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[Vasavoirsi]

Monsieur Lavant était un peu perturbé. Il n’arrivait pas à se calmer. La marche n’avait eu aucun effet sur lui. Il était redescendu dans le centre ville. Il avait passé un coup de téléphone à son psychiatre Monsieur Schmidt afin d’obtenir un rendez vous dans l’heure. La secrétaire avait ronchonné. Comme à son habitude. Mais elle lui avait casé une séance. Sachant pertinemment que ce patient là, il valait mieux le prendre en consultation quand il le demandait. Là, il patientait dans la salle d’attente du docteur. Cela faisait plusieurs fois qu’il prenait le même magazine et le remettait soigneusement sur la pile. La femme à côté de lui faisait des petits gestes expressifs à sa voisine la plus proche. Le désignant déjà comme maniaco-dépressif. Ce qu’elle lui murmurait. Cachant indiscrètement sa bouche avec la paume de sa main. Cette dame se targuait de connaître toutes les folies. Et surtout de les reconnaître sur les gens atteints. Elle voulait devenir psychiatre mais elle n’avait jamais pu. Elle n’est pas allée assez loin dans les études. Elle était juste détentrice d’un baccalauréat. Aujourd’hui, elle était caissière dans le magasin grande surface en périphérie d’Amosis. Ce qui ne l’empêchait pas d’analyser chacun des clients qui passaient à sa caisse. Elle pense que le monde tourne mal. Et que cela ira de mal en pire. Persuadée de son bon sens et des ses connaissances, elle fait toutes les fins de semaine, un peu de bénévolat à l’asile d’Amosis. La directrice, une jeune femme délurée mais néanmoins charmante, lui a fait confiance.
Monsieur Lavant ne s’est pas aperçu de son manège. Il ne lui prête encore moins d’attention qu’à la mouche qui vole dans la pièce. Et qui agace un peu toutes les personnes qui s’y trouvent. Elle vient se poser. Se coller. Pique et chatouille. Enervée la bestiole. Enervante. Annonciatrice de l’orage qui se prépare. Et qui va s’abattre bientôt sur la petite ville.
La porte s’ouvre. Le médecin appelle Monsieur Schmidt. Qui est déjà debout. Asseyez vous. Je vous en prie. Que puis je pour vous Monsieur Lavant ?
Monsieur Lavant va mal. Il lui raconte qu’il va mal. Depuis ce matin, plus rien ne va. Tout cela à cause de la secrétaire de sa société. Cette idiote. Ne soyez pas agressif Monsieur Lavant ! Nous en avons déjà parlé ! Vous vous souvenez ? Calme. Détente. Souffler. Il répète en même temps les 3 mots clef de la psychologie du docteur. Cela le calme. Momentanément. Ma secrétaire, donc, a déposé sur mon bureau, un morceau de papier. Bien. Nous progressons. Décrivez moi ce qu’il y a sur ce morceau de papier Monsieur Lavant. Une phrase. Ne pas oublier l’anniversaire de votre fille.
Quelle idiote ! Le mot a échappé au docteur Schmidt. Elle venait en quelques mots de détruire de nombreux mois de travail. Ah ! Vous voyez ! Je vous l’avais bien dit.
Calme. Détente. Souffler. N’oubliez pas ces mots Monsieur Lavant. Ne perdons pas notre objectif de vue ! Bon. C’est mieux. Dites moi ce que vous ressentez. Non. Non. Non et non Monsieur Lavant. On ne peut pas se comporter comme cela. Cela non plus. Bon dites le dans mon cabinet si cela peut vous soulager. Mais il est interdit de le mettre en pratique. C’est très grave Monsieur Lavant.
Monsieur Schmidt regarde l’heure. Il ne reste plus beaucoup de temps pour cette séance là. Il ne peut décemment pas laisser partir son patient dans cet état. Il sait ce qui peut le calmer. Mais cela prend du temps. Il hésite. Il regarde le tableau derrière lui. Celui du cri. Il soupire. C’est reparti. Monsieur Lavant dites moi vos émotions quand au tableau d’Edward Munch.

[aramis]

la suite c'est pour quand ?
amicalement

[Vasavoirsi]

Monsieur Lavant écoute Charlie Parker. Kim. Morceau dédié à sa femme musicienne comme lui. Puis Blues for alice. Laird Baird. Now´s the Time. Loverman. Il aime plus que tous ces morceaux piano saxo. Il est seul dans sa chambre. Il a mit la musique à fond et il pense à Yardbird. Il se dit que lui, quand même, c'était un grand homme. Plusieurs mois suivant sa mort, les murs de New York étaient couverts d'un graffiti énigmatique : Bird Lives ! 'L'oiseau vit'.
Lui, il ne laissera rien. Personne ne viendra sur sa tombe. On ne le pleurera même pas. Lui, non plus il ne se pleurerait pas de toutes façons.
Même la femme qui l’écrit en ce moment ne le pleurera pas. Tu exagères ! Un peu quand même. Tu aimes le piano et le saxo et Charlie parker. Tu ne peux pas être totalement mauvais.
Mais je n’aime pas Charlie Parker ! C’est toi qui l’aimes ! Moi je ne suis qu’un homme de ton invention. Je me ballade dans ton univers. Tu peux faire ce que tu veux de moi.
Ah oui ? Intéressant ça ! Mais bon si tu es un pantin, que voudrais tu que je fasse de si peu de choses.
Je suis une femme. J’ai besoin que l’on me fasse rêver. Tu as raison. J’y mets de la mauvaise volonté. Tiens regarde. Je vais te jouer April in paris. Plus de douze minutes le morceau. La classe non ?
Et pendant que Monsieur Lavant jouait du saxo pour elle. Vasavoirsi arrêta d’écrire. Subitement comme ça.