Mélancolique

Sur sa chaise, cloué, un buveur solitaire,
Grand moralisateur aimant les cieux ouverts,
Du revers de sa main toute protestataire
Protège son demi des insectes divers.

Il maudit fermement ces vils ubiquitaires,
Voltigeant à travers le grouillant univers
Pour y parsemer maints gènes parasitaires,
Tels de petits démons totalement pervers.

Ces méphistophéliques collantes bestioles
Vibrionnent sans fin près de ses lauréoles
À rendre fou le plus embrasé des orants.

Ciel! en escadrilles, lancez la gent ailée
Pour gober ces monstres par trop belligérants
Afin que tous meurent, sablés à la volée.


Mélancolique

Sifflez ô vent!
Continûment,
Que chantonnent
En plein accord
Nos beaux ténors
Vifs d'automne.

Dans la splendeur
De vos couleurs
Automnales
Rendez le chant
Du cygne blanc
En finale,

Car surgiront
De blancs glaçons
Sur vos branches
Qui saisiront
De froids frissons
Vos nuits blanches.

Mélancolique

Ô fioles! vos engeances moyenâgeuses
Sont riches de pompeux vases aux cols oblongs,
Assurant vigile à travers les siècles longs
De cabalistiques contenances précieuses.

Vous êtes les témoins de pratiques douteuses
Menées dans des dépôts sombres, aux gonfalons
Anonymes, par mains d'alchimistes félons,
Pères d'homoncules aux mines ténébreuses.

Ainsi vos longs profils raides et statufiés
Vous confèrent des airs de gardiens hermétiques
D'un savoir aux thèses des plus énigmatiques,

Et vos vases servant des rites sanctifiés
Par des célébrants aux chimériques croyances
Ne sont que complices de basses complaisances.

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Mélancolique

En cette nuit
Très sinistre,
Fuyant l'ennui
D'un coeur triste,

Mes vieux ribouis
Tirent flemme
Vers un boui-boui
De bohême.

Ils vont, balourds,
En ce bouge
Chercher l'amour
D'une gouge.

Mélancolique

Sur verte colline
En terre saline,
Debout,
L'arbre solitaire,
Presque centenaire,
Du bout

De sa solitude
Et son altitude,
D'un jet
Tiré en mitraille,
Au vent qui l'assaille,
Émet

Un sonnet tragique,
Fort mélancolique,
Tout noir,
Criant l'injustice
Si désolatrice
D'avoir

De ses ans sévères
Point connu confrères
Et point
De douces copines,
Complices divines
D'appoint.

Du géant en transes
Découlent ces stances
Voguant
Sur mer insoumise
À trop forte prise
D'autan;

Maudits soient ces obscurs promeneurs solitaires
Qui, las de l'ascension de ces très hauts coteaux,
Reprennent souffle sous les ombres salutaires
Que procurent mes verts et ondoyants rameaux.

Ils s'étonnent de voir qu'un si fort et bel arbre,
Contre vents et marées d'un si rude pays,
Reste au fil des ans dressé tel un beau marbre
Digne des grands palais de la pauvre Pompéi.

Ils épiloguent que la vie en forêts vierges
Donne mieux qu'un vécu sur dominantes berges,
Tant elle nous promet grande félicité.

Ô! Mon coeur s'assombrit devant ses découvertes!
Moi, qui se plaisais seul dans mon unicité
Lorsque mon essence peuple les forêts vertes.


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Mélancolique