Ma plante dans le pot de céramique colorée, calme. Les pieds plantés dans la terre. Je n’ai plus envie d’aimer les mots comme des clichés qui s’échappent de ma tête, des lambeaux de poésies. Le temps s’efface, me dégommera de la terre et je revivrai en cendre au pied de ma plante. Et je serais comme une sève clairvoyante.
A créer chaque poème comme un azulejos contre un mur, comme une écaille d’amour.
Parfois l’orage me prend, et la plante ne dit jamais mot et le chat se blotti contre ma peau comme une peluche délicate blottie contre mes craintes.
Ma plante reste toujours calme. Rêve-elle ? Et je lave ces feuilles une à une d’un bout de nuage humide.
Et mon chat discute…
Une orchidée sauvage mauve refleurie dans le pot de terre cuite. J’aimerais t’écrire une lettre d’amour, des mots simples de tous les jours.
Mais j’ai perdu les mots, perdu les mots. J’ai perdu les mots.
Mes lettres comme des petites miettes de petit poucet parsèment les étoiles de mes voyages au long court. J’ai laissé une pierre de lune, une perle d’eau, une rose noire pour toi…
A l’orage, j’ai déchiré en petits morceaux ta dernière lettre d’amour de dix neuf cent quatre vingt dix neuf.
Mais j’ai perdu les mots, perdu les mots. J’ai perdu les mots d’amour.
Artisane du temps à tisser des mots que tu ne liras jamais, et je vendrai mon âme pour essayer de regagner ma vie, comme on dit…
Dis, un jour, j’ai perdu le bonheur en route, j’ai plus les mots, j’ai plus les mots…
Et l’artisane range ses heures à construire mot après mot un domaine sur des ruines…
À l’envie peu à peu…
Et l’artisane range ses heures à construire mot après mot un domaine sur des ruines…
À l’envie peu à peu…
A reconstruire…
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