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[Noctis]

Aurais-je entendu la lumière
roide et sourde
s'il avait fallu écouter
s'il avait fallu désirer
les images les couleurs
avant de voir
avant d'entendre
avant de savoir se surprendre
à être
ou à n'être pas
tout à fait soi

Aurais-je chanté la lumière
roide et sourde
Aurais-je entendu la lumière
sourde sourde
Aurais-je eu la lumière
La lumière m'aurait-elle
parlé un peu après
Aurais-je eu la lumière
froide et gourde
en l'hiver où le ciel est blanc
froid et grand
froid et lourd
à broyer de la lumière blanche
mon cœur flanche

La lumière m'aurait-elle
changé un peu mal gré
soufflerait-elle trop doucement
souffrirais-je trop bruyamment
pour entendre
La lumière serait-elle
courbe
fourbe
belle ?
ou hideuse cette bleue frimeuse

Aurais-je la lumière
bravé en bavant
innocemment
sur le ciel idéal irréel
et trop blanc
Aurait-elle l'ogruelle
floué mon brouillard éternel
et incestueux un p'tit peu
mon cœur trahira Dieu
contre le vent et le feu
d'une lumière du soir
moins insipide
virtuelle mais vertueuse

Aurais-je cru la lumière
si la crue m'avait emporté
la lumière m'aurait-elle
acidulé
un peu plus chaque matin
trituré
comme on croit qu'on devient meilleur
en se pourrissant de l'intérieur
en laissant se répandre
la salissure
la moisissure
la meurtrissure
la flétrissure
la vomissure
peu à peu

Ah ! la lumière
dans les recoins
dans mon jardin
un peu partout infiniment
sur des chants de guerre
où la gloire est éphémère
où l’on peut croire
à n'en plus finir
et je me demande encore
je me demande encore
mais pourquoi
pourquoi ?
pourquoi n'ai-je donc jamais vu la lumière ?

[.ds.]

"S'il fallait que la lumière gèle"

Heu, pour le titre

[Noctis]

eh pas mal!


enfin quand je dis que le titre n'est pas bon, c'est moins pour en avoir un bon que pour prévenir que le titre est mauvais (et que donc peut-être le poème le surpasserait) que je l'écris...