses plumes moisies.
Quand il sera complètement déplumé, je le passerai à la casserole.

#11

    .............................

  • TLPsien
  • 139 posts

Posted 12 September 2005 - 03:23 PM

Citation (sombredesir)
Partout où passe le Poulet, il laisse choir une de ses plumes moisies.
Quand il sera complètement déplumé, je le passerai à la casserole.


Bon, j'y vais alors, et puisque tu ne m'aimes pas, je n'ai plus de raison pour rester ! Je tenais juste à te dire que mon bec apprécie beaucoup tes grains de beauté ! Voilà, c'est tout :cry:

#12 serioscal

serioscal

    serioscal

  • TLPsien
  • 2,179 posts

Posted 12 September 2005 - 03:41 PM

Reste. On n'a pas fait les courses. La poule au pot, ça convient à tout le monde ?

#13 Théagène

Théagène

    .............................

  • TLPsien
  • 339 posts

Posted 13 September 2005 - 08:09 AM

Bonjour Serioscal,

Tu n'as pas de failles précises, tu as beaucoup de talent mais tu fais quelques erreurs techniques çà et là que je peux t'aider à corriger grâce à "La pêche aux rimes" de Pierre MADEC, ouvrage utile complet et sympa...

1ère leçon?

"L'Enjambement (ou rejet): procédé qui consiste à introduire une idée à la fin d'un vers et sa conclusion au début du suivant:

"La question posée, il daigna me répondre:
-D'accord! J'en fus heureux et manquai bien de fondre
En larmes."

Admis dans les contes, récits ou fables, TOLERE dans les formes non-fixes, il est fortement DECONSEILLE dans les alexandrins et ABSOLUMENT INTERDIT pour le sonnet, que ce soit entre les vers ou entre les strophes."

Voilà qui devrait pouvoir t'aider.
D'autres règles te seront utile pour l'équilibre de ton poême, comme "les finales féminines", "les pluriels", "la diérèse" et "la césure"...
Si çà te dit...

A bientôt.

#14 serioscal

serioscal

    serioscal

  • TLPsien
  • 2,179 posts

Posted 13 September 2005 - 08:27 AM

Merci ! Il me semble que cet interdit a été court-circuité dès le XIXe siècle par quelques sérieux poètes (la "triade" Baudelaire / Rimbaud / Mallarmé). J'en tiendrai compte si je refais des sonnets "didactiques".

L'enjambement est l'un des moyens par lequel le poète peut, dans son poème, impulser des rythmes autonomes par rapport à la métrique. Peu-on parvenir à ces "cellules autonomes" sans l'aide de l'enjambement, du rejet et du contre-rejet ? La réponse est oui, assurément. Je retourne à Racine et Boileau, pour voir comment il s'y prennent.

#15 serioscal

serioscal

    serioscal

  • TLPsien
  • 2,179 posts

Posted 13 September 2005 - 08:37 AM

Jajouterai également un point sur les rimes masculines et féminines qui posent un problème certain depuis un siècle et demi, dans la mesure où elles correspondent à une prononciation qu'on n'a plus. Je les ai respectée (le second sonnet a une partition irrégulière, rimes féminines dans la première strophe et masculines dans la seconde) mais à quelqu'un qui s'identifierait à la métrique aujourd'hui (ce qui n'est pas mon cas, je lui préfère le poème libre, qui invente ses propres structures) je conseillerais une toute autre partition, entre finales vocaliques (atrappa, sera, fit, oiseau) et finales consonantiques (arbre, arc, sale, salle, bille, etc.) beaucoup plus pertinente par rapport à la prononciation de la langue aujourd'hui.

Ce qui est important, dans les règles, c'est leur sens, leur valeur, leur justification, je crois. Inutile de planter un clou si l'on ne sait ce qu'il doit permettre d'accrocher, n'est-ce pas ? Tout cela n'est pas question de "culture" ou de "niveau" mais bel et bien de curiosité. Merci, d'ailleurs, pour ton indication bibliographique (j'étais resté sur un petit livre de Frédéric Deloffre, il en existe beaucoup de ce type...) Je conseilerais à ceux qui veulent avoir une vision claire et actuelle de la prosodie française un petit essai de Paul Claudel intitulé "Positions et propositions sur le vers français" (in "Réflexions sur la poésie", Seuil, coll. "Points"). Rarement on a exprimé des vues aussi justes et éclairantes sur la prosodie.

#16 Théagène

Théagène

    .............................

  • TLPsien
  • 339 posts

Posted 13 September 2005 - 09:03 AM

Tu as une grande connaissance culturelle et c'est tout en ton honneur...
Pour rester simple et aller un peu à ton encontre, je dirais plutôt qu'on ne peut mélanger formes fixes et non-fixes ou se permettre quelque changement que ce soit dans la règle sous prétexte de modernité ou d'évolution. Je crois que les règles ne changent pas avec le temps. Tout au plus admettra-t-on une inversion de rime d'un tercet à l'autre suivant Pétrarque ou Boileau, mais ce n'est pas une faute prosodique.
Permets-moi de te citer à nouveau Madec qui parle du sonnet:
"...toute oeuvre qui, outre les règles particulières à cette forme, ne respecte pas l'intégralité des exigences prosodiques ne peut être autre chose qu'un poême composé de deux quatrains et de deux tercets, et tout "sonnet" né de l'inspiration d'un poête se réclamant du néo-classicisme est une hérésie pure et simple."

#17 serioscal

serioscal

    serioscal

  • TLPsien
  • 2,179 posts

Posted 13 September 2005 - 06:33 PM

Je ne suis pas si sûr pour ma part que les formes n'évoluent pas : elles sont ce que nous en faisons, n'ont pas d'existence extérieure à ce que nous en faisons. Il faut avoir l'intelligence de ses transgressions. Le sonnet lui-même n'en vit-il pas ? Ici, je ne défends pas mon sonnet dont les fautes sont incontestables parce qu'insues. Mais si je te suis, j'excluerai des centaines de sonnets de la tradition pour leurs failles et en maintiendrai d'autres malgré leur absence d'autre qualité ? En réalité il me semble que la forme, historique, est poreuse. Il y a de la métrique dans la poésie libre et réciproquement. Dans Racine et Boileau je trouve une poésie libre quoique cadrée, chacun déploie son "rythme" au sens où l'entend Henri Meschonnic, ce qui revient en gros à une pulsation intime qui se manifeste par le jeu des accentuations syntaxiques et phonologiques.

"Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos tête ?" : Ce vers notoire ciselé comme il faut recèle un rythme distinct de la simple métrique : l'accumulation des s surraccentue chacune des syllabes du vers. Là, l'effet est local, il joue comme un signal, mais de tels jeux rythmiques ont lieu partout dans la poésie. Et dès lors qu'on a estimé que les univers formels étaient des entités relatives, rien n'interdisait plus de créer des formes partielles, hybrides, lacunaires. "On peut tout faire, s'écriait Edgar Varese, ça dépend qui le fait !" Sous l'arrogance de la formule, c'est la question du sujet qui est posée. Comment interdire à quelqu'un de détourner une forme en ces conditions ? Pis ! comment nier qu'il y ait sonnet là où il y a transgression du sonnet ? Puisque chacun de ces sonnets fautifs contribue à esquisser une situation historique du sonnet.

Un appauvrissement, certainement. Mais il suffit qu'il y ait un seul être qui dise le sonnet pour que cette réalité du sonnet soit. Je te fais confiance ; j'ai lu trop rapidement un de tes poèmes, j'entrevois quel beau dessin forment tes vers. J'aimerais savoir comment tu conçois, toi, l'à-côté de ces formes fixes et éternelles.

#18 Théagène

Théagène

    .............................

  • TLPsien
  • 339 posts

Posted 14 September 2005 - 02:19 PM

Malheureusement, je ne le conçois pas. Ou pas encore.
Je m'évertue depuis que j'apprécie la langue française et la poésie à cadrer avec la règle.
Sans doutes pour diriger mes vers mais peut-être aussi par inexpérience ou manque de confiance.
En fait , je travaille à parfaire mon écriture (la fameuse maîtrise technique) avant d'envisager de m'en écarter (la liberté!).
Mais je refuse la contrainte, ainsi le temps qui passe n'a pas de prise sur moi, de même que la frustration de la non-reconnaissance d'un éventuel talent.
Et je reste persuadé que tous ces vers ne sont, en définitive, que "futilité et poursuite de vents".
Aussi, j'écris depuis longtemps mais assez peu et pour pas grand monde (sauf depuis que j'ai livré quelques vers en pâture à TLP).
Mais çà me convient.

Et toi, qu'est-ce qui te pousse à écrire en dehors des sentiers battus (hormis le développement de théories du RIEN, intéressant bien que "thérapique"...)?

#19 serioscal

serioscal

    serioscal

  • TLPsien
  • 2,179 posts

Posted 14 September 2005 - 07:46 PM

- J'ai livré quelques vers en pâture à TLP

- L'image est d'une justesse irréprochable !

- Et toi, qu'est-ce qui te pousse à écrire en dehors des sentiers battus ?

- Rien, voyons ! La poésie a deux portes : l'une est la forme et l'autre, l'expression. J'y suis venu par l'expression, sauf que je n'ai jamais confondu mon écriture et ma psychologie personnelle. La poésie est devenue la forme de mon expérience de vie, à partir de l'adolescence. Longtemps je me suis même refusé à relire, à corriger, ce qui me venait par saccades. Tout détruit, attaqué un roman, enlisé, fin de l'adolescence : je suis parvenu au constat qu'il me fallait apprendre. Si vivre est "défendre une forme", cette forme je ne pouvais la défendre que par l'apprentissage de ce que je voulais dérègler. Une certitude, la seule : mon écriture a tôt pris le parti de l'incohérence et du non-fini. Toute forme finie me semblait un mensonge : une histoire cohérente, par exemple, ou une forme fixe. Pour celui qui estime première l'expression, les formes ne sont que des entités temporaires, tout juste pratiques. Aussi n'ai-je appris que progressivement à me réconcilier avec une pensée de la forme qu'alors, je jugeais secondaire. Il est certain que j'ai beaucoup appris de Pierre Boulez, autant que des poètes eux-mêmes, notamment parce que le sérialisme généralisé promettait de créer un langage musical hors des systèmes conventionnels et pour autant de façon constructive et pensée. L'incohérence m'est restée première : qu'il s'agisse de Freud ou de Saussure, je crois que la démonstration a été faite depuis longtemps du caractère non unitaire, sinon conflictuel, de ce qu'on appelait autrefois "entendement". Vieilli, je n'ai plus la rage de mes jeunes années et je conçois de plus en plus le poème selon le mot de Paul Celan, comme un cadeau, un cadeau que l'on fait à quelqu'un qu'on ne connaît pas, qu'on ne saura jamais et qui pourtant, indubitablement, existe. Un lointain, en quelque sorte. C'est l'intention qui compte, donc : mais l'intention est précisément ce qui se lit au plus serré de la forme.

- Le développement de théories du RIEN, intéressant bien que "thérapique"...

- N'essaie pas rien comme thérapie, ça calme c'est sûr mais ça ne peut être que sans appel. Le mot "rien" est un petit laboratoires portatif des frontières du langage. Je n'y mets aucune intention thérapeutique ou même philosophique ! j'adhère pleinement à ce que disait Char : "Si le monde est ce vide, eh bien ! je suis ce plein." Mais je suppose qu'une expression existe dans les limites de ce mot de quatre lettres, alors j'essaie.

#20

    .............................

  • TLPsien
  • 47 posts

Posted 14 September 2005 - 07:53 PM

hum, discussion interessante à partir d'un poème qui ne l'est pas moins...
Et te lisant je me dis que j'accepte en tant que lectrice le cadeau de ton poème.

#21 JustNothing

JustNothing

    .............................

  • TLPsien
  • 336 posts

Posted 15 September 2005 - 12:59 AM

Moi je t'écris encore!
Sublime, et je le pense réellement...
(Je l'ais même lu deux fois plutôt qu'une! ^.^ )
J'adore ce qui vient de tes paroles, tu penses plus qu'une fois avant d'écrire et sa parait... ou sinon tu as une sagesse que certain n'ont pas.
au plaisir de te relire...
Toutes mes amitiés.

#22 Théagène

Théagène

    .............................

  • TLPsien
  • 339 posts

Posted 15 September 2005 - 08:54 AM

Merde, deux réponses parties à la poubelle...

#23 Théagène

Théagène

    .............................

  • TLPsien
  • 339 posts

Posted 15 September 2005 - 08:55 AM

Voilà deux heures que je m'évertue à te répondre, peut-être est-ce que je prends trop de temps?

#24 Théagène

Théagène

    .............................

  • TLPsien
  • 339 posts

Posted 15 September 2005 - 09:04 AM

Je vais essayer de faire en plusieurs fois...

Décidément, Serioscal, tu es incroyablement complexe, soupçonnable à te lire, mais complexe.

Quel mal y a-t-il à confondre son écriture et sa psychologie personnelle?
L'écriture n'est-elle pas le reflet de notre personne?
Doit-elle être un baume ou un poison?
Les deux?
Vaut-il mieux cacher sa personnalité sous de multiples visages et brouiller les pistes?
Qu'y a-t-il à cacher?

Cependant, j'apprécie ta sincérité.
Et nos échanges.

#25 Théagène

Théagène

    .............................

  • TLPsien
  • 339 posts

Posted 15 September 2005 - 09:11 AM

Tu dis: "C'est l'intention qui compte, (...) l'intention est (...) ce qui se lit (...) (dans) la forme.
Je suis entièrement d'accord avec toi.
Mais je récupèrerais bien volontier cette vérité pour abonder dans l'idée que la forme fixe est le "canevas" qui nous sert à "broder" toutes nos intentions, sans limites autres que celles édictées par la règle, qui, au passage, n'est là que pour élever la poésie, lui donner équilibre et musicalité et l'amener au plus près de la grâce.
A nous de formuler nos intentions avec talent...

#26 Théagène

Théagène

    .............................

  • TLPsien
  • 339 posts

Posted 15 September 2005 - 09:23 AM

Tu dis: "Toute forme finie me semblait un mensonge."

Il me parait important de souligner que si çà semble un mensonge pour toi, pour d'autres, c'est une vérité.
Le problème réside peut-être dans l'acceptation de cette vérité.
Mais là, bien sûr, on entre dans la psychologie.
Terrain miné?
Une illustration (trés pratique): un mûr de briques, tant qu'il n'est pas terminé, n'est rien.
Qu'il soit réussi ou raté, beau ou laid, il ne sera mûr en temps que tel que lorsqu'il sera fini.
Tout cela est bien trivial, mais il me semble que ton talent y gagnerait beaucoup à s'appaiser.
Ca passe par l'acceptation de soi, le pardon , des choses comme çà...
Mais bon, je m'égare encore.

#27 Théagène

Théagène

    .............................

  • TLPsien
  • 339 posts

Posted 15 September 2005 - 09:47 AM

Sinon, chez moi la forme et l'expression se sont mariées et font bon ménage.
Elles passent toutes les deux par la même porte.

Bye.

#28 serioscal

serioscal

    serioscal

  • TLPsien
  • 2,179 posts

Posted 15 September 2005 - 02:59 PM

Quand on écrit, le site nous considère inactifs et donc nous délogue. C'est quand même un site méchamment ironique... Par où commencer ? Ah oui ! les portes : je crois quand même que tu es un peu passé par la porte formelle. Ce qui n'empêche pas l'expression. Mais elle ne fut pas première car l'expression tend à déplacer la règle pour se faire de l'air.


Tu dis: "C'est l'intention qui compte, (...) l'intention est (...) ce qui se lit (...) (dans) la forme.
Je suis entièrement d'accord avec toi.
Mais je récupèrerais bien volontier cette vérité pour abonder dans l'idée que la forme fixe est le "canevas" qui nous sert à "broder" toutes nos intentions, sans limites autres que celles édictées par la règle, qui, au passage, n'est là que pour élever la poésie, lui donner équilibre et musicalité et l'amener au plus près de la grâce.
A nous de formuler nos intentions avec talent...


L'application exacte de la règle, merveilleuse chez les uns, conduit les autres à une poésie fadasse. Pis ! les excès ou défauts de certains grands auteurs ne les empêche pas d'accéder au panthéon de la beauté. Je n'exclue ni Boileau ni Racine ni Heredia de mon panthéon personnel mais je n'en exclue pas non plus Hugo, qui invente quelque chose de nouveau dans le vers. S'il affaiblit considérablement le mètre en l'employant à toutes les sauces, pour ainsi dire, il crée une dynamique dans sa versification qui tend vers autre chose que l'harmonie que tu évoques.
Le rapport à la règle est ton système, l'axiome de ton invention. Il est infiniment respectable parce qu'assumé avec une belle rigueur. Mais ce qui prend corps dans la chose poétique n'est pas fait que de règles ou d'émotions ; c'est une sorte de système, où tout communique avec tout. Le langage hyper-resserré de Racine (réduction du langage même à quelques centaines de mots) va au-delà des règles métriques ! Et peut-être au-delà que l'équilibre, de la musicalité et de la grâce. On a dit "catharsique" le théâte racinien, sous son ordonnance extrême et d'un scrupule constant, le désordre bouillonne, d'Andromaque à Phedre tout ne tend qu'à l'hallucination et au délire chez Racine. C'est un système.

Je pense pour ma part que la poésie devrait comme elle a toujours fait trouver ses ressources dans la connaissance de la langue et du langage. Ce qu'il y a peut-être de difficile aujourd'hui, c'est la difficulté de compréhension de la linguistique moderne. Mais le vers libre est né avec la phonétique expérimentale à la fin du XIXe siècle et Paul Claudel a donné un merveilleux tableau de la versification française en rapport avec son temps. Par la suite, le surréalisme a occulté les questions techniques, bien que ses représentants fussent munis de sérieuses dispositions rhétoriques. Ceux qui ont suivi ont été plus démunis et le succès du surréalisme a conduit à une vision totalement subjective et antitechnique de la poésie. Les résultats sont désastreux. Les avant-gardes restent butés sur des visions naïves et générales du langage. Le vers libre, riche d'une belle histoire, reste une entité suspendue à des analyses souvent oiseuses, rarement convaincantes. Pourtant, il existe des outils.

#29 serioscal

serioscal

    serioscal

  • TLPsien
  • 2,179 posts

Posted 15 September 2005 - 03:02 PM


Quel mal y a-t-il à confondre son écriture et sa psychologie personnelle?
L'écriture n'est-elle pas le reflet de notre personne?
Doit-elle être un baume ou un poison?
Les deux?
Vaut-il mieux cacher sa personnalité sous de multiples visages et brouiller les pistes?


John Cage disait que le bruit de la rue était plus musical qu'une cantate de Jean-Sébastien Bach. Et pensait que, finalement, les oeuvres de Bach n'étaient pas périmées mais qu'elles empêchaient d'entendre la musique du monde. Une fois qu'on entend le passage des voitures dans la rue comme une symphonie, alors on peut entendre du Bach dans toute sa musicalité. Je déforme sans doute un peu mais l'idée y est. L'écriture n'est pas le reflet de la personnalité. Elle "reflête" déjà une plus ou moins grande compétence et un certain type de compétence. Ce n'est pas parce qu'on écrit mal qu'on a une personnalité pauvre, une sensibilité moindre. J'ai connu des abrutis cultivés autant que des ouvriers poètes. C'est un premier point : l'écriture reflête une compétence linguistique, avec des domaines de compétences plus ou moins grands. Ceux-ci sont distincts de la personnalité.
Pour le cas d'un romancier, c'est particulièrement évident : son caractère est-il la somme des caractères dessinés par chacun de ses personnages ? Est-il inscrit dans la voix du narrateur ? Non ! Il y a un bien un caractère commun qui se dessine, avec des lignes de force, mais cette silhouette on l'appelle sujet (Meschonnic notamment a beacoup parlé de ça, après Benveniste et Foucault) parce qu'elle est tout à fait déliée de l'individu qui la porte. On s'aperçoit tous que notre parole nous dépasse, ne nous appartient pas, à un moment ou à un autre ! On peut avoir des propos racistes sans s'en rendre compte, parce qu'on aura baigné dans un tel environnement. On entre toujours dans la voie d'un autre ou d'autres et je ne lis dans un poème pas plus de psychologie que d'histoire, de sociologie, d'anthropologie ou de philologie... J'en oublie sans doute. Car ton poème reflête aussi un état de la langue, une sociologie de la poésie, une anthropologie dans un sens à définir, de la philologie bien sûr puisque, quand tu prononces un mot, tu ne fais que réaliser une entité collective, commune. Le langage est fondamentalement d'obédience communiste. Je plaisante bien sûr (à moitié).
Identifier le je de son écriture à son moi, c'est une possibilité. Un des possibles du poème. Ce n'est pas le choix des Parnassiens par exemple. Ce n'est pas toujours celui des romantiques. On connaît le cri de Hugo, "Qui es-tu pour croire que je ne suis pas toi !" (peu ou prou) quand on lui reprochait de dire trop souvent "je". Je crois me rappeler que les poètes romains hommes écrivaient des poèmes lyriques en adoptant un "je" féminin. L'écriture, c'est l'expérience de l'autre avant d'être celle du "je". Ce n'est même que parce qu'elle est réceptivité à l'autre qu'elle peut dire "je". L'idéologie qui ne veut voir que l'expression de soi pose tout de même de sérieux problèmes. Elle n'est, à mon sens, ni justifiée ni constructive. Ce qui ne m'empêche pas d'avoir quelque part des débris de journal intime, parce que l'écriture est intime.
Mais le "je" qu'elle rend concret n'est pas le "je" qui s'exprime dans le monde. Il est autre. Rimbaud l'a dit, pas seulement parce qu'il avait abusé de l'opium ! Les livres ne sont pas les fantomes de gens que nous gardons dans nos salons : ils sont des voix, des discours dont les nôtres propres se nourrissent. Les mots ne nous appartiennent pas, c'est entendu : chacun d'eux quand nous le prononçons est passé par des millions de bouches. Parfois nous participons à la naissance d'un mot ou d'un tour syntaxique nouveau, nous le faisons sans en avoir conscience : nous réalisons une oeuvre collective, la langue, que personne individuellement ne peut toucher. Si je dis : le mot "série" n'existe pas, je semblerai idiot, personne ne me croira. La poésie, c'est la même chose. Bien des poètes ont décrété que la poésie était morte, elle n'a pas l'air trop mal portante. La poésie est peu dans la société, mais a-t-elle jamais été beaucoup ? La diplomatie française sait quoi faire de la poésie.
Mais si personne n'y touche individuellement, chacun participe de la définition de cette chose qui ne veut pas mourir et qu'on appelle poésie. Une société s'en fait une représentation, des représentations. Toutes ne sont pas également valides. Le classicisme a produit des prodiges mais quand le dogme de la raison a excédé ce que pouvait la poésie, au XVIIIe siècle, celle-ci s'est faite insignifiante ? Qui lit aujourd'hui un seul poète du XVIIIe siècle français, hormis Chénier ? Donc, les discours sur la poésie font aussi la poésie, la rendent forte ou faible. Ce qui affaiblit la poésie française, c'est son manque de technicité. Même la poésie professionnelle a beaucoup régressé ! C'est aussi parce que la poésie est devenue, à l'excès, une sorte de thérapie du moi, une caricature de la posture romantique décliné par tous les états du désespoir à la névrose, au lieu d'être une réalité intime et collective à la fois, infiniment précieuse parce que pas à nous.

#30 Théagène

Théagène

    .............................

  • TLPsien
  • 339 posts

Posted 16 September 2005 - 08:29 AM

Et bien, me voila habillé pour l'automne...
Je vais imprimer tout çà et en faire un petit manuel que je vais titrer "Guide de la poésie libre" ou "Initiation d'un jeune poète (à d'autres formes...)".
En fait, tous tes commentaires sont extrêmement intéressants et enrichissants pour moi (ils me renvoient à de nouvelles études).
Ils tendent à l'être aussi pour les autres "poètes" de TLP, ce qui élève, et c'est tout en ton honneur, le niveau du forum.
Ton point de vue sur "le reflet de l'écriture" est profond et sensé, je m'excuserais presque d'avoir posé la question...
En fait, je suis assez heureux d'avoir pû être ton "sparing partner" du moment et je te suis gré de ne pas m'avoir mis au tapis au premier round...




0 user(s) are reading this topic

0 members, 0 guests, 0 anonymous users