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[Vasavoirsi]

Je suis là devant mon écran. Je ne sais pas encore ce que je vais y écrire. J'écoute de la musique. Du piano. Encore. J'aime le piano c'est comme cela. Il est mon plus bel amour. J'ai du mal à m'en passer. J'ai vraiment besoin de l'écouter. Je délire toute seule. J'écris n'importe quoi. Si je continue, je vais finir par dire ce à quoi je pense. Et je ne peux pas. Je ne veux pas. Cela me ferait bien trop de peine.
Je préfère être lâche. Faire la fière. Ravaler et me taire. Juste écrire des banalités. Te parler du temps qu’il fait. Il ne fait pas beau. Il pleure dehors. Il fait sombre et noir. J’ai fermé les volets. Je vois mon visage en reflet. Une femme qui écoute du piano. Elle écrit quelques mots sur son ordinateur. Elle ne veut pas me montrer. Elle dit que tout cela n’a pas d’importance. Elle me dit d’ouvrir les volets. Que je n’ai pas le droit de la voir. Que je ferais mieux de m’aérer. De hurler un grand coup et de me mettre à chialer.
Elle veut la paix. Elle veut être seule. Elle veut écrire ces quelques mots et puis les effacer. Juste tracer qu’elle pleure. Et faire comme ci. Comme ci rien ne s’était passé.

Alors lis tout ce qui suit. Tout ce qui a été effacé.

[-ALMADOR-]

"Barbara...c'était ton nom de guerre, je crois..." chantait lavilliers dans "Lyon sur Saône"..... En lisant ce texte.j'ai pensé à tout cela en lisant ces mots...

[belvis]

Rien ne s'efface...

On n'oublie qu'un instant,
parce que derrière cet écran-là,
lorsque le regard aura cessé d'être un reflet,

l'écran lui-même essuiera ses larmes...

[Vasavoirsi]

Mouais mais on ne peut plus effacer maintenant
Sauf dans l'heure.
Bon...
Les sales gosses ne peuvent plus jouer à retour vers le furur IV

Oui comme tu dis. On avait trois chances pour finalement quoi ? Mac fly sur un skate volant. Biff tête à baffes. Et une féerie consternante des sirènes. Le pire étant quand même le troisième avec le western spaguetti où tout le monde boit allègrement la tasse. J'exige une quatrième chance personnelle. Rires.

[Vasavoirsi]

"Barbara...c'était ton nom de guerre, je crois..." chantait lavilliers dans "Lyon sur Saône"..... En lisant ce texte.j'ai pensé à tout cela en lisant ces mots...

Je viens d'aller voir les textes de Lavilliers. Surtout celui dont tu me parles. Je ne connaissais pas tellement. Il y a chez cette homme une musicalité des rues, des ghettos, des regards de femmes latines, fières dans la misère et se reflétant dans celui, plus lubrique des hommes. Le sexe. Alléchant. Il y a de la force, beaucoup de forces, de la chaleur lourde qui pèse sur les nerfs. Des mains qui essuient la sueur qui perle sous les panamas. Des mots aux accents hispaniques. Des cris d'enfants dans les rues. Des vols à la tire. Des belles femmes aux courbes généreuses. Des décolletés provocants. Des fesses rondes et épousant complètement les robes fines. Des hommes qui ne les quittent pas des yeux. Des frères qui les protègent. Des étrangers qui les convoitent. Des mains qui séparent. Des mains qui menacent. Des coups de poings. Des hommes par terre, au fond d'une impasse. En sang pour avoir espéré une trop belle passe. Des airs de sambas. Des vieils hommes qui jouent du piano à l'étage. Par delà les fenêtres s'envolent les notes. Les passants les attrapent et se mettent à danser. La belle brune lascivement entraîne toute la rue. Les hommes l'accompagnent. La suivent. Lui tournent autour. Elle est belle. Très belle. Désirable. Elle leur fait tourner la tête. Elle rie. Elle n'est à personne. Elle est libre. Comme ce petit air de samba qui s'envole dans les rues.

[emeline]

comme scie rien ne c'était passé

[Vasavoirsi]

Rien ne s'efface...
On n'oublie qu'un instant,
parce que derrière cet écran-là,
lorsque le regard aura cessé d'être un reflet,
l'écran lui-même essuiera ses larmes...

Non rien ne s'efface. Les mots derrière ne se voient pas. Mais ils sont bien là. En souvenir de.