amelie_laranjeira

Judas


Heureux celui qui vit au rythme du soleil !
Qui ferme avant minuit sa paupière lassée,
Et qui peut, un moment, dans la paix du Sommeil,
Interrompre le cours de sa vaine pensée.

Le grand oeil s'est rouvert, à l'abîme pareil,
Aveugle et fixant tout dans mon âme agacée,
- Perpétuelle aurore à l'horizon vermeil -
Et rien n'éteint jamais sa lumière glacée !

Au moins nous étions deux à veiller malgré nous ;
Les onze autres dormaient et le fils à genoux
Gémissait l'abandon de son orgueilleux Père.

"Aucun berger, dit-il, n'habite aux cieux mouvants,
Et le chien qui conduit le troupeau des vivants,
- L'unique Trinité, c'est le triple Cerbère !

Amélie Laranjeira

Le plaidoyer de Socrate

Exorde

Quel effet, Athéniens, produisit sur vos cœurs,
Le discours séduisant de mes accusateurs ?
Je ne sais pas ; toujours est-il, comble suprême,
Qu’il m’a fait oublier, Athéniens, à moi même,
Tant il semblait sensé, juste et digne de foi,
Qu’il m’a fait oublier que Socrate c’est moi !
Il vous trompe pourtant et dans l’erreur vous plonge ;
Un mensonge bien dit n’est pas moins un mensonge,
Et ce discours plaisant, agréable, érudit,
N’est rien d’autre, Athéniens, qu’un mensonge bien dit !
Mais, le plus surprenant dans ce discours inique
C’est que mes détracteurs, experts en rhétoriques,
Voulant vous démontrer que j’excelle en parlant,
M’accusent devant vous de leur propre talent !
Non, pour ne rougir pas en effet de s’attendre
A recevoir de fait et sur le champs d’entendre
Un démenti flagrant par ma langue attesté
Il faut chez eux admettre une incapacité
Absolument totale à ne rougir de rien !
Ou bien peut-être alors, gens d’Athènes ou bien
Peut-être que chez eux ce talent signifie
Parler sans ornement et sans hypocrisie,
Aimer la chose vraie et n’être point menteur ;

En ce sens je l’admets je suis grand orateur.

Amélie Laranjeira