9 replies to this topic

[vélo]

je n'étais pas encore né et déjà proche de sentir
sur ma main froide l'étau de ta mort
la nationale trois était le fil du yoyo que j'étais
nous nous rencontrions - c'est par intermittences
dans des zones de l'esprit de la nationale trois
je ne sais quel axiome t'a rendu possible tu
es devenu la déflagration continue de mes esprits
avec canards, taupes, lapins, vaches, tintin !
tu m'as accompagné : le sens, je l'avais dans la main,
je pouvais le broyer, c'est toi qui le sauvais
tu formulais des blagues si insignifiantes que la terre tremblait
sur la nationale trois : sous mes pieds s'écoulait le bitume
j'ai trop longtemps été comme ce gardien de zoo
pas un canard ne me répondrait coin coin coin coin
mais je ferai de ce coin coin une image effroyable
l'image de ton effroi derrière des burnes gigantesques.

[Théagène]

J'ai adoré la petite BD qui trônait sur ton site il y a quelques semaines...
Aurais-tu quelques liens qui nous amènent à mieux découvrir le bonhomme?

[vélo]

Une petite mine de dessins de Schlingo est disponible ici.

La mort de Schlingo m'a frappé comme celle d'un proche. Poète, il a su élever la stupidité au rang d'art suprême. Ses bandes dessinées sont difficiles à trouver mais je pense que des hommages devraient bientôt lui être rendus. De mon côté, je paie ma dette. Dont participe le bestiaire que tu connais, qui se poursuit. Le canard impérial est lui aussi directement issu de l'imagerie schlingoesque et je travaille en ce moment à un petit récit, l'histoire de Gros-Coincoin, le nom du personnage lui-même est un emprunt à Schhlingo. Comme un ami, Schlingo m'accompagne, il m'accompagnera jusqu'à mon dernier jour. Il m'a sauvé de la pendaison, figure-toi !

[Artemisia]

Bon, allez je vais être franche:
j'ai rien compris à ton poème, à la première lecture.

Puis j'ai suivi le lien et j'ai découvert les dessins.
Je suis revenue au poème.

Et j'ai compris cet hommage posthume.

Je pense que le dessinateur l'aurait aimé.

J'aime bien la métaphore de la route et du yoyo... la mort comme un jeu, un jeu idiot...

Mais ce n'est pas aussi idiot que ça en a l'air.

Aussi je ne suis pas d'accord avec ce que tu dis:

Poète, il a su élever la stupidité au rang d'art suprême.

Je ne parlerais pas de stupidité,
mais de non sens,
d'absurde.

Artemisia

[vélo]

Ah non ! Le non-sens et l'absurde sont deux choses bien distinctes l'une de l'autre et sont encore différentes de la stupidité.

Bien que je ne sois pas un fervent de "l'esprit des nations", j'ai du mal à trouver du "non sens" hors de la tradition humoristique anglaise. Le non sens passe par un court-circuit logique. C'est un style d'humour d'un déséquilibre très raffiné. L'absurde - le grand credo des années cinquante - est une dérive totale du sens. Ce qu'on trouve chez Ionesco, dans la trop fameuse "Cantatrice chauve".

Grossier, ridicule, obscène, bas, Schlingo peut certes toucher au non sens et à l'obscène (notamment dans ses blagues) mais parler de stupidité à son endroit est une chose louable. Une noblesse. Toute tentative de le "réhausser" serait une falsification et occulterait le caractère abrupt et enfantin de son humour.

La stupidité de Schlingo - et comme je m'y identifie - est ce qui le relie le plus directement à la poésie. C'est la genèse de l'invention, de la trouvaille. Ce truc idiot me fait bien rire. Eh bien, voilà, je ne vais pas me gêner, je le fourre dans ma bd / dans mon poème.

Et c'est merveille que de recevoir de pareilles idioties en pleine figure.

Merci, en tout cas, d'avoir pris la peine de lire et de comprendre.

[Artemisia]

Bon d'accord, c'est vrai que'l y a côté logique...
Mais parfois il prend une expresion au pied de la lettre et ça devient absurde.
Ou bien il va au bout de son idée, comme dans la manif "mangeons nos pieds" là ça frise l'absurde, quand même? ... Non ?..... C'est parce qu'on est bête comme nos pieds ?

J'sais pas.... c'est parce que je suis une vache, mais on a souvent tort de na pas écouter les vaches.

Artemisia

[vélo]

Schlingo était un amoureux des vaches.

En exclusivité...


Un poème de Schlingo !!!!!

[Artemisia]

J'adore.

Tu m'as pas reconnue ?

Je suis une copine de Pâquerette...

Meuh.


Artemisia

[mounette]

Comme quoi la rédemption existe. Pour cela, en plus de tout le reste, merci Charlie Schlingo et merci mon beau Vélo.

Bises

Manon

[vélo]

Artemisia se prend pour une vache. Tu appelles cela une rédemption ? Je te rappelle qu'à cause de 7 euros qui lui manquent elle ne peut pas aller en Inde et du coup, elle va se retrouver dans nos assiettes.