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Traversée


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#1 le hamster

le hamster

    à poil laineux

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  • Parcours poétique:Du point A au point B, en passant par le point G naturellement (c'est le meilleur... enfin c'est surtout elle qui le dit, mais bon, je lui fais confiance)

Posted 13 November 2006 - 09:34 PM

On avait déjà atteint la haute mer et Stu sentait venir en lui la nausée, comme monte la marée, inexorablement. Il avait beau penser aux lueurs citadines, aux reflets de lune sur les toits, aux paysages de montagne qu’il connaissait, il essayait de fuir à lui-même, de s’échapper. Il pensa à ce moment-là qu’il lui faudrait passer la journée, bon gré mal gré, et fuir devant la vague.

Plus tard il ne s’en souciait plus, et il déambulait sur les passerelles, croisant d’autres regards nonchalants. C’est là, au hasard d’un passage où ils furent obligés de se faire face, qu’il aperçut la femme, une jeune femme qui brillait à ses yeux comme un diamant, au regard aveuglant et qui avait – il lui avait semblé - esquissé un petit sourire. Mais ses yeux étaient un mystère qui posaient en une seconde plus de questions que le fond de toutes les mers.
Il la poursuivit toute la journée, avec peine ; la retrouva deux autres fois, presque par hasard ; mais il fut un peu déçu par son air d’indifférence – qu’avait-il espéré ; pourtant, une fois au moins encore, il croisa son regard, couleur de mer aux jours de tempête, mais son regard n’était pas différent des autres moments.

Au soir, dans sa petite cabine, il s’assit, alluma une faible lampe et écrivit :

J’aimerais t’ouvrir comme un bijou, et lire en toi comme à livre ouvert, comme seuls savaient lire les oracles. J’aimerais espérer des miracles. J’aimerais te contempler de l’intérieur et voir tes algues et tes marées, voir la vague refluer, m’imprégner de toi ; couler en toi comme un courant marin venu on ne sait d’où ; surtout, surtout, ne pas t’entendre ; te coller à ma jouer, écouter ton souffle comme le coquillage nous parle de la mer, d’où il vient et il retournera toujours. Et là tu lèveras les yeux au ciel vers une nuée de hérons qui s’envoleront comme si tu leurs parlais, comme s’ils t’entendaient. Parce que tu entends gémir les montagnes, parce que tu connais le langage des sept planètes mais tu ne le sais pas ; tu te crois infime et dissoute dans l’eau des lacs, toi, pièce d’orfèvrerie, tu te crois rouage crasseux dans un mécanise d’horlogerie, horloge de sel, qu’une seule goutte de miel hante, invisible cristal au sein de la clepsydre.




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